En Guyane française, le manioc décimé par une maladie inconnue

Un paysan récolte du manioc dans la ferme de Santa Paula près de Monteria, département de Cordoba, Colombie, le 28 mars 2014. (Photo Guillermo Legaria AFP)
Un paysan récolte du manioc dans la ferme de Santa Paula près de Monteria, département de Cordoba, Colombie, le 28 mars 2014. (Photo Guillermo Legaria AFP)
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Publié le Dimanche 04 février 2024

En Guyane française, le manioc décimé par une maladie inconnue

  • «La maladie du manioc rend la tige noire, les feuilles flétries» et résiste «au brûlis et aux produits phytosanitaires, comme si la terre elle aussi était contaminée», raconte le chef du village amérindien de Trois-Palétuviers
  • Cette crise fait émerger une réflexion à plus long terme sur la nécessité de préserver cette plante du bassin amazonien

CAYENNE, France : Plante la plus cultivée en Guyane française et base alimentaire de milliers d'habitants, le manioc est touché depuis deux ans par une maladie inconnue. La réponse des autorités se construit progressivement, en même temps qu'une réflexion sur la sauvegarde de cette plante patrimoniale.

«En principe, le manioc met un an pour arriver à maturation, mais on le coupe à six mois pour être sûr d'avoir quelque chose. On récolte forcément moins, alors que c'est le manioc qui nourrit les familles». Debout à côté d'un tas de tubercules déterrés, Estever Martin, chef du village amérindien de Trois-Palétuviers à la frontière guyano-brésilienne, décrit ce qu'il nomme «la maladie du manioc».

Elle rend «la tige noire, les feuilles flétries» et résiste «au brûlis et aux produits phytosanitaires, comme si la terre elle aussi (était) contaminée», raconte-t-il.

Cette maladie non identifiée qui ravage les cultures a été découverte dans la région du Haut-Maroni (sud), en 2022.

Depuis, le pathogène s'est étendu à toute la Guyane et dans l'Etat brésilien voisin de l'Amapa avant que ne soit lancée, en juin 2023, une alerte phytosanitaire par la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (Fredon), en charge de la surveillance biologique de ce territoire français d'Amérique du Sud.

«Nous n'étions plus au stade de début de l'épidémie mais déjà à celui de la catastrophe», détaille Antoine Chourrot, ingénieur agronome à la Fredon.

Dans certaines zones du Haut-Maroni, la perte de production est «de l'ordre de 60 à 90%», estime Nathan Astar, de la chambre d'agriculture de Maripasoula. «Mais tout quantifier est difficile car la majorité de l'agriculture est faite de manière familiale et informelle en abattis», des parcelles agricoles en forêt, poursuit-il.

Conséquence: le prix du couac, farine de manioc très consommée, a été multiplié par deux en quelques mois. «C'est pourtant le féculent de base en Guyane, l'équivalent du pain. Il coûte aujourd'hui plus cher que le poulet», se désole Antoine Chourrot.

- «Un business» -

Jusqu'ici, les pistes explorées par la Fredon - chancre du manioc, piste entomologique - pour comprendre l'origine de la maladie n'ont rien donné. «Il reste la piste des virus, des phytoplasmes, des champignons et de toutes les bactéries que l'on n'a pas cherchés. Cela peut prendre des années», résume l'ingénieur agronome.

En attendant, «trouver des boutures saines est de plus en plus difficile», regrette Jacob Jutte, animateur de l'association Panakuh, le principal groupement d'agriculteurs de l'est guyanais. Selon lui, «un vrai marché des boutures» (le manioc se duplique par bouturage, ndlr) a remplacé le troc qui jusqu'alors prédominait.

«Tout ce système traditionnel est en train de se modifier et de se monétiser», explique-t-il.

Attirés par les perspectives économiques, de nombreux agriculteurs ont ainsi relancé des parcelles de manioc dans le bassin d'Iracoubo, sur le littoral guyanais, moins touché par la maladie.

«C'est devenu un business», confirme Thierry Gardeux, le président de l'Association des agriculteurs des Savanes à Iracoubo, qui voit des agriculteurs d'autres régions venir acheter des «bâtons de manioc sains».

- Diversité biologique -

C'est sur cette problématique du bouturage que se concentre le groupe de travail sur le manioc, créé spontanément au début de l'épidémie et au sein duquel coopère notamment

la Collectivité territoriale de Guyane et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

«Il faut poursuivre l'effort sur la recherche mais ne pas tout concentrer dessus. Produire des boutures saines pour pouvoir replanter des parcelles et améliorer les pratiques est la principale problématique», estime Margaux Llamas, chercheuse au Cirad et animatrice du groupe de travail.

Avec un budget de 200.000 euros, le Cirad va installer des petites serres dans les bassins de production qui permettront d'assainir des boutures par procédé thermique.

D'après Margaux Llamas, le Cirad va aussi «créer une collection agronomique du manioc pour sauvegarder cette diversité biologique».

Cette crise fait émerger une réflexion à plus long terme sur la nécessité de préserver cette plante du bassin amazonien. Car l'abattis - parcelle cultivée via l'agriculture itinérante sur brûlis - «est une part de l'identité culturelle des gens et le manioc est la plante phare de ce système», résume Jacob Jutte.


Monnaie numérique, IA et santé mentale au programme de l’Open Forum Riyadh

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
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  • Cet événement se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale
  • «Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions»

LONDRES: L'Open Forum Riyadh, une série de tables rondes publiques qui se tiendront dans la capitale saoudienne dimanche et lundi, «mettra l’accent sur les défis et les opportunités au niveau mondial», selon les organisateurs.

Cet événement, fruit d’une collaboration entre le Forum économique mondial (WEF) et le ministère saoudien de l’Économie et de la Planification, se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale, la croissance et l’énergie pour le développement, qui aura lieu à Riyad les 28 et 29 avril.

«Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions, favorisant l’échange de connaissances et d’idées innovantes», affirme dans un communiqué de presse Faisal F. Alibrahim, ministre saoudien de l’Économie et de la Planification. Ce dernier précise que l’organisation de l’Open Forum de cette année à Riyad «témoigne de l’influence et du rôle croissants de la ville sur la scène internationale».

Le forum est ouvert au public et «vise à faciliter le dialogue entre les leaders éclairés et le grand public sur une série de sujets, notamment les défis environnementaux, la santé mentale, les monnaies numériques, l’intelligence artificielle [IA], le rôle des arts dans la société, l’entrepreneuriat moderne et les villes intelligentes», indique un communiqué.

Au programme, des tables rondes qui portent sur l’impact des monnaies numériques au Moyen-Orient, sur le rôle de la culture dans la diplomatie publique, sur le développement urbain pour les villes intelligentes ainsi que sur les actions qui ont pour objectif d’améliorer le bien-être mental dans le monde.

L’Open Forum, qui a lieu chaque année, a été créé en 2003 dans le but de permettre à un public plus large de participer aux activités du WEF. Il a été organisé dans plusieurs pays, dont le Cambodge, l’Inde, la Jordanie et le Vietnam.

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes.

Parmi les intervenants de cette année figurent Yazid A. al-Humied, gouverneur adjoint et responsable des investissements dans la région Mena au Fonds public d’investissement saoudien (PIF), la princesse Rima bent Bandar al-Saoud, ambassadrice d’Arabie saoudite aux États-Unis, et la princesse Beatrice, fondatrice du Big Change Charitable Trust et membre de la famille royale britannique.

Michèle Mischler, responsable des affaires publiques suisses et de la durabilité au WEF, a fait savoir dans un communiqué de presse que la participation du public aux tables rondes de l’Open Forum «favorise la diversité des points de vue, enrichit le dialogue mondial et renforce les solutions collectives pour un avenir plus inclusif et durable».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le FMI ouvre son premier bureau dans la région Mena à Riyad

Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
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  • Ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication
  • Il permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes

RIYAD: Le Fonds monétaire international (FMI) a ouvert son premier bureau dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena) à Riyad.

Le bureau a été inauguré lors de la Conférence régionale conjointe sur les politiques industrielles de diversification, organisée conjointement par le FMI et le ministère des Finances le 24 avril.

Selon l’agence de presse saoudienne (SPA), ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication afin de favoriser la stabilité, la croissance et l’intégration régionale, promouvant ainsi les partenariats au Moyen-Orient et au-delà.

En outre, le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes, indique la SPA. Cette dernière indique que le FMI a remercié l’Arabie saoudite de sa contribution financière visant à renforcer le développement des capacités dans ses États membres, y compris les pays fragiles.

Abdoul Aziz Wane, chef de mission chevronné du FMI qui a une connaissance approfondie de l’institution et dispose d’un vaste réseau de décideurs et d’universitaires dans le monde entier, sera le premier directeur du bureau de Riyad.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'UE impose des règles renforcées au champion chinois du prêt à porter Shein

Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. (Photo, AFP)
Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. (Photo, AFP)
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  • L'application fondée en Chine en 2012, emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix, devient la 23ème plateforme, aux côtés de X, TikTok, Google ou Facebook, à se voir imposer les règles de l'UE les plus strictes
  • Shein revendique chaque mois 108 millions d'utilisateurs de son site dans l'Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs peuvent être soumis à la régulation renforcée

BRUXELLES: Bruxelles a ajouté vendredi le champion du prêt-à-porter bon marché Shein à la liste des très grandes plateformes en ligne soumises à des contrôles renforcés dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA).

L'application fondée en Chine en 2012, emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix, devient la 23ème plateforme, aux côtés de X, TikTok, Google ou Facebook, à se voir imposer les règles de l'UE les plus strictes pour "protéger les consommateurs contre les contenus illégaux", a annoncé la Commission européenne dans un communiqué.

Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. Elle revendique chaque mois 108 millions d'utilisateurs de son site dans l'Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs peuvent être soumis à la régulation renforcée.

Ces entreprises doivent notamment analyser les risques liés à leurs services en matière de diffusion de contenus ou produits illégaux et mettre en place les moyens pour les atténuer. Cette analyse doit faire l'objet d'un rapport annuel remis à la Commission européenne qui assume désormais un rôle de gendarme du numérique dans l'UE.

"Des mesures devront être mises en œuvre pour protéger les consommateurs contre l'achat de produits dangereux ou illégaux, en mettant particulièrement l'accent sur la prévention de la vente et de la distribution de produits qui pourraient être nocifs pour les mineurs", a expliqué la Commission.

Les très grandes plateformes doivent aussi fournir au régulateur un accès à leurs algorithmes pour que le respect du règlement puisse être contrôlé. Elles doivent se soumettre une fois par an à un audit externe indépendant, à leurs propres frais.

Ces obligations s'appliqueront à Shein à partir de fin août.

Les contrevenants aux règles peuvent se voir infliger des amendes jusqu'à 6% de leur chiffre d'affaires annuel mondial, voire une interdiction d'opérer en Europe en cas de violations graves et répétées.

Réagissant à sa désignation comme très grande plateforme vendredi, Shein a affirmé sa volonté de se conformer aux règles européennes. "Nous partageons l'ambition de la Commission de faire en sorte que les consommateurs de l'UE puissent faire leurs achats en ligne en toute sérénité et nous nous engageons à jouer notre rôle", a déclaré Leonard Lin, responsable mondial des affaires publiques du groupe.

Les très grandes plateformes concernées par les contrôles européens renforcés incluent aussi le géant du commerce en ligne Amazon et son concurrent AliExpress, filiale du géant chinois Alibaba.

Une autre application chinoise de e-commerce, Temu, devrait s'ajouter prochainement à cette liste après avoir annoncé en avril qu'elle comptait environ 75 millions d'utilisateurs mensuels dans l'Union européenne.

Le DSA a montré son efficacité cette semaine en imposant à TikTok de suspendre dans l'UE la fonctionnalité de sa nouvelle application TikTok Lite qui récompense les utilisateurs pour le temps passé devant les écrans.

La Commission craignait des risques d'addiction, notamment pour les adolescents, et a ouvert une enquête. Elle soupçonne le réseau social, propriété du groupe chinois ByteDance, de ne pas avoir conduit l'analyse obligatoire des risques, en particulier pour la santé mentale des utilisateurs.

Toujours dans le cadre du DSA, Bruxelles a aussi ouvert en décembre une enquête visant le réseau social X pour des manquements présumés aux obligations de modération des contenus.