«20 days in Mariupol», l'agonie d'une ville ukrainienne assiégée par la Russie

Un obusier Archer de fabrication suédoise exploité par des membres ukrainiens de la 45e brigade d'artillerie tire sur des positions russes, dans la région de Donetsk, le 20 janvier 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo de Roman PILIPEY / AFP)
Un obusier Archer de fabrication suédoise exploité par des membres ukrainiens de la 45e brigade d'artillerie tire sur des positions russes, dans la région de Donetsk, le 20 janvier 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo de Roman PILIPEY / AFP)
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Publié le Mercredi 24 janvier 2024

«20 days in Mariupol», l'agonie d'une ville ukrainienne assiégée par la Russie

  • Les images sont déchirantes: parmi toutes ces femmes, ces hommes, et ces enfants, impossible de ne pas se demander combien d'entre eux vont mourir
  • Au troisième jour, les Russes commencent à encercler Marioupol, un quart des habitants a pris la fuite. Pour ceux qui restent, le carnage a commencé

PARIS: A l'approche du deuxième anniversaire de l'invasion russe, le documentaire "20 days in Mariupol", bientôt diffusé en France, retrace l'histoire de la destruction et de l'agonie de la grande ville ukrainienne, une descente aux enfers filmée par le journaliste ukrainien d'Associated Press Mstyslav Chernov.

Le film, prix du public au festival Sundance 2023, pré-sélectionné pour les Oscars dans la catégorie documentaire, va être diffusé sur France Télévisions aux alentours de la date anniversaire de l'invasion, le 24 février.

"Les guerres commencent par le silence", constate le réalisateur au "jour 1" de l'invasion russe de 2022, alors qu'il rentre en voiture dans Marioupol avec son collègue photographe d'AP, Evgeniy Maloletka.

Les deux journalistes ukrainiens savent que le grand port stratégique du sud de l'Ukraine va être une des premières cibles de Moscou. Chernov filme les dernières images d'une ville encore "normale", d'un monde qui bientôt n'existera plus.

Car déjà, les bombardements commencent. Les journalistes croisent une dame épouvantée qui leur demande ce qu'elle doit faire. Mstyslav Chernov tente de la rassurer, lui dit de rentrer chez elle, "ils ne tirent pas sur les civils".

"J'avais tort", dit-il en off. Le quartier de la dame sera bombardé et il la retrouvera quelques jours plus tard dans un gymnase où se sont réfugiées des centaines de familles.

Les images sont déchirantes: parmi toutes ces femmes, ces hommes, et ces enfants, impossible de ne pas se demander combien d'entre eux vont mourir.

Mtsyslav Chernov l'a compris: "quelque chose de terrible va arriver à cette ville". Au troisième jour, les Russes commencent à encercler Marioupol, un quart des habitants a pris la fuite. Pour ceux qui restent, le carnage a commencé.

«Filmez! Montrez!»

Une semaine après le début de la guerre, Chernov et Maloletka sont les deux seuls journalistes internationaux restés à Marioupol. Réfugiés à l'hôpital, l'un des derniers endroits encore un peu protégés, ils sont les témoins de l'innommable, la mort d'enfants, la douleur insondable des parents.

La camera de Chernov, toujours respectueuse malgré le chaos, filme les tentatives désespérées de médecins en larmes pour tenter de sauver, en vain, Evangelina, 4 ans.

Elle saisit la douleur du père d'Ilya, 16 ans, qui gémit: "mon fils, mon fils chéri", sur le corps de son enfant. Ou l'effondrement des parents de Kyrill, 18 mois.

"Filmez! Montrez! " exhorte un médecin à bout. La course effrénée des brancardiers, les gens allongés dans les couloirs de l'hôpital pendant que tonnent les bombardements, le sang, la souffrance, les infirmiers qui s'accordent une cigarette.

"Le monde s'est effondré et nous on fume", sourit l'un d'eux, comme pour tenir l'horreur à distance.

Pour les deux journalistes d'AP, l'obsession devient celle de pouvoir transmettre leurs images au monde extérieur, alors que la ville, encerclée, est coupée du monde. Ils sortent pour trouver du réseau et filmer l'agonie de Marioupol. Des gens au regard hallucinés. Des cadavres dans les rues.

Une scène de pillage glaçante se déroule sous les yeux de la caméra: des gens impassibles volent dans un magasin sous les imprécations de la propriétaire et d'un soldat exhortant à "rester solidaires".

"La ville a changé tellement rapidement", décrit Mstyslav Chernov. Devant les images de corps jetés dans des fosses communes, le journaliste explique que son cerveau "veut oublier" mais que "la caméra ne le laisse pas faire".

Chernov cherche "à donner un sens à toute cette horreur". Mais "nous continuons à filmer et rien ne change", se désole-t-il.

Maternité

Le 9 mars, au 14e jour, la maternité de Marioupol est bombardée. Les images des deux journalistes d'AP ce jour-là sont entrées dans l'histoire de cette guerre comme le symbole des crimes de guerre attribués à la Russie.

Lorsqu'ils apprennent que Moscou les accuse d'avoir mis en scène des acteurs, ils partent à la recherche des survivantes de la maternité. Ils apprennent que la mère enceinte, Iryna, dont la photo sur le brancard a fait le tour du monde, est morte, comme son bébé.

Ils assistent à la naissance difficile de la petite fille d'une survivante. Leur hantise: prouver au monde que c'est arrivé.

C'est pour que les deux journalistes ne tombent pas aux mains des Russes, entrés dans la ville, que les forces spéciales ukrainiennes les exfiltrent dans des conditions extrêmes.

Alors qu'il quitte Marioupol dans un convoi de la Croix Rouge, Chernov ne peut s'empêcher de penser à ceux qu'il "abandonne" et à ceux dont "les tragédies ne seront pas connues".

Le siège de Marioupol a duré 86 jours et fait au moins 25.000 morts selon les autorités ukrainiennes. Deux ans après, la guerre fait toujours rage en Ukraine.


Melinda Gates quitte la fondation philanthropique fondée avec Bill Gates

Melinda Gates, co-fondatrice de la fondation Bill & Melinda Gates, arrive pour une rencontre avec le président français à l'Elysée à Paris le 1er juillet 2021. (Photo, AFP)
Melinda Gates, co-fondatrice de la fondation Bill & Melinda Gates, arrive pour une rencontre avec le président français à l'Elysée à Paris le 1er juillet 2021. (Photo, AFP)
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  • Après ce départ, l'organisation va être renommée et portera le nom de Fondation Gates, a précisé son dirigeant exécutif, Mark Suzman
  • Avant de se lancer dans la philanthropie, Mme French Gates a notamment été programmeuse informatique, puis responsable marketing chez Microsoft

LOS ANGELES: Melinda French Gates, qui présidait l'une des fondations philanthropiques les plus influentes du monde, a annoncé lundi qu'elle allait quitter cette organisation, créée avec son désormais ex-mari, l'un des fondateurs de Microsoft, Bill Gates.

Mme French Gates a déclaré sur X qu'elle était "immensément fière" du travail de la Fondation Bill et Melinda Gates, créée par le couple en 2000. Son dernier jour au sein de cette organisation, particulièrement engagée en matière de santé et de réduction de la pauvreté, sera le 7 juin.

La fondation est l'un des principaux donateurs de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et exerce une influence considérable sur les politiques des pays en développement, notamment dans les domaines de la santé et de l'éducation.

Son travail a entre autres permis de réduire la mortalité liée au paludisme et à d'autres maladies infectieuses.

M. et Mme Gates ont annoncé leur intention de divorcer en mai 2021, après 27 ans de mariage. La fondation avait alors déclaré qu'ils resteraient coprésidents de l'organisation.

"Le moment est venu pour moi d'aborder le prochain chapitre de ma philanthropie", a expliqué Mme French Gates en ajoutant qu'elle allait disposer de 12,5 milliards de dollars pour s'engager "auprès des femmes et des familles".

"Nous vivons un moment crucial pour les femmes et les filles aux Etats-Unis et dans le monde entier, et ceux qui luttent pour protéger et faire progresser l'égalité ont un besoin urgent de soutien", a-t-elle ajouté. 

Nouveau nom

La démocrate Hillary Clinton, ex-candidate à la présidence, a notamment salué l'annonce de Mme French Gates.

"Merci pour tout ce que vous avez déjà fait, et j'ai hâte de voir tout ce que vous ferez ensuite", a-t-elle réagi sur X.

Ce départ avait été balisé peu après l'annonce du divorce du couple.

En juillet 2021, la fondation avait publié un communiqué pour annoncer que "si, après deux ans, l'un ou l'autre décide qu'ils ne peuvent pas continuer à travailler ensemble en tant que coprésidents, Mme French Gates démissionnera de son poste".

"Dans ce cas, Mme French Gates recevra des ressources personnelles de M. Gates pour son travail philanthropique", prévoyait déjà l'organisation.

Avant de se lancer dans la philanthropie, Mme French Gates a notamment été programmeuse informatique, puis responsable marketing chez Microsoft.

Bill Gates a salué lundi les "contributions essentielles" de son ex-femme au sein de la fondation.

"Je suis désolée de voir Melinda partir, mais je suis sûre qu'elle aura un impact énorme dans son futur travail philanthropique", a déclaré sur X le milliardaire, l'un des fondateurs du géant de l'informatique basé près de Seattle.

Il restera "pleinement engagé" au sein de la fondation, a-t-il ajouté.

Après ce départ, l'organisation va être renommée et portera le nom de Fondation Gates, a précisé son dirigeant exécutif, Mark Suzman.

Depuis sa création en 2000, l'organisation a dépensé 53,8 milliards de dollars, selon son site internet. Une somme qui a selon elle contribué à la division par deux de la mortalité chez les enfants de moins de cinq ans, observée depuis 1990.

En 2023, la fondation a financé des projets dans 48 Etats des Etats-Unis et 135 pays du monde.

Outre la fortune personnelle de Bill Gates, l'organisation a également été largement financée par le milliardaire et homme d'affaires américain Warren Buffet.

 


Le chancelier Olaf Scholz en Suède pour un sommet sur la sécurité

Le chancelier allemand Olaf Scholz (Photo, AFP).
Le chancelier allemand Olaf Scholz (Photo, AFP).
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  • Les pays nordiques et l'Allemagne figurent parmi les principaux soutiens de l'Ukraine depuis l'invasion russe
  • M. Scholz doit visiter lundi après-midi l'équipementier de télécommunications Ericsson

STOCKHOLM: Le chancelier allemand Olaf Scholz arrive lundi en Suède pour une visite de deux jours, où il va rencontrer ses homologues des pays nordiques pour discuter des questions de sécurité et de compétitivité économique, selon le gouvernement suédois.

M. Scholz doit visiter lundi après-midi l'équipementier de télécommunications Ericsson, dont les locaux se trouvent en banlieue nord de Stockholm, en compagnie des Premiers ministres d'Islande, du Danemark, de la Norvège, de la Finlande et de la Suède.

Ils y "discuteront des questions de politique de sécurité telles que les menaces hybrides, la préparation civile et les nouvelles technologies", précise le gouvernement dans un communiqué. Une conférence de presse est prévue à 15H55 GMT.

"Le soir, lors d'un dîner, la discussion portera sur la poursuite du soutien à l'Ukraine", ajoute le gouvernement, au moment où l'armée ukrainienne est sur le recul face à la Russie dans la région de Kharkiv (nord-est).

Les pays nordiques et l'Allemagne figurent parmi les principaux soutiens de l'Ukraine depuis l'invasion russe en février 2022, Berlin étant le deuxième plus gros donateur au monde (14,5 milliards d'aides au total), selon le Kiel institute.

Compétitivité 

"La politique de sécurité et le prochain sommet de l'Otan figurent en tête de l'ordre du jour", a déclaré lundi le Premier ministre suédois Ulf Kristersson dans une tribune publiée par le quotidien économique Dagens industri.

"Les questions de compétitivité économique" figurent aussi au menu, a-t-il ajouté, soulignant que "la région nordique souhaite jouer un rôle moteur dans les efforts visant à renforcer l'économie européenne",

Mardi, des entretiens bilatéraux sont prévus entre Olaf Scholz et Ulf Kristersson, et un "partenariat stratégique d'innovation" sera signé entre les deux pays.

Une visite à la pépinière d'entreprises Norrsken Foundation, qui soutient les jeunes sociétés en croissance, est également programmée.

C'est la première fois que les deux chefs de gouvernement se rencontrent depuis l'adhésion de la Suède à l'Otan en mars 2024.

Le prochain sommet de l'Alliance atlantique aura lieu de 9 au 11 juillet à Washington.

"La Suède a et doit avoir une voix internationale claire dans le monde", a noté M. Kristersson dans la tribune, soulignant qu'avec "les deux autres pays de la mer Baltique, la Pologne et l'Allemagne, notre région sera plus sûre et plus forte".


La Turquie annonce un plan de rigueur sur trois ans anti-inflation

Un employé d'un bureau de change compte les billets de banque en livres turques (Photo, AFP).
Un employé d'un bureau de change compte les billets de banque en livres turques (Photo, AFP).
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  • L'inflation a atteint 69,8% sur un an en avril en Turquie, contre 68,5% en mars
  • M. Simsek a confirmé le retour à une inflation à un chiffre à la fin 2025

La Turquie a annoncé lundi un plan d'économies sur trois ans visant à réduire les dépenses publiques pour sortir de l'inflation qui atteignait 70% sur un an en avril.

"Notre priorité est de combattre la cherté de la vie. Une faible inflation à un chiffre est indispensable pour une croissance durable", a affirmé le ministre de l'Economie Mehmet Simsek lors de la présentation du plan d'économies à Ankara.

Le plan prévoit de nombreuses restrictions de budget "pour l'ensemble du service public", dont certaines nécessitant des changements législatifs qui seront soumis au Parlement, a précisé le ministre.

L'achat ou la location de tout nouveau véhicule de service public sera ainsi interdit pendant trois ans, à l'exception des "besoins obligatoires" concernant le secteur de la santé, de la sécurité et de la défense.

L'usage de véhicules importés prendra aussi fin au sein du service public, a promis le ministre et le recours aux transports publics imposés aux fonctionnaires.

A l'exception de ceux effectués contre les risques sismiques, ou à la suite de catastrophes naturelles, la construction ou l'achat de bâtiments publics sont aussi suspendus pour trois ans.

D'autres coupures budgétaires sont aussi prévus pour "discipliner les dépenses" comme la réduction de 10% des budgets publics pour l'achat des biens et des services et de 15% pour les investissements, à l'exception des dépenses concernant les régions affectées par le séisme de février 2023 (plus de 55.000 morts).

Le ministre n'a pas précisé la politique du gouvernement sur les salaires, mais le nombre des recrutements dans la fonction publique sera limité au nombre des départs à la retraite, a-t-il assuré.

Mi-avril, le ministre turc du Travail, Vedat Isikhan, avait annoncé mi-avril le gel du salaire minimum d'ordinaire relevé en juillet, contrairement aux deux années précédentes.

Le salaire minimum net a été relevé de près de 50% au 1er janvier, pour atteindre 17.002 livres turques (489 euros).

69.8% 

L'inflation a atteint 69,8% sur un an en avril en Turquie, contre 68,5% en mars, selon les données officielles publiées début mai.

La semaine dernière, le gouverneur de la Banque centrale de Turquie Fatih Karahan avait estimé que l'inflation commencerait à baisser en juin, et revu légèrement en hausse sa prévision pour la fin de l'année, à 38% contre 36%.

M. Simsek a confirmé le retour à une inflation à un chiffre à la fin 2025.

La hausse vertigineuse des prix à la consommation et l'affaissement de la livre turque face à dollar et à l'euro sont jugés responsables du sévère revers électoral infligé au président Recep Tayyip Erdogan et à son parti, l'AKP, lors des municipales du 31 mars.

Un groupe d'économistes turcs indépendants (Enag) estime l'inflation à plus de 124% sur un an en avril, en hausse de 5 points sur un mois.