L'Ukraine alerte sur une pénurie de munitions, Paris lance une coalition «artillerie» pour Kiev

«La pénurie de munitions est un problème très réel et pressant» a déploré le ministre ukrainien de la Défense (Photo d'illustration, AFP).
«La pénurie de munitions est un problème très réel et pressant» a déploré le ministre ukrainien de la Défense (Photo d'illustration, AFP).
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Publié le Vendredi 19 janvier 2024

L'Ukraine alerte sur une pénurie de munitions, Paris lance une coalition «artillerie» pour Kiev

  • «La pénurie de munitions est un problème très réel et pressant» a déploré le ministre ukrainien de la Défense
  • Sur le terrain, l'armée russe a revendiqué jeudi la prise d'un village dans la région de Donetsk, dans l'Est de l'Ukraine

PARIS: L'Ukraine a alerté jeudi sur une "pénurie de munitions" de son armée, au jour du lancement par ses alliés à Paris d'une coalition "artillerie" pour répondre à ses besoins criants, à l'approche du deuxième anniversaire du début de l'invasion par l'armée russe.

Sur le terrain, l'armée russe a revendiqué jeudi la prise d'un village dans la région de Donetsk, dans l'Est de l'Ukraine où elle exerce une pression accrue depuis plusieurs semaines. L'armée ukrainienne a de son côté attaqué un dépôt pétrolier du nord de la Russie dans la nuit à l'aide de drones, a indiqué jeudi à l'AFP une source sécuritaire ukrainienne.

"La pénurie de munitions est un problème très réel et pressant auquel nos forces armées sont actuellement confrontées", a déploré le ministre ukrainien de la Défense Roustem Oumerov sur X (ex-Twitter), à l'occasion du lancement d'une "coalition artillerie" pilotée par la France et les Etats-Unis. "Nous devons renforcer les capacités de défense ukrainiennes pour protéger le monde libre contre le danger russe".

La "coalition" artillerie est l'un des volets du groupe de contact pour la défense de l'Ukraine dit groupe de Ramstein, réunissant plus de 50 pays en plusieurs sous-groupes, du déminage à la défense aérienne.

"ll n'y a pas d'alternative à une artillerie moderne, nous devons continuer nos efforts et augmenter notre production de munitions", a déclaré en visioconférence M. Oumerov lors de la cérémonie d'ouverture, après avoir annulé sa venue à Paris "pour des raisons de sécurité".

La France a proposé à cette occasion de "débloquer une somme de 50 millions d'euros" pour "acheter douze Caesar" supplémentaires et annoncé qu'elle avait la capacité d'en produire 60 de plus - à charge aux alliés de les financer, à hauteur d'environ 250 millions d'euros.

"Une somme qui me semble-t-il est accessible pour les différents budgets des alliés", a martelé le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, devant les représentants de 23 pays soutenant la défense de l'Ukraine.

Kiev a déjà déployé 49 Caesar, produits par Nexter (groupe franco-allemand KNDS), dont 30 fournis par la France et 19, des exemplaires blindés à huit roues, par le Danemark. Six autres seront livrés "dans les prochaines semaines", selon le ministère français des Armées. Monté sur camion, le Caesar peut tirer des obus de 155 mm à 40 kilomètres de distance.

"J'ai appelé @EmmanuelMacron pour remercier la France d'avoir lancé la coalition +artillerie+ pour l'Ukraine et de s'être engagé à produire des dizaines de Caesar", a déclaré le président Volodymyr Zelensky sur le réseau social X.

Les deux dirigeants ont également discuté "de la nécessité de renforcer davantage la défense aérienne de l'Ukraine", visée presque chaque nuit par des drones et des missiles de Moscou, a ajouté M. Zelensky.

Le président Macron a pour sa part redit "le soutien indéfectible" de la France à Kiev et réitéré son intention de se rendre en Ukraine en février, selon l'Elysée.

Munitions

Pour alimenter les canons, l'UE entend fournir à l'Ukraine un million de munitions d'ici le printemps 2024. Mais seuls 300.000 obus ont été livrés à ce jour, selon des parlementaires européens.

Les Ukrainiens tirent entre 5.000 et 8.000 obus quotidiennement, contre entre 10 et 15.000 côté russe, avait souligné mercredi Cédric Perrin, président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat français, estimant que "la production nationale et européenne (était) extrêmement faible, (...) pas à la hauteur des attentes" ukrainiennes.

M. Lecornu a pour sa part insisté sur le triplement des livraisons de munitions françaises à l'Ukraine, passées de 1.000 unités par mois à 2.000 durant la première année de guerre, et qui devraient grimper à 3.000 obus à partir de janvier.

"On est en train de remettre la main sur des stocks de poudre. On recycle des poudres sur des munitions qui n'ont pas été utilisées", a-t-il déclaré à des journalistes.

Le ministre a aussi annoncé la livraison d'une cinquantaine de kits de guidage air-sol A2SM par mois à partir de janvier, durant toute l'année. De moyenne portée, ils peuvent être adaptés sur des avions "de classe soviétique" comme des Mig et des Sukhoï, que l'Ukraine utilise, a-t-il assuré.

La France est "en train de finaliser un accord" de sécurité avec Kiev du type de celui conclu vendredi entre le Royaume-uni et l'Ukraine sur dix ans, avait par ailleurs indiqué mardi M. Macron.

Paris a enfin démenti jeudi avoir déployé des "mercenaires" en Ukraine, en réaction aux affirmations de Moscou qui assure avoir visé mardi un bâtiment abritant des "mercenaires français" à Kharkiv (nord-est).


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.