Avant les annonces du gouvernement, les agriculteurs ne «  lèvent pas le camp  » sur les routes de France

Une femme brandit un drapeau français devant un tracteur alors que les agriculteurs participent à une journée nationale d'actions et de blocages de routes à l'appel de plusieurs syndicats agricoles pour protester contre l'augmentation des coûts de production et les réglementations environnementales, à Agen, dans le sud-ouest de la France, le 25 janvier 2024. (AFP).
Une femme brandit un drapeau français devant un tracteur alors que les agriculteurs participent à une journée nationale d'actions et de blocages de routes à l'appel de plusieurs syndicats agricoles pour protester contre l'augmentation des coûts de production et les réglementations environnementales, à Agen, dans le sud-ouest de la France, le 25 janvier 2024. (AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 26 janvier 2024

Avant les annonces du gouvernement, les agriculteurs ne «  lèvent pas le camp  » sur les routes de France

  • Confronté à sa première crise depuis sa nomination, Gabriel Attal doit se rendre vendredi auprès des agriculteurs pour faire "des propositions concrètes de mesures de simplification"
  • En attendant ces annonces, les agriculteurs restaient mobilisés vendredi aux premières heures du jour

PARIS: "Pas de mesurettes": les agriculteurs mobilisés dès les premières heures vendredi matin attendent avec impatience des mesures à effet rapide de la part du Premier ministre Gabriel Attal pour répondre à leurs revendications, menaçant de poursuivre les blocages commencés il y a une semaine si elles ne sont pas à la hauteur.

Confronté à sa première crise depuis sa nomination, Gabriel Attal doit se rendre vendredi auprès des agriculteurs pour faire "des propositions concrètes de mesures de simplification", en compagnie du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau. Selon la FNSEA, il est attendu dans l'après-midi en Haute-Garonne, où a commencé le premier blocage d'autoroutes il y a une semaine.

En attendant ces annonces, les agriculteurs restaient mobilisés vendredi aux premières heures du jour. Sur l'autoroute A1 à Seclin, au sud de Lille, des agriculteurs étaient déjà debout vers 07H00, a constaté une journaliste AFP. Sous la bruine et dans l'obscurité trouée par les phares d'un tracteur, ils agitaient des drapeaux des Jeunes agriculteurs devant une barrière de bottes de paille.

"Je pense qu'aujourd'hui on aura peut-être une réponse", espère Pierre Lambin, ouvrier agricole de 43 ans qui a passé la nuit sur place. "Mais tant qu'on n'aura pas toutes les réponses, on ne lèvera pas le camp", prévient-il.

Rencontrés dans de multiples lieux de France par l'AFP, les agriculteurs ont des revendications diverses, selon qu'ils sont éleveurs de volailles frappés par la grippe aviaire l'an dernier, viticulteurs dont les vins se vendent moins, cultivateurs bio aux légumes boudés par les Français, ou grands céréaliers.

Certains réclament une baisse du GNR (gazole non routier). D'autres veulent un prix minimum pour leurs produits, ou le versement d'aides ou d'indemnisations dues de longue date, voire un moratoire sur l'interdiction des pesticides, comme nouvellement demandé par la FNSEA. Une partie des 140 revendications portées par le syndicat majoritaire nécessitent une loi ou des négociations à Bruxelles.

Attal se rend vendredi après-midi dans une exploitation agricole de Montastruc-de-Salies 

Gabriel Attal se rend vendredi après-midi dans une exploitation agricole bovine conventionnelle de la petite commune de Montastruc-de-Salies, en Haute-Garonne, où il doit échanger avec une quarantaine d'agriculteurs et présenter des mesures pour répondre à leur colère, a indiqué Matignon.

Ses réponses sont très attendues par la profession, qui manifeste depuis une semaine et dont les revendications sont nombreuses et diverses. Certains réclament une baisse du GNR (gazole non routier). D'autres veulent un prix minimum pour leurs produits, ou le versement d'aides dues de longue date, voire un moratoire sur l'interdiction des pesticides.

« Pas de paroles en l'air »

Un peu partout dans le pays, les manifestants s'en sont pris jeudi à des symboles de l'Etat et des grandes surfaces, donnant l'image d'une colère se radicalisant. Plus de 55.000 personnes se sont mobilisées, selon un décompte de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire proche du pouvoir, qui tente depuis une semaine de canaliser un mouvement démarré en Occitanie.

Dans l'Oise, une poignée d'hommes a passé une nouvelle nuit sur l'autoroute A16, au niveau du péage d'Amblainville, se réchauffant à la flamme et aux cafés brûlants. Une quinzaine de tracteurs sommeillaient sur la chaussée, dans le noir, attendant que de nouvelles forces vives ne rejoignent le convoi pour une nouvelle journée de manifestation.

Selon Vincent Verschuere, éleveur laitier de Saint-Aubin, ils devraient être en 100 et 150. "On va attendre les annonces de notre gouvernement, même si on a peu d'espoir qu'elles soient suffisantes à satisfaire l'ensemble du monde agricole", confie-t-il à l'AFP.

Devant la "colère" et la "résignation extrême" des agriculteurs, "on n’attend pas des mesurettes, on attend pas des paroles en l’air", a martelé sur franceinfo Cyrille Milard, le président de la FDSEA 77.

Pour le moment "dans l'expectative" des annonces gouvernementales, "on ne s’interdit pas d’aller bloquer Paris" si celles-ci ne paraissent pas à la hauteur, prévient-il, même si cela devrait plutôt prendre la forme d'un blocage des grands axes routiers que d'une entrée dans la capitale.

"On n'avait pas l'intention de gêner les gens, mais il y a que ça en France pour faire bouger les choses", estime-t-il, "Il y a un moment où on est obligé de durcir le ton (...), on est en train de rentrer dans un rapport de force extrême".

Et l'écologie ?

Les ministres de l'Agriculture et de l'Economie mèneront vendredi, à 11H00, un comité de suivi des négociations commerciales entre la grande distribution et ses fournisseurs, qui ont une incidence sur le revenu des producteurs.

Alors que les agriculteurs sont également mobilisés en Allemagne, Belgique, Pologne ou Suisse, le mouvement est populaire en France, mais tous les syndicats ne plaident pas pour sabrer les normes environnementales. La Confédération paysanne, 3e syndicat représentatif, classé à gauche, propose des solutions bien différentes de celles des syndicats FNSEA, Jeunes agriculteurs et Coordination rurale.

Les ONG écologistes s'alarment des appels à débrider les règles sur l'eau ou les pesticides. "Ce n'est pas en réduisant les mesures environnementales que l'agriculture règlera sa crise, ça ne fera qu'aggraver la situation", dit Sandrine Bélier, directrice de l'ONG Humanité et Biodiversité.

Deux experts qui siègent avec la FNSEA dans des conseils environnementaux confient d'ailleurs à l'AFP leur sidération face à la subite surenchère du syndicat.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Short Url
  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Short Url
  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.

 


Pour Sébastien Lecornu, un premier déplacement consacré à la santé

Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Déplacement symbolique à Mâcon : Pour son premier déplacement, Sébastien Lecornu met l'accent sur l'accès aux soins et le quotidien des Français
  • Conscient de l'absence de majorité, il consulte partis et syndicats, cherchant des terrains d'entente sur le budget, tout en laissant la porte ouverte à une fiscalité plus juste

PARIS: Sébastien Lecornu se rend samedi en province, à Mâcon, pour son premier déplacement en tant que Premier ministre consacré à la santé et à "la vie quotidienne" des Français, délaissant pendant quelques heures les concertations qu'il mène activement à Paris avant de former un gouvernement.

Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) locataire de Matignon va à la rencontre des Français, pour qui il reste encore un inconnu. Il échangera notamment avec des salariés d'un centre de santé de Saône-et-Loire dont le but est d'améliorer l'accès aux soins.

Lui-même élu local de l'Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, ce fils d'une secrétaire médicale et d'un technicien de l'aéronautique avait assuré dès le soir de sa nomination "mesurer les attentes" de ses concitoyens et "les difficultés" qu'ils rencontraient.

Celles-ci sont souvent "insupportables" pour accéder à un médecin ou à un professionnel de santé, parfois "source d'angoisse", souligne son entourage. Le Premier ministre entend dans ce contexte "témoigner de la reconnaissance de la Nation à l’égard des personnels soignants" et "réaffirmer la volonté du gouvernement de faciliter l’accès aux soins".

Il s'agit aussi pour Sébastien Lecornu de convaincre l'opinion, autant que les forces politiques, du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d'entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité.

Sébastien Lecornu est très proche d'Emmanuel Macron, avec qui il a encore longuement déjeuné vendredi à l'Elysée.

- Mouvements sociaux -

Sa nomination coïncide avec plusieurs mouvements sociaux. Le jour de sa prise de fonction, une mobilisation lancée sur les réseaux sociaux pour "bloquer" le pays a réuni 200.000 manifestants, et une autre journée de manifestations à l'appel des syndicats est prévue jeudi.

"Il y a une grande colère" chez les salariés, a rapporté Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat de France, à l'issue d'une entrevue vendredi avec le nouveau Premier ministre, qui lui a dit travailler sur une "contribution des plus hauts revenus" dans le budget 2026.

C'est sur le budget que ses deux prédécesseurs, François Bayrou et Michel Barnier, sont tombés. Et Sébastien Lecornu cherche en priorité une forme d'entente avec les socialistes.

Mais il lui faut dans le même temps réduire les déficits, alors que l'agence de notation Fitch a dégradé vendredi soir la note de la dette française.

Le centre et la droite de la coalition gouvernementale se disent prêts à taxer plus fortement les ultra-riches sans pour autant aller jusqu'à l'instauration de la taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, mesure phare brandie par les socialistes et dont LR ne veut pas.

Une telle mesure marquerait en tout cas une des "ruptures" au fond prônées par Sébastien Lecornu à son arrivée, puisqu'elle briserait le tabou des hausses d'impôts de la macronie.

- Méthode -

Sébastien Lecornu veut aussi des changements de méthode.

Il a d'abord réuni jeudi --pour la première fois depuis longtemps-- les dirigeants des partis du "socle commun", Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains, afin qu'ils s'entendent sur quelques priorités communes.

Un format "présidents de parti" qui "permet de travailler en confiance, de façon plus directe, pour échanger sur les idées politiques, sur les arbitrages", salue un participant.

Avant les oppositions et à quelques jours d'une deuxième journée de manifestations, il a consulté les partenaires sociaux, recevant vendredi la CFDT et Medef, avant la CGT lundi.

En quête d'un compromis pour faire passer le budget, le chef de gouvernement pourrait repartir du plan de son prédécesseur François Bayrou délesté de ses mesures les plus controversées. A l'instar de la suppression de deux jours fériés.

L'hypothèse d'une remise sur les rails du conclave sur les retraites semble aussi abandonnée. Les partenaires sociaux refusent de toute façon de le rouvrir.

Des gestes sont attendus à l'égard des socialistes alors qu'à l'Elysée, on estime que le Rassemblement national, premier groupe à l'Assemblée nationale, se range désormais comme la France insoumise du côté du "dégagisme".

Cultivant une parole sobre voire rare, Sébastien Lecornu ne s'exprimera qu'à l'issue de ces consultations "devant les Français", avant la traditionnelle déclaration de politique générale, devant le Parlement.