En Ethiopie, le peintre Fikru «dépose» ses «émotions sur la toile»

Le peintre Fikru Gebremariam pose pour un portrait parmi ses œuvres dans son atelier à Addis-Abeba le 29 janvier 2024 (Photo, AFP).
Le peintre Fikru Gebremariam pose pour un portrait parmi ses œuvres dans son atelier à Addis-Abeba le 29 janvier 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 01 février 2024

En Ethiopie, le peintre Fikru «dépose» ses «émotions sur la toile»

  • Dans son atelier, Fikru garde un dessin réalisé à 11 ans quand ses parents l'ont inscrit à l'Ecole des Beaux-Arts d'Addis Abeba
  • Des visages féminins aux allures de masques africains peuplent les anciennes toiles

ADDIS ABEBA: "Mon travail, c'est d'identifier mes sensations, ce que me dicte mon subconscient et de déposer mes émotions sur la toile", explique dans son atelier d'Addis Abeba Fikru Gebremariam, jaugeant l'exubérant tableau auquel il travaille.

Fikru - seul nom dont il signe ses toiles - est revenu il y a 10 ans en Ethiopie, pays où il est né et a été formé, après une reconnaissance acquise à l'étranger, dont dix années passées à Paris.

La vaste villa de la capitale éthiopienne jouxtant son atelier témoigne de sa réussite. Mais "les gens confondent souvent succès et reconnaissance. (...) Un artiste, s'il est heureux, pour moi ça suffit, c'est ça le succès", assure le peintre de 50 ans.

D'amples mouvements de brosse, il balaie la grande toile, superposant d'énergiques traînées ocres, puis noires, aux nombreuses autres couleurs.

Au couteau, il strie une couche encore fraîche, puis allonge la toile au sol et l'asperge par endroits d'un mélange térébenthine et huile de lin, diluant la peinture qui s'étale.

Fikru a voyagé, notamment "en France, aux Etats-Unis et ces va-et-vient lui ont permis de s'inspirer de tout qu'il y avait" là-bas, explique Mohamed Beldjoudi, directeur de l'Alliance éthio-française d'Addis Abeba qui expose depuis jeudi pour un mois une trentaine de ses oeuvres.

"Ça lui a donné cette expression (...) assez unique", ajoute-t-il: "On est à la fois sur de l'art contemporain, mais on y décèle quelques symboles (...) utilisés dans la peinture éthiopienne".

Dans son atelier, Fikru garde un dessin réalisé à 11 ans quand ses parents l'ont inscrit à l'Ecole des Beaux-Arts d'Addis Abeba, au milieu de centaines d'oeuvres adultes témoignant de trois décennies d'évolution artistique.

Voyage entre moi et les couleurs

Des visages féminins aux allures de masques africains peuplent les anciennes toiles où dominent les teintes empruntées à la terre. Ils ont été progressivement submergés au fil des ans, jusqu'à disparaître dans l'actuelle abstraction explosive de couleurs.

Aux Beaux-Arts, "on vous enseigne comment dessiner des formes, à peindre des choses figuratives (...) on vous enseigne en permanence l'académisme", explique Fikru.

"Est-ce suffisant pour être un artiste? C'est ce que tu veux, dessiner des formes? Cela te définit-il en tant qu'artiste? C'est le genre de questions qui me sont venues progressivement à l'esprit", raconte-t-il à l'AFP.

Pendant "près de 15 ans, les influences scolaires sont restées. Puis, lentement j'ai été fatigué des formes. Donc j'ai commencé à détruire les formes".

Au fil du temps, Fikru "a déconstruit complètement ce qu'il avait appris, à la fois en modifiant ses techniques, mais surtout en imaginant qu'un tableau pouvait être une centaine de tableaux distincts", décrit Mohamed Beldjoudi.

Peindre, "c'est une sorte de voyage, entre moi et les couleurs", dit Fikru. "En tant qu'artiste, je dois guider via la technique ce que j'ai à l'esprit", c'est-à-dire "créer quelque chose à partir d'émotions, en utilisant ce savoir-faire conscient".

Refus des étiquettes

Quand il commence une toile, il ne sait pas à quoi elle ressemblera. Une oeuvre peut prendre "une heure ou un an", être abandonnée puis reprise. "On ne peut savoir qu'une peinture est terminée que si on a dans la tête un sujet à l'avance", explique-t-il.

"Ce n'est pas moi qui sait quand c'est fini, c'est le tableau (...), arrive un point où je ne peux plus rien ajouter, même si je prends de la couleur, je n'y arrive pas. Il y a une sorte de connexion avec le tableau qui me dit, ça suffit".

Fikru s'est toujours laissé guider par sa seule créativité, refusant les cadres.

Jeune artiste, il a lâché en cours de route un cursus universitaire d'art à Washington et une bourse, car, dit-il, "il m'importait de faire à ma façon, pas d'une façon scolaire".

Après des passages en Europe, notamment 10 ans à Paris, suscitant l'intérêt de collectionneurs étrangers, il est rentré en 2012 en Ethiopie. "Pour ma créativité, j'ai pensé +Je dois être en Ethiopie+", en raison "de ma connexion non seulement avec le pays, mais avec le climat, la culture, les gens".

Artiste et éthiopien, il refuse d'être catalogué. "Oui, je suis né en Ethiopie, je suis un artiste. Mais j'ai voyagé (...) Donc l'appellation +artiste éthiopien+, +artiste africain+, +artiste européen+, c'est juste une étiquette".


A la Fondation Vuitton, «  L'Atelier Rouge  » de Matisse comme un manifeste

L'exposition s'ouvre par une phrase de Matisse expliquant à son mécène russe, Sergueï Chtchoukine, qu'il a fait "quelque chose de nouveau". (AFP).
L'exposition s'ouvre par une phrase de Matisse expliquant à son mécène russe, Sergueï Chtchoukine, qu'il a fait "quelque chose de nouveau". (AFP).
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  • "L'Atelier rouge" (1911) est exposé à partir de samedi à la Fondation Vuitton à Paris, où il pourrait livrer quelques-uns de ses secrets
  • L'assiette peinte par Matisse en 1907 figurant à l'avant-plan de "L'Atelier rouge" provient, elle, de la collection du MoMA comme le tableau lui-même, acquis par le musée new-yorkais en 1949

PARIS: Comme un manifeste, il a inspiré d'innombrables peintres abstraits américains, ce qu'Henri Matisse ne savait pas lorsqu'il l'a peint: "L'Atelier rouge" (1911) est exposé à partir de samedi à la Fondation Vuitton à Paris, où il pourrait livrer quelques-uns de ses secrets.

L'exposition réunit en effet pour la première fois toutes les œuvres présentes dans ce tableau, une quinzaine de toiles et de sculptures qui se trouvaient dans l'atelier de l'artiste à Issy-les-Moulineaux, en région parisienne.

Certaines sont célèbres, comme "Le Jeune Marin II" (1906), exposé en France pour la première fois depuis 31 ans. D'autres moins, comme "La Corse, le vieux moulin" (1898).

L'assiette peinte par Matisse en 1907 figurant à l'avant-plan de "L'Atelier rouge" provient, elle, de la collection du MoMA comme le tableau lui-même, acquis par le musée new-yorkais en 1949 et qui fait partie de ses œuvres les plus prestigieuses, selon Ann Temkin, sa conservatrice en chef.

Des documents d'archives inédits et d'autres œuvres éclairent le contexte de création de ce "tableau-énigme", selon l'expression de la commissaire générale Suzanne Pagé, telles que "La Fenêtre bleue" (1913) du MoMA et "Grand Intérieur rouge" (1948) du Musée d'art moderne du Centre Pompidou.

Révélation

L'exposition s'ouvre par une phrase de Matisse expliquant à son mécène russe, Sergueï Chtchoukine, qu'il a fait "quelque chose de nouveau".

"Chtchoukine lui a passé commande, a acheté d'innombrables tableaux, dont +La Danse+ et +L'Atelier rose+, mais, cette fois, il refuse", raconte Mme Pagé.

"Dans sa première phase, les murs de l'atelier étaient bleus avec des rayures vertes, le sol rose et le mobilier ocre, représentant un intérieur avec une perspective traditionnelle".

"Matisse l'a laissé reposer pendant un mois et il va le recouvrir entièrement de rouge vénitien très rapidement avec une technique très fébrile", développe-t-elle.

Matisse "ne l'explique pas très bien lui-même. Il a eu une révélation". Le tableau fera "fonction de manifeste pour tous les artistes américains expressionnistes et la génération suivante, du type Mark Rothko puis Ellsworth Kelly. La représentation y est abolie au profit de l'abstraction", ajoute Mme Pagé.

A l'époque, souligne-t-elle, "tout le monde a pensé que Matisse tombait dans une espèce d'errance".

Montré à Londres, il y reçoit un accueil très froid, comme à New York, Boston et Chicago plus tard, au prestigieux Armory Show. Il finira dans un club privé londonien avant d'être revendu à un galeriste new-yorkais en 1940, puis d'entrer au MoMA en 1949.

Tableau « osé »

"L'histoire de l'art n'aurait pas été la même sans lui. C'est l'un des tableaux les plus osés de Matisse, qu'il a fait à l'aube de ses 40 ans, et c'est un moment d'expérimentation dans son travail qui a le plus influencé l'histoire de l'art du reste du XXe siècle", assure Mme Temkin.

"Lorsqu'il est arrivé au MoMA en 1949, c'était au moment où les artistes commençaient à utiliser de très grands formats avec des tableaux plein de couleurs. On raconte que la femme de Rothko se plaignait de le voir aller tout le temps voir +L'Atelier rouge+ au MoMA, ce à quoi il aurait répondu que, sans lui, elle n'aurait pas la maison dans laquelle elle vivait, façon de dire qu'il n'aurait pas eu lui-même la carrière qu'il a eue", confie-t-elle.

Parallèlement à Matisse, la fondation présente une exposition consacrée justement à un artiste américain de l'abstraction, Ellsworth Kelly (1923-2015), la plus grande de cette ampleur organisée à Paris où il vécut plusieurs années, intitulée "Formes et Couleurs", en collaboration avec le Glenstone Museum (Potomac, Maryland).

Connu pour ses œuvres monochromes, à mi-chemin entre peinture et sculpture, Ellsworth Kelly a aussi conçu pour la Fondation Vuitton le décor de son auditorium, juste avant de mourir.


La French touch pour un voyage de renouveau et de bien-être à Dubaï

Le Retreat Palm Dubai MGallery vous propose une expérience unique (fournie)
Le Retreat Palm Dubai MGallery vous propose une expérience unique (fournie)
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  • La journée commence par un petit déjeuner et une activité de poterie; c’est le point de départ d’une journée entièrement consacrée au bien-être holistique
  • Situé sur les rives de Palm Jumeirah, à Dubaï, l’hôtel bénéficie d'une vue imprenable sur le golfe Arabique

DUBAÏ: Le Retreat Palm Dubai MGallery propose à ses clients un véritable voyage avec le programme intitulé «MGallery Memorable Moments», récemment dévoilé.

Le MGallery fait partie de la chaîne hôtelière française Sofitel Hotels, basée à Paris.

Conçu pour offrir une journée inoubliable de relaxation et de rajeunissement, le MGallery offre aux touristes et aux résidents des Émirats arabes unis une expérience inoubliable de bien-être, loin de l'agitation de la ville et de la vie quotidienne.

La journée commence par un petit-déjeuner et une activité de poterie; c’est le point de départ d’une journée entièrement consacrée au bien-être holistique. Qu'il s'agisse de s'immerger dans le royaume de la thérapie «color and sound», de s'adonner à des expériences sportives ou de prendre soin de son visage, la chaîne française offre une expérience qui répond à tous les goûts.

«Ces rituels servent de marqueurs profonds dans votre voyage. Ils revigorent le corps, l'esprit et l'âme», confie ainsi Samir Arora, directeur général de MGallery.

«Chaque moment de ce séjour exceptionnel est soigneusement conçu pour vous laisser un sentiment d'équilibre intérieur et de renouveau», ajoute-t-il.

Le Retreat Palm Dubai MGallery est un hôtel de luxe marqué par la French touch.

Situé sur les rives de Palm Jumeirah, à Dubaï, l’hôtel bénéficie d'une vue imprenable sur le golfe Arabique et il offre à ses clients un espace serein où ils peuvent profiter d'un service personnalisé et d'expériences culinaires exquises.

Avec son mélange inimitable d'élégance contemporaine, le Retreat Palm Dubai MGallery offre une retraite inoubliable aux voyageurs exigeants qui sont à la recherche d'une expérience unique et enrichissante.

 


Soprano se lance dans le cinéma

Le rappeur français comorien Said M'Roumbaba, AKA. Soprano (Photo, AFP).
Le rappeur français comorien Said M'Roumbaba, AKA. Soprano (Photo, AFP).
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  • Le rappeur, très apprécié du jeune public et qui est l'une des personnalités préférées des Français
  • «Marius et les gardiens de la cité phocéenne» doit sortir en 2025

PARIS: Le rappeur marseillais Soprano se lance dans le cinéma et tiendra le rôle principal d'une comédie d'aventure familiale dont le tournage vient de débuter, ont annoncé mardi les producteurs.

"Marius et les gardiens de la cité phocéenne" doit sortir en 2025.

Le rappeur, très apprécié du jeune public et qui est l'une des personnalités préférées des Français, y joue le rôle d'un guide touristique autoproclamé "Roi de Marseille", "qui trimballe ses clients dans son bus panoramique".

Virage artistique 

"Le jour où son véhicule tombe en panne, mettant en péril son petit business, il fait la rencontre de trois gamins du quartier qui prétendent être sur la piste d'un trésor. Marius se retrouve alors engagé dans une dangereuse aventure", résume le synopsis.

De nombreuses personnalités populaires du rap se sont essayées au cinéma, certains étant devenus des habitués des plateaux comme Joeystarr ou plus récemment, alias Fianso.