Sénégal: deux jeunes tués, le pays s'enfonce dans la crise

Un manifestant rejette une grenade lacrymogène lors d'affrontements avec la police en marge d'une manifestation contre le report de dernière minute des élections présidentielles à Dakar le 9 février 2024 (Photo, AFP).
Un manifestant rejette une grenade lacrymogène lors d'affrontements avec la police en marge d'une manifestation contre le report de dernière minute des élections présidentielles à Dakar le 9 février 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 11 février 2024

Sénégal: deux jeunes tués, le pays s'enfonce dans la crise

  • Une enquête a été ouverte après la mort vendredi d'un étudiant en géographie à Saint-Louis (nord) dans des circonstances encore non élucidées, et un vendeur ambulant a succombé à ses blessures samedi à Dakar, victime selon ses proches d'un tir de gendarme
  • Le président Macky Sall a pris de court tout le monde samedi dernier en reportant les élections à trois semaines du scrutin

DAKAR: Le Sénégal, dans la tourmente depuis le report surprise de l'élection présidentielle, s'est enfoncé dans la crise samedi, au lendemain de manifestations dont la répression a fait deux morts.

Une enquête a été ouverte après la mort vendredi d'un étudiant en géographie à Saint-Louis (nord) dans des circonstances encore non élucidées, et un vendeur ambulant a succombé à ses blessures samedi à Dakar, victime selon ses proches d'un tir de gendarme la veille.

Tandis que des manifestations ont eu lieu samedi à Paris et Berlin contre le président Macky Sall, qualifié de "dictateur", l'opposition sénégalaise a vivement dénoncé une dérive du pouvoir.

A Paris, la manifestation a rassemblé plusieurs centaines de personnes, 2 000 selon la police, et des slogans "Macky démissionne, Macron complice" y ont été entonnés, après la réaction jugée timide de la France au report de la présidentielle.

"Nous prenons à témoin la communauté régionale et internationale, face aux dérives de ce pouvoir finissant" du président Macky Sall, a lancé à Dakar Khalifa Sall, l'un des principaux candidats à la présidentielle.

La coalition du candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye, qui a reçu le soutien de la figure de l'opposition Ousmane Sonko, a dénoncé "la brutalité des forces de sécurité qui ont exercé des violences inouïes".

Elle a salué "les efforts" pour "faire barrage au coup d'Etat constitutionnel" du président Sall et maintenir la présidentielle le 25 février.

Une nouvelle manifestation lancée par un collectif de la société civile, Aar Sunu Election ("Protégeons notre élection") est prévue mardi.

Dans un entretien au quotidien La Tribune, à paraître dimanche, le ministre sénégalais des Affaires étrangères Ismaïla Madior Fall a indiqué qu'il s'était entretenu avec son homologue français Stéphane Séjourné vendredi après-midi.

"Nous avons abouti à une compréhension commune de la situation", a-t-il affirmé.

Le président Macky Sall a pris de court tout le monde samedi dernier en reportant les élections à trois semaines du scrutin, une décision entérinée par l'Assemblée nationale qui voté un ajournement de l'échéance électorale au 15 décembre, après avoir expulsé par la force les députés de l'opposition.

L'Assemblée a aussi voté le maintien au pouvoir de M. Sall jusqu'à la prise de fonctions de son successeur, vraisemblablement début 2025. Son deuxième mandat expirait officiellement le 2 avril.

Ce report a soulevé une indignation largement partagée sur les réseaux sociaux, l'opposition criant au "coup d'Etat constitutionnel".

Les partenaires internationaux du Sénégal ont marqué leur préoccupation et appelé à organiser des élections le plus rapidement possible.

Vendredi, des manifestations d'ampleur contre le report des élections ont eu lieu dans tout le pays, notamment à Dakar, aussitôt dispersées par les forces de sécurité.

Dans la capitale, la police a fait un usage abondant de gaz lacrymogènes pour tenir à distance les personnes voulant se rassembler aux abords de la place de la Nation. Des manifestants ont riposté en lançant des pierres et en érigeant des barricades avec des objets de fortune.

Le décès vendredi dans la ville historique de Saint-Louis d'un étudiant, Alpha Yoro Tounkara, 22 ans, a suscité une vive émotion. Des centaines de ses camarades de l'université Gaston Berger ont veillé et prié toute la nuit.

"Il était non seulement un brillant étudiant, mais aussi un camarade aimé et respecté", a écrit Cheikh Ahmadou Bamba Diouf, président du club de géographie de l'université.

Les circonstances de sa mort ne sont pas encore connues mais le procureur de la République de Saint-Louis a annoncé l'ouverture d'une enquête. Le ministre de l'Intérieur a assuré dans un communiqué "que les forces de défense et de sécurité ne sont pas intervenues dans le campus universitaire où le décès est survenu".

Tué par balle 

Modou Gueye, 23 ans, est la deuxième victime des manifestations. Il était un marchand ambulant à Colobane, un quartier animé de Dakar, où il vendait des maillots et des drapeaux. "Il y a eu des tirs de grenades lacrymogènes, et ensuite on est allé à la gare du TER de Colobane pour rentrer", a raconté à l'AFP son frère, Dame Gueye.

"C’est là-bas qu'un gendarme lui a tiré une balle réelle au ventre" vendredi, a-t-il affirmé. "C’est moi qui lui ai tenu son sac quand il est tombé", a-t-il dit.

"Il a subi deux opérations cette nuit et malheureusement, il a succombé à ses blessures ce matin" samedi, a précisé à l'AFP Mbagnick Ndiaye, son beau-frère.

L'information n'a pas été confirmée par les autorités.

L'appel à protester vendredi avait été diffusé sur les réseaux sociaux, sans possibilité de déterminer précisément qui en était à l'initiative. De telles manifestations sont généralement interdites dans le pays.

Reporters sans Frontières (RSF) s'est "indigné" du ciblage d'au moins cinq journalistes par les policiers à Dakar.

Le Sénégal a été régulièrement secoué depuis 2021 par des épisodes de contestation liées à des procédures judiciaires contre Ousmane Sonko, aujourd'hui incarcéré, avec des dizaines de personnes tuées et des centaines arrêtées.

Nouvelle manifestation 

Ce nouvel épisode de troubles ouvre une période d'incertitude dans le pays.

Le report de la présidentielle est perçu par l'opposition comme une manigance pour éviter la défaite du candidat du camp présidentiel, voire pour maintenir le président Sall à la tête du pays encore plusieurs années, ce qu'il dément. Il a assuré pour sa part vouloir engager un processus "d'apaisement et de réconciliation".

Face à la répression, "il faut une stratégie de lutte citoyenne. La désobéissance civile est une arme que l'on va utiliser pour mettre ce pays à l'arrêt et rétablir la légalité constitutionnelle", a déclaré samedi à l'AFP Malick Diop, cocoordinateur du collectif.


Macron, Starmer et Merz se sont entretenus avec Trump sur l'Ukraine

Le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président français Emmanuel Macron s'assoient avant une réunion au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 8 décembre 2025. (AFP)
Le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président français Emmanuel Macron s'assoient avant une réunion au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 8 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a tenu un appel de 40 minutes avec Donald Trump, Keir Starmer et Friedrich Merz pour discuter des efforts de médiation américains et d’une solution durable au conflit en Ukraine
  • Les dirigeants ont souligné un moment critique pour l’Ukraine et la sécurité euro-atlantique

PARIS: Emmanuel Macron a annoncé mercredi s'être entretenu au téléphone avec le président américain Donald Trump et d'autres dirigeants européens au sujet de l'Ukraine, "pour essayer d'avancer".

L'appel a duré 40 minutes, selon le président français. Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le chancelier allemand Friedrich Merz ont pris part aussi à cet entretien, a précisé l'Élysée à l'AFP.

De même source, les dirigeants ont "discuté des derniers développements de la médiation engagée par les Etats-Unis et salué leurs efforts pour parvenir à une paix robuste et durable en Ukraine et mettre fin aux tueries".

"Ce travail intensif se poursuit et va se poursuivre dans les prochains jours", a ajouté l'Élysée. "Ils ont convenu qu'il s'agissait d'un moment critique pour l'Ukraine, pour son peuple et pour la sécurité commune de la région euro-atlantique", a-t-on complété.

Les trois dirigeants européens se sont réunis lundi à Londres avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, pour lui apporter leur soutien appuyé au moment où il est de nouveau sous la pression des États-Unis pour faire des concessions afin de mettre fin à la guerre avec la Russie.

Emmanuel Macron et Keir Starmer doivent aussi présider jeudi une nouvelle réunion, par visioconférence, de la "coalition des volontaires", qui rassemble les soutiens de Kiev disposés à lui apporter des "garanties de sécurité" dans le cadre d'un éventuel futur cessez-le-feu ou accord de paix.


Guerre au Soudan: Washington sanctionne un réseau colombien

Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
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  • Les États-Unis sanctionnent un réseau majoritairement colombien accusé de recruter d’anciens militaires — y compris des enfants soldats — pour soutenir les Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan
  • Washington intensifie ses efforts diplomatiques avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et d’autres partenaires pour obtenir une trêve

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions à l'encontre d'un réseau principalement colombien, qui recrute des combattants en soutien aux forces paramilitaires au Soudan, tout en poursuivant leurs efforts diplomatiques en vue d'une trêve dans ce pays ravagé par la guerre.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu ce même jour avec ses homologues égyptien Badr Abdelatty et saoudien Fayçal ben Farhane, sur "la nécessité urgente de faire progresser les efforts de paix au Soudan", a indiqué le département d'Etat dans des communiqués.

La guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023 et oppose les forces paramilitaires à l'armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane, a fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes, plongeant le pays dans la "pire crise humanitaire" au monde selon l'ONU.

Washington a récemment durci le ton vis-à-vis des Forces de soutien rapide (FSR), et appelé à l'arrêt des livraisons d'armes et le soutien dont bénéficient les FSR, accusés de génocide au Soudan.

Les efforts diplomatiques en faveur d'une trêve se sont récemment intensifiés, notamment de la part du président Donald Trump qui s'est dit "horrifié" par les violences dans le pays, sans résultat pour le moment.

Concernant le réseau sanctionné, il "recrute d'anciens militaires colombiens et forme des soldats, y compris des enfants, pour combattre au sein du groupe paramilitaire soudanais", selon un communiqué du département du Trésor.

"Les FSR ont montré à maintes reprises qu'elles étaient prêtes à s'en prendre à des civils, y compris des nourrissons et des jeunes enfants", a déclaré John Hurley, sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, cité dans le communiqué.

Les sanctions américaines visent quatre personnes et quatre entités, dont Alvaro Andres Quijano Becerra, un ressortissant italo-colombien et ancien militaire colombien basé dans les Emirats, qui est accusé de "jouer un rôle central dans le recrutement et le déploiement d'anciens militaires colombiens au Soudan".

Ces sanctions consistent essentiellement en une interdiction d'entrée aux Etats-Unis, le gel des éventuels avoirs et interdit de leur apporter un soutien financier ou matériel.

Selon Washington, depuis septembre 2024, des centaines d'anciens militaires colombiens ont combattu au Soudan aux côtés des FSR.

Ils ont participé à de nombreuses batailles, dont la récente prise d'El-Facher, la dernière grande ville du Darfour (ouest) tombée dans les mains des FSR fin octobre.


Nationalisation du rail: Londres dévoile ses trains aux couleurs de l'Union Jack

Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement travailliste britannique dévoile le nouveau design des trains, aux couleurs de l’Union Jack
  • Après des décennies de privatisation marquées par retards, annulations et scandales, sept opérateurs sont déjà sous contrôle public et Great British Railways deviendra l’entité centrale du système ferroviaire

LONDRES: Le gouvernement travailliste du Royaume-Uni a présenté mardi le nouveau design des trains britanniques, aux couleurs de l'Union Jack, amorçant leur uniformisation dans le cadre de la nationalisation du secteur.

Le logo de la nouvelle entité qui chapeautera les trains britanniques, Great British Railways (GBR), ainsi que les nouvelles couleurs, commenceront à être "déployés au printemps prochain sur les trains" et les sites internet, souligne le ministère des Transports dans un communiqué.

Le projet de loi pour nationaliser le rail, actuellement en débat à la Chambre des Communes, avait été annoncé dès le retour des travaillistes au pouvoir en juillet 2024, après 14 ans de gouvernement conservateur.

"Sept grands opérateurs ferroviaires sont déjà sous contrôle public, couvrant un tiers de l'ensemble des voyages de passagers en Grande-Bretagne", est-il souligné dans le communiqué.

La compagnie ferroviaire South Western Railway, qui opère dans le sud-ouest de l'Angleterre, est devenue en mai dernier la première à repasser dans le giron public. Tous les opérateurs doivent être placés sous contrôle étatique d'ici la fin 2027.

La privatisation du secteur a eu lieu au milieu des années 1990 sous le Premier ministre conservateur John Major, dans la continuité de la politique libérale de Margaret Thatcher dans les années 1980.

Malgré la promesse d’un meilleur service, d’investissements accrus et de moindres dépenses pour l'Etat, le projet était alors très impopulaire, dénoncé par les syndicats, l'opposition, certains conservateurs et une large partie de la population.

Le nombre de passagers s'est accru dans un premier temps, tout comme les investissements.

Mais un déraillement causé par des micro-fissures dans les rails, qui a fait quatre morts en 2000, a profondément choqué l'opinion publique.

Les annulations et les retards sont aussi devenus monnaie courante et les passagers se sont plaints des prix.

Le réseau ferré est déjà redevenu public, géré par la société Network Rail.