Le Royaume-Uni entame sa nouvelle vie de l'après-Brexit sans accroc immédiat

Un homme brandit les drapeaux de l'Union depuis une BMW Isetta alors qu'il passe devant les partisans de Brexit rassemblés sur la place du Parlement, au centre de Londres, le 31 janvier 2020, jour où le Royaume-Uni quitte officiellement l'Union européenne.  (Daniel LEAL-OLIVAS / AFP)
Un homme brandit les drapeaux de l'Union depuis une BMW Isetta alors qu'il passe devant les partisans de Brexit rassemblés sur la place du Parlement, au centre de Londres, le 31 janvier 2020, jour où le Royaume-Uni quitte officiellement l'Union européenne. (Daniel LEAL-OLIVAS / AFP)
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Publié le Lundi 04 janvier 2021

Le Royaume-Uni entame sa nouvelle vie de l'après-Brexit sans accroc immédiat

  • Si l'accord commercial conclu in extremis avec Bruxelles ne prévoit ni quotas ni droits de douane et évite un «no deal» dévastateur, le bouleversement est réel
  • Avec la présidence du G7 et l'organisation de la grande conférence sur le climat COP26 cette année, 2021 sera «une année très importante» pour le rayonnement du Royaume-Uni, a assuré Boris Johnson sur Twitter

Londres: tournant le dos à près d'un demi-siècle dans le giron européen, le Royaume-Uni a entamé vendredi, en même temps que 2021, sa nouvelle vie d'après le Brexit, sans perturbations immédiates mais avec de nombreuses inconnues.

Grand artisan du Brexit, le Premier ministre Boris Johnson a promis dans le Daily Telegraph «une année de changement et d'espoir», quatre ans et demi après le référendum ayant déchiré le Royaume-Uni, vantant l'accord de libre-échange conclu juste avant Noël avec Bruxelles.

Officiel depuis fin janvier et aboutissant jeudi à 23H00 locales et GMT à la fin de l'application des règles européennes à l'issue d'une période de transition, le Brexit offrira des «opportunités pour transformer» le pays, selon lui. 

Tout est «normal»

Vendredi matin, alors que les premiers ferries sont partis vers la France, le port anglais de Douvres est resté plongé dans le calme, sans les encombrements tant redoutés après la sortie du Royaume-Uni du marché unique et de l'union douanière, et l'entrée en vigueur de nouvelles formalités des deux côtés de la Manche.  

Près de 200 camions ont aussi emprunté le tunnel sous la Manche dans la nuit, «sans aucun problème» malgré le rétablissement de formalités douanières, selon son exploitant Getlink. 

Le routier roumain Alexandru Mareci, 29 ans, a fait le chemin inverse, arrivant à Douvres à l'aube avec son camion chargé de 23 tonnes de tomates marocaines. «Tout était normal», explique-t-il à l'AFP. «Bien sûr, combien de personnes connaissez-vous qui travaillent pour le Nouvel an? Nous ignorons comment (le Brexit) se passera à l'avenir», relève-t-il, avouant ne pas connaître les nouvelles formalités introduites par les autorités britanniques pour le transit dans le sud de l'Angleterre.

Si l'accord commercial conclu in extremis avec Bruxelles ne prévoit ni quotas ni droits de douane et évite un «no deal» dévastateur, le bouleversement est réel. La libre circulation permettant aux marchandises comme aux personnes de passer sans entrave la frontière a cessé - sauf entre l'Espagne et l'enclave britannique de Gibraltar, ainsi qu'entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande.

«Pagaille»

Malgré ces nouvelles contraintes avec le principal marché du Royaume-Uni, le conservateur Boris Johnson a fait miroiter à ses compatriotes une nouvelle ère pleine de promesses et une place renforcée dans le monde pour son pays, comme champion du libre-échange.

Avec la présidence du G7 et l'organisation de la grande conférence sur le climat COP26 cette année, 2021 sera «une année très importante» pour le rayonnement du Royaume-Uni, a-t-il assuré sur Twitter. 

Des accords commerciaux ont déjà été signés avec une soixantaine de pays, dont le Japon, mais le compromis tant convoité avec les Etats-Unis pourrait buter sur le départ de Donald Trump, Brexiter convaincu contrairement à son successeur à la Maison Blanche, Joe Biden.

Dans l'immédiat, c'est un pays gravement endeuillé par la pandémie - plus de 73 500 morts, l'un des pires bilans en Europe - et frappé par sa pire crise économique en trois siècles qui a quitté l'orbite européenne.  

Boris Johnson doit aussi tourner la page d'une saga orageuse qui l'a emmené au plus haut de l'échelle politique, mais a déchiré les Britanniques. L'unité du Royaume est fissurée, en particulier du côté de l'Ecosse qui a voté à une large majorité pour rester dans l'UE et rêve d'indépendance. 

Et si le calme règne vendredi, des perturbations autour des ports sont anticipées avec la reprise d'activité à plein régime la semaine prochaine, si les nouvelles formalités ralentissent la circulation et allongent les files de camions.

Ainsi, le port de Holyhead, important terminal au Pays de Galles, proche de l'Irlande, pourrait connaître «des retards au cours des prochaines semaines», a prévenu sur Twitter le centre d'information routière gallois. Six chargements y ont été refusés vendredi car ils n'étaient pas en règle.

«Nous allons désormais voir les 80 milliards d'euros d'échanges commerciaux à travers la mer d'Irlande entre le Royaume-Uni et l'Irlande perturbés par beaucoup plus de contrôles et de déclarations, de la bureaucratie et de la paperasserie, et des coûts et retards», a regretté le chef de la diplomatie irlandaise, Simon Coveney, sur la BBC. 

En Irlande, une association de transporteurs a dit craindre des semaines de «pagaille» dans les ports. 

Contrairement à l'UE, le gouvernement britannique a décidé de mettre en oeuvre graduellement les contrôles douaniers, qui ne concerneront toutes les marchandises qu'à partir de juillet.

L'accord de libre-échange prévoit aussi, pour éviter toute concurrence déloyale, des sanctions et des mesures compensatoires en cas de non respect de ses règles en matière d'aides d'Etat, d'environnement, de droit du travail et de fiscalité.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.