Miser sur l'économie, le pari risqué de Joe Biden

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Publié le Jeudi 08 février 2024

Miser sur l'économie, le pari risqué de Joe Biden

  • Un employé s'agace de voir l'argent de ses impôts dépensés par le gouvernement pour financer l'aide à l'Ukraine ou à Israël, deux pays en guerre que les Etats-Unis soutiennent
  • Le Nevada fait partie de la poignée d'Etats-clés qui décideront de l'avenir du pays en novembre

LAS VEGAS: Capitale du jeu et du spectacle sans fin, Las Vegas a failli se retrouver paralysée ces derniers mois, à cause des menaces de grève de milliers d'employés de casinos exaspérés par des salaires insuffisants face à la hausse des prix aux Etats-Unis.

Pourtant, en pleine campagne pour sa réélection à la présidentielle de novembre, Joe Biden joue inlassablement la carte de la pédagogie en claironnant que l'économie américaine se porte bien, grâce son action à la Maison Blanche.

"L'économie est horrible. L'inflation a touché tout le monde", raconte à l'AFP la serveuse Jennine Minervini, lors d'une manifestation devant le casino Golden Nuget, dans cette ville de l'ouest des Etats-Unis.

Son syndicat, qui représente 60 000 salariés de l'hôtellerie, a conclu un accord de dernière minute samedi avec certains casinos pour décrocher des augmentations salariales. Depuis des mois, il renégocie les conventions collectives de chaque palace, sous peine de grève.

Malgré ces progrès, les conversations entre barmen, serveurs et cuisiniers de Las Vegas témoignent d'un mécontentement largement partagé à travers les Etats-Unis. La facture prohibitive au supermarché ou le prix exorbitant d'un plein d'essence exaspèrent les Américains.

Et ce, malgré des indicateurs économiques favorables. Après une explosion inédite depuis 40 ans en 2022, l'inflation a largement ralenti ces derniers mois pour se rapproche de l'objectif de 2% - ce qui ne signifie pas que les prix baissent. Et les Etats-Unis jouissent d'une croissance respectable (+3,1% en 2023).

Le président a pris l'habitude de vendre avec emphase ses "Bidenomics", un terme forgé pour résumer sa politique économique. Vendredi, pendant que le secteur de l'hôtellerie manifestait à Las Vegas, il a insisté dans un communiqué sur les 14,8 millions d'emplois créés sous son mandat.

"L'économie américaine est la plus forte du monde", s'est-il félicité.

«Vivre comme un pauvre»

Un discours en décalage avec le sentiment de la population. Particulièrement au Nevada, l'Etat où se trouve Las Vegas, qui dépend de la santé fluctuante des casinos et souffre depuis des années du pire taux de chômage.

"Tout a augmenté... le coût de la vie, le loyer, l'assurance des voitures, tout! La nourriture...", se lamente Andrew Wentland.

Pour joindre les deux bouts, cet employé de casino a dû prendre un deuxième emploi.

"J'ai essayé de faire plein d'ajustements", confie ce quinquagénaire qui travaille désormais 16 heures par jour. "C'est difficile de vivre comme si vous étiez pauvre."

Il s'agace de voir l'argent de ses impôts dépensés par le gouvernement pour financer l'aide à l'Ukraine ou à Israël, deux pays en guerre que les Etats-Unis soutiennent.

Ces guerres "n'ont rien à voir avec nous", peste-t-il. "Prenez soin de nous avant de vous occuper d'eux."

Ce genre de mécontentement est le danger principal qui guette le président dans les rues de Las Vegas. Car le Nevada fait partie de la poignée d'Etats-clés qui décideront de l'avenir du pays en novembre.

En 2020, Joe Biden y avait battu Donald Trump d'une courte tête, avec 33 000 voix d'avance.

«Voter en fonction du portefeuille»

"Les gens sont un peu inquiets quand ils n'ont pas plus d'argent dans leur poche", résume Peter Guzman, le président de la chambre de commerce hispanique du Nevada. "Ils vont voter en fonction de l'état de leur portefeuille."

Si cette prédiction se vérifie, Joe Biden a de quoi se faire du souci. Seuls un tiers des électeurs américains approuvent son bilan économique, selon un sondage publié lundi par la chaîne NBC News.

Nombre d'entre eux ne cachent pas leur manque d'enthousiasme face à la perspective d'un nouveau face-à-face entre le démocrate de 81 ans et le républicain Donald Trump, 77 ans, les deux hommes étant largement favoris des primaires de leurs partis respectifs.

Mais lorsqu'on parle d'économie, le milliardaire conserve une certaine aura auprès des électeurs indécis.

"Je n'aime pas Trump", affirme à l'AFP Laura Bolado. "Mais je reconnais que sa connaissance de l'économie a été d'une grande aide pour le pays".

Propriétaire d'une agence de publicité à Las Vegas, elle n'a pas encore fixé son vote. Mais elle s'inquiète.

"De plus en plus d'entreprises ferment parce qu'elles n'ont pas les moyens de payer le loyer", observe-t-elle. "Plus que tout, j'aimerais voir des résultats."


Évolution du financement des banques saoudiennes face à la hausse de la demande de prêts hypothécaires, selon S&P Global

Le financement hypothécaire représentait 23,5 % du total des crédits alloués par les banques saoudiennes à la fin de 2023, contre 12,8 % en 2019. (AFP)
Le financement hypothécaire représentait 23,5 % du total des crédits alloués par les banques saoudiennes à la fin de 2023, contre 12,8 % en 2019. (AFP)
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  • l'agence de notation a déclaré que les profils de financement des institutions financières du Royaume devraient subir des changements, principalement en raison d'une initiative soutenue par l'État pour stimuler l'accession à la propriété
  • Les besoins de financement continus de l'initiative économique Vision 2030 et la croissance relativement faible des dépôts, sont susceptibles d'inciter les banques à rechercher d'autres sources de financement

RIYAD : Les banques saoudiennes devraient poursuivre des stratégies alternatives de financement pour faire face à l'expansion rapide des prêts, alimentée par la demande de nouveaux prêts hypothécaires, selon S&P Global.

Dans son dernier rapport, l'agence de notation a déclaré que les profils de financement des institutions financières du Royaume devraient subir des changements, principalement en raison d'une initiative soutenue par l'État pour stimuler l'accession à la propriété.

Selon l'analyse, le financement hypothécaire représentera 23,5 % de l'allocation totale de crédit des banques saoudiennes à la fin de 2023, contre 12,8 % en 2019.

« Les besoins de financement continus de l'initiative économique Vision 2030 et la croissance relativement faible des dépôts, sont susceptibles d'inciter les banques à rechercher d'autres sources de financement, y compris l’externe », a déclaré S&P Global. 

Le rapport prévoit également que cette recherche de financement externe pourrait potentiellement avoir un impact sur la qualité de crédit du secteur bancaire saoudien.

Selon l'agence de notation basée aux États-Unis, la croissance des prêts parmi les banques saoudiennes a dépassé celle des dépôts, avec un ratio prêts/dépôts supérieur à 100 % en 2022, contre 86 % à la fin de 2019.

S&P Global s'attend à ce que cette tendance persiste, en particulier avec les prêts aux entreprises jouant un rôle plus important dans la croissance au cours des prochaines années. « Nous considérons que les banques saoudiennes se tourneront probablement vers des stratégies de financement alternatives pour soutenir cette expansion », indique le rapport. 


Espagne: la maison mère de Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier se lance en Bourse

 Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe. (AFP).
Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe. (AFP).
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  • Cent dix ans après sa création, la maison de beauté catalane va connaître une petite révolution avec cette opération, censée lui donner les moyens de concurrencer les grands noms du secteur
  • C'est "une étape décisive" qui "nous permettra d'être plus compétitifs sur le marché international de la beauté", soulignait dans un récent communiqué le PDG de l'entreprise, Marc Puig

MADRID: Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe.

Cent dix ans après sa création, la maison de beauté catalane va connaître une petite révolution avec cette opération, censée lui donner les moyens de concurrencer les grands noms du secteur comme Estée Lauder, Hermès, Kering et LVMH.

C'est "une étape décisive" qui "nous permettra d'être plus compétitifs sur le marché international de la beauté", soulignait dans un récent communiqué le PDG de l'entreprise, Marc Puig, en assurant viser une "approche de long terme".

Fondé en 1914 à Barcelone par l'entrepreneur Antonio Puig Castellò, le groupe de parfums et cosmétiques espagnol s'est fait une place ces dernières années parmi les géants du luxe et de la mode, en multipliant les acquisitions de marques de prestige.

La maison catalane contrôle ainsi les griffes Paco Rabanne, Nina Ricci, Charlotte Tilbury, Carolina Herrera, Dries Van Noten et Jean Paul Gaultier. Il a également noué des contrats de licence avec Prada, Christian Louboutin et Comme des Garçons.

Contrôle familial

L'introduction en Bourse de Puig se fera vendredi au prix de 24,50 euros par action. Elle est présentée par les analystes comme le plus gros lancement boursier de l'année en Espagne et comme l'un des principaux en Europe.

Le montant fixé pour l'action Puig valorise le groupe barcelonais à près de 14 milliards d'euros. Cela lui permettra d'intégrer directement l'Ibex 35, indice vedette regroupant les 35 plus grosses entreprises espagnoles.

Cette opération d'envergure se déclinera en deux phases: une émission de nouvelles actions, devant rapporter 1,25 milliard d'euros, et la vente de parts détenues par Exea, la holding de la famille Puig, pour près de 1,36 milliard d'euros.

Cette double opération pourrait être complétée par une vente de titres réservée à certains investisseurs pour un total de 390 millions d'euros, selon le groupe. De quoi lever au total quelque 3 milliards d'euros.

Malgré cette opération, la famille Puig assure qu'elle restera l'actionnaire majoritaire de l'entreprise avec 71,7% des parts. Elle conservera, en outre, une très large majorité des droits de vote (92,5%) au sein de son conseil d'administration.

« Muscle financier »

L'introduction en Bourse du groupe catalan avait été officialisée le 8 avril, après avoir été évoquée pour la première fois le 20 octobre par Marc Puig en personne dans un entretien au quotidien économique Financial Times.

Le PDG de 62 ans avait alors estimé qu'elle permettrait d'imposer une "discipline" de marché à l'entreprise et d'éviter les possibles "difficultés" auxquelles les sociétés familiales sont confrontées lors du passage de témoin entre générations.

Il arrive, en effet, "que les entreprises familiales perdent leur position sur le marché. Elles peuvent commencer à mourir lentement et personne au sein de l'entreprise n'en est conscient", avait insisté le petit-fils d'Antonio Puig, à la tête du groupe depuis 2004.

Selon Javier Cabrera, analyste chez XTB, ce lancement boursier devrait permettre à la maison de beauté catalane d'acquérir du "muscle financier", en profitant de la "bonne dynamique boursière du secteur".

De fait, le contexte est actuellement porteur pour le luxe, dont les poids lourds ont enregistré des niveaux de ventes record en 2023, malgré un léger ralentissement après deux années de croissance à deux chiffres.

Puig a, pour sa part, réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 4,3 milliards d'euros et dégagé un bénéfice net de 465 millions d'euros, en hausse de 16% sur un an. Et cette dynamique pourrait s'accélérer.

Les acquisitions réalisées ces dernières années permettent "une forte croissance" et une "diversification des revenus" du groupe, observe Javier Cabrera, qui insiste sur ses bons résultats en Chine, marché devenu incontournable pour le secteur du luxe.


Liban: l'Union européenne annonce une aide d'un milliard d'euros pour soutenir l'économie

Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
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  • Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés
  • Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens

BEYROUTH: La cheffe de la Commission européenne a annoncé jeudi à Beyrouth une aide d'un milliard d'euros pour soutenir la "stabilité socio-économique" du Liban et appelé ce pays à bien coopérer dans la lutte contre l'immigration clandestine.

Les fonds seront "disponibles à partir de cette année jusqu’en 2027. Nous voulons contribuer à la stabilité socio-économique du Liban", a déclaré Ursula von der Leyen, ajoutant "compter sur une bonne coopération" des autorités libanaises dans la lutte contre l'immigration clandestine vers l'Europe.

Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens, soit le plus grand ratio par habitant au monde.

Le petit pays méditerranéen, frontalier de la Syrie, n'a de cesse d'exhorter la communauté internationale de les rapatrier, les armes s'étant tues dans plusieurs régions syriennes.

Les migrants, demandeurs d'asile et réfugiés qui quittent le Liban par bateau à la recherche d'une vie meilleure en Europe se dirigent souvent vers Chypre qui affirme être en première ligne face aux flux migratoires au sein de l'UE.

"La réalité actuelle de cette question est devenue plus grande que la capacité du Liban à la traiter", a déclaré le Premier ministre libanais Najib Mikati, lors d'une conférence de presse en présence de Mme. von der Leyen et du président chypriote Nikos Christodoulides.

Augmentation des ressortissants syriens à Chypre 

"Nous renouvelons notre demande à l'UE, (...) d’aider les personnes déplacées dans leur pays (d'origine et non au Liban), pour les encourager à rentrer volontairement", a-t-il poursuivi.

De son côté, Chypre, qui fait état d'une augmentation des arrivées de ressortissants syriens, estime que la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, qui a déclenché des violences à la frontière israélo-libanaise, a affaibli les efforts de Beyrouth pour empêcher les départs.

De janvier à avril 2024, plus de 40 bateaux transportant environ 2.500 personnes ont accosté à Chypre, a indiqué à l'AFP l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Chypre avait conclu il y a des années avec le Liban un accord pour le retour de migrants en situation irrégulière.

Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés et de la manière de contrôler le flux migratoire vers son pays.