«L'enfer nous est tombé dessus»: à Rafah, le désespoir après un raid israélien meurtrier

Des Palestiniens inspectent les dégâts au milieu des décombres d'un bâtiment où deux otages auraient été détenus avant d'être secourus lors d'une opération menée par les forces de sécurité israéliennes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 février 2024 (Photo, AFP).
Des Palestiniens inspectent les dégâts au milieu des décombres d'un bâtiment où deux otages auraient été détenus avant d'être secourus lors d'une opération menée par les forces de sécurité israéliennes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 février 2024 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 12 février 2024

«L'enfer nous est tombé dessus»: à Rafah, le désespoir après un raid israélien meurtrier

  • «Nous avons entendu un bombardement, sans avertissement», raconte Saïd al-Hams
  • Une centaine de personnes, selon le ministère de la Santé du Hamas, ont été tuées dans des frappes sur la ville, où s'entassent environ 1,4 million de Palestiniens

RAFAH: Majed n'avait que 40 jours lorsqu'il a été tué dans la nuit de dimanche à lundi à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, lors de l'opération israélienne accompagnée de bombardements meurtriers dans laquelle deux otages du Hamas ont été libérés.

"Nous avons entendu un bombardement, sans avertissement", raconte Saïd al-Hams, 26 ans, l'oncle de Majed, qui vit dans le camp de réfugiés de Rafah. Le bébé, "né il y a exactement 40 jours" et qui a "un jumeau", a été tué et leur mère blessée, dit-il.

Israël a libéré tôt lundi deux otages détenus à Rafah, ultime cible affichée de son offensive dans la bande de Gaza.

Une centaine de personnes, selon le ministère de la Santé du Hamas, ont été tuées dans des frappes sur la ville, où s'entassent environ 1,4 million de Palestiniens, selon l'ONU, piégés entre l'avancée israélienne et la frontière fermée avec l'Egypte. Des survivants ont raconté à l'AFP une nuit d'angoisse.

Lorsque les bombardements ont commencé, "c'est comme si l'enfer nous était tombé dessus (...) On dormait dans nos maisons, on n'était au courant de rien", se souvient Abou Souhhaïb, qui se trouvait à quelques dizaines de mètres du bâtiment d'où les forces israéliennes ont extrait les deux otages, enlevés en Israël le 7 octobre.

Il dit avoir entendu des tirs d'avions de combat, des coups de feu et l'atterrissage d'un hélicoptère, puis "une très grande bataille".

«Ils ont tué beaucoup de gens»

Lundi matin, un énorme tas de décombres - les restes de plusieurs bâtiments rasés par les frappes israéliennes - gisait à côté des débris de la maison de quatre étages où se trouvaient les otages, et qui appartenait à des Palestiniens ayant fui il y a deux mois, d'après des témoins.

Les bombardements ont également laissé cinq vastes cratères d'au moins dix mètres de large et cinq mètres de profondeur, selon un journaliste de l'AFP.

"Je ne saurais pas vous dire comment nous avons pu survivre cette nuit", a confié Abou Abdoullah al-Qadi. Les Israéliens "ont tué mon cousin, ils ont tué beaucoup de gens avec leurs bombardements", a-t-il dit à l'AFP, alors que des dizaines de personnes étaient rassemblées autour des habitations effondrées.

"Ils ont pris d'assaut ce bâtiment", ont "libéré des otages", puis "l'ont bombardé", ainsi que toutes les maisons autour, a-t-il ajouté.

Le camp de réfugiés de Rafah se trouve au coeur de la ville, où des centaines de milliers de Gazaouis se sont massés après avoir suivi les ordres donnés par l'armée d'évacuer les régions situées plus au nord.

«Nuit terrifiante»

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent menée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

Environ 250 personnes ont été enlevées. Après la libération lundi de deux Israélo-Argentins, 130 otages sont toujours détenus à Gaza, dont 29 seraient morts, selon Israël.

Israël a en représailles lancé une offensive dans la bande de Gaza qui y a fait plus de 28.300 morts, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.

Malgré l'inquiétude croissante de la communauté internationale, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré lundi que "seule la poursuite de la pression militaire" jusqu'à la "victoire" permettrait de libérer "tous les otages" retenus à Gaza.

Lundi à Rafah, des dizaines de familles, angoissées, ont commencé à emballer leurs maigres biens.

"La nuit a été terrifiante", souligne Alaa Mohammed, 42 ans et originaire du nord de la bande de Gaza, en démontant sa tente et en rassemblant couvertures et matelas.

"Ce qui s'est passé cette nuit laisse présager que quelque chose de grave va arriver à Rafah. Il semble bien que l'armée israélienne va y entrer comme elle l'a annoncé", dit-il.

La famille d'Alaa Mohammed prévoit de se replier dans la région de Deir el-Balah, dans le centre de Gaza, où les troupes israéliennes sont déjà passées. Après une nuit blanche, ses proches sont partis en quête d'un moyen de transport.

"J'espère que nous pourrons trouver une voiture ou un camion. Nous avons appelé plusieurs chauffeurs que nous connaissons, mais ils sont tous pris".


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Short Url
  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Short Url
  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".


Les clubs de la Saudi Pro League démentent toute discussion avec Mohamed Salah

Les clubs de football saoudiens n'ont pas envisagé de négocier le transfert de l'attaquant égyptien de Liverpool Mohamed Salah vers la Ligue professionnelle saoudienne, ont déclaré mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat. (X/@FabrizioRomano)
Les clubs de football saoudiens n'ont pas envisagé de négocier le transfert de l'attaquant égyptien de Liverpool Mohamed Salah vers la Ligue professionnelle saoudienne, ont déclaré mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat. (X/@FabrizioRomano)
Short Url
  • Un article d’Asharq Al-Awsat qualifie d’« rumeurs infondées » les insinuations médiatiques évoquant un possible départ de Salah vers le Royaume
  • Des sources affirment que les grands clubs Al-Hilal, Al-Nassr, Al-Ittihad et Al-Ahli, ainsi qu’Al-Qadisiyah et NEOM, n’ont jamais envisagé de contacter Salah, Liverpool ou son agent

RIYAD : Les clubs saoudiens n’ont à aucun moment envisagé de négocier le transfert de l’attaquant égyptien de Liverpool, Mohamed Salah, vers la Saudi Pro League, ont indiqué mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat.

Des spéculations médiatiques au sujet de possibles discussions entre Salah et des clubs du Royaume ont émergé plus tôt cette semaine, après que le joueur a critiqué la direction du Liverpool Football Club et l’entraîneur Arne Slot.

Cependant, des sources saoudiennes ont rejeté ces affirmations, les qualifiant de « news promotionnelles » diffusées par l’agent de Salah et son entourage.

Les clubs de la Roshn Saudi League « n’ont entrepris aucune démarche » en ce sens, notamment en raison du contrat actuel de Salah, valable jusqu’à la mi-2027, ont ajouté les sources.

Selon elles, impliquer des clubs saoudiens est devenu une pratique courante chez plusieurs joueurs internationaux en conflit avec leurs clubs, afin d’augmenter leur valeur sur le marché ou de créer un intérêt artificiel.

Les clubs Al-Hilal, Al-Nassr, Al-Ittihad et Al-Ahli, ainsi qu’Al-Qadisiyah et NEOM, n’ont tenu aucune discussion et n’ont même pas envisagé de prendre contact avec Salah, Liverpool ou son agent, ont précisé les sources.

Asharq Al-Awsat a publié mardi un démenti officiel d’une source au sein d’Al-Hilal, qualifiant les informations de « rumeurs sans fondement ».

Le journal a également publié un démenti similaire provenant de sources internes à Al-Qadisiyah, qui ont confirmé que le club, propriété d'Aramco, n'avait aucune intention de recruter Salah.

Omar Maghrabi, PDG de la SPL, a déclaré mercredi lors de son discours au World Football Summit que Salah serait le bienvenu dans le championnat saoudien, mais que les clubs restent les parties responsables des négociations avec les joueurs.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Asharq Al-Awsat