Macron appelle ses troupes à l'«unité» autour d'Attal et à la «mobilisation» pour les européennes

Le président français Emmanuel Macron (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 16 janvier 2024

Macron appelle ses troupes à l'«unité» autour d'Attal et à la «mobilisation» pour les européennes

  • Emmanuel Macron a remercié une nouvelle fois Elisabeth Borne «pour l'action qui a été conduite», dont il s'est dit «fier»
  • L'aile gauche ne cache plus ses doutes face à un gouvernement qui fait la part belle aux ministres venus de la droite, avec la sarkozyste Rachida Dati en invitée surprise

PARIS: A la veille de sa conférence de presse, Emmanuel Macron a appelé lundi ses troupes à "garder" leur "unité" et à se "mobiliser" pour les élections européennes autour du gouvernement de Gabriel Attal, déjà aux prises avec une polémique de taille et des tiraillements internes.

"2023 vous a collectivement mis à rude épreuve et je ne l'ignore pas", a déclaré le chef de l'Etat devant les parlementaires de son camp et les ministres réunis à huis clos à l'Elysée, évoquant le débat sur la loi immigration, qui a divisé la Macronie, et l'adoption dans la douleur de la réforme des retraites.

Il a remercié une nouvelle fois Elisabeth Borne "pour l'action qui a été conduite", dont il s'est dit "fier", sous des applaudissements nourris, selon des propos rapportés par plusieurs participants. L'ex-Première ministre n'était pas présente.

Mais le président a aussitôt tourné cette page, comme il s'y emploie depuis qu'il a nommé la semaine dernière Gabriel Attal à Matignon, pour souhaiter une année 2024 pleine "d'audace et d'action collective".

Il a exhorté sa majorité, qui souffre de n'être que relative à l'Assemblée nationale, à "garder" son "unité", ainsi que son "esprit de dépassement" du clivage droite-gauche, marque de fabrique initiale du macronisme. Il a jugé que "réactiver tous les clivages" serait la "pire des choses", car synonyme d'"impossibilité d'agir", de "défaite assurée" et de "triomphe des extrêmes".

"Ce n'est pas un changement de cap, ce n'est pas un changement d’orientation, c’est la poursuite du dépassement", a martelé M. Macron, alors que l'inflexion à droite du remaniement a créé des turbulences dans la majorité.

Sur l'immigration, il a prédit qu'après la décision du Conseil constitutionnel, qui pourrait invalider plusieurs parties de la loi le 25 janvier, la droite et l'extrême droite risquaient de demander de "changer la Constitution ou de sortir des traités" européens. "C'est là qu'il faudra se battre et pas en nous divisant", a-t-il martelé.

Alors que le camp présidentiel est largement distancé dans les sondages par le Rassemblement national pour les européennes, il a appelé tous ses élus et responsables à se "mobiliser dans la bataille" car c'est selon lui le "seul" bloc qui "s'engage uni" avec "une vision claire pour l'Europe".

Emmanuel Macron n'a pas évoqué la première crise qui sape déjà la "régénération" voulue après les débuts poussifs du second quinquennat, au sujet de la scolarisation dans le privé des enfants de la nouvelle ministre de l'Education Amélie Oudéa-Castéra.

«Réarmement civique»

L'aile gauche, dont il est membre, ne cache pas non plus ses doutes face à un gouvernement qui fait la part belle aux ministres venus de la droite, avec la sarkozyste Rachida Dati en invitée surprise à la Culture.

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a sauté sur l'occasion pour appeler lundi les électeurs et adhérents des Républicains ulcérés par ce débauchage à rejoindre son parti d'extrême droite, qui a déjà le vent en poupe pour les élections européennes de juin.

Emmanuel Macron va donc "mobiliser" députés et sénateurs, mais aussi "appeler à l'unité" et à la "fin des états d'âme" de "tous les pseudo frondeurs", croit savoir un responsable parlementaire. Il pourrait aussi "serrer les boulons" du côté des alliés, notamment le Modem.

Après avoir partagé publiquement ses "interrogations" sur "l'expérience" de Gabriel Attal, devenu à 34 ans le plus jeune Premier ministre français, le patron des centristes François Bayrou s'est muré dans un silence qui en dit long. Mais dans ses rangs, on critique un exécutif qui penche "nettement à droite", selon les termes du député Jean-Louis Bourlanges.

Un ténor du camp présidentiel redoute aussi que, passé le "choc d'opinion" que représente le profil du chef du gouvernement, ce dernier n'ait pas vraiment d'autorité sur des ministres dotés de "places fortes".

En attendant, cette semaine doit mettre Emmanuel Macron sur le devant de la scène. Mardi soir, depuis la salle des fêtes de l'Elysée et en "prime time" à la télévision, il tiendra une grande conférence de presse, exercice auquel il ne s'est pas prêté depuis cinq ans, hors campagne pour sa réélection.

Présenté par son entourage comme une "nouvelle étape" de son "rendez-vous avec la Nation" inauguré par la nomination de Gabriel Attal, l'échange avec les journalistes sera l'occasion de faire des "annonces concrètes", notamment sur le "réarmement civique" esquissé lors des voeux pour 2024.

Mercredi, le président mettra l'accent sur le "réarmement économique et industriel" lors d'une intervention devant le Forum de Davos, en Suisse, avant les voeux aux armées vendredi à Cherbourg.

Ce n'est que la semaine prochaine que Gabriel Attal prononcera sa déclaration de politique générale devant le Parlement, qu'il doit préparer lors d'une réunion gouvernementale mercredi après-midi. Un délai prévu pour minimiser les accusations d'un président qui ferait déjà de l'ombre à son Premier ministre.

Emmanuel Macron s'inscrira dans "le temps long" et aura un "propos de sens et de mobilisation", assure un conseiller, quand le chef du gouvernement déclinera, lui, sa feuille de route.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.