A Lyon, l'ultradroite tente de se greffer sur la mobilisation des agriculteurs

Des agriculteurs bloquent le péage de l'autoroute A6, le 31 janvier 2024 à Villefranche-sur-Saône, près de Lyon, au milieu de manifestations nationales convoquées par plusieurs syndicats d'agriculteurs sur les salaires, les impôts et la réglementation. (AFP)
Des agriculteurs bloquent le péage de l'autoroute A6, le 31 janvier 2024 à Villefranche-sur-Saône, près de Lyon, au milieu de manifestations nationales convoquées par plusieurs syndicats d'agriculteurs sur les salaires, les impôts et la réglementation. (AFP)
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Publié le Jeudi 01 février 2024

A Lyon, l'ultradroite tente de se greffer sur la mobilisation des agriculteurs

  • Le logo du groupe identitaire des Remparts a été renversé sur les réseaux sociaux, en rappel de la campagne «on marche sur la tête» des syndicats agricoles
  • Leurs comptes ont fait circuler le slogan «pas de pays sans paysan», puis les images d'une action menée dimanche, avec déploiement d'une banderole «les nôtres avant les autres» sur un pont

LYON: "Plus d'argent pour les paysans, moins pour les migrants": il a fallu moins d'une semaine à l'ultradroite lyonnaise pour se saisir de la colère des agriculteurs et mettre en avant ses idéaux "enracinés".

Le logo du groupe identitaire des Remparts a été renversé sur les réseaux sociaux, en rappel de la campagne "on marche sur la tête" des syndicats agricoles. Leurs comptes ont fait circuler le slogan "pas de pays sans paysan", puis les images d'une action menée dimanche, avec déploiement d'une banderole "les nôtres avant les autres" sur un pont.

Jusque là, le groupuscule héritier de Génération identitaire (dissous en 2021) concentrait plutôt ses attaques sur "l'immigration", "l'idéologie woke", l'ultragauche et "les racailles".

Avec une première ouverture vers la campagne à l'automne, quand ses militants se sont mobilisés "en soutien" au jeune Thomas, tué au couteau dans la Drôme lors d'une fête de village, symbole, selon eux de "l'ensauvagement de nos villes et de nos villages".

Bravant des interdictions de manifester, le collectif Les Remparts, considéré comme le principal groupuscule d'ultradroite à Lyon, avait été menacé d'une procédure de dissolution par le ministre de l'Intérieur, en même temps que d'autres comme la Citadelle et la Division Martel - depuis dissous.

Le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet milite depuis longtemps pour leur dissolution et a saisi à plusieurs reprises le gouvernement. Il y a eu depuis 2020 "une résurgence d'actes violents" visant manifestants féministes, LGBTQ+ ou pro-palestiniens, sans oublier des heurts réguliers avec l'ultragauche, souligne la mairie, qui décompte 22 blessés lors "d'agressions" de l'ultradroite.

Guignol Squad 

"Il faut les priver de leurs moyens d'organisation", plaide l'adjoint à la sécurité Mohamed Chihi qui les voit comme "la menace principale à l'ordre public".

"Pas si évident" de monter une procédure de dissolution, explique un fonctionnaire qui suit le dossier: "une fois qu'on a fait le lien entre des individus et des faits, il faut encore faire le lien entre ces individus et le groupuscule".

Pour certaines actions, les militants se dissimulent derrière un prête-nom: ils "peuvent notamment converger dans le cadre du +Guignol Squad+ (...) sorte de black bloc d'ultradroite" qui agit sous l'effigie de la célèbre marionnette lyonnaise, selon cet observateur qui ne souhaite pas être identifié.

Pour leurs activités officielles, Les Remparts s'appuient sur deux associations héritées de Génération identitaire: La Traboule, un bar associatif juché dans les pentes du Vieux Lyon et l'Agogé, un club de sports de combat, dans un local mitoyen.

"Apéros enracinés", galettes pour l’Épiphanie et crêpes pour la Chandeleur, "soirées d'automne" pour célébrer à la fois "la nouvelle année celte" et "la Toussaint chrétienne": les identitaires lyonnais aiment mettre en avant leur esprit de "camaraderie".

Sur les réseaux sociaux, le collectif qui revendiquait "plus de 900 adhérents" en 2022, assure s'appuyer sur "une communauté forte, dynamique et respectueuse des lois" et s'insurge contre les attaques de la mairie, dénonçant des "faits de violence fantasmée". Il a refusé de répondre aux questions de l'AFP.

«Quelques fondamentaux»

Fief historique de la tradition catholique contre-révolutionnaire, Lyon a vu l'extrême droite et l'ultradroite se développer depuis le XIXe siècle, avec ces dernières décennies deux courants prépondérants.

D'abord, les identitaires, représentés aujourd'hui par Les Remparts, ont "très clairement affirmé leur volonté de défendre la religion chrétienne. Ca leur a apporté, peut-être pas de la sympathie, mais de la tolérance d'une partie de la population lyonnaise", explique Alain Chevarin, auteur de "Lyon et ses extrêmes droites" (éd. La Lanterne, 2020).

De l'autre, un mouvement nationaliste, davantage intéressé par la question ethnique, est porté actuellement par Lyon populaire.

Depuis quelques années, des militants "moins idéologisés (...) se réunissent sur quelques fondamentaux" tels "le racisme anti-blanc" qui pour eux "découle de l'immigration", analyse la chercheuse spécialisée Marion Jacquet-Vaillant.

Au fil des années, tous ont su élargir leur "champ d'action leur permettant de gagner en audience et en sympathisants", comme les questions féminines, "le sport" ou "l'écologie", ce qui les rend "plus proches des préoccupations sociales actuelles", selon M. Chevarin.

Plus discret que les Remparts, Lyon populaire organise régulièrement des conférences dans un local du centre-ville de Lyon. La prochaine, début mars, sera consacrée à "l'écologie intégrale" et abordera "la défense de la ruralité".


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.