Lobbying intense, débat médical complexe: la bataille du vapotage ne faiblit pas

A partir de lundi, à Panama, la plupart des pays seront réunis par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour réviser un traité international contre le tabagisme. (AFP)
A partir de lundi, à Panama, la plupart des pays seront réunis par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour réviser un traité international contre le tabagisme. (AFP)
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Publié le Vendredi 02 février 2024

Lobbying intense, débat médical complexe: la bataille du vapotage ne faiblit pas

  • L'OMS s'est distinguée par une posture radicalement méfiante face au vapotage. L'organisation se refuse à affirmer qu'il est moins risqué que la cigarette
  • L'industrie traditionnelle du tabac qui, après avoir tardé à réagir à cette révolution, a largement investi dans le vapotage et d'autres nouveaux produits

PARIS: La cigarette électronique, chance ou menace face aux effets meurtriers du tabagisme ? A l'approche d'un sommet de l'OMS, un affrontement simpliste oppose adversaires et défenseurs du vapotage, ces derniers parfois soutenus par l'industrie du tabac. La recherche, elle, reste nuancée.

A partir de lundi, à Panama, la plupart des pays seront réunis par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour réviser un traité international contre le tabagisme.

"Les nouveaux produits du tabac (...) seront probablement l'un des principaux sujets abordés", a prévenu mardi en conférence de presse Adriana Blanco Marquizo, chargée de la lutte anti-tabac à l'OMS.

L'innovation la plus emblématique reste la cigarette électronique, vingt ans après son apparition et une grosse dizaine d'années depuis le réel début d'un immense essor commercial.

Différence essentielle par rapport à la cigarette, la "vapoteuse" ne contient pas de tabac mais un liquide, généralement chargé en nicotine et inhalé sous forme de vapeur.

Il n'y a ni goudron ni monoxyde de carbone, principaux responsables des innombrables cancers et maladies cardio-vasculaires liés au tabagisme. Les risques sont, donc, a priori bien moindres.

Or l'OMS s'est pour l'heure distinguée par une posture radicalement méfiante face au vapotage. L'organisation se refuse à affirmer qu'il est moins risqué que la cigarette.

Cette position, partagée par nombre d'associations anti-tabac, se base sur un principe de précaution. Puisque quasiment personne n'a plus d'une dizaine d'années de vapotage au compteur, il est trop tôt pour exclure de gros risques à long terme.

Sur cette ligne, une trentaine de pays ont interdit le vapotage comme l'Inde ou le Mexique.

Luttes d'influence

Ces positions sont ardemment combattues par une nébuleuse d'organisations pro-vapotage. Elles dénoncent une occasion manquée de promouvoir une meilleure option que la cigarette dont les risques sont, eux, bien avérés.

Qui mène cette offensive ? En partie l'industrie traditionnelle du tabac qui, après avoir tardé à réagir à cette révolution, a largement investi dans le vapotage et d'autres nouveaux produits.

En octobre, le quotidien Guardian révélait un message d'un haut responsable du cigarettier Philip Morris, qui enjoignait à ses équipes de lutter contre le programme "prohibitionniste" de l'OMS sur les produits "sans fumée". Interrogé par l'AFP, Philip Morris a dit assumer "de présenter aux gouvernements et aux médias l’intérêt que représente l'innovation pour faire baisser les taux de tabagisme plus rapidement".

Ce type de lobbying dépasse le cadre du sommet de Panama. Selon plusieurs organisations anti-tabac, il se décline depuis longtemps dans de nombreux pays.

Au Royaume-Uni, entre 2021 et 2023, "nous avons documenté de nombreuses interactions entre l'industrie du tabac et les législateurs, et la grande majorité concerne le vapotage, d'autres nouveaux produits et leur régulation", rapporte à l'AFP Tom Gatehouse, chercheur à Tobacco Tactics, organisme lié à l'université de Bath.

Une manière, selon lui, de retrouver de l'influence en se positionnant abusivement comme des acteurs de la lutte anti-tabac, alors que le secteur tire toujours largement ses revenus de la cigarette.

Toutefois, M. Gatehouse admet que la situation est "très complexe" car le lobbying pro-vape est aussi mené par des producteurs et revendeurs de cigarettes électroniques, dont les intérêts divergent parfois de l'industrie du tabac.

Si certaines organisations pro-vape sont liées à celle-ci, d'autres tiennent à leur indépendance.

"Pour certaines, il y a une forme d'honnêteté et elles considèrent vraiment que le vapotage est une solution au tabagisme", admet, en France, Amélie Eschenbrenner, porte-parole du Comité national contre le tabagisme, citant l'association Sovape.

Parmi les grandes différences entre ces acteurs, elle note que les majors du tabac entretiennent sciemment la confusion entre cigarette électronique et tabac chauffé, un produit probablement plus dangereux que les vapoteuses.

Pour autant, selon Mme Eschenbrenner, même les défenseurs sincères du vapotage tiennent un discours infondé sur le plan scientifique, notamment quand ils s'opposent à des mesures destinées à protéger les adolescents comme l'interdiction des aromes. Ou celle des vapoteuses jetables, les "puffs", récemment annoncée en France comme au Royaume-Uni.

Utile pour le sevrage

Un tour d'horizon de la recherche apporte des démentis aux deux camps.

Contrairement à ce qu'affirment les pro-vapotage, aucune étude à la méthodologie sérieuse n'appuie l'idée qu'une interdiction des aromes découragerait les fumeurs de passer au vapotage.

Inversement, les anti-vapotage, à commencer par l'OMS, minimisent ses promesses comme d'outil de sevrage pour les fumeurs.

Il y a des preuves "solides" que la cigarette électronique est plus efficace pour arrêter de fumer que les patchs à la nicotine, selon une organisation très respectée dans le monde scientifique, Cochrane, qui compile de nombreuses études et actualise régulièrement ses conclusions.

Reste une question difficile à trancher: le vapotage, en plein essor chez les jeunes de plusieurs pays comme la France, les conduit-ils à passer à la cigarette ? C'est l'un des principaux arguments des anti-cigarettes électroniques.

"On a clairement pu montrer que les jeunes qui vapotent ont plus tendance à fumer par la suite, mais le rapport de cause à effet est contesté", dit à l'AFP Jamie Hartmann-Boyce, qui a supervisé pour Cochrane plusieurs études sur le tabagisme.

Au vu de ces données, la communauté médicale, particulièrement dans le monde anglo-saxon, plaide plutôt pour préserver le vapotage comme outil prometteur de sevrage, tout en limitant sa consommation au-delà et tout particulièrement chez les jeunes.

"Si quelqu'un abandonne la cigarette pour le vapotage, il réduit de beaucoup son risque d'une mort ou d'un handicap précoces", mais "il faudra aussi l'encourager à long terme à renoncer à la cigarette électronique", résume à l'AFP Nicholas Hopkinson, professeur de pneumologie à l'Imperial College de Londres.


Arabie saoudite: Le ministère du Tourisme lance un second programme de master exécutif

Dans le cadre de l'initiative « Ahluha » du ministère, qui a déjà formé plus de 100 000 citoyens saoudiens, au niveau national et international, en 2024. (SPA)
Dans le cadre de l'initiative « Ahluha » du ministère, qui a déjà formé plus de 100 000 citoyens saoudiens, au niveau national et international, en 2024. (SPA)
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  • Le porte-parole du ministère, Mohammed Al-Rasasimah, a déclaré que le programme de master exécutif permettait au ministère d'offrir aux professionnels saoudiens du tourisme des opportunités clés de recevoir une éducation et une formation avancées.

RYAD : Le ministère saoudien du Tourisme a dévoilé un deuxième programme de master exécutif, proposant quatre formules éducatives et s'associant à trois prestigieuses institutions hôtelières européennes : Les Roches en Espagne et EHL et Glion en Suisse, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Ce programme a pour objectif de former 300 professionnels saoudiens à la gestion du tourisme international et de l'hôtellerie, afin de renforcer l'expertise dans le secteur touristique du Royaume.

Dans le cadre de l'initiative « Ahluha » du ministère, qui a déjà formé plus de 100 000 citoyens saoudiens à l'échelle nationale et internationale en 2024. Le programme vise à doter les participants de techniques de gestion modernes et de compétences élevées dans le domaine de la gestion des ressources pour l'industrie du tourisme.

Les candidats doivent répondre à des critères d'éligibilité rigoureux, notamment être titulaires d'une licence avec mention dans un domaine lié au tourisme, avoir au moins cinq ans d'expérience professionnelle, avoir une bonne maîtrise de l'anglais et être disposés à voyager pour répondre aux exigences de la formation ainsi qu'à réussir un entretien personnel.

Selon SPA, le programme s'appuie sur le succès de sa première édition, au cours de laquelle 198 diplômés ont suivi une formation en gestion dans des institutions espagnoles et suisses de premier plan.

Le porte-parole du ministère, Mohammed Al-Rasasimah, a déclaré que le programme de master exécutif permettait au ministère d'offrir aux professionnels saoudiens du tourisme des opportunités clés de recevoir une éducation et une formation avancées.

Il a ajouté que ce programme représentait un investissement stratégique dans le développement du leadership touristique saoudien.

« Cette initiative est essentielle pour préparer la prochaine génération de dirigeants saoudiens qui piloteront notre secteur touristique en pleine croissance », a-t-il déclaré.

« Notre objectif est de renforcer les capacités de notre main-d'œuvre nationale, de l'ouvrir aux meilleures pratiques mondiales en matière de gestion du tourisme et de lui offrir des perspectives internationales », a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


LEAP 2025 : les ambitions technologiques de l'Arabie saoudite sous le feu des projecteurs

Sous le thème « Into New Worlds », LEAP 2025 vise à développer les réseaux d'affaires et les opportunités d'investissement dans ce secteur. (Photo fournie).
Sous le thème « Into New Worlds », LEAP 2025 vise à développer les réseaux d'affaires et les opportunités d'investissement dans ce secteur. (Photo fournie).
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  • Sous le thème "Into New Worlds", LEAP 2025 vise à développer les réseaux d'affaires et les opportunités d'investissement dans le secteur technologique.
  • Cette initiative intervient alors qu'un rapport du Forum économique mondial prévoit que les investissements dans la recherche, le développement et l'innovation ajouteront 16 milliards de dollars au PIB de l'Arabie saoudite d'ici à 2030.

RIYADH : L'Arabie saoudite s'apprête à accueillir son événement technologique phare, LEAP 2025, à Riyad à partir du 9 février, réunissant des visionnaires, des innovateurs et des investisseurs du monde entier. Cette nouvelle édition fait suite à l'édition record de l'année dernière, LEAP 2024, qui a donné lieu à 13,4 milliards de dollars d'investissements et d'engagements de projets.

Sous le thème "Into New Worlds", LEAP 2025 vise à développer les réseaux d'affaires et les opportunités d'investissement dans le secteur technologique. Cet événement joue un rôle essentiel dans l'ambition de l'Arabie saoudite de devenir un centre technologique mondial, conformément à son plan Vision 2030 visant à diversifier l'économie. Dans le cadre de cette initiative, le Royaume s'est engagé à consacrer 100 milliards de dollars au développement de son secteur technologique.

Cette initiative intervient alors qu'un rapport du Forum économique mondial prévoit que les investissements dans la recherche, le développement et l'innovation ajouteront 16 milliards de dollars au PIB de l'Arabie saoudite d'ici à 2030.

Le gouvernement s'est engagé à investir 2,5 % du PIB annuel du pays dans ce secteur d'ici à 2040.

LEAP 2025 est organisé conjointement par Tahaluf et le ministère des communications et des technologies de l'information, en partenariat avec Informa PLC, la Fédération saoudienne pour la cybersécurité, la programmation et les drones, et le Fonds d'investissement pour l'événementiel.

Selon le site web de l'événement, le LEAP de cette année devrait accueillir plus de 680 startups technologiques, 1 100 conférenciers, 1 800 marques technologiques et plus de 170 000 visiteurs.

Stimuler les aspirations technologiques

Les leaders du secteur considèrent le LEAP comme un catalyseur des ambitions technologiques de l'Arabie saoudite.

"L'avenir de la technologie est façonné par des écosystèmes qui associent l'innovation numérique à la transformation du monde réel. Le parcours de l'Arabie saoudite, mis en évidence au LEAP, montre comment la technologie est à l'origine de gigantesques projets tels que NEOM, Red Sea Global et Qiddiya", a déclaré Mamdouh Al-Doubayan, directeur général de Globant pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. ***
"Ces initiatives démontrent que la construction d'une économie basée sur la connaissance ne consiste pas seulement à déployer des outils de pointe, mais aussi à favoriser des environnements où l'innovation permet de résoudre des problèmes concrets et de stimuler le progrès sociétal", a-t-il ajouté.

Globant fait partie des entreprises qui soutiennent la Vision 2030 du Royaume par le biais d'une collaboration axée sur la technologie.

En décembre, le ministre saoudien des communications et des technologies de l'information, Abdullah Al-Swaha, a souligné le rôle de la conférence dans la réalisation de la transformation économique du Royaume.

"La décision de passer cette année à un format avec billets fait de LEAP une expérience plus exclusive pour les participants et pertinente pour l'élite technologique mondiale d'aujourd'hui", a déclaré M. Al-Swaha.

"LEAP 2025 présentera des innovations technologiques, des opportunités commerciales et un contenu exceptionnels, ce qui permettra à l'Arabie saoudite de devenir l'agrégateur technologique incontesté dans le monde", a-t-il ajouté.

Thibault Werle, directeur général et associé du Boston Consulting Group, a souligné le rôle du LEAP dans le positionnement de l'Arabie saoudite en tant que leader technologique régional. ***
"En seulement trois ans, le LEAP est devenu un événement phare réunissant les leaders de la technologie, les investisseurs et les entrepreneurs, consolidant le rôle du Royaume en tant que plaque tournante des technologies transformatrices qui façonnent les industries et les économies", a déclaré M. Werle.

M. Werle a ajouté que l'Arabie saoudite ne se contente pas d'adopter la technologie, mais qu'elle remodèle activement son avenir en construisant un écosystème dynamique qui favorise l'innovation et l'esprit d'entreprise.  

Programmes et intervenants

LEAP 2025 marquera le retour de DeepFest, le principal forum de la région sur l'intelligence artificielle, ainsi que de nouveaux segments tels que SportsTech Track et Tech Arena.

Le SportsTech Track mettra en lumière les innovations de pointe dans le domaine des technologies sportives, avec des démonstrations en direct, des annonces de l'industrie et des points de vue de personnalités de premier plan. Parmi les intervenants de renom figurent Patrice Evra, ancien attaquant de Manchester United, Mathieu Flamini, cofondateur de GF Biochemicals et ancien international français, et Iker Casillas, ancien gardien de but du Real Madrid et de l'équipe d'Espagne.

La Tech Arena, autre nouveauté, proposera des expériences pratiques avec des prototypes et des démonstrations de produits en direct. La Startup Stage servira de plateforme aux entrepreneurs émergents pour présenter des idées révolutionnaires dans le secteur de la technologie.

LEAP 2025 débutera par un discours d'ouverture de M. Al-Swaha, suivi des discours de Charbel Aoun, responsable des villes intelligentes chez NVIDIA pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique, et d'Arvind Krishna, président-directeur général d'IBM.

Parmi les autres intervenants de premier plan figurent le prince Faisal bin Bandar bin Sultan Al-Saud, président de la fédération saoudienne des sports électroniques, Alison Wagonfeld, directrice du marketing de Google Cloud, Kam Ghaffarian, président exécutif d'Axiom Space, et Javier Tebas, président de La Liga.

Des poids lourds de l'industrie tels que Saudi Aramco, PepsiCo, Logitech, Lucid, NEOM et la Commission royale d'AlUla figureront parmi les principaux participants.

"Nous sommes ravis de participer à LEAP 2025, un événement essentiel qui offre une plateforme unique mettant en lumière les dernières avancées en matière de technologie et d'innovation. Nous sommes impatients de rencontrer les leaders de l'industrie, d'explorer de nouveaux partenariats et de présenter nos innovations qui permettent aux utilisateurs de créer, de collaborer et de donner vie à leurs visions créatives", a déclaré Rocky Tang, directeur général du développement de l'entreprise chez Wondershare.

Håkan Cervell, vice-président et responsable de l'Arabie saoudite chez Ericsson Middle East and Africa, a déclaré que la présence de l'entreprise au LEAP reflétait son engagement à soutenir la Vision 2030.

"Comme chaque année, nous sommes ravis de présenter les technologies innovantes d'Ericsson au LEAP 2025 et de montrer comment elles favorisent un avenir durable et connecté pour l'Arabie saoudite et au-delà", a déclaré M. Cervell.

Élargir les possibilités

Au-delà des tables rondes et des discours d'ouverture, LEAP 2025 offrira un large éventail de possibilités de mise en réseau et d'investissement. La conférence comprendra des programmes de mise en relation avec des investisseurs, des salons de réseautage exclusifs et des ateliers spécialisés adaptés aux startups et aux entreprises qui cherchent à se développer dans l'écosystème technologique en plein essor de l'Arabie saoudite.

Un autre point fort de l'événement de cette année est le pavillon de la mobilité future, où les entreprises spécialisées dans les véhicules électriques, la conduite autonome et les solutions de transport intelligentes présenteront leurs derniers développements. Des leaders de l'industrie de Tesla, Lucid Motors et Saudi Public Transport Company devraient participer aux discussions sur l'avenir de la mobilité dans le Royaume.

LEAP 2025 mettra également l'accent sur les avancées en matière de cybersécurité et de technologie blockchain, avec des panels dédiés à la confidentialité des données, à l'identité numérique et à la finance décentralisée. Des experts de Microsoft, d'IBM et de l'Autorité nationale de cybersécurité d'Arabie saoudite donneront un aperçu des menaces émergentes et des stratégies de protection des actifs numériques.

En outre, la conférence servira de plateforme aux universités, aux instituts de recherche et aux incubateurs technologiques pour présenter des projets de recherche et de développement de pointe. Les participants auront l'occasion de s'entretenir avec des scientifiques et des développeurs à l'origine de percées dans les domaines de l'intelligence artificielle, de la biotechnologie et de l'informatique quantique.

La dernière édition aurait été la conférence technologique la plus fréquentée au monde, attirant plus de 215 000 visiteurs et portant le taux d'occupation des hôtels de Riyad à 99 %.

Avec un programme riche en discussions de haut niveau, en possibilités de réseautage et en expériences technologiques pratiques, LEAP 2025 est prêt à consolider la position de l'Arabie saoudite en tant que force de premier plan dans le domaine de la technologie mondiale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les ventes en ligne par cartes Mada atteignent 53 milliards de dollars en Arabie saoudite en 2024

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  • Une croissance spectaculaire de 25,82 % sur un an, révèle la banque centrale
  • Le pouvoir d'achat croissant et la solidité économique dynamisent le marché

RIYAD: L’e-commerce saoudien poursuit son ascension fulgurante: les transactions par cartes Mada ont atteint 197,42 milliards de riyals (52,64 milliards de dollars) en 2024, affichant une progression remarquable de 25,82% sur un an, selon les dernières données de la banque centrale du Royaume.

Pour le seul mois de décembre, le volume des transactions a bondi à 19,37 milliards de riyals, marquant une hausse spectaculaire de 42,06% par rapport à l'année précédente.

Ces chiffres englobent l'ensemble des achats en ligne, des transactions in-app et des paiements par portefeuille électronique, hormis les opérations réalisées via les réseaux internationaux Visa et MasterCard.

Mada, le système national de paiement du Royaume, a su s'imposer comme un acteur incontournable, proposant à la fois des services de débit et prépayés. Son adoption de la technologie NFC (communication en champ proche) pour les paiements sans contact garantit des transactions sécurisées, que ce soit en boutique ou sur internet.

« La montée en puissance du pouvoir d'achat en Arabie saoudite, portée notamment par la multiplication des ménages à double revenu et le renforcement général de l'économie, stimule considérablement la croissance du marché », analyse Mohammed Dhedhi, associé au sein de l'équipe consommation et distribution de Kearney Moyen-Orient et Afrique, pour Arab News.

« Par ailleurs », poursuit-il, « la démocratisation des appareils compatibles NFC a joué un rôle catalyseur dans l'adoption des solutions de paiement numériques comme Mada, accélérant ainsi la transition vers une économie dématérialisée. »

Le dynamisme du secteur se reflète également dans le volume des transactions: près de 1,13 milliard d'opérations ont été enregistrées en 2024, soit une progression de 28,86 % sur un an. Le mois de décembre a particulièrement brillé avec 105,73 millions de transactions, en hausse de 30,47 %.

« Aujourd'hui, Mada domine largement le marché national des moyens de paiement, représentant plus de 90% des cartes en circulation et plus de 95% des transactions », souligne Dhedhi. « Cette popularité s'explique principalement par sa simplicité d'utilisation. »

Il précise que Mada bénéficie d'une acceptation quasi universelle dans le Royaume, tant en magasin qu'en ligne, garantissant des transactions sécurisées grâce à sa gestion par Saudi Payments, filiale de la Banque centrale saoudienne.

Cette montée en puissance s'inscrit parfaitement dans la stratégie gouvernementale visant une société sans espèces, favorisant la transition des paiements physiques vers le numérique.

La pandémie de COVID-19 a joué un rôle d'accélérateur majeur dans cette transformation, catalysant l'adoption du e-commerce et des solutions numériques à travers de nombreux secteurs.

Cette dynamique a été renforcée par l'afflux d'investissements d'acteurs régionaux et internationaux cherchant à développer leur présence sur ce marché prometteur. À titre d'exemple, noon.com a inauguré en 2022 un centre logistique ultramoderne à Riyad pour optimiser ses délais de livraison et répondre à une demande en constante augmentation.

La croissance soutenue du pouvoir d'achat saoudien, alimentée par la multiplication des ménages à double revenu et la robustesse de l'économie nationale, continue de porter le développement du marché. En parallèle, la généralisation des équipements NFC a démocratisé l'usage des solutions de paiement numériques comme Mada.

Le Royaume traverse ainsi une véritable révolution numérique, où la fluidité et la sécurité des transactions deviennent la norme dans un paysage e-commerce en pleine mutation.

Cette transformation s'aligne parfaitement sur les objectifs ambitieux de l'Arabie saoudite : faire en sorte que 80% des transactions de détail soient numériques d'ici 2030, dont 70% réalisées en ligne.

Selon l'Administration du Commerce International, le marché e-commerce saoudien, évalué à 5,15 milliards de dollars en 2023, représentait déjà 6% du secteur de la distribution du Royaume, estimé à 92,6 milliards de dollars.

« Le ministère du Commerce saoudien a engagé des réformes significatives pour améliorer l'expérience d'achat en ligne, notamment en matière de remboursements, d'options de livraison et de moyens de paiement », explique Dhedhi.

Ces mesures visent à répondre aux principales préoccupations des consommateurs: garanties opaques, couverture géographique limitée des livraisons, lenteur dans le traitement des réclamations et délais de remboursement. Les commerçants doivent désormais produire des rapports de performance réguliers et participer activement à l'éducation des consommateurs.

L'électronique et l'électroménager devraient rester les moteurs principaux de cette croissance, représentant 23 % de la progression totale avec un taux de croissance annuel composé de 8 % entre 2024 et 2028.

La mode suivra de près avec 18% de contribution et une croissance similaire de 8% TCAC, tandis que le secteur santé et beauté affichera un dynamisme particulier avec 14% du marché et une progression fulgurante de 16 % TCAC.

Cette prédominance des produits technologiques témoigne d'un appétit marqué pour l'innovation, particulièrement chez les jeunes consommateurs connectés.

 L'engouement croissant pour les produits de beauté et d'entretien reflète quant à lui l'importance grandissante accordée au bien-être personnel dans le Royaume.

Le secteur alimentaire devrait connaître la croissance la plus dynamique avec 25% TCAC, malgré une part de marché encore modeste comparée aux autres catégories principales.

« L'essor du e-commerce alimentaire répond à une demande croissante de commodité », analyse Dhedhi. « Le quick commerce connaît un développement fulgurant, et si la rentabilité était historiquement longue à atteindre, le modèle des dark stores et l'optimisation des coûts unitaires accélèrent aujourd'hui ce processus. »

Cette transformation rapide intensifie la concurrence, stimulant l'innovation et l'amélioration continue des services proposés aux consommateurs saoudiens.

L'Administration du Commerce International souligne le développement spectaculaire de l'économie numérique saoudienne, portée par des investissements publics massifs et l'adoption généralisée des technologies émergentes.

En 2023, le secteur des Technologies de l'Information et de la Communication du Royaume dominait la région MENA, pesant 40,94 milliards de dollars et contribuant à 4,1 % du PIB.

Le Royaume s'est hissé à la deuxième place du G20 selon l'Indice de développement des TIC de l'UIT en 2023, témoignant de la solidité de son infrastructure numérique.

Les investissements colossaux de 24,8 milliards de dollars réalisés ces six dernières années ont permis d'atteindre un taux de pénétration internet de 99% et des vitesses de connexion mobile de 215 Mb/s, soit près du double de la moyenne mondiale.
Ces performances placent l'Arabie saoudite dans le top 10 mondial de la vitesse internet mobile.

Pionnier de la 5G, le pays affiche un taux de couverture de 77%, largement supérieur à la moyenne mondiale, atteignant même 94 % à Riyad.

Cette excellence numérique catalyse le développement du e-commerce, des télécommunications et des services en ligne. Le nombre d'adeptes du e-commerce devrait atteindre 34,5 millions d'ici 2025, le taux de pénétration passant de 66,7% en 2023 à 74,7% en 2027.

Les paiements numériques connaissent également un essor fulgurant, en ligne avec l'ambition d'une société sans espèces portée par Vision 2030. Les transactions électroniques dans le commerce de détail ont déjà dépassé l'objectif de 55% fixé par le Programme de développement du secteur financier, atteignant 57% dès 2021.

Cette transition devrait accélérer davantage la croissance du e-commerce, attirant plus d'investissements dans les services financiers numériques.

« Les millennials, qui représentent environ la moitié de la population, sont les principaux moteurs de cette révolution numérique grâce à leur maîtrise innée des technologies », observe Dhedhi.

« Les expatriés, quant à eux, se distinguent par leur attention particulière à l'expérience de livraison et leur préférence marquée pour les marques internationales, contribuant à diversifier l'offre disponible. »

Les acteurs du quick commerce surfent sur cette dynamique en proposant des livraisons ultra-rapides, des abonnements attractifs et des collaborations avec des influenceurs pour séduire les jeunes consommateurs.

Leurs tarifs de livraison compétitifs redéfinissent les standards du marché. Les géants chinois comme Shein et Temu ont notamment su conquérir la génération Z et les millennials avec des produits tendance et accessibles, malgré quelques compromis occasionnels sur la qualité.

L'urbanisation croissante et l'augmentation du taux d'activité féminin renforcent encore cette transition vers le commerce en ligne, les familles privilégiant de plus en plus l'e-commerce pour leurs achats quotidiens, qu'il s'agisse d'alimentation, de mode ou d'équipement domestique.

Ces évolutions démographiques, souligne Dhedhi, élargissent considérablement la base de consommateurs et diversifient les comportements d'achat, alimentant l'expansion d'un secteur e-commerce qui s'affirme comme un pilier central de la transformation économique du Royaume.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com