À quel point les enquêtes israéliennes sur la guerre sont-elles efficaces et à qui profitent-elles exactement?

Cette photo prise lors d’une tournée médiatique organisée par l’armée israélienne le 8 janvier 2024, montre des troupes opérant dans la zone d’al-Bureij dans le centre de la bande de Gaza. (AFP)
Cette photo prise lors d’une tournée médiatique organisée par l’armée israélienne le 8 janvier 2024, montre des troupes opérant dans la zone d’al-Bureij dans le centre de la bande de Gaza. (AFP)
Malgré la portée limitée de l’enquête, les organisations humanitaires ont salué la volonté de l’armée de rendre des comptes. (AP)
Malgré la portée limitée de l’enquête, les organisations humanitaires ont salué la volonté de l’armée de rendre des comptes. (AP)
Malgré la portée limitée de l’enquête, les organisations humanitaires ont salué la volonté de l’armée de rendre des comptes. (AP)
Malgré la portée limitée de l’enquête, les organisations humanitaires ont salué la volonté de l’armée de rendre des comptes. (AP)
Malgré la portée limitée de l’enquête, les organisations humanitaires ont salué la volonté de l’armée de rendre des comptes. (AP)
Malgré la portée limitée de l’enquête, les organisations humanitaires ont salué la volonté de l’armée de rendre des comptes. (AP)
Short Url
Publié le Dimanche 21 janvier 2024

À quel point les enquêtes israéliennes sur la guerre sont-elles efficaces et à qui profitent-elles exactement?

  • L’enquête menée par l’armée israélienne sur les défaillances des services de renseignement et de sécurité avant le 7 octobre a révélé de profondes divergences au sein de l’élite israélienne
  • Les experts juridiques affirment que de telles enquêtes existent pour blanchir la réputation d’Israël et semblent avoir peu de conséquences

LONDRES: Les tensions entre les dirigeants israéliens ont récemment été mises en évidence lorsque l’armée israélienne aannoncé qu’elles procédait à une enquête sur les défaillances des services de renseignement et de sécurité avant l’attaque du Hamas du 7 octobre.

Cette décision marque une rupture importante avec la position précédemment unifiée des élites politiques et militaires israéliennes, qui affirmaient qu’aucune enquête de ce type n’aurait lieu tant que la guerre à Gaza serait en cours.

Or, l’enquête n’a pas pour but de se pencher sur le nombre de victimes civiles du conflit, mais plutôt de déterminer, selon les termes d’un porte-parole de l’armée, comment «minimiser les pertes pour nos forces».

F
Des soldats de l’armée israélienne prennent position lors d’un raid militaire dans le camp de réfugiés d’Askar, près de la ville de Naplouse en Cisjordanie, le 31 décembre 2023. (AP)

Hassan ben Imrane, avocat et membre du conseil d’administration de Law for Palestine, a déclaré qu’il n’était pas surpris que l’enquête de l’armée israélienne ne se concentre pas sur le nombre élevé de morts palestiniens à Gaza, qui a désormais dépassé les 24 000, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas.

«Je n'ai connaissance d’aucun cas où les victimes palestiniennes d’enquêtes ou de procédures judiciaires israéliennes ont eu à répondre de leurs actes», confie M. Imrane à Arab News. 

Néanmoins, l’ouverture de l'enquête par Herzi Halevi, le chef d’état-major israélien, a créé un schisme entre les ministres et les responsables militaires, les membres de la coalition gouvernementale de Benjamin Netanyahou étant particulièrement vexés que l’armée israélienne mène une enquête sur elle-même.

 

G
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou visite la ligne de front à Gaza pendant les premiers jours de l’offensive de l’armée israélienne sur Gaza, en octobre 2023. (AP)

 

Malgré la portée limitée de l’enquête, les organisationshumanitaires ont salué la volonté de l’armée de rendre des comptes.

«Évidemment, Oxfam soutient tous les efforts visant à enquêter et à traiter toutes les atrocités criminelles de masse et toutes les violations des droits de l’homme, quel qu’en soit l'auteur», affirme un porte-parole de l’ONG à Arab News. 

L’enquête a également obtenu le soutien des rivaux politiques de M. Netanyahou, notamment Benny Gantz, qui fait partie du cabinet de guerre formé après l’attentat du 7 octobre.

M. Gantz, qui a déjà été à la tête de l’armée israélienne, a qualifié les critiques formulées à l’encontre de l’enquête d’«attaque à motivation politique en pleine guerre», ajoutant qu’il n’avait jamais vu une conduite aussi médiocre après que des échauffourées ont éclaté au sujet de l’enquête lors d’une réunion du cabinet de sécurité, le 4 janvier.

Cette enquête est la deuxième menée par l’armée depuis qu’Israël a lancé son opération militaire contre le groupe militant palestinien Hamas à Gaza, à la suite de l’attaque sans précédent menée par le groupe le 7 octobre, qui a fait quelque 1200 morts et 240 otages.

La première enquête portait sur l’assassinat accidentel par l’armée israélienne de trois otages qui avaient échappé à la captivité du Hamas. Ils ont été assassinés malgré le fait qu’ils brandissaient un drapeau blanc portant l’inscription «SOS» en hébreu et qu’ils s’étaient entièrement dévêtus, à l’exception de leurs sous-vêtements, pour montrer qu’ils n’étaient pas armés.

Marco Sassoli, professeur de droit international à l’Université de Genève, a relevé la rapidité avec laquelle l’enquête sur la mort des otages a été ouverte et conclue.

«Lorsque l’armée israélienne a tué les otages israéliens, elle a immédiatement annoncé l’ouverture d’une enquête. Les conclusions de l’enquête ont été publiées avec la même rapidité», raconte M. Sassoli à Arab News. En effet, l’enquête a publié ses conclusions sur les assassinats du 18 décembre moins d’une semaine plus tard, le 21 décembre.

«Mais nous savons que l’armée israélienne a également tué de nombreux Palestiniens, y compris des combattants du Hamas, qui pourraient éventuellement se rendre et qui doivent alors être respectés. De tels meurtres constitueraient une violation des lois de la guerre.»

 

F
Les otages Alon Shamriz (à gauche), Samer Al-Talalka (au centre) et Yotam Haim ont été tués par des soldats israéliens alors qu’ils s’étaient fait identifier comme otages. (Photo, AP)

 

Pour Hassan ben Imrane et Marco Sassoli, le caractère limité de la dernière enquête sur les défaillances des services derenseignement reflète la réticence de l’armée, du gouvernement et du système judiciaire israéliens à examiner le comportement de leurs troupes et la conduite de la guerre.

Cette réticence est commune à de nombreux gouvernements, a précisé M. Sassoli, rappelant que les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie n’ont pas enquêté immédiatement sur les allégations de mauvaise conduite de leurs propres troupes en temps de guerre.

«Si l’on se penche sur les guerres d’Israël, on peine à trouver des responsables pour le comportement des troupes, des commandants et des hommes politiques qui ont été à l’origine de violations du droit humanitaire international. De même, si l’on se tourne vers les États-Unis, qu’en est-il de la reddition de comptes concernant Guantanamo Bay ?», a-t-il souligné. 

«En vertu du droit international humanitaire, il existe une obligation d’enquêter sur les crimes de guerre — non pas sur chaque acte de guerre, mais sur les épisodes où il semble qu’un crime de guerre ait pu être commis.»

 

F
L’avocat palestinien Hassan ben Imrane a déclaré qu’il n’était pas surpris que l’enquête de l’armée israélienne ne se concentre pas sur le nombre élevé de morts palestiniens à Gaza. (AP)

 

Obligé ou non, Israël semble peu enclin à lancer une telle enquête, du moins dans l’immédiat. Toutefois, rappelant les précédentes enquêtes menées par les Israéliens sur des actes commis à l’encontre de Palestiniens, M. Imrane a assuré qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter.

«Israël a tendance à utiliser son système judiciaire d’une manière qui pourrait être assimilée à l’idée du “bon flic/mauvais flic”», a-t-il expliqué.

«Essentiellement, les tribunaux et les enquêtes existent pour un but et ce but est de  blanchir la mauvaise réputation d’Israël. Il y a une affaire sur laquelle ils se focalisent particulièrement, celle des colons israéliens qui ont tué la famille Dawabsheh et brûlé vif leur fils de 18 mois.»

Dans cette affaire, l’un des auteurs de l’incendie criminel a été condamné à perpétuité et un autre, mineur au moment des faits, à une peine de 42 mois.

Cependant, même dans cette affaire, M. Imrane a indiqué que l’enquête n’était pas «sérieuse», mais qu’il s’agissait plutôt d’une décision politique destinée à rendre le gouvernement israélien plus présentable sur la scène internationale.

«Il existe des exemples plus récents de ce blanchiment de réputation, notamment lorsque la Cour suprême a érigé en infraction pénale l’incitation au génocide», a-t-il ajouté. 

C
Le caractère limité de la dernière enquête sur les défaillances des services de renseignement reflète la réticence de l’armée, du gouvernement et du système judiciaire israéliens à examiner le comportement de leurs troupes et la conduite de la guerre, estime Marco Sassoli, professeur de droit international à l’Université de Genève. (Photo, AFP)

 

«Mais cela n’a été réalisé qu’après 95 jours d’actes et de déclarations génocidaires de la part de tous les Israéliens, et après que l’Afrique du Sud a engagé des poursuites contre Israël devant la Cour internationale de justice.»

«Il s’agit de soutenir les revendications que l’équipe de défense du gouvernement présentera à la Cour.»

Alexander Hinton, directeur du Centre d’étude des génocides et des droits de l’homme de l’université Rutgers, dans le New Jersey, comprend le sentiment de résignation que de telles enquêtes peuvent susciter.

«Ces enquêtes sont toujours politiques et semblent parfois n’avoir que peu de conséquences. Toutefois, elles sont importantes car elles peuvent avoir un effet dissuasif, exposer les faits, identifier les coupables et, parfois, aboutir à l’obligation de rendre des comptes, voire à un procès», explique-t-il à Arab News.

«Cette possibilité ne plaît pas à certains membres de droite du gouvernement de Netanyahou.»

M. Sassoli est, lui aussi, moins cynique dans son évaluation des avantages des futures enquêtes sur le conflit.

F
Un garçon palestinien assis sur les décombres d’un bâtiment détruit après une frappe israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 29 décembre 2023. (AP)

Bien qu’il ne les considère pas comme un baume pour les victimes, il estime néanmoins qu’il est important de «ne pas perdre espoir» dans la capacité des enquêtes à apporter des changements à l’avenir, tout en reconnaissant que pour ce faire, il est nécessaire d’élargir leur portée.

«C’est le cas pour les enquêtes militaires en général, mais en ce qui concerne Israël et la Palestine, le contexte est essentiel», a-t-il noté.

«D’un point de vue académique et humanitaire, une véritable enquête aborderait les questions relatives aux blocus, aux colonies et peut-être aussi au manque de perspective accordé à la population israélienne dans son environnement médiatique.»

En l'absence d'une telle portée, M. Sassoli estime que ces enquêtes revêtent quand même une certaine importance et qu’elles exercent une certaine pression sur les dirigeants politiques d’Israël.

Lorsqu’on lui demande si cette pression se traduit par des différences opérationnelles sur le terrain, il admet qu’il est«difficile de répondre à cette question». Si on lui avait posé la question il y a six mois, il aurait été enclin à répondre par l’affirmative.

V
Des proches pleurent le corps de Hamza al-Dahdouh, journaliste de la chaîne de télévision Al Jazeera, tué lors d’une frappe aérienne israélienne à Rafah, dans la bande de Gaza, le 7 janvier 2024. Une enquête est en cours sur la conduite de la guerre de l’armée israélienne. (AFP)
 

«Mais aujourd’hui, on assiste à quelque chose qui s’apparente à la réponse des États-Unis à la guerre contre le terrorisme, au cours de laquelle les politiciens ont essentiellement imposé une approche “sans gants”», observe M. Sassoli, faisant référence aux allégations entourant l’utilisation de techniques d’interrogatoire renforcées et de restitutions extraordinaires au cours de la période qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001 à Washington et à New York.

«D'une certaine manière, j’estime qu’il est très important de comprendre cela. Si l’on reprend l’exemple des États-Unis, l’armée américaine s’est montrée incroyablement réticente à utiliser la torture préconisée par (l’ancien secrétaire à la défense Donald) Rumsfeld, et ce n’est que sous l’effet d’une pression politique massive que l’armée a accepté de telles techniques.» 

«Je pense que les revendications de Gaza indiquent que les violations du droit international par l’armée israélienne sont le résultat de pressions politiques. Ce sont les hommes politiques et certains avocats militaires qui posent problème.»

Si c’est le cas, un nouveau groupe d’hommes politiques israéliens pourrait être plus ouvert à mener une enquête qui conduirait à des changements tangibles dans le traitement des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie par l’armée.

Un tel changement pourrait être imminent, certaines informations suggérant que M. Gantz s’est lassé des incessantesmanœuvres politiciennes au sein du camp de M. Netanyahou.

 

F
Pour Benny Gantz, membre du conseil de guerre israélien et ancien chef de l’armée, la critique de l’enquête est «une attaque à motivation politique en pleine guerre». (Photo, AFP)

Le mépris supposé de M. Gantz pour son partenaire de coalition semble découler de la conviction largement répandue selon laquelle l’objectif principal du Premier ministre sortant est de se décharger de sa responsabilité dans l’attaque du Hamas qui a déclenché la guerre, plutôt que de résoudre le conflit avec les Palestiniens.

Cependant, M. Imrane reste sceptique quant au fait qu’une administration, actuelle ou future, puisse lancer une enquête qui bénéficierait aux Palestiniens.

Le gouvernement israélien ne s’occupe des Palestiniens que«lorsqu’ils constituent un problème, au niveau national ou international», a-t-il constaté.

«Les accords d’Oslo, par exemple, n’ont été conclus qu’après la première Intifada. C’est la raison pour laquelle ils ont ressenti le besoin de négocier. Ils ont besoin de se protéger. Le gouvernement israélien est entièrement centré sur lui-même.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Short Url
  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Short Url
  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Short Url
  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".