Une nouvelle entreprise américaine s'apprête à décoller pour la Lune

Un prototype de fusée à la Scorpius Space Launch Company à Torrance, en Californie, le 7 février 2024 (Photo, AFP).
Un prototype de fusée à la Scorpius Space Launch Company à Torrance, en Californie, le 7 février 2024 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 14 février 2024

Une nouvelle entreprise américaine s'apprête à décoller pour la Lune

  • La mission, nommée IM-1, envoie un alunisseur de plus de quatre mètres de haut développé par l'entreprise texane Intuitive Machines, fondée en 2013
  • L'engin sera lancé par une fusée Falcon 9 de SpaceX, dont le décollage est prévu au Centre spatial Kennedy à 00H57 (05H57 GMT) mercredi

ETATS-UNIS: Après l'échec de la tentative d'alunissage d'une première entreprise américaine le mois dernier, une autre société doit décoller de Floride pour la Lune dans la nuit de mardi à mercredi, emportant à son tour l'espoir de devenir la première firme privée à réussir à s'y poser.

La mission, nommée IM-1, envoie un alunisseur de plus de quatre mètres de haut développé par l'entreprise texane Intuitive Machines, fondée en 2013.

L'engin sera lancé par une fusée Falcon 9 de SpaceX, dont le décollage est prévu au Centre spatial Kennedy à 00H57 (05H57 GMT) mercredi. La météo s'annonce très favorable.

Peu après le décollage, l'alunisseur doit se détacher de l'étage supérieur de la fusée et être mis sous tension. Puis la communication devra être établie avec la salle de contrôle d'Intuitive Machines, située à Houston au Texas.

"C'est un moment de grande fierté pour nous tous à Intuitive Machines", a déclaré mardi lors d'une conférence de presse Trent Martin, vice-président en charge des systèmes spatiaux pour l'entreprise.

"La possibilité de permettre le retour des Etats-Unis sur la Lune pour la première fois depuis 1972", date de la fin du programme Apollo, "est un accomplissement technologique qui réclame une soif d'exploration", a-t-il ajouté.

Il s'agit de la première tentative lunaire pour cette entreprise, mais de la deuxième dans le cadre du nouveau programme CLPS de la Nasa, qui a chargé des sociétés privées d'emporter du matériel scientifique sur notre satellite naturel, afin d'y préparer le retour d'astronautes.

En janvier, l'entreprise Astrobotic avait échoué à atteindre la Lune à cause d'une fuite de carburant, et son alunisseur avait dû être volontairement détruit en vol.

La Nasa assume le risque d'échec de ces missions, confiées à de jeunes sociétés. Mais, selon elle, le jeu en vaut la chandelle: en s'appuyant sur le secteur privé comme simple cliente à bord de véhicules ne lui appartenant pas, l'agence spatiale dit pouvoir envoyer davantage de matériel, plus fréquemment et pour moins cher.

Outre six instruments de la Nasa, l'alunisseur emporte également six chargements privés, dont des sculptures de l'artiste contemporain Jeff Koons représentant les phases de la Lune.

La semaine prochaine 

Si tout fonctionne correctement, l'alunisseur tentera de se poser sur la Lune la semaine prochaine, le 22 février.

Grâce au carburant utilisé (oxygène et méthane liquides), permettant d'installer un "très gros moteur", le voyage jusqu'à la Lune se fait "très rapidement", a expliqué Trent Martin.

Le modèle de cet alunisseur est nommé Nova-C, et l'exemplaire utilisé pour cette première mission a été baptisé Odysseus.

Le lieu d'atterrissage prévu est un cratère près du pôle sud de la Lune, encore peu exploré.

Les six instruments de l'agence spatiale américaine embarqués doivent permettre d'étudier cet environnement particulier.

Quatre caméras observeront par exemple la phase de descente et la poussière projetée lors de l'atterrissage, afin de comparer ses effets à ceux des alunissages d'Apollo, réalisés plus près de l'équateur.

Le pôle sud de la Lune est important pour la Nasa, car c'est là que l'agence spatiale souhaite faire atterrir ses astronautes dans le cadre des missions Artémis. La raison: il s'y trouve de l'eau sous forme de glace, qui pourrait être exploitée.

Mais avec un Soleil en permanence très bas dans l'horizon, il peut aussi y faire extrêmement froid.

"Parce que l'environnement est très difficile, cela nous donnera un point de référence pour comprendre comment les panneaux solaires et les instruments y fonctionnent", a déclaré Susan Lederer, responsable de la partie scientifique du programme CLPS.

La mission Artémis 3, qui sera la première mission habitée à s'y poser, est désormais prévue pour 2026.

Flopée de missions

Le contrat signé par la Nasa pour cette première mission d'Intuitive Machines s'élève à 118 millions de dollars.

Deux autres missions de cette société vers la Lune, IM-2 et IM-3, sont prévues dès cette année. La Nasa est à chaque fois le "client principal", a précisé Trent Martin.

Outre Intuitive Machines et Astrobotic, une troisième société américaine, Firefly Aerospace, doit elle aussi tenter l'aventure en 2024.

Les essais d'autres compagnies, israélienne et japonaise, s'étaient soldés en 2019 et 2023 par des crashs.

Des agences nationales ont toutefois réussi à se poser sur la Lune récemment: l'Inde cet été, puis le Japon en janvier. Ils sont ainsi devenus les quatrième et cinquième pays à réussir l'opération, après l'Union soviétique, les Etats-Unis et la Chine.


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
Short Url
  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Short Url
  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Short Url
  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.