Le Bohémia café, le lieu où les musiciens d’Alkhobar font vibrer la scène tout en sirotant leur café

Le Bohemia Café est le cœur des musiciens, et spécifiquement ceux d'Alkhobar. (Photo AN )
Le Bohemia Café est le cœur des musiciens, et spécifiquement ceux d'Alkhobar. (Photo AN )
Le Bohemia Café est le cœur des musiciens, et spécifiquement ceux d'Alkhobar. (Photo AN )
Le Bohemia Café est le cœur des musiciens, et spécifiquement ceux d'Alkhobar. (Photo AN )
Le Bohemia Café est le cœur des musiciens, et spécifiquement ceux d'Alkhobar. (Photo AN )
Le Bohemia Café est le cœur des musiciens, et spécifiquement ceux d'Alkhobar. (Photo AN )
Le Bohemia Café est le cœur des musiciens, et spécifiquement ceux d'Alkhobar. (Photo AN )
Le Bohemia Café est le cœur des musiciens, et spécifiquement ceux d'Alkhobar. (Photo AN )
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Publié le Mercredi 03 janvier 2024

Le Bohémia café, le lieu où les musiciens d’Alkhobar font vibrer la scène tout en sirotant leur café

  • Le Bohemia café propose de la musique live, contrairement aux autres cafés, indique un artiste local
  • Le lieu se présente comme «un magasin de disques et un café indépendant à Alkhobar», mais c'est bien plus que ça C'est le battement de cœur des musiciens et par excellence de la ville

ALKHOBAR: Le nouveau Bohemia Café ne ressemble à aucun autre dans la région. C’est comme si vous veniez d'arriver chez votre ami dans une atmosphère détendue, au milieu de la petite et paisible allée d’un jardin qui mène à un espace bien conçu, prêt à vous accueillir pour prendre une tasse de café fort, sur fond de musique. 

Ayant ouvert ses portes début 2023, le nouveau Bohemia Café est une version plus accueillante et plus élaborée du Bohemia Café d’origine.

Le premier café, ouvert en 2018, était situé dans un quartier animé de la ville, dans une atmosphère teintée de pittoresque, pétillante et branchée. Cependant, l'espace entièrement vitré, face à la circulation dans un immeuble commercial, souffrait de places de stationnement limitées, et ne concordait pas pleinement avec l'ambiance bohème.

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Le café hybride est l'un des lieux d'achat et de vente de disques vinyles de la ville. (Photo AN)

Lorsque l’ancien espace a fermé ses portes, la scène musicale d’Alkhobar a perdu un pôle communautaire dans lequel fusionnaient les synergies musicales.

Le nouvel emplacement du café, dans la tranquille zone historique du nord d’Alkhobar, correspond davantage à leur rythme. Il est resté proche de ses racines d’Alkhobar, mais a évolué pour devenir une maison indépendante au charme pittoresque, avec un vaste jardin et de nombreux sièges à l'intérieur et à l'extérieur.

Le café hybride, qui est l'un des lieux d'achat et de vente de disques vinyles de la ville, est devenu une sorte de sanctuaire hors des sentiers battus, où les artistes peuvent se retrouver pour écouter de la musique tout en sirotant un café et grignoter les pâtisseries maison.

EN BREF

• Le Bohemia café est peut-être l'un des rares lieux qui accueille tous les talents, de tous genres, et certainement l'un des rares à offrir aux amateurs la possibilité de se produire.

• La plupart de ceux qui viennent au Bohemia lors de ses spectacles live, notamment ceux consacrés à certains chanteurs, ou aux open mics, peuvent s'attendre à de belles surprises.

Contrairement aux lieux tapageurs de Riyad ou sophistiqués de Djeddah, en particulier avec le succès des festivals de musique comme XP et MDLBEAST dans les deux villes, la pittoresque Alkhobar a toujours été une ville plus concentrée et se situant indéniablement en marge des autres.

La côte Est jouit depuis longtemps d’une culture ancrée dans un style de vie plus décontracté. Bohemia Café se présente comme «un magasin de disques et un café indépendant à Alkhobar», mais c'est bien plus que ça C'est le battement de cœur des musiciens et par excellence d'Alkhobar.

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Le Bohemia Café est le cœur des musiciens, et plus spécifiquement d'Alkhobar. (Photo AN)

C'est peut-être l'un des rares lieux à accueillir tous les talents, de différents niveaux, et certainement l'un des rares à offrir aux amateurs la possibilité de se produire. La plupart de ceux qui viennent au Bohemia lors de leurs soirées de spectacles – notamment celles consacrées à certains chanteurs ou aux open mics – peuvent s’attendre à des surprises. Telle une «mixtape », la soirée est un amalgame diversifié: certains joueront d’un instrument de façon remarquable, tandis que d'autres crieront des mots et se déplaceront, un micro à la main. La communauté semble transcender le temps et l'espace.

Avant tout session d’open mic au Bohemia, une annonce est publiée quelques jours à l'avance sur les réseaux sociaux, et les artistes intéressés peuvent s'inscrire directement en envoyant un message. Ceux qui souhaitent simplement siroter une boisson et assister au spectacle doivent acheter un billet, coûtant généralement entre 75 et 100 riyals saoudiens (un RS= 0,24 euro). Celui-ci peut être utilisé comme crédit en magasin le jour du spectacle, pour acheter de la musique ou autre chose.

Fatima, qui se définit comme artiste, aime l'esthétique du café mais surtout la manière dont les talents locaux sont présentés, dans un environnement aussi sain et divertissant.

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Le Bohemia Café est le cœur des musiciens, et spécifiquement d'Alkhobar. (Photo AN)

Comme les nuits d’hiver deviennent longues, elle savoure ses soirées passées dans cet espace, une boisson chaude à la main, éprouvant une sensation d’émerveillement. À chaque fois, elle se plonge dans le vertige d’écouter des voix familières et d’en découvrir de nouvelles.

«Le Bohemia nous apporte de manière singulière quelque chose que les autres cafés n’offrent pas: de la musique live», confie à Arab News Fatima, qui a participé à plusieurs open mics.

«Chaque spectacle en live a sa propre ambiance. La diversité des groupes, des genres choisis, et du public concerné, en disent long sur ce que tout le monde ici a en commun: la passion pour la musique», ajoute-t-elle.

Et, en effet, c’est la musique qui attire – et fait revenir – les gens.

Dana, qui porte le nom de scène de «Farasha», qui signifie papillon en arabe, est tombée par hasard sur le café lors d'une soirée karaoké dans l’ancien Bohemia. Cette expérience exaltante l’a aidée à déployer ses ailes.

«C'est arrivé accidentellement. Une fois, j’ai assisté à une soirée karaoké en 2021 ou 2022 – dans l’ancien café – et j’ai regardé les gens chanter. Je ne m’étais pas inscrite. Et je me suis dit, je veux avoir le micro. Et je l’ai fait», raconte-t-elle à Arab News.

Ses sœurs et amis qui l’accompagnaient l’ont encouragée à faire ce pas et à se lancer. Elle s'est levée et a chanté une chanson bien connue, Hit the road, Jack, parce qu'elle savait que le groupe présent ce jour-là saurait le jouer. Beaucoup l’ont accompagnée dans la chanson. Elle s'est amusée. Pendant qu'elle chantait, elle a déclaré qu'elle avait fait comme son idole, Hannah Montana, un personnage fictif d'une émission populaire de Disney, qui est une adolescente ordinaire, mais aussi une immense pop star. «Moi aussi, je veux m’éclater», lance Farasha.

Fin novembre, elle a interprété plusieurs chansons lors du dernier open mic. Avec une voix juste et une grande confiance en elle, ses mains flottaient gracieusement pendant qu'elle était sur scène. Et, lorsqu'elle oubliait parfois certaines paroles, la foule comblait les vides, la rejoignant à l'unisson.

«La première fois que j’ai chanté, j’étais vraiment nerveuse. Mes sœurs m’y encourageaient énormément. Les gens applaudissaient. Et puis Fawaz, le propriétaire, m'a contactée pour chanter par la suite. J'ai eu une séance rapide à la Ladies Night. C'était une expérience géniale. Ce n’est donc pas la première fois aujourd’hui, c'est, je crois, la troisième ou quatrième fois que je chante», précise-t-elle.

La jeune femme fait référence au propriétaire, omniprésent mais jamais autoritaire, Fawaz Alsoulaim. Si jamais une image devait résumer l’essence même de l’ancien et du nouveau café Bohemia, ce serait celle du propriétaire.

Fawaz Alsoulaim, qui pourrait être décrit comme un homme de la génération Y, silencieux mais pas timide, est souvent assis calmement, respirant la sagesse et, peut-être, la paix intérieure. Il est accessible, mais également évasif. Au cours de l’open mic auquel Arab News a assisté, il s'est assis d’une façon stratégique dans un coin offrant le meilleur point de vue, lançant des signes de tête rassurants aux artistes mais se mettant à peine sous les projecteurs. Avec son attitude calme, son regard aiguisé et son oreille attentive au talent, il est seulement là pour repérer ceux qui ont du potentiel et les encourager.

 

«Nous avons découvert tellement de talents, de personnes qui n'envisageaient même pas de poursuivre une carrière musicale ou de se produire sur scène. Ils se sont produits pour la première fois ici, soit dans le cadre de l’open mic, soit avec juste une guitare, ou même en le faisant à la manière d'un karaoké», assure Alsoulaim à Arab News avec le sourire. «Ils ont eu envie de se produire en live – et beaucoup de gens ont commencé leur carrière musicale de cette façon», déclare-t-il fièrement.

Si vous voulez chanter, mais que vous vous sentez nerveux, Fawaz Alsoulaim sera là pour vous donner des mots d'encouragement sans jamais exercer de pression.

Certains qui choisissent de monter sur scène sont des professionnels aguerris, tandis que d’autres ne se sont produits auparavant qu’avec leur brosse à cheveux dans leur chambre.

Le jour de notre visite, une jeune femme avec une casquette de base-ball et le visage à moitié couvert d'un masque est entrée sur scène. Elle a dit que c'était la première fois qu'elle chantait devant un public, et a demandé que les spectateurs respectent sa demande de ne pas la photographier ou la filmer. Pendant tout son passage sur scène, personne n’a tenu son téléphone. Tout le monde s’est contenté de regarder, de chanter quand elle le demandait, et de l'applaudir.

Certains artistes ont des chansons originales, en anglais ou en arabe. Ce qui est évident, c’est que c’est un lieu où l’expérimentation est la bienvenue. Tant que vous avez le courage de prendre le micro, le public écoute. En moyenne, une dizaine de personnes environ s’inscrivent pour monter sur scène, dont près de la moitié sont généralement des débutants.

«Tout le monde est toujours le bienvenu pour se produire ici, comme il le souhaite. Nous ne refusons jamais personne», explique Fawaz Alsoulaim à Arab News.

Alsoulaim a été fidèle à sa promesse lors de la visite d’Arab News. Après l'annonce du spectacle final, les gens ont commencé à partir. Mais quelqu'un a simplement indiqué une personne assise au premier rang, qui avait hoché la tête et applaudi toute la nuit. Cette personne est volontiers montée sur scène pour une chanson. Puis deux, puis trois. Un grand nombre de ceux qui partaient se sont alors assis.

L'interprète n'était autre que Nader al-Fassam, une véritable légende locale de l'underground d'Alkhobar depuis les années 1990, et un habitué de la scène, et du Bohemia en particulier. Il chante des succès bien connus du top 40, ainsi que des chansons moins connues. Il interprète souvent ses propres créations musicales.

«Je n'étais pas censé chanter ce soir, mais quelqu'un n'est pas venu, et j'ai donc en quelque sorte été tenté de prendre sa place», raconte-t-il à Arab News après son passage sur scène.

Un incontournable des célébrations musicales de la région, Nader al-Fassam est peut-être l'incarnation parfaite de l'ancien et du nouveau Bohemia. Il est le guitariste principal du groupe punk psychédélique saoudien Sound of Ruby. Comme Alsoulaim, il a hâte que la prochaine génération de talents de la province de l’Est se mobilise et se joigne à la fête.

Nader al-Fassam, avant la grande finale de l’Open mic, a annoncé au public qu'il fêterait son 50e  anniversaire au Bohemia Café – ce qui a fait plaisir à tous. Alsoulaim a acquiescé de façon élégante de la tête, et tout le monde – vraisemblablement invité – a applaudi de manière spontanée et frénétique. 

La joie évidente d’Alsoulaim de trouver et de célébrer les talents locaux est devenue une qualité très attachante au sein de la communauté.

Qaund on demande à Fawaz Alsoulaim s’il va chanter au prochain spectacle ou à la fête d’anniversaire d’Al-Fassam, il secoue la tête d’un air espiègle. «Je ne suis malheureusement pas musicien, je vends juste de la musique.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


France 2 dupé par un humoriste dans son JT

France 2 a annoncé mardi soir avoir été trompé par un "humoriste adepte de canulars", qui s'était fait passer pour un consommateur adepte de coupons de réduction dans le journal de 20H de la chaîne publique diffusé lundi. (AFP)
France 2 a annoncé mardi soir avoir été trompé par un "humoriste adepte de canulars", qui s'était fait passer pour un consommateur adepte de coupons de réduction dans le journal de 20H de la chaîne publique diffusé lundi. (AFP)
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  • "Nous tenions à vous signaler qu'hier, lors de notre reportage sur les bons plans et les promotions dans les supermarchés, l'une des personnes interviewées a trompé une de nos journalistes en falsifiant son identité"
  • "Il s'agissait en fait d'un humoriste adepte de canulars", a-t-elle ajouté. Le 20H de France 2 a posté un message similaire sur le réseau social X

PARIS: France 2 a annoncé mardi soir avoir été trompé par un "humoriste adepte de canulars", qui s'était fait passer pour un consommateur adepte de coupons de réduction dans le journal de 20H de la chaîne publique diffusé lundi.

"Nous tenions à vous signaler qu'hier, lors de notre reportage sur les bons plans et les promotions dans les supermarchés, l'une des personnes interviewées a trompé une de nos journalistes en falsifiant son identité", a déclaré la présentatrice Léa Salamé lors du journal de 20H mardi.

"Il s'agissait en fait d'un humoriste adepte de canulars", a-t-elle ajouté. Le 20H de France 2 a posté un message similaire sur le réseau social X.

Le sujet en question du journal télévisé, intitulé "Les champions des promos", n'était plus visible en streaming sur le site de Franceinfo mardi soir mais faisait la part belle à un certain "Arnaud Rolland".

Filmé dans les rayons d'un supermarché, classeur de coupons de réduction à la main, ce trentenaire se félicitait en caisse d'avoir économisé trois euros, sous le regard envieux d'une autre cliente. La séquence se clôturait dans son appartement: "A la fin du mois quand je fais mes comptes, je sais que je suis gagnant".

Il s'agissait en fait de l'humoriste "Mehdi tu connais", adepte de canulars en tous genres sur les réseaux sociaux, qui a posté des extraits de la vidéo sur Instagram et TikTok sous l'intitulé "Je prank le JT de 20h00".

Dans un tout autre registre, France Télévisions avait présenté des excuses en octobre pour une fausse affirmation répétée dans deux de ses JT sur France 2, où il avait été dit par erreur que le professeur de lettres Dominique Bernard avait été tué en 2023 après avoir "montré des caricatures de Charlie Hebdo". Il s'agissait d'une confusion avec la mort du professeur Samuel Paty.


Le Red Sea International Film Festival : les prétendants aux prix — Partie 1

Une image tirée du film « Yunan », en compétition au festival. (Fourni)
Une image tirée du film « Yunan », en compétition au festival. (Fourni)
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  • Une première sélection de films internationaux explore l’exil, la mémoire, les liens familiaux et les traumatismes, du réalisme poétique à l’horreur
  • Cette première partie met en avant des auteurs du Moyen-Orient, d’Asie et d’Afrique, illustrant la diversité créative du RSIFF 2024

DUBAÏ : Voici la première partie de notre aperçu des films en compétition lors de l’édition de cette année du Red Sea International Film Festival à Djeddah, qui se tient du 4 au 13 décembre.

‘Yunan’

Réalisateur : Ameer Fakher Eldin
Avec : George Khabbaz, Hanna Schygulla, Ali Suliman

Deuxième volet de la trilogie sur l’exil imaginée par le cinéaste syrien Ameer Fakher Eldin, le film suit Munir, un écrivain syrien installé en Allemagne, accablé par le poids mental de son déracinement. Il se rend sur de petites îles isolées, où il envisage le suicide. « Le personnage est né d’une exploration profonde de la condition humaine », confiait Fakher Eldin à Arab News en avril. « Je voulais sonder cette bataille silencieuse que nous menons en nous. Je viens du Golan occupé. Je ne suis pas parti à cause de la guerre — la frontière a été déplacée, me laissant déplacé. J’ai donc grandi en exil sans avoir été forcé de partir… Mon approche consistait à anatomiser l’esprit de l’exilé, en me connectant aux aspects universels de la perte, de la désillusion et de la quête de sens. »

‘Two Seasons, Two Strangers’

Réalisateur : Sho Miyake
Avec : Shim Eun-Kyung, Yuumi Kawai, Shinichi Tsutsumi

Le réalisateur japonais, lauréat du premier prix au Festival de Locarno, signe un délicat drame inspiré de deux œuvres du mangaka culte Yoshiharu Tsuge : Mr. Ben and His Igloo et A View of the Seaside. Miyake présente son histoire comme un film dans le film. Le premier récit suit Natsuo et Nagisa, deux solitaires en quête de lien dans une petite ville côtière. Ce film est écrit par Li, une cinéaste coréenne installée au Japon qui projette dans ses personnages ses propres sentiments d’errance. Pour « s’éloigner des mots », elle part dans une auberge de montagne reculée, où elle rencontre Benzo, un divorcé cynique.

‘Truck Mama’

Réalisatrice : Zippy Nyaruri
Avec : Evaline Wambua Mutuku

La cinéaste kényane Zippy Nyaruri a mis plusieurs années à réunir les fonds nécessaires pour achever ce documentaire consacré à Eva, mère célibataire et conductrice de poids lourds sur de longues distances. Elle doit affronter non seulement un métier dominé par les hommes, mais aussi les routes dangereuses d’Afrique de l’Est. Quand son camion tombe en panne entre le Kenya et le Soudan, « Eva doit puiser en elle toutes ses forces et est même contrainte de repenser son avenir », indique le synopsis.

‘Roqia’

Réalisateur : Yanis Koussim
Avec : Ali Namous, Akram Djeghim, Mostefa Djadjam

Dans Roqia, le réalisateur algérien affronte les traumatismes de sa jeunesse durant la Décennie noire — la guerre civile qui a duré de 1992 à 2002. Sans surprise, c’est un film d’horreur. L’histoire s’ouvre en 1993. Ahmed se remet d’un accident de voiture qui l’a laissé amnésique. Son village natal et même sa famille lui paraissent étrangers. Et il ignore pourquoi son index droit manque. Dans la temporalité contemporaine du film, on découvre un vieil exorciste musulman… lui aussi privé de son index droit. « Quand on ne traite pas les traumatismes vécus par les Algériens, peut-être que ce qui les a causés revient — non pas comme une menace, mais en arrière-plan », expliquait Koussim à GQ Middle East. « Il faut travailler sur ce traumatisme. Roqia n’apporte pas une solution, mais expose le problème. »

‘The World of Love’

Réalisatrice : Yoon Ga-Eun
Avec : Seo Su-Bin, Chang Hyae-Jin, Kim Jeong-Sik

Le drame de la cinéaste coréenne suit Lee Jooin, lycéenne de 17 ans dont un accès de colère provoque des répercussions inattendues sur son entourage — et sur elle-même. Après avoir réalisé deux films « en première personne » où le protagoniste apparaissait dans chaque scène, Yoon a expliqué à Variety que son nouveau projet « tentait une méthode d’observation à distance, une perspective en troisième personne », donnant à voir ce que font les autres personnages quand la protagoniste agit, et comment ces actions se répondent.

‘The Stories’

Réalisateur : Abu Bakr Shawky
Avec : Amir El-Masry, Nelly Karim, Valerie Pachner

Décrit par le RSIFF comme « un hommage vif et authentique à l’Égypte », le film s’inspire de la relation entre le père égyptien et la mère autrichienne du réalisateur — relation née d’un échange de correspondance dans les années 1960 (les parents apparaissent d’ailleurs dans le film). « C’est l’histoire de mondes qui se percutent, de mondes qui se rencontrent », expliquait Shawky au Hollywood Reporter. « C’est l’histoire de petites victoires et de petites gens qui tentent de faire de grandes choses. »

‘Sink’

Réalisatrice : Zain Duraie
Avec : Clara Khoury, Mohammad Nizar, Wissam Tobeileh

Le premier long-métrage de la réalisatrice jordanienne a été décrit par le Festival international du film de Toronto comme « un portrait magnifique d’une mère aux prises avec l’effondrement mental de son fils adolescent ». Tandis que le comportement de Basil lui vaut d’être expulsé de l’école et isolé socialement, sa mère Nadia refuse d’abandonner.

‘Nighttime Sounds’

Réalisateur : Zhang Zhongchen
Avec : Aline Chen, Gu Hanru, Li Yanxi

Le cinéaste autodidacte chinois a été salué dans son pays pour son mélange de surréalisme, de réalisme magique et de poésie. Qing, huit ans, vit avec sa mère dans un village rural paisible, tandis que son père travaille dans une ville lointaine. Un matin, elle rencontre un « enfant fantôme » à la recherche de sa mère disparue. « À travers des images oniriques et une bande-son envoûtante… Zhongchen tisse un puissant récit sur la mémoire, le manque, et les silences transmis d’une génération de femmes à l’autre », indique le synopsis du festival.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Monte Carlo Doualiya sort des sentiers battus: une semaine de programmation spéciale sur le royaume d’Arabie

Pour la rédaction, cette « semaine saoudienne » n’était pas seulement une opération médiatique : elle répondait à un besoin concret de sortir des clichés, dépasser les préjugés et offrir au public de la radio arabophone un contenu à la fois informatif, vivant et nuancé. (AFP)
Pour la rédaction, cette « semaine saoudienne » n’était pas seulement une opération médiatique : elle répondait à un besoin concret de sortir des clichés, dépasser les préjugés et offrir au public de la radio arabophone un contenu à la fois informatif, vivant et nuancé. (AFP)
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  • Pour la direction de Monte Carlo Doualiya, le pari était simple : aller au plus près, voir, écouter, comprendre, et surtout raconter
  • La radio ne s’est pas contentée de commenter à distance : elle a dépêché une mission sur le terrain pour enquêter, sentir l’atmosphère, rencontrer ceux qui incarnent le nouveau visage du pays

PARIS: Il arrive qu’une initiative médiatique crée une véritable brèche dans les habitudes ou ouvre une fenêtre sur un monde encore méconnu ou mal compris.
Cela pourrait être le cas de la radio Monte Carlo Doualiya (MCD), un média public français arabophone qui a choisi de consacrer, pendant une semaine, une programmation spéciale à l’Arabie saoudite.
Cette décision audacieuse est presque inédite dans le paysage audiovisuel français, où le royaume reste souvent perçu à travers des prismes partiels ou des récits convenus.

« De Riyad à AlUla, Monte Carlo Doualiya révèle une Arabie saoudite en pleine métamorphose.»

Pour la direction de Monte Carlo Doualiya, le pari était simple : aller au plus près, voir, écouter, comprendre, et surtout raconter.
Les transformations du royaume depuis le lancement de la Vision 2030 sont considérables, mais elles restent souvent mal connues, d’où l’idée d’une immersion totale.
La radio ne s’est pas contentée de commenter à distance : elle a dépêché une mission sur le terrain pour enquêter, sentir l’atmosphère, rencontrer ceux qui incarnent le nouveau visage du pays.

Le résultat ? Un enthousiasme communicatif, porté par la surprise d’une Arabie saoudite qui change à une vitesse vertigineuse, dynamisée par une jeunesse que personne ne peut plus ignorer.
Pendant sept jours, émissions spéciales, reportages, débats, chroniques culturelles et entretiens exclusifs depuis Riyad, Djeddah, AlUla et Dhahran se sont succédé (du 24 au 30 novembre).

Pour la rédaction, cette « semaine saoudienne » n’était pas seulement une opération médiatique : elle répondait à un besoin concret de sortir des clichés, dépasser les préjugés et offrir au public de la radio arabophone un contenu à la fois informatif, vivant et nuancé.
L’équipe a voulu montrer l’Arabie saoudite telle qu’elle est aujourd’hui, et non telle qu’elle était hier.

Pour cela, le journaliste Atif Ali Salih a arpenté Riyad, ses quartiers futuristes, ses centres culturels, ses universités, ses cafés fréquentés par des jeunes qui débattent d’art, de cinéma, d’intelligence artificielle ou d’entrepreneuriat.
Ce qu’il en a rapporté : une série d’entretiens et de récits où dominent l’énergie, l’appétit de modernité et l’émergence de nouveaux visages, surtout féminins.

Répondant à Arab News en français, Ali Salih reconnaît avoir été surpris par ce qu’il a découvert : « Riyad donne le tournis », confie-t-il. « Tout va vite. Très vite. On sent un pays qui ne veut surtout pas rater sa décennie. »
Ce qui l’a surtout frappé, ce n’est pas tant la verticalité des nouveaux quartiers que la vitalité de ceux qui les habitent.

« Loin des clichés, un pays jeune, dynamique et résolument tourné vers l’avenir se dévoile. »

Il raconte ses rencontres avec de jeunes Saoudiennes dirigeant des start-up technologiques, des studios de design, des associations culturelles ou des projets artistiques. Beaucoup n’ont pas encore trente ans, parlent anglais couramment, et surtout, veulent participer au mouvement qui redéfinit leur pays.
Dans les cafés modernes de Riyadh Boulevard et les espaces de coworking, il dit avoir été impressionné par la liberté de ton, l’assurance et la soif d’apprendre.
« On a souvent une image figée des femmes saoudiennes, mais j’ai rencontré des ingénieures, des productrices, des développeuses, des conservatrices de musée… Elles se projettent loin, très loin, et regardent l’avenir droit dans les yeux. »

L’un des aspects les plus marquants de la semaine saoudienne a été la mise en lumière de l’effervescence culturelle : concerts gigantesques, expositions internationales, festivals de cinéma, bibliothèques ouvertes jusqu’à minuit… Le pays connaît un véritable renouveau artistique et culturel.
Cette métamorphose a été au cœur des émissions, avec des interviews de jeunes acteurs culturels saoudiens et des reportages réalisés dans les nouveaux musées de Riyad.

Ce qui ressort, c’est l’idée d’une génération — surtout féminine — impatiente de rattraper le temps perdu, une génération qui ne demande pas la permission d’exister, mais qui agit. Et cela, selon Ali Salih, « se voit, s’entend, se ressent ».

Cette semaine spéciale, au ton équilibré, curieux mais jamais condescendant, constitue une passerelle entre deux rives, en offrant aux Franco-Arabes et à tous ceux qui s’intéressent au Moyen-Orient un regard neuf et vivant sur l’Arabie saoudite d’aujourd’hui.
Ce type d’initiative, rare dans le paysage médiatique français, montre que la curiosité n’est jamais un luxe, mais une nécessité.

À l’issue de cette plongée saoudienne, la directrice de Monte Carlo Doualiya, Souad El Tayeb, assure à Arab News : « On reviendra. » Les portes se sont ouvertes, les liens se sont tissés, les idées ont fusé.
Au fond, dit-elle, c’est cela, la réussite de cette initiative inédite : « transformer la découverte en dialogue, et la curiosité en pont durable entre les sociétés ».

Seul bémol pour El Tayeb : MCD, qui diffuse sur FM, n’est pas écoutée en Arabie saoudite. Mais, se réjouit-elle, elle est largement suivie par les jeunes Saoudiens sur les réseaux sociaux.