Soudan: plus de 20 ans après le début de la guerre au Darfour, toujours «l'impunité»

Des Soudanais brandissent des armes et scandent des slogans alors qu'ils conduisent dans une rue pour exprimer leur soutien à l'armée dans la ville de Gedaref, au Soudan déchiré par la guerre, le 29 décembre 2023. (AFP)
Des Soudanais brandissent des armes et scandent des slogans alors qu'ils conduisent dans une rue pour exprimer leur soutien à l'armée dans la ville de Gedaref, au Soudan déchiré par la guerre, le 29 décembre 2023. (AFP)
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Publié le Vendredi 09 février 2024

Soudan: plus de 20 ans après le début de la guerre au Darfour, toujours «l'impunité»

  • Aujourd'hui, les FSR tiennent quatre des cinq capitales du Darfour et, explique un chercheur «les voyous qui terrorisaient les gens depuis des décennies règnent: ils violent, pillent, assassinent en masse selon l'ethnie»
  • Pour Alex de Waal, le général Burhane «n'est ni moins vénal ni moins brutal que son ex-adjoint Daglo»

LE CAIRE: Il y a plus de 20 ans, une guerre débutait au Darfour, marquée par des atrocités. Aujourd'hui, l'ouest du Soudan a replongé dans l'horreur et le monde, dénoncent habitants et experts, détourne de nouveau le regard laissant régner "l'impunité".

Une génération, grandie dans les camps de déplacés, a été de nouveau jetée sur les routes quand un conflit entre l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), menées par le général Mohammed Hamdane Daglo, a éclaté en avril 2023.

Cette guerre a encore une fois charrié avec lui agressions sexuelles, violences ethniques et terres brûlées.

Selon des experts de l'ONU, dans la seule ville d'El-Geneina, au Darfour-Ouest, entre 10.000 et 15.000 personnes ont été tuées, soit 5% des habitants.

D'après eux, les attaques "ont été planifiées, coordonnées et exécutées par les FSR et des milices arabes alliées", qui ont "délibérément visé des quartiers civils (...), des camps de déplacés, des écoles, des mosquées et des hôpitaux, pillant également maisons et sites d'ONG internationales et de l'ONU".

Ils "ont délibérément visé les Massalit", ethnie non arabe majoritaire dans la ville, ajoutent-ils, estimant possibles "des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité" au Darfour, grand comme la France où vivent un quart des 48 millions de Soudanais.

Généraux «vénaux et brutaux»

Aujourd'hui, les FSR tiennent quatre des cinq capitales du Darfour et, explique un chercheur désormais hors du Soudan qui parle sous couvert d'anonymat, "les voyous qui terrorisaient les gens depuis des décennies règnent: ils violent, pillent, assassinent en masse selon l'ethnie".

A Zalingei, la capitale du Darfour-Centre, le 31 octobre, les Four, l'ethnie dont le Darfour tire son nom, ont subi "ce qui est arrivé aux Massalit à El-Geneina", raconte à l'AFP Mohamed Bera, chef de l'ONG des droits humains Awafy, lui-même réfugié à l'étranger.

Ce jour-là, les FSR ont pris la ville au prix de "tueries de masse, exécutions sommaires, détentions arbitraires, agressions sexuelles, tortures et pillages", accuse-t-il. Depuis mai, les télécommunications ne fonctionnent quasiment plus au Darfour.

Les membres d'Awafy ont recensé "au moins 180 morts" dans l'attaque du camp de déplacés de Hassaheissa où les FSR assuraient que "l'armée avait trouvé refuge".

A travers le Darfour, "nombre des trois millions de personnes déjà déplacées" ont repris la route "pour la deuxième ou la troisième fois", ajoutent-ils.

Un dignitaire tribal assure à l'AFP qu'au moins quatre camps de déplacés du Darfour-Ouest ont été "entièrement brûlés".

En 2003, les Janjawids --les miliciens arabes depuis enrôlés dans les FSR-- menaient la politique de la terre brûlée pour le président Omar el-Béchir et son armée.

L'année d'après, les Etats-Unis estimaient que les atrocités commises au Darfour répondaient à la définition d'un "génocide".

Aujourd'hui, les Darfouris sont pris sous les feux croisés des FSR et de l'armée.

Et, note le chercheur Alex de Waal, le général Burhane "n'est ni moins vénal ni moins brutal" que son ex-adjoint Daglo.

"Non seulement" l'armée n'a pas protégé les civils, mais elle "a aussi bombardé (...) des zones urbaines" comme El-Facher, El-Daein et surtout Nyala, affirment des experts de l'ONU.

«Pas stratégique»

En décembre, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a accusé l'armée et les FSR de "crimes de guerre (...) crimes contre l'humanité et des actes de nettoyage ethnique".

"On entend parfois +comme c'est terrible+ mais rien de plus", dénonce le spécialiste du Darfour Eric Reeves qui, comme Alex de Waal, anticipe qu'une force de maintien de la paix de l'ONU ou de l'Union africaine ferait face au veto de divers Etats agissant pour leurs intérêts.

Et les Soudanais ne cessent de répéter que la Cour pénale internationale (CPI), qui veut se saisir de ce nouveau "génocide", n'a jamais jugé Béchir pour le précédent.

Jan Egeland, chef du Norwegian Refugee Council (NRC), dénonce une "ère d'impunité" car, dit-il à l'AFP, "le Soudan n'est pas vu comme un intérêt stratégique".

Un autre responsable du NRC estime que son aide n'est qu'"une goutte dans l'océan: l'aide n'entre pas et les services de base manquent".

A El-Facher, la militante prodémocratie Amani Hamid Hassabo, le constate. "Il n'y a personne: ni communauté internationale ni acteurs régionaux, alors que des milliers de déplacés attendent avec une aide quasi-inexistante". Ils sont 80.000, selon l'ONU.

Dans le plus grand camp de déplacés, Zamzam, un enfant meurt toutes les deux heures, selon Médecins sans frontières.

L'ONU, qui fait de brèves incursions depuis le Tchad, estime que la moitié des Darfouris souffrent de "faim aiguë".


Au Vatican, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël

Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À la basilique Saint-Pierre, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël en tant que pape, plaçant son pontificat sous le signe de la charité, de l’espérance et de la dignité humaine
  • Fidèle à son appel à une paix « désarmée et désarmante », il s’apprête à renouveler ses appels à la trêve et à la paix mondiale

CITÉ DU VATICAN, SAINT-SIÈGE: Léon XIV a célébré mercredi soir la première messe de Noël de son pontificat dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, délivrant un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Peu avant la messe, le pape américain est sorti sur le parvis de la place Saint-Pierre pour saluer les quelque 5.000 fidèles massés sous la pluie pour suivre la cérémonie sur écrans géants, faute de place à l'intérieur de la basilique.

"La basilique Saint-Pierre est très grande, mais malheureusement pas assez pour tous vous accueillir. J'admire et respecte et vous remercie pour votre courage et votre envie d'être ici ce soir", a-t-il lancé en anglais.

Devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, Léon XIV, qui affiche un style plus discret que son prédécesseur François, a ensuite prononcé une homélie très religieuse sans évoquer directement de sujet d'actualité.

"Alors qu’une économie faussée conduit à traiter les hommes comme de la marchandise, Dieu se fait semblable à nous, révélant la dignité infinie de toute personne", a déclaré le pape.

"Proclamons la joie de Noël, qui est la fête de la foi, de la charité et de l’espérance", a-t-il ajouté.

Cette cérémonie commémorant la naissance du Christ, l'une des plus solennelles de l'année, a mêlé chants traditionnels et gestes symboliques. Le pape de 70 ans a décidé de la célébrer à un horaire plus tardif que sous le pontificat de François (19H30).

Autre changement majeur : Léon XIV présidera jeudi matin la messe du jour de Noël, renouant ainsi avec une tradition qui remontait au pontificat de Jean-Paul II (1978-2005).

Il prononcera ensuite à 12H00 (11H00 GMT) sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) en mondovision depuis le balcon de la basilique, lors de laquelle le pape se livre traditionnellement à un tour d’horizon des conflits dans le monde.

Fervent défenseur d’une paix "désarmée et désarmante", le chef de l'Eglise catholique devrait y renouveler ses appels à la paix. Mardi soir, Léon XIV a déjà demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

Aucun texte du Nouveau testament ne précise le jour et l'heure de naissance de Jésus de Nazareth. Sa célébration le 25 décembre dans la tradition chrétienne a été choisie au IVe siècle en Occident.

Ce Noël 2025 coïncide avec la clôture du Jubilé, "Année sainte" de l'Eglise qui a attiré des millions de pèlerins à Rome.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.