France: le gouvernement va recevoir les agriculteurs en attente de réponses à leur «désespérance»

Des agriculteurs bloquent l'autoroute A64 pour protester contre la fiscalité et la baisse des revenus, près de Carbonne, au sud de Toulouse, le 22 janvier 2024. (AFP)
Des agriculteurs bloquent l'autoroute A64 pour protester contre la fiscalité et la baisse des revenus, près de Carbonne, au sud de Toulouse, le 22 janvier 2024. (AFP)
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Publié le Lundi 22 janvier 2024

France: le gouvernement va recevoir les agriculteurs en attente de réponses à leur «désespérance»

  • En décembre, Borne avait annoncé l'abandon de hausses de taxes sur les pesticides et l'irrigation, suscitant l'irritation des organisations environnementales et d'acteurs de l'eau
  • Le projet de loi que doit présenter le gouvernement entend favoriser le renouvellement des générations en agriculture, une nécessité à l'heure où la population des près de 500 000 chefs d'exploitation vieillit

PARIS: Le principal syndicat agricole français a annoncé lundi que des "actions" seraient menées "aussi longtemps qu'il sera nécessaire" et appelé une nouvelle fois à des "réponses concrètes" à la "désespérance" des agriculteurs, avant un rendez-vous dans la soirée avec le Premier ministre Gabriel Attal.

Le Premier ministre, confronté à sa première crise depuis sa nomination le 11 janvier, recevra Arnaud Rousseau et son homologue des Jeunes agriculteurs (JA) Arnaud Gaillot à 18H00 (17H00 GMT).

Si le gouvernement n'est "pas au rendez-vous", "on peut être à l'aube d'un gros mouvement agricole", a déclaré lundi matin le président des JA.

Depuis jeudi soir, plusieurs dizaines d'exploitants bloquent une portion de l'autoroute A64, dans le sud-ouest de la France.

Des agriculteurs ont aussi bloqué lundi les accès à la centrale nucléaire de Golfech, dans la même région.

Des manifestations provoquées par des charges financières et des normes environnementales jugées trop lourdes, motifs de mécontentement récurrents dans la profession que le gouvernement tente de ménager depuis des années pour éviter d'ouvrir un nouveau front social.

En décembre, l'ex-Première ministre Elisabeth Borne avait annoncé à la FNSEA et aux JA l'abandon de hausses de taxes sur les pesticides et l'irrigation, suscitant l'irritation des organisations environnementales et d'acteurs de l'eau.

Le gouvernement craint un embrasement car, des Pays-Bas à la Roumanie en passant par la Pologne ou l'Allemagne, les agriculteurs multiplient les actions contre les hausses des taxes et le Green Deal européen. Le tout, sur fond d'inflation et de concurrence des importations ukrainiennes.

Le Royaume-Uni n'est pas épargné: des producteurs de fruits et légumes vont manifester lundi devant le Parlement à Londres pour protester contre les contrats d'achats "injustes" qui les lient à la grande distribution.

Des actions menées «  toute la semaine et aussi longtemps qu'il sera nécessaire  », annonce le président de la FNSEA

Arnaud Rousseau, président du premier syndicat agricole français, la FNSEA, a annoncé lundi sur France Inter le lancement dans toute la France d'actions d'agriculteurs appellant le gouvernement à entendre leur "ras-le-bol" et leur "colère", avant une réunion avec le Premier ministre.

"Je peux vous dire que dès aujourd'hui et toute la semaine et aussi longtemps qu'il sera nécessaire, un certain nombre d'actions vont être menées", a déclaré M. Rousseau, alors que plusieurs blocages ont déjà eu lieu en Occitanie.

Ces actions concerneront "chaque département", a-t-il dit, confirmant que le "peut-être" était levé concernant l'appel de la FNSEA à manifester.

"Pour atteindre nos objectifs, la violence n'est pas une réponse", a-t-il ajouté, en réponse à une question sur plusieurs actions violentes récentes.

Si le gouvernement n'est "pas au rendez-vous" face à la colère des agriculteurs, "on peut être à l'aube d'un gros mouvement agricole", a déclaré séparément lundi matin Arnaud Gaillot, président des Jeunes agriculteurs, alliés de la FNSEA.

«Simplification»

En France, la profession est aussi échaudée par les reports successifs du projet de loi sur l'agriculture, promis il y a plus d'un an par le président français Emmanuel Macron et finalement moins ambitieux que la "loi d'orientation agricole" initialement annoncée.

Dimanche, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a annoncé un nouveau délai. Le texte, qui devait être présenté mercredi en Conseil des ministres, ne le sera que dans "quelques semaines" avec pour objectif d'être débattu au Parlement "au premier semestre 2024".

Le projet de loi que doit présenter le gouvernement entend favoriser le renouvellement des générations en agriculture, une nécessité à l'heure où la population des près de 500.000 chefs d'exploitation vieillit.

Il sera complété pour permettre une "simplification" du mille-feuille de réglementations imposées à la profession, a promis dimanche M. Fesneau. "Une simplification drastique des normes" est nécessaire, a abondé le ministre de l'Économie Bruno Le Maire.

"Le plus tôt sera le mieux. (...) Nous, on a très envie de parler de compétitivité", a dit M. Rousseau lundi matin.

A moins de cinq mois des élections européennes, les oppositions courtisent le monde agricole.

A commencer par Jordan Bardella, président et tête de liste du Rassemblement national (extrême-doite), qui a fustigé samedi "l'Europe de Macron qui veut la mort de notre agriculture".

Droite comme gauche ont demandé à l'exécutif de renoncer à augmenter la fiscalité sur le gazole non routier, une mesure progressive, négociée cet été entre le ministère de l'Economie Bercy et le syndicat majoritaire FNSEA, en échange de compensations.

Les exploitants "n'ont pas d'autre choix que d'en utiliser", a relevé dimanche le patron du parti communiste Fabien Roussel. Il faut "renoncer dans l'immédiat à cette mesure", a affirmé le chef des députés Les Républicains (droite), Olivier Marleix, apportant "très clairement" son soutien à la mobilisation.

Du côté de Bruxelles, une réunion des ministres de l'Agriculture est prévue en début de semaine.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.