L’Arabie saoudite, l’Égypte et les EAU ouvrent la voie aux investissements régionaux

La plate-forme de location de voitures de particulier à particulier d'Arabie Saoudite, Ejaro, a obtenu 12,3 millions de SR (3,27 millions de dollars) dans le cadre d'une phase de financement de pré-série A menée par la compagnie d'assurance basée à Riyad Tawuniya, et plusieurs investisseurs providentiels. (SPA)
La plate-forme de location de voitures de particulier à particulier d'Arabie Saoudite, Ejaro, a obtenu 12,3 millions de SR (3,27 millions de dollars) dans le cadre d'une phase de financement de pré-série A menée par la compagnie d'assurance basée à Riyad Tawuniya, et plusieurs investisseurs providentiels. (SPA)
Short Url
Publié le Samedi 03 février 2024

L’Arabie saoudite, l’Égypte et les EAU ouvrent la voie aux investissements régionaux

  • Le Royaume a mené le mouvement de cette semaine avec deux startups levant des montants de financement importants
  • Le secteur des technologies éducatives en Arabie Saoudite continue de susciter l’intérêt des investisseurs

LE CAIRE: La région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord a connu à la fin du mois de janvier une importante activité de startups dans ses trois principaux écosystèmes régionaux que sont l'Arabie saoudite, les EAU et l'Égypte.

Le Royaume a mené le mouvement de cette semaine, deux startups levant des sommes importantes. La plate-forme de location de voitures de particulier à particulier d'Arabie Saoudite, Ejaro, a obtenu 12,3 millions de SR (3,27 millions de dollars) dans le cadre d'un cycle de financement de pré-série A mené par la compagnie d'assurance basée à Riyad Tawuniya, et plusieurs investisseurs providentiels.

Ce nouvel afflux de capitaux est destiné à soutenir les stratégies de développement et d’expansion d’Ejaro.

Fondée en 2019 par Mohammed Khashoggi, la société propose des services de covoiturage permettant aux particuliers de se créer des sources de revenus supplémentaires.

«La finalisation de ce cycle de financement, parallèlement à nos partenariats stratégiques, témoigne de notre engagement en faveur de l'innovation, comme de la réponse aux demandes de nos clients. Nous travaillons non seulement à changer le concept de covoiturage dans le Royaume, mais nous nous efforçons également d'être les chefs de file dans le secteur de l'assurance à travers notre coopération avec Tawuniya, Najm et Absher, une étape cruciale vers le soutien de la croissance économique et de l'innovation, conformément à la Vision 2030 de l’Arabie saoudite», a déclaré Khashoggi.

Fahed ben Maamar, PDG des investissements auprès de Tawuniya, a mis en relief sa confiance dans l'approche innovante d'Ejaro en matière de covoiturage, la considérant comme un partenaire de premier plan dans la transformation du paysage de la mobilité au sein du Conseil de coopération du Golfe.

La plate-forme affirme avoir simplifié plus de 25 000 jours de déplacements, ce qui indique une demande croissante pour ses services. De plus, elle a permis à plus de 100 conducteurs de gagner globalement plus de 2,5 millions de SR en moins de deux ans, démontrant ainsi les avantages tangibles et l'impact de ses solutions innovantes de co-voiturage et de location.

Fondée par Abdullah Al-Jaberi en 2022, iStoria a rapidement acquis une base d'utilisateurs substantielle, dépassant le million de personnes suivant un enseignement globalement. (Photo Fournie)
Fondée par Abdullah Al-Jaberi en 2022, iStoria a rapidement acquis une base d'utilisateurs substantielle, dépassant le million de personnes suivant un enseignement globalement. (Photo Fournie)

La startup saoudienne d’edtech iStoria obtient un financement de 1,3 million de dollars

Le secteur des technologies éducatives en Arabie Saoudite continue de susciter l’intérêt des investisseurs, alors qu’iStoria obtenait 5 millions de SR lors de sa phase de financement de démarrage.

Cet investissement dans l’application, spécialisée dans l’apprentissage de l’anglais, a impliqué plusieurs acteurs régionaux, notamment les sociétés de capital-risque saoudiennes Nama Ventures et BIM Ventures, la société d’edtech Classera basée aux États-Unis, la société Flat6Labs basée en Égypte, et divers investisseurs providentiels.

Cet investissement permettra d’améliorer les fonctionnalités de l’application et contribuera à étendre sa présence au niveau mondial.

Fondée par Abdallah Al-Jaberi en 2022, iStoria a rapidement acquis une base d'utilisateurs substantielle, dépassant le million de personnes suivant un enseignement globalement.

L’approche de l’entreprise en matière d’enseignement de l’anglais se concentre sur l’enrichissement du vocabulaire à travers la lecture d’histoires de différents niveaux, avec des questions de compréhension et des tests de vocabulaire.

Cette méthode prépare les personnes qui apprennent la langue aux tests de langue mondiaux, et offre un apprentissage enrichissant continuellement mis à jour. L'entreprise a également atteint un taux de satisfaction de 4,6 sur 5 sur l'App Store. Sa croissance récente a été renforcée par l'élargissement de ses services aux institutions, notamment par des contrats avec de nombreuses écoles privées et publiques, où elle a été intégrée aux programmes éducatifs, permettant une supervision directe.

«Nous sommes heureux de la conclusion de ce cycle d'investissement. Grâce à ce financement, nous continuerons à poursuivre notre objectif consistant à donner aux gens la possibilité de communiquer de manière efficace et en toute confiance en anglais», a indiqué Al-Jaberi.

Et d’ajouter: «Nous sommes optimistes et attendons avec impatience la prochaine phase de développement de l’application, et l’impact que nous pouvons créer, principalement en offrant des services aux institutions, avec une expansion dans le monde entier.»

La société a également levé un financement de démarrage, resté confidentiel, auprès de Nama Ventures en 2022, pour dynamiser ses opérations.

Le secteur de l’edtech est devenu l’un des cinq secteurs ayant obtenu le plus de financements en Arabie Saoudite. En 2023, 50 millions de dollars ont été levés par des startups basées en Arabie Saoudite, soit une croissance de 6 % par rapport à l’année précédente.

En outre, en 2022, le secteur a connu une croissance substantielle, en hausse de 2, 069 % par rapport à l’année précédente. 

Fondée en 2018 par Mohamed Gessraha, Hassan Gessraha et Mohamed Sadek, Roboost propose des solutions de livraison basées sur l'IA. (Photo Fournie)
Fondée en 2018 par Mohamed Gessraha, Hassan Gessraha et Mohamed Sadek, Roboost propose des solutions de livraison basées sur l'IA. (Photo Fournie)

La startup égyptienne Roboost lève 3 millions de dollars pour accroître son expansion

La startup égyptienne de logistique basée sur l'intelligence artificielle, Roboost, a finalisé un cycle d'investissement de 3 millions de dollars dirigé par Silicon Badia, avec les contributions de RZM Investment, Flat6Labs et Saudi Angel Investors.

Fondée en 2018 par Mohamed Gessraha, Hassan Gessraha et Mohamed Sadek, Roboost fournit des solutions de livraison basées sur l'IA en Égypte, en Arabie Saoudite, au Koweït, au Maroc et en Tunisie.

L'entreprise vise à utiliser son capital pour renforcer davantage sa présence régionale avec une nouvelle phase d'expansion. Elle propose actuellement ses services à des marques de premier plan telles que McDonald's en Égypte et au Koweït, Buffalo Burger, les pharmacies El Ezaby, et Jumlaty.

Utilisant des algorithmes d'apprentissage automatique propriétaires, l'innovation de Roboost comprend une technologie de pré-livraison qui permet une répartition automatique précise et des itinéraires intelligents pour les équipes de livraison, optimisant ainsi le processus pour une partie importante des commandes passées hors ligne.

L’ensemble d'outils de la plate-forme comprend également un personnel de flotte dynamique en temps réel, et des informations complètes sur les clients grâce à des cartes thermiques et des analyses, le tout visant à mieux répondre aux besoins des clients. De plus, le contrôle de flotte IA de Roboost propose des capacités avancées de détection des fraudes.

Le but de l'entreprise est d’offrir une efficacité opérationnelle à ses clients grâce à un réseau de plus de 15 000 chauffeurs-livreurs, au service de près de 10 millions de clients distincts, et en automatisant plus de 40 millions de commandes. L'entreprise affirme que ses solutions ont doublé la rapidité des livraisons en réduisant le manque d’inefficacité, et ont atteint des taux d'automatisation des tâches de 99,8 %.

En outre, Roboost a réussi à réduire les retours de commandes de plus de 80% et les coûts opérationnels de 30 %, tout en améliorant la productivité moyenne des conducteurs de 40 % et en maintenant les niveaux de fraude en dessous de 5 %.

Créée en 2018 par Saleh Kuba et Zayd Kuba, Plant & Equipment fonctionne comme un marché dans le secteur des équipements et machines de construction. (Photo Fournie)
Créée en 2018 par Saleh Kuba et Zayd Kuba, Plant & Equipment fonctionne comme un marché dans le secteur des équipements et machines de construction. (Photo Fournie)

Plant & Equipment des EAU acquiert Global Equipment Trading

La société de technologie de construction basée aux EAU, Plant & Equipment, a annoncé l'acquisition de Global Equipment Trading pour un montant non divulgué.

Créée en 2018 par Saleh Kuba et Zayd Kuba, Plant & Equipment fonctionne comme un marché dans le secteur des équipements et machines de construction, facilitant les connexions entre acheteurs et vendeurs. Cette acquisition stratégique devrait renforcer l’expansion de Plant & Equipment dans la région.

L’intégration de Global Equipment Trading devrait améliorer les offres de services et la portée commerciale de l’entreprise, conformément à ses objectifs de croissance dans le secteur des équipements de construction.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


EDF inaugure en Guadeloupe son premier compensateur synchrone pour stabiliser le réseau

Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • EDF a inauguré en Guadeloupe un compensateur synchrone de 180 tonnes, une première mondiale destinée à stabiliser un réseau insulaire en forte transition vers les énergies renouvelables
  • L’équipement, sans émission de CO₂, doit réduire les coûts et renforcer la sécurité électrique

PARIS: EDF a inauguré mercredi en Guadeloupe son premier compensateur synchrone, une machine de 180 tonnes destinée à stabiliser un réseau insulaire non interconnecté, une "première mondiale" pour l'électricien.

Installé sur le site industriel de Jarry, près de Pointe-à-Pitre, l'équipement sera "mis en service très prochainement", a indiqué à la presse Hugo Gevret, qui a piloté ce projet. Il s'agit d'"un gros alternateur qui tourne à vide" et contribue à maintenir la tension et à soutenir la fréquence du réseau, deux paramètres essentiels dans un système isolé.

Dans les systèmes électriques traditionnels, cette stabilité est assurée par les turbines lourdes des centrales thermiques ou nucléaires. Leur masse en rotation fournit une inertie mécanique qui amortit naturellement les variations de fréquence.

Mais la Guadeloupe, engagée vers la décarbonation et l'autonomie énergétique d'ici 2035, doit intégrer davantage d'énergies renouvelables, dont l'intermittence ne fournit pas cette sécurité. "L'éolien et le photovoltaïque (...) n'apportent pas cette inertie qu'on recherche dans un système électrique: c'est le rôle du compensateur", souligne encore Hugo Gevret.

Son rotor en rotation permanente imite l'inertie mécanique d'une centrale classique, sans brûler de combustible. La machine peut absorber ou injecter de l'énergie réactive pour maintenir la tension, et réagir en quelques millisecondes aux fluctuations du réseau, un paramètre crucial dans un territoire non interconnecté.

L'investissement, engagé en 2019, atteint plus de 20 millions d'euros. La machine doit "faire économiser cinq millions d'euros à la collectivité et 30.000 tonnes annuelles de CO2", précise Hugo Gevret car contrairement aux turbines à combustion utilisées jusqu'ici pour stabiliser le système, elle n'émet aucun gaz à effet de serre.

Ce dispositif constitue pour l'électricien une "première mondiale", a rappelé Marie-Line Bassette, directrice régionale d'EDF. Selon elle, d'autres installations sont prévues dans les territoires ultramarins, pour lesquels des appels d'offres ont été lancés.

L'archipel a été frappé ces dernières années par des délestages et coupures à répétition, aggravés par des conflits sociaux dans le secteur de l'énergie. En 2024, une grève avait même provoqué un black-out total de plus de 36 heures.


La Banque de France va remonter sa prévision de croissance pour 2025 et 2026 

La Banque de France va remonter sa prévision de croissance pour cette année et pour l'année prochaine, a indiqué mercredi le gouverneur François Villeroy de Galhau, au micro d'Europe 1. (AFP)
La Banque de France va remonter sa prévision de croissance pour cette année et pour l'année prochaine, a indiqué mercredi le gouverneur François Villeroy de Galhau, au micro d'Europe 1. (AFP)
Short Url
  • L'Insee et le gouvernement ont déjà relevé leur prévision de croissance à 0,8% pour 2025
  • La Banque de France prévoit cependant un ralentissement de la croissance au quatrième trimestre à 0,2% du produit intérieur brut (PIB)

PARIS: La Banque de France va remonter sa prévision de croissance pour cette année et pour l'année prochaine, a indiqué mercredi le gouverneur François Villeroy de Galhau, au micro d'Europe 1.

Lors de la publication prévue le 19 décembre, "nous allons remonter un peu notre prévision de croissance pour cette année et pour l'année prochaine. Nous étions à 0,7% pour cette année, à 0,9% pour l'année prochaine", a-t-il indiqué en ajoutant qu'il ne pouvait pas encore donner de chiffres.

L'Insee et le gouvernement ont déjà relevé leur prévision de croissance à 0,8% pour 2025.

La Banque de France prévoit cependant un ralentissement de la croissance au quatrième trimestre à 0,2% du produit intérieur brut (PIB), contre 0,5% au trimestre précédent, a-t-elle indiqué jeudi.

"Evidemment, même si on allait à 1% (de croissance l'année prochaine, NDLR), ça ne suffit pas. C'est résilient, mais non suffisant", selon le gouverneur.

"L'économie, l'activité, résistent malgré cette incertitude" politique estime le gouverneur qui rappelle qu'il y a un an "beaucoup craignaient une récession", qui a été évitée.

"Il y a une estimation assez convergente qui dit qu'au total, l'incertitude nationale plus internationale nous coûte à peu près 0,5 point de croissance (...) et que la part nationale là-dedans, c'est au moins 0,2. Donc, si on arrivait à sortir avec une stratégie budgétaire et une stabilisation politique, on peut espérer gagner 0,2%", selon le gouverneur.

Le vote du budget de la sécurité sociale mardi "je relève simplement que c'est une étape franchie", "c'est pas du tout la fin de ce chemin", a insisté M. Villeroy de Galhau.

Les députés ont adopté de peu mardi le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026.

Les discussions sur le budget de l'Etat se poursuivront en janvier si le Sénat et l'Assemblée ne parviennent pas à un accord, a annoncé mercredi la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon, excluant de facto le recours au 49.3 pour faire adopter le texte sans vote.

"Baisser suffisamment le déficit total" 

Le gouverneur de la Banque de France a aussi rappelé mercredi qu'"on ne sait pas aujourd'hui si on va arriver à baisser suffisamment le déficit total".

"On part de 5,4% du PIB, du poids de notre économie, pour ce déficit total. Il faut être à 3% dans quatre ans (...) Donc, si on doit faire ce chemin en quatre ans, il faut faire le quart du chemin la première année. C'est pour ça que moi, j'ai plaidé un déficit à 4,8% l'an prochain".

Le gouverneur "croit qu'il reste très important d'être aussi proche que possible de ce chiffre de 4,8%", à la fois "pour sortir de l'étouffement progressif par la dette, parce que les intérêts de la dette prennent de plus en plus notre marge de manœuvre", et puis "pour ramener la confiance".

Le ministre de l'Economie et des Finances Roland Lescure a pour sa part dit mercredi sur RTL souhaiter toujours que le déficit public (Etat, sécurité sociale et collectivités locales réunis) soit à "5% (du PIB) et pas au-dessus" en 2026.

Cela implique que l'Etat renfloue les caisses de la Sécurité sociale de 4,5 milliards d'euros après le vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, celui-ci aggravant le déficit de la Sécu par rapport au projet initial du gouvernement.

M. Lescure considère que le vote la veille du budget de la Sécurité sociale, avec un déficit alourdi, faisait "remonter d'un cran" la difficulté d'obtenir un vote du budget de l'Etat, qui va devoir compenser.

 


La France encouragée à donner plus vite la priorité à l'électricité

Un employé du gestionnaire du réseau de transport d'électricité français RTE (Réseau de Transport d'Électricité) travaille à la rénovation des lignes à très haute tension autour d'Arèches-Beaufort, sur le sentier du Cormet de Roselend, le 6 septembre 2022. (AFP)
Un employé du gestionnaire du réseau de transport d'électricité français RTE (Réseau de Transport d'Électricité) travaille à la rénovation des lignes à très haute tension autour d'Arèches-Beaufort, sur le sentier du Cormet de Roselend, le 6 septembre 2022. (AFP)
Short Url
  • RTE appelle à accélérer l’électrification pour réduire la dépendance coûteuse aux énergies fossiles, combler le retard de la France et tenir ses objectifs climatiques et industriels
  • Le gestionnaire du réseau prône une stratégie combinant nucléaire et renouvelables,

PARIS: En plein débat sur les choix énergétiques de la France, le gestionnaire du réseau français de haute tension RTE sonne la mobilisation générale pour accélérer la transition vers l'électricité et réduire la dépendance coûteuse aux énergies fossiles.

Sans cela, le pays pourrait manquer ses objectifs de décarbonation et de réindustrialisation, avertit l'opérateur.

"La pertinence d’une électrification rapide du pays pour réduire ses dépendances aux fossiles importés, améliorer sa balance commerciale et permettre sa décarbonation rapide est attestée", écrit RTE dans son bilan prévisionnel 2025, destiné à éclairer les choix du gouvernement sur le futur énergétique du pays.

Le gardien de l'équilibre électrique français rappelle que les importations d'hydrocarbures (gaz, pétrole) constituent la première source du déficit commercial, une note salée de 50 à 70 milliards d'euros chaque année, et même près de 120 milliards lors de la crise énergétique.

La stratégie de décarbonation de la France vise à réduire d'ici 2035 la part des hydrocarbures dans sa consommation d'énergie de 60% aujourd'hui à 30-35% en augmentant l'usage de l'électricité bas carbone - nucléaire ou renouvelable - dans les transports, l'industrie, les bâtiments...

Problème: le pays accuse aujourd'hui un "retard" dans cette "électrification" alors qu'il dispose de "l’avantage quasi-unique en Europe d’une production d’électricité particulièrement abondante et déjà décarbonée à 95%", avec des prix sur les marchés de gros parmi les plus bas du continent, souligne RTE.

L'impératif de remplacement des énergies fossiles par de l’électricité décarbonée "va bien au-delà" des objectifs climatiques de baisse des émissions, précise à l'AFP Thomas Veyrenc, directeur général Economie, stratégie et finances de RTE. "C’est un enjeu de souveraineté de réduire des importations d’énergies fossiles de la Russie, du Moyen-Orient, ou même des Etats-Unis".

Ce rapport "confirme la nécessité d’accélérer sur l’électrification des usages pour atteindre nos objectifs: transition écologique, des logements plus résilients, décarbonation de l’industrie et réindustrialisation, indépendance énergétique", a commenté le ministère français de l'Industrie et de l'Energie.

Sa publication doit ouvrir une séquence politique avec des annonces du gouvernement sur une "stratégie d'électrification complémentaire" à la future feuille de route énergétique de la France, selon le ministère. Des décisions seront d'ailleurs "prises d’ici Noël", assure-t-il.

- Avancer sur deux jambes -

La publication du décret sur cette feuille de route a déjà plus de deux ans de retard en raison de profondes divisions politiques sur le partage entre nucléaire et énergies renouvelables, auxquelles est notamment opposé le Rassemblement national, le principal parti d'extrême droite français.

Leurs adversaires venus aussi d'une partie de la droite les accusent de coûter cher en aides publiques et de déséquilibrer le système électrique en raison de leur intermittence.

Mais du point de vue de RTE, nucléaire et renouvelables ne se concurrencent pas. "Le système énergétique de demain devra marcher sur deux jambes, les renouvelables et le nucléaire. Il n'y aurait aucun intérêt à se priver de l'une maintenant, au risque de ne plus pouvoir avancer", estime Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE.

Le rapport actualise la trajectoire de décarbonation de la France en tenant compte du retard pris dans l’électrification depuis 2023, de la dégradation du contexte macroéconomique et des conséquences durables des actions de sobriété instaurées durant la crise énergétique de 2022-2023.

La France tend ainsi à s'inscrire actuellement dans une trajectoire de décarbonation dite "lente" dans laquelle elle n'atteint pas ses objectifs climatiques et voit la part de l'industrie manufacturière dans son PIB (Produit intérieur brut) baisser. Cela se traduit par une demande d'électricité en berne et un épisode de surcapacité avérée jusqu'en 2027-2028.

Pour en sortir, RTE prône une accélération de la consommation électrique dans les secteurs qui n'en consomment pas, correspondant à une trajectoire de décarbonation "rapide" alignée sur ses objectifs climatiques et de réindustrialisation - la solution la moins coûteuse et la plus efficace selon RTE.

"Face à cette situation de surcapacité électrique temporaire, la France a le choix entre actionner un levier de décarbonation rapide, possible car les projets industriels existent ou bien ralentir transitoirement le rythme d’installation des renouvelables", ajoute M. Piechaczyk.

Mais il met en garde: ce levier-là est "bien moins efficace économiquement".