Famine attendue, violences et milliers de morts: les ONG dénoncent la «crise oubliée» au Soudan

Une femme et des enfants sont assis avec d'autres personnes déplacées par le conflit dans une mosquée de Wadi Halfa, ville frontalière du nord du Soudan, près de l'Égypte (Photo, AFP).
Une femme et des enfants sont assis avec d'autres personnes déplacées par le conflit dans une mosquée de Wadi Halfa, ville frontalière du nord du Soudan, près de l'Égypte (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 16 février 2024

Famine attendue, violences et milliers de morts: les ONG dénoncent la «crise oubliée» au Soudan

  • Dans ces conditions, ces populations sont souvent en proie aux épidémies de dengue ou de choléra
  • Chargé de communication pour Care international au Soudan, Shakir Elhassan a connu la triste expérience de devenir lui-même déplacé

PARIS: Shakir Elhassan a dû tout abandonner, avec femme et enfants, au début de la guerre au Soudan. Déplacé interne comme des millions de compatriotes, cet employé de l'ONG Care international dénonce une "crise oubliée", alors que les risques de famine se profilent.

Lui et les siens ont d'abord fui Khartoum pour Wad Madani, à 180 km au sud de la capitale, après le début en avril de combats meurtriers entre l'armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Mais mi-décembre, cette ville, devenue "hub humanitaire" pour la région selon l'ONU, a subi les attaques des paramilitaires. Shakir Elhassan raconte en être parti "avec pour seules affaires les vêtements" qu'il portait.

"Sur le bord de la route, des milliers de personnes en état de choc, essentiellement des femmes et des enfants, fuyaient les combats à pied", se souvient-il, interrogé par téléphone par l'AFP.

Chargé de communication pour Care international au Soudan, Shakir Elhassan a connu la triste expérience de devenir lui-même déplacé interne dans son pays, avec son épouse et ses trois enfants.

À Kassala, capitale de l'État du même nom située à 50 km de la frontière érythréenne où il vit désormais, il constate l'arrivée incessante d'autres déplacés "épuisés, affamés et malades pour beaucoup", contraints de "survivre dans des abris de fortune, sans ressources".

Dans ces conditions, ces populations sont souvent en proie aux épidémies de dengue ou de choléra.

Témoin impuissant des "besoins sans précédent" de son peuple, Shakir Elhassan dénonce une "catastrophe oubliée" du monde. À l'instar de toute la communauté humanitaire.

«Tout vendu»

Depuis le 15 avril, quand le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane et son adjoint devenu rival et patron des FSR, Mohamed Hamdan Daglo, ont démarré leur guerre, des milliers de civils ont été tués, dont entre 10.000 et 15.000 dans une seule ville du Darfour, selon les experts de l'ONU. Près de huit millions de personnes, dont la moitié d'enfants, ont fui leur foyer.

Plus de la moitié des 48 millions de Soudanais,  environ 25 millions de personnes, ont besoin d'assistance, dont 18 millions sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë, déplore l'ONU.

Après dix mois sans travail, et donc sans salaire, "les gens ont vendu tout ce qu'ils possédaient", dans un pays où l'inflation était déjà à trois chiffres avant la guerre, observe William Carter, directeur du Norwegian refugee council (NRC) au Soudan

La situation est devenue inextricable pour eux avec des prix "extrêmement élevés" et des boulangers qui "ne produisent même pas la moitié de leur capacité car ils n'ont ni farine ni blé", dit-il.

À peine rentré du Darfour, région déjà ravagée par des décennies de violences ethniques, M. Carter se dit "frappé" par "l'urgence alimentaire" qu'il a  constatée.

"Si rien n'est fait, on va droit vers une famine", s'alarmait mercredi l'ONG Solidarités internationales.

"Ce sera la plus grande crise humanitaire qu'a jamais connu le Soudan", l'un des pays les plus pauvres au monde, insiste auprès de l'AFP Justine Muzik Piquemal, directrice régionale de l'ONG.

"S'il n'y pas de nourriture importée par voie humanitaire, les gens n'auront rien car il n'y a rien sur les marchés", tonne-t-elle, "les gens vont mourir de faim."

Début février, Médecins sans frontières (MSF)constatait déjà la mort d'au moins un enfant toutes les deux heures dans le camp de Zamzam au Darfour, où vivent entre 300.000 et 500.000 déplacés.

«Mal absolu»

"Les enfants souffrant de malnutrition sévère qui ne sont pas encore décédés risquent de mourir dans les trois à six semaines s'ils ne sont pas soignés", avertissait encore MSF.

Le Tchad décrète l'état d'urgence alimentaire face à l'afflux de réfugiés soudanais

Le Tchad a déclaré l'"état d'urgence alimentaire et nutritionnelle" sur tout son territoire, selon un décret rendu public vendredi dans un des plus pauvres pays du monde, où ont afflué en dix mois plus d'un demi-million de réfugiés fuyant la guerre au Soudan.

Le décret du président de transition, Mahamat Idriss Déby Itno, signé jeudi, ne détaille ni les actions mises en oeuvre ni le nombre de personnes concernées, mais le Programme Alimentaire Mondial de l'ONU (PAM) avait alerté en novembre dernier sur un "arrêt imminent" de son aide face à l'afflux des réfugiés soudanais s'il ne parvenait pas à réunir les fonds internationaux nécessaire.

Le PAM fournissait alors "une assistance alimentaire et nutritionnelle à 1,4 millions de personnes" au Tchad, soit le nombre de déplacés internes et de réfugiés dans ce pays semi-désertique d'Afrique centrale, en raison des conflits en cours sur son territoire et chez ses voisins, Soudan, Centrafrique, Niger, Nigeria, Libye et Cameroun.

Selon l'Unicef, sans soutien international supplémentaire, "il est probable que des dizaines de milliers (d'enfants) meurent" au Soudan. "Nous risquons de perdre toute une génération", se désespère Deepmala Mahla, directrice humanitaire pour Care international.

Coordinatrice humanitaire de l'ONU au Soudan, Clémentine Nkweta-Salami se disait en novembre "à court de mots pour décrire les horreurs qui s'(y) produisent".

"Ce qui se passe frôle le mal absolu", disait-elle, citant des enfants "pris dans les tirs croisés" ou des petites filles violées devant leur mère.

"Quand on voit les montants débloqués en Ukraine, on n'est pas du tout dans les mêmes ordres de grandeur", dénonce Alice Verrier, en charge du Soudan chez Première Urgence Internationale. "La crise soudanaise est complètement oubliée."

L'ONU vient de lancer en février un appel de fonds de 4,1 milliards de dollars pour répondre cette année aux besoins humanitaires des Soudanais, dans leur pays et les pays voisins. En 2023, elle n'avait reçu que la moitié des financements demandés.


Au Vatican, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël

Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À la basilique Saint-Pierre, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël en tant que pape, plaçant son pontificat sous le signe de la charité, de l’espérance et de la dignité humaine
  • Fidèle à son appel à une paix « désarmée et désarmante », il s’apprête à renouveler ses appels à la trêve et à la paix mondiale

CITÉ DU VATICAN, SAINT-SIÈGE: Léon XIV a célébré mercredi soir la première messe de Noël de son pontificat dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, délivrant un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Peu avant la messe, le pape américain est sorti sur le parvis de la place Saint-Pierre pour saluer les quelque 5.000 fidèles massés sous la pluie pour suivre la cérémonie sur écrans géants, faute de place à l'intérieur de la basilique.

"La basilique Saint-Pierre est très grande, mais malheureusement pas assez pour tous vous accueillir. J'admire et respecte et vous remercie pour votre courage et votre envie d'être ici ce soir", a-t-il lancé en anglais.

Devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, Léon XIV, qui affiche un style plus discret que son prédécesseur François, a ensuite prononcé une homélie très religieuse sans évoquer directement de sujet d'actualité.

"Alors qu’une économie faussée conduit à traiter les hommes comme de la marchandise, Dieu se fait semblable à nous, révélant la dignité infinie de toute personne", a déclaré le pape.

"Proclamons la joie de Noël, qui est la fête de la foi, de la charité et de l’espérance", a-t-il ajouté.

Cette cérémonie commémorant la naissance du Christ, l'une des plus solennelles de l'année, a mêlé chants traditionnels et gestes symboliques. Le pape de 70 ans a décidé de la célébrer à un horaire plus tardif que sous le pontificat de François (19H30).

Autre changement majeur : Léon XIV présidera jeudi matin la messe du jour de Noël, renouant ainsi avec une tradition qui remontait au pontificat de Jean-Paul II (1978-2005).

Il prononcera ensuite à 12H00 (11H00 GMT) sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) en mondovision depuis le balcon de la basilique, lors de laquelle le pape se livre traditionnellement à un tour d’horizon des conflits dans le monde.

Fervent défenseur d’une paix "désarmée et désarmante", le chef de l'Eglise catholique devrait y renouveler ses appels à la paix. Mardi soir, Léon XIV a déjà demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

Aucun texte du Nouveau testament ne précise le jour et l'heure de naissance de Jésus de Nazareth. Sa célébration le 25 décembre dans la tradition chrétienne a été choisie au IVe siècle en Occident.

Ce Noël 2025 coïncide avec la clôture du Jubilé, "Année sainte" de l'Eglise qui a attiré des millions de pèlerins à Rome.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.