La ministre Oudéa-Castéra tente d'éteindre la polémique et se rendra à l'école publique Littré

La ministre de l'Education Amélie Oudéa-Castéra (Photo, AFP).
La ministre de l'Education Amélie Oudéa-Castéra (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 16 janvier 2024

La ministre Oudéa-Castéra tente d'éteindre la polémique et se rendra à l'école publique Littré

  • Amélie Oudéa-Castéra est obligée de se justifier sur l'inscription de ses trois fils à l'école Stanislas, prestigieux établissement privé
  • Dimanche soir, le journal Libération a mis à mal la défense de la ministre, contredite par une ex-enseignante

PARIS: La ministre de l'Education Amélie Oudéa-Castéra, au coeur d'une polémique liée à la scolarisation de ses enfants, se rendra mardi à l'école publique Littré - d'où elle avait retiré son fils ainé pour le mettre dans le privé -, dans l'espoir d'éteindre la première crise du gouvernement Attal.

La visite aura lieu "en fin de matinée", "pour aller à la rencontre des professeurs et l'équipe dirigeante de l'établissement, et échanger avec eux", a-t-on précisé dans l'entourage de la ministre, confirmant des informations de BFMTV.

Depuis vendredi, soit à peine installée dans ses nouvelles fonctions, Amélie Oudéa-Castéra est obligée de se justifier sur l'inscription de ses trois fils à l'école Stanislas, prestigieux établissement privé des beaux quartiers de la capitale.

Un choix motivé par "des paquets d'heures pas sérieusement remplacées" dans le public, avait-elle expliqué vendredi lors de son premier déplacement. Des propos vécus comme une provocation par les syndicats, au point qu'Amélie Oudéa-Castéra a aussitôt battu sa coulpe, disant "regretter" d'avoir "pu blesser certains enseignants".

Mais la deuxième salve n'a pas tardé: dimanche soir, le journal Libération a mis à mal la défense de la ministre, contredite par une ex-enseignante. Celle-ci a démenti l'absence de professeurs invoquée par Mme Oudéa-Castéra pour avoir mis son fils ainé dans le privé après quelques mois en petite section de maternelle dans une école publique du 6e arrondissement de Paris.

Cette enseignante - aujourd'hui à la retraite - a indiqué que les parents voulaient que leur fils saute une classe, un souhait auquel cette école maternelle publique, du nom de Littré, s'était opposée.

Des révélations dont se sont saisies les oppositions. "C'est un mensonge qui la disqualifie pour continuer à occuper cette fonction", a ainsi affirmé l'insoumis Manuel Bompard sur franceinfo, tandis que le communiste Fabien Roussel a estimé sur le réseau social X qu'"il est temps de démissionner".

Dans une lettre à la ministre publiée par Libération lundi soir, des parents d'élèves ou anciens élèves de l'école Littré défendent cet établissement et critiquent des propos "généraux", "réducteurs" et "stigmatisants". Ils font part de leur "plus profond attachement à l’école de la République et notamment à notre école Littré, si injustement mise en cause pour les besoins de votre situation personnelle et individuelle".

«Blessés et humiliés»

Lors d'un déplacement au village olympique de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) lundi matin, Amélie Oudéa-Castéra, qui est également ministre des Sports et des Jeux Olympiques, a déclaré ne pas vouloir "aller plus avant sur le terrain de la vie personnelle et de la vie privée". "Il y a des attaques auxquelles j’ai essayé de répondre avec le plus de sincérité possible. Il faut clore ce chapitre des attaques personnelles et de la vie personnelle", a-t-elle dit.

Mais ses collègues peinaient à cacher leur embarras. La porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot a botté en touche sur France Inter: "Je ne sais pas si elle a menti, je dis simplement qu'elle a expliqué pourquoi son fils a été scolarisé dans le privé".

C'est dans ce contexte très tendu que la ministre de l'Education a débuté ses rencontres avec chacun des syndicats, pour évoquer les priorités de son ministère.

"Tous les enseignants se sont sentis blessés, humiliés", a déclaré à l'AFP Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré (collèges et lycées), après son rendez-vous lundi. Faute d'"excuses publiques", de "réponse claire" ou d'"engagement", la FSU a "coupé court à la réunion".

Elisabeth Allain-Moreno, du SE-Unsa, a elle indiqué à l'AFP que la ministre s'était "excusée": "elle regrettait, elle était consciente que ça avait vraiment blessé au sein de la profession" et "elle a reconnu une erreur".

Les syndicats ont appelé à des grèves le 25 janvier et le 1er février.

La polémique contrarie les plans de l'exécutif, moins d'une semaine après le changement de gouvernement censé lui donner un nouveau souffle incarné par Gabriel Attal. D'autant que l'ancien titulaire de l'Education nationale a assuré qu'il serait le "garant" de la "priorité absolue" accordée à l'école.

Emmanuel Macron, qui considère que le sujet "fait partie du domaine réservé du président", doit préciser mardi soir lors d'une conférence de presse comment il entend mener à bien le "réarmement" du pays, qui pourrait passer par des annonces en matière d'éducation.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.