Paris prêt à financer 12 nouveaux canons Caesar pour l'Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'adresse aux participants par vidéoconférence lors du Forum de Paris sur la paix au Palais Brongniart à Paris, le 10 novembre 2023. Photo d'illustration. (AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'adresse aux participants par vidéoconférence lors du Forum de Paris sur la paix au Palais Brongniart à Paris, le 10 novembre 2023. Photo d'illustration. (AFP).
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Publié le Jeudi 18 janvier 2024

Paris prêt à financer 12 nouveaux canons Caesar pour l'Ukraine

  • Cette coalition, pilotée par la France et les Etats-Unis, est l'un des volets du groupe de contact pour la défense de l'Ukraine dit groupe de Ramstein
  • Le ministre ukrainien de la Défense Roustem Oumerov, longtemps annoncé présent, a annulé au dernier moment sa venue en France "pour des raisons de sécurité"

PARIS: La France est prête à financer douze canons Caesar supplémentaires pour l'Ukraine, appelant ses alliés à un effort pour en payer 60 autres et renforcer ainsi les capacités de Kiev face à la Russie, a-t-elle annoncé jeudi.

"J'ai décidé de débloquer une somme de 50 millions d'euros" -- sur le fond de soutien français à l'Ukraine -- "ce qui va permettre d'acheter douze canons Caesar", a déclaré le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, lors du lancement à Paris d'une "coalition artillerie" auquel a assisté son homologue ukrainien par visioconférence.

Ces douze Caesar, produits par Nexter (groupe franco-allemand KNDS), s'ajouteront aux 49 déjà déployés en Ukraine et aux six commandés qui doivent être livrés "dans les prochaines semaines", selon le ministère.

La France a la capacité d'en produire 60 autres, selon le ministre, soit quelque 250 millions d'euros, "une somme qui me semble-t-il est accessible pour les différents budgets des alliés", a-t-il poursuivi devant les représentants de 23 pays soutenant la défense de l'Ukraine.

"ll n'y a pas d'alternative à une artillerie moderne, nous devons continuer nos efforts et augmenter notre production de munitions", a déclaré pour sa part depuis l'Ukraine le ministre de la Défense Roustem Oumerov qui a annulé dans la nuit sa venue dans la capitale française "pour des raisons de sécurité".

La "coalition" artillerie, pilotée par la France et les Etats-Unis, est l'un des volets du groupe de contact pour la défense de l'Ukraine dit groupe de Ramstein, réunissant plus de 50 pays en plusieurs sous-groupes, du déminage à la défense aérienne.

Munitions

"Le grand enjeu pour l'Ukraine c'est d'achever sa transition d'un matériel soviétique vers un matériel occidental", aux standards de l'Otan, estime le consultant en risques internationaux Stéphane Audrand. Les canons datant de l'ère soviétique sont adaptés à des obus de 122 mm, alors que les systèmes occidentaux utilisent des obus de 155 mm.

Pour armer les canons, l'UE s'est donné pour objectif de fournir à l'Ukraine un million de munitions d'ici le printemps 2024. Mais seuls 300 000 obus ont été livrés à ce jour, selon des parlementaires européens.

Côté français, M. Lecornu s'est félicité jeudi d'un triplement des livraisons de munitions françaises à l'Ukraine, passées de 1.000 unités par mois à 2.000 durant la première année de guerre, et qui devraient grimper à 3.000 obus à partir de janvier.

"On est en train de remettre la main sur des stocks de poudre. On recycle des poudres sur des munitions qui n'ont pas été utilisées", a-t-il déclaré à des journalistes.

Ces quantités ne suffisent toutefois que pour quelques jours de combat, selon des experts, qui estiment à quelque 200.000 obus par mois la consommation ukrainienne sur le champ de bataille.

Le ministre a aussi annoncé la livraison d'une cinquantaine de missiles sol-air A2SM par mois à partir de janvier, durant toute l'année. De moyenne portée, ils seront capables de s'adapter sur des avions "de classe soviétique" comme des Mig et des Sukhoï, que l'Ukraine utilise, a-t-il assuré.

La France et les pays européens ne sont "pas à la hauteur" des attentes de l'Ukraine qui a un besoin urgent de munitions, déploraient mercredi dans un rapport des sénateurs français en exhortant les alliés de Kiev à "changer d'échelle" et augmenter leur production.

Front gelé 

La France a déjà cédé ou vendu 30 Caesar à l'Ukraine qui en avait commandé six supplémentaires à l'automne.

Le Danemark a également fourni 19 exemplaires d'une version blindée à huit roues. Monté sur camion, le Caesar peut tirer des obus de 155 mm à 40 kilomètres de distance.

Le président français Emmanuel Macron a réitéré mardi son soutien à Kiev, dont la dernière contre-offensive militaire n'a pas donné les résultats escomptés. Il a également annoncé qu'il se rendrait en février en Ukraine, pour la deuxième fois depuis le début de la guerre en février 2022.

La France est "en train de finaliser un accord" de sécurité avec Kiev du type de celui conclu vendredi entre le Royaume-uni et l'Ukraine sur dix ans, a-t-il ajouté, annonçant de nouvelles livraisons d'une "quarantaine" de missiles Scalp.

Samedi, le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné avait évoqué en Ukraine la possibilité de "renforcer la capacité de produire sur son sol" les armes dont elle a besoin.

Près de deux ans après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, le front est quasiment gelé depuis de nombreux mois.


La défiance à l'égard de Macron et de Bayrou au plus haut, selon un sondage Paris, France

Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
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  • La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat
  • Le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi

PARIS: La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat, tandis que le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi.

Près des trois quarts des Français interrogés (73%) affirment ne pas faire confiance au chef de l'Etat et la moitié (49%) va jusqu'à "ne pas lui faire du tout confiance", le niveau le plus élevé atteint de son second mandat, qu'il n'a dépassé qu'une seule fois depuis son arrivée à l'Elysée en 2017 au plus fort de la crise des gilets jaunes en décembre 2018.

Selon le sondage, seuls 21% des Français font confiance à Emmanuel Macron, soit un point de moins qu'en juin et 6 de perdus par rapport à mars.

Pour François Bayrou, qui a présenté à la mi-juillet les mesures d'économie prévues par le gouvernement dans son projet de budget pour l'année prochaine, la chute se poursuit avec seulement 12% des Français qui disent lui faire confiance, soit un nouveau record d'impopularité (-2 points).

La défiance à l'égard du chef du gouvernement a progressé, avec 80% des Français (+5 points en un mois) qui disent ne pas lui faire confiance et 56% qui affirment ne pas lui faire "du tout" confiance, soit un bond de 9 points depuis juin.

Au classement des personnalités, le RN Jordan Bardella conserve la première place avec 39% des Français (+3 points) qui ont une image positive de lui, devant l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (37%) et Marine Le Pen (35%).

A gauche, le mieux classé est l'ancien président François Hollande qui s'installe en huitième position grâce à un bond de 6 points en un mois.

Sondage réalisé par internet les 29 et 30 juillet auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur entre 1,4 et 3,1 points.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".