Frankly Speaking: Les chrétiens de Palestine sont-ils en voie d'extinction ?

le pasteur palestinien n’a pas mâché ses mots sur des sujets allant de la position de l’Église au sujet de la guerre à Gaza (Photo, Fournie).
le pasteur palestinien n’a pas mâché ses mots sur des sujets allant de la position de l’Église au sujet de la guerre à Gaza (Photo, Fournie).
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Publié le Lundi 29 janvier 2024

Frankly Speaking: Les chrétiens de Palestine sont-ils en voie d'extinction ?

  • Un pasteur palestinien qualifie la guerre menée par Israël à Gaza de «génocide» et reproche aux gouvernements occidentaux de ne pas protéger les Palestiniens
  • Le pasteur Munther Isaac insiste sur le fait que les chrétiens ne cherchent pas à bénéficier d’un traitement spécia

DUBAÏ: La guerre brutale menée par Israël à Gaza menace de mettre fin à l’existence des chrétiens de Palestine dans l’enclave et en Cisjordanie occupée, selon le pasteur Munther Isaac, de l’église évangélique luthérienne de Noël à Bethléem.

Lors de son passage sur Frankly Speaking, l’émission hebdomadaire d’Arab News, le pasteur palestinien n’a pas mâché ses mots sur des sujets allant de la position de l’Église sur le conflit à la question de savoir si l’Occident a commencé à se retourner contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

Le Plaidoyer du Pasteur Isaac

«Il s’agit d’un génocide. Israël a dit au monde ce qu’il fait, ce qu’il veut faire, et les faits parlent d’eux-mêmes», note-t-il.

«En quoi le meurtre de milliers d’enfants relève-t-il de la légitime défense ? Quel est le lien avec le 7 octobre ? En quoi le déplacement de près de 2 millions de personnes relève-t-il de la légitime défense ?»

Des combattants dirigés par le groupe palestinien Hamas ont tué environ 1300 personnes, pour la plupart des civils, lors d’une attaque sans précédent contre des communautés du sud d’Israël le 7 octobre de l’année dernière. D’après Israël, 250 autres personnes ont été prises en otage.

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Ces événements ont déclenché les représailles d’Israël sur Gaza, qui ont fait plus de 26 000 morts parmi les Palestiniens, selon les autorités sanitaires locales, et réduit de vastes pans de l’enclave à l’état de ruines.

«Dès les premières semaines de la guerre, voire les premiers jours, il était évident pour nous, en particulier en tant que Palestiniens, qu’il s’agissait d’une tentative de mettre fin à la vie à Gaza telle que nous la connaissons», déclare Isaac.

La guerre a eu des répercussions au-delà de Gaza, puisque les dizaines de milliers de chrétiens qui vivent en Cisjordanie en souffrent également, précise le pasteur.

«Ici, en Cisjordanie, de nombreuses familles palestiniennes chrétiennes ont déjà fui par peur. Elles regardent ce qui se passe à Gaza et se demandent : “Est-ce que cela pourrait nous arriver un jour ?”»

Isaac estime qu’il est «impossible de prospérer en tant que communauté au milieu d’un conflit, d’une oppression et d’une occupation».

«La vie ici était si difficile avant le 7 octobre, et elle l’est encore plus aujourd’hui. Nombreux sont ceux qui ont perdu leur emploi parce qu’il n’y a pas de tourisme. Jérusalem est maintenant complètement bloquée, isolée.»

La communauté d’Isaac — les chrétiens de Palestine — était déjà une minorité confrontée à ses propres difficultés avant même le début de la guerre, le 7 octobre, avec seulement un millier de chrétiens résidant à Gaza.

Bien qu’Israël se présente souvent comme protecteur des chrétiens au Moyen-Orient, les campagnes de bombardement à Gaza ont détruit les maisons et les églises des Palestiniens chrétiens.

«Il y a cette illusion qu’Israël traite les chrétiens favorablement ou d’une manière spéciale. Cette guerre a permis de démontrer que ce n’était pas le cas», indique Isaac à Katie Jensen, animatrice de l’émission Frankly Speaking.

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Munther Isaac, de l'Église évangélique luthérienne de Noël de Bethléem, s'est entretenu avec Katie Jensen sur Frankly Speaking. Il a déclaré que les actions d'Israël à Gaza constituent un génocide et n'ont aucun rapport avec l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre. (Photo, Arab News). 

Le bombardement de l'église orthodoxe grecque Saint-Porphyre de Gaza, le 19 octobre, a coûté la vie à au moins 18 civils palestiniens qui s’y trouvaient. Deux mois plus tard, des tireurs d’élite israéliens auraient abattu une mère et sa fille alors qu’elles quittaient la seule église catholique de Gaza.

«Tous ceux qui voient ce qui se passe à Gaza se rendent compte que tout le monde est une cible. Les églises n’étaient pas sûres. Les chrétiens se sont réfugiés dans les églises en pensant qu’ils étaient en sécurité, mais ils se sont visiblement trompés», regrette Isaac.

Bien que la communauté chrétienne de Gaza, déjà peu nombreuse, ait été frappée de plein fouet par la mort de plusieurs de ses membres, Isaac a précisé qu’il ne cherchait pas à obtenir un traitement spécial pour les chrétiens de Palestine.

«Je ne pense pas que nous voulions être traités d’une manière spéciale», souligne-t-il. «Nous voulons la fin de la guerre. Nous voulons la fin de l’occupation. Nous voulons contribuer à une réalité dans laquelle tous les citoyens jouissent des mêmes droits. Nous voulons nous sentir égaux à tous les autres habitants de ce pays, musulmans et juifs.»

La réaction Internationale face au conflit

Concernant la procédure engagée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, Isaac a réaffirmé que les actions d’Israël à Gaza s’apparentaient à un génocide et n’avaient aucun lien avec l’attaque du 7 octobre.

Il s’est dit choqué par «le fait que des pays occidentaux qui se targuent sans cesse de respecter les droits de l’homme et le droit international soient prêts à fermer les yeux sur une chose pareille».

Il a salué la décision de l’Afrique du Sud d’engager la procédure contre Israël, qui a débuté à la fin du mois de décembre de l’année dernière.

La CIJ a rendu sa décision le 26 janvier, ordonnant à Israël «d’empêcher tout acte de génocide et de cesser de tuer, de blesser, de détruire la vie et d’empêcher les naissances», de permettre la fourniture de services humanitaires et de soumettre des rapports réguliers à la Cour.

Bien qu’elle ait donné raison à l’Afrique du Sud sur de nombreux points, la CIJ n’a pas ordonné de cessez-le-feu immédiat, et nombreux sont ceux qui doutent que la décision soit applicable ou qu’elle ait plus qu’une valeur symbolique.

Toutefois, pour Munther Isaac, il est important qu’«Israël se rende compte qu’il existe des pays (et) des dirigeants prêts à faire preuve de fermeté et à adopter des positions courageuses. Israël a fait ce qu’il a fait parce que personne ne lui a jamais demandé de rendre des comptes».

«J’ai été ravi de voir que tous les crimes d’Israël ont été dévoilés au monde entier», dit-il.

«Je suis très heureux que ce soit un pays comme l’Afrique du Sud qui ait mené les efforts, parce qu’il a la crédibilité morale et l’autorité nécessaires pour parler de telles questions. Un pays qui a subi la colonisation et l’apartheid a la crédibilité nécessaire pour s’opposer à la colonisation, à l’apartheid, ainsi qu’à un génocide.» 

Lors de son sermon de Noël de l’année dernière, un plaidoyer émouvant intitulé «Le Christ dans les décombres», Isaac a prononcé un discours cinglant condamnant ce qu’il considère comme l’hypocrisie, les doubles standards et le silence des nations occidentales et de l’Église.

«Dans l’ombre de l’empire, ils transforment le colonisateur en victime et le colonisé en oppresseur», avait-il déclaré à l’époque.

Dans son sermon devenu viral, le pasteur dénonce ce qu’il considère comme l’hypocrisie des États occidentaux: «À nos amis européens, je ne veux plus jamais vous entendre nous faire la leçon sur les droits de l’homme ou le droit international. Et je suis sincère.»

Si les Palestiniens ont bénéficié du soutien du monde entier, depuis la décision de la CIJ jusqu’aux manifestations de masse et aux élans de solidarité dans le monde entier, d’autres n’ont pas souhaité critiquer Israël pour ses actions. Les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne, entre autres, se sont opposés à l’arrêt.

Alors que de plus en plus de civils meurent en raison des bombardements et des opérations militaires à Gaza, certains signes indiquent que même les alliés les plus fidèles d’Israël commencent à prendre leurs distances. Isaac, quant à lui, estime que les signes de soutien de la part des grandes puissances occidentales ne sont que des «paroles en l’air».

«Depuis des mois, nous entendons dire que les États-Unis ont fixé des lignes rouges à Israël quant à ce qu’il peut faire et ce qu’il ne peut pas faire. Cependant, toutes ces lignes rouges ont été franchies», constate-t-il. 

Pour Isaac, «tout ce que les États-Unis disent à propos de la guerre semble être des paroles en l’air. Nous n’y croirons pas tant que nous ne l’aurons pas vu. Pour être honnête, cet élément a été le plus important pour donner du pouvoir à Israël et lui permettre de commettre de tels crimes de guerre, parce que personne ne leur demande de rendre des comptes. Vous pouvez dire tout ce que vous voulez dans les conférences de presse, mais ce sont les faits sur le terrain qui nous importent».

Déplorant ce qu’il appelle l’incapacité des pays à majorité chrétienne à soutenir les droits des Palestiniens, il a déclaré : «Pour tout vous dire, c’est très décevant et décourageant, surtout si l’on tient compte des déclarations publiques de nombre de ces pays concernant leur inquiétude au sujet de la présence chrétienne au Moyen-Orient.»

«Pourtant, tout ce qu’ils font, c’est soutenir des politiques qui mettent notre présence en péril. C’est tellement hypocrite et c’est tellement dédaigneux de nos difficultés, de nos opinions et de nos points de vue. Ils ne nous parlent jamais.» 

"Ils ne nous considèrent pas, nous les Palestiniens, comme des égaux, que nous soyons chrétiens ou musulmans. C’est là que réside le problème», poursuit-il.

«Ils ont d’autres projets. Ils ont des ambitions politiques. Ils ont des alliances politiques, et c’est ce qui leur importe le plus (au) détriment de notre présence, de notre réalité sur le terrain.» 

En plus de dénoncer le silence ou les doubles standards des gouvernements, Isaac a critiqué la position des églises, dont beaucoup, en tant qu’institutions, gardent le silence même si les fidèles expriment leur soutien.

«Les chefs d’églises ne parlent pas au nom des fidèles. Je pense que les gens réalisent clairement qu’il y a une grave injustice et qu’ils sont très préoccupés par ce qui se passe à Gaza. Pourtant, les chefs d’églises sont trop paralysés pour parler et pour interpeller Israël sur ce qu’il fait.»

On a demandé à Munther Isaac si la position religieuse avait vraiment de l’importance dans un monde largement séculier, où la politique et les élections à venir ont clairement le dessus.

«J’espère que c’est le cas, et la question est de savoir quelle position religieuse compte», souligne-t-il. «N’oublions pas qu’Israël utilise la Bible pour justifier ses actions.» 

«De nombreux chrétiens soutiennent Israël pour des raisons théologiques et il est certain que beaucoup, et pas seulement les groupes juifs, utilisent la religion pour justifier l’exclusivité, le fondamentalisme et le déni des droits d’autrui.» 

Isaac n’a pas hésité à exhorter les chefs religieux à adopter une position ferme sur Gaza, affirmant qu’«il est temps que les voix qui croient en l’inclusion, en la paix, en la justice et en l’égalité se fassent entendre, et pas d’une manière diplomatiquement gentille».

«Je suis fatigué, pour être honnête, des chefs religieux qui se contentent d’appeler à la paix et de prier pour la paix», confie-t-il.

«Nous devons appeler les choses par leur nom. Il existe un système d’apartheid dans notre pays. Il est temps de parler pour faire respecter ces principes.»

En tant que personnalité religieuse, quelle est la position d’Isaac sur le droit des juifs à vivre en paix, d’autant plus que Jérusalem est un lieu saint commun aux trois religions abrahamiques ?

«Tout le monde a le droit de vivre en paix partout dans le monde», lance-t-il. «Lorsque les dirigeants chrétiens occidentaux nous interrogent à ce sujet, je leur réponds que les juifs devraient avoir le droit et la liberté de vivre en paix partout, aux États-Unis, en Europe, et même dans les pays arabes.»

«Nous devrions  pouvoir faire en sorte que les juifs ne se sentent menacés nulle part.»

Développant ce point, il a ajouté : «Il semble que le monde entier soit déterminé à faire en sorte que les juifs soient en sécurité, mais pas sur leur terre, sur notre terre. Ensuite, c’est nous qu’ils accusent, comme si nous étions des antisémites, alors que c’est l’antisémitisme qui a poussé les juifs à quitter l’Europe pour venir sur notre terre.»

Isaac a affirmé qu’il ne voulait pas «voir Israël détruit ou les juifs partir», ajoutant qu’il souhaitait un avenir dans lequel ses enfants «auraient des amis israéliens».

Bien que la sécurité et l’égalité pour tous soient une priorité, Isaac a insisté sur le fait que le droit à l’existence des Palestiniens ne devait pas être refusé.

«Le monde a accepté qu’Israël bascule de plus en plus à droite, qu’il dise ouvertement qu’un État palestinien ne sera jamais créé, qu’il dise ouvertement que seuls les juifs ont droit à la terre, puis qu’il élise des dirigeants ouvertement racistes, qu’il poursuive la construction de colonies pendant toutes ces années, qu’il s’assure qu’un État palestinien ne puisse jamais être créé et qu’il en accuse les Palestiniens», fait-il remarquer. 

«Pour moi, cela n’a aucun sens. Donc, à moins que la communauté internationale et les chefs religieux ne s’unissent et ne réclament cette idée de justice et d’égalité des droits, cela n’arrivera jamais.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.