Le narcobanditisme marseillais s'exporte en Catalogne et inquiète

La crainte est que la Catalogne devienne une "base de repli", où seraient appliquées les "terribles méthodes marseillaises" (Photo, AFP).
La crainte est que la Catalogne devienne une "base de repli", où seraient appliquées les "terribles méthodes marseillaises" (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 23 janvier 2024

Le narcobanditisme marseillais s'exporte en Catalogne et inquiète

  • Un commando appartenant a priori à la DZ Mafia s'était rendu en Espagne pour assassiner deux Français au pied d'un hôtel
  • Dans les mois qui ont suivi, Marseille a connu un bain de sang avec une cinquantaine de «narchomicides», dont 35 directement liés à ces rivalités entre deux clans

MARSEILLE: L'enquête sur un double "narchomicide" dans une station balnéaire espagnole a mis en lumière les risques d'une exportation de la délinquance marseillaise vers la région de Catalogne et la nécessité d'une coopération internationale pour lutter contre les trafics de stupéfiants en Europe.

Le 3 mai, la paisible ville côtière de Salou, au sud de Tarragone, en Catalogne (nord-est de l'Espagne), s'était soudainement retrouvée au coeur du contentieux entre deux bandes criminelles marseillaises se disputant les juteux points de vente de stupéfiants de la deuxième ville de France, à 600 km de là.

Un commando appartenant a priori à la DZ Mafia s'était rendu en Espagne pour assassiner deux Français au pied d'un hôtel, deux "membres éminents" du clan adverse, baptisé Yoda, a détaillé lundi le procureur de Marseille (sud-est de la France), Nicolas Bessone, lors d'une conférence de presse conjointe avec la police catalane.

"Elément paroxystique" du contentieux entre les deux gangs, ce double homicide a démontré la capacité de la DZ Mafia à "monter un commando, se projeter à l'étranger et assassiner", en n'atteignant pas seulement des petites mains du trafic, comme c'est la plupart du temps le cas à Marseille, a insisté le magistrat.

Dans les mois qui ont suivi, la cité phocéenne a connu un bain de sang avec une cinquantaine de "narchomicides", dont 35 directement liés à ces rivalités entre deux clans, a rappelé Pascal Bonnet, adjoint à la police judiciaire dans le sud de la France.

Ce terme de "narchomicide" a même été inventé par l'ex-procureure de Marseille, Dominique Laurens, et repris par son successeur, M. Bessone.

Depuis novembre, le rythme de ces assassinats en bande organisée a ralenti et depuis début janvier il n'y en a même eu aucun. A priori DZ Mafia "aurait définitivement pris le pas" sur Yoda. Mais est-ce "faute de combattants" et/ou grâce à "l'action volontariste" de la justice et de la police françaises, qui ont interpellé ces dernières semaines "un certain nombre d'auteurs", s'interroge le procureur ?

Dans ce dossier de Salou, dix personnes au total ont été mises en examen, dont neuf en France suite à un coup de filet en fin de semaine dernière, a annoncé M. Bessone lundi.

La Catalogne, nouvelle Andalousie ?

Parmi elles, les quatre membres présumés du commando meurtrier, dont trois étaient déjà en détention pour des faits similaires, ont indiqué les polices française et catalane lundi, aux côtés du procureur de Marseille, se félicitant d'une "excellente coopération" dès le premier jour.

L'enquête avait très vite connu un tournant déterminant avec l'arrestation par la police catalane peu après les faits d'un premier membre du commando, sur une aire d'autoroute espagnole où il venait d'incendier le véhicule, volé à Marseille, ayant servi aux assassinats. A bord avaient été retrouvés deux pistolets, un fusil d'assaut et deux grenades.

Mais "la situation reste fragile", a insisté M. Bessone, et les têtes de réseau de la DZ Mafia n'ont toujours pas été appréhendées.

Cette exportation de la criminalité marseillaise "inquiète beaucoup" en Catalogne, a admis Francesc Moragas, responsable des investigations criminelles sur Tarragone.

Si l'Espagne est une des routes d'importation de la drogue en Europe, elle est également un lieu de villégiature privilégié de la délinquance française. Mais jusque-là les enquêtes impliquant des trafiquants marseillais menaient plutôt en Andalousie, plus au sud, en raison de sa proximité avec le Maroc pour la production de résine de cannabis, ou "sur Madrid, avec une forte communauté colombienne cette fois-ci pour l'importation de cocaïne", a détaillé M. Bessone.

La Catalogne, "c'était plutôt pour se mettre au vert, pas tellement pour commettre des activités criminelles". Il s'agissait jusqu'à présent d'une "zone refuge": ainsi, une des deux victimes du 3 mai s'y était installée, a souligné Joan Carlos Granja Figueras, adjoint au chef du commissariat général chargé des investigations criminelles en Catalogne.

La crainte est que cette région espagnole devienne une "base de repli", où seraient appliquées les "terribles méthodes marseillaises", a insisté le procureur français, convaincu que "la coopération internationale est une des clés de résolution de ces problèmes, car les criminels ne s'arrêtent pas aux Pyrénées".


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.