Après le Moyen-Orient et l'Europe, Blinken met le cap sur l'Amérique latine

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken arrive à l'hôtel Bayerischer Hof, lieu de la Conférence de Munich sur la sécurité (MSC), à Munich, dans le sud de l'Allemagne, le 16 février 2024 (Photo, AFP).
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken arrive à l'hôtel Bayerischer Hof, lieu de la Conférence de Munich sur la sécurité (MSC), à Munich, dans le sud de l'Allemagne, le 16 février 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 17 février 2024

Après le Moyen-Orient et l'Europe, Blinken met le cap sur l'Amérique latine

  • M. Blinken ne s'est pas rendu au Brésil, la première économie et le pays le plus peuplé d'Amérique latine, depuis sa nomination il y a trois ans
  • Lors de sa visite au Brésil, le chef de la diplomatie américaine devrait également évoquer la situation au Venezuela

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken se rendra pour la première fois la semaine prochaine au Brésil et en Argentine, a annoncé vendredi le département d'Etat alors que Washington cherche à renforcer les liens avec les leaders de ces deux pays d'Amérique latine.

Le secrétaire d'Etat rencontrera le président brésilien Lula à Brasilia et le nouveau chef d'Etat argentin Javier Milei à Buenos Aires. Il prendra également part à une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à Rio de Janeiro. A cette occasion, il pourrait avoir une rare entrevue avec son homologue russe Sergueï Lavrov.

M. Blinken, qui multiplie les tournées internationales et se trouve vendredi en Europe, ne s'est pas rendu au Brésil, la première économie et le pays le plus peuplé d'Amérique latine, depuis sa nomination il y a trois ans.

Une absence en partie liée au fait que le Brésil était jusqu'en 2023 gouverné par Jair Bolsonaro, président d'extrême droite et allié de Donald Trump.

Son successeur de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, 78 ans, qui avait déjà été président du Brésil de 2003 à 2010, s'est lui déjà rendu à Washington pour rencontrer le président démocrate Joe Biden.

Si les deux dirigeants partagent de mêmes ambitions de lutte contre le réchauffement climatique, de défense des droits du travail et des valeurs démocratiques, de nombreux autres points les séparent.

Lula ne partage par exemple pas la politique d'isolement de la Russie adoptée par Washington après le début de l'invasion russe en Ukraine, estimant que le président ukrainien Volodymyr Zelensky et les puissances occidentales ont une part de responsabilité dans la guerre.

«Pas à la hauteur»

Pour Bruna Santos, directrice de l'Institut brésilien du centre de recherches Wilson Center, l'administration Biden a fini par comprendre, après un an de mandat du président Lula, qu'"ils peuvent être bons amis, alliés parfois, mais aussi non alliés à d'autres moments".

Mais les Brésiliens estiment eux que l'administration Biden se focalise sur l'Ukraine et le Moyen-Orient et s'intéresse moins à l'Amérique latine, ajoute-t-elle.

"Il y a le sentiment que cette relation n'est pas à la hauteur de son potentiel et qu'elle n'est pas traitée comme une priorité", conclut-elle.

Lors de sa visite au Brésil, le chef de la diplomatie américaine devrait également évoquer la situation au Venezuela.

Les positions des deux pays divergent grandement à ce sujet, le président Lula étant resté silencieux, contrairement aux Américains, face au refus de Nicolas Maduro d'autoriser les candidats de l'opposition à se présenter aux élections.

Le Brésil a "des liens et des connections importants avec (l'administration) Maduro et est en mesure de lui faire passer des messages clés", a souligné vendredi Brian Nichols, haut responsable du département d'Etat pour l'Amérique latine.

En Argentine, Antony Blinken rencontrera le nouveau président ultralibéral Javier Milei, arrivé à la tête du pays en décembre.

Cet ancien polémiste, connu pour ses sorties provocantes et comparé à l'ancien président Donald Trump, doit se rendre quelques jours après sa rencontre avec M. Blinken à Washington pour participer aux côtés de Donald Trump à une convention de conservateurs.

L'administration démocrate de Biden a déjà assuré de sa volonté de collaborer avec le nouveau dirigeant argentin, qu'elle considère comme comme un allié potentiel, notamment du fait de leur soutien commun à Israël, en guerre à Gaza.

"Nous voulons être un partenaire de choix pour l'Argentine", a ainsi indiqué M. Nichols à la presse.

Les Etats-Unis vont ainsi encourager Javier Milei à opter pour des avions de combat américains plutôt que chinois dans le cadre d'un projet de modernisation de l'armée de l'air, a-t-il ajouté.

Lors de la dernière réunion des ministres des Affaires étrangères du G20, à New Delhi en mars 2023, M. Blinken avait eu sa seule rencontre en tête-à-tête avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov depuis l'invasion de l'Ukraine.

Une nouvelle rencontre à Rio de Janeiro se déroulerait à un moment où le soutien des Etats-Unis à Kiev bute au Congrès, en raison de l'opposition des républicains qui refusent pour l'instant d'approuver une nouvelle enveloppe d'aide cruciale.


Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir usé d'un agent chimique en Ukraine

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  • Washington a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères
  • Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies

WASHINGTON: Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un communiqué mercredi du département d'Etat.

En outre, la Russie se sert d'agents anti-émeutes comme "méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la convention", ajoute la diplomatie américaine dans ce texte.

"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille", écrit le département d'Etat.

Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.

Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.

"Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s'inscrit dans la même logique que les opérations d'empoisonnement d'Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok", poursuit le département d'Etat.

Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d'un grave empoisonnement qu'il avait attribué au Kremlin,

L'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.

La Russie a déclaré ne plus posséder d'arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d'inhalation, présente un risque pour la santé.

«Contournement» des sanctions 

"Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, d'avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.

Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays: les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l'Union européenne, la Belgique et la Slovaquie.

Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.

Enfin, les sanctions concernent aussi les infrastructures de gaz et pétrole russes, alors que Moscou cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures, en particulier vers la Chine. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est.

Ces sanctions prévoient notamment le gel des avoirs des entreprises ou personnes visées et présentes aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour des entités ou citoyens américains de faire affaire avec les cibles des sanctions.

Les membres du G7 ainsi que l'UE et plusieurs pays proches, tels que l'Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l'encontre de la Russie depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Les dernières sanctions ont en particulier ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.


Ukraine: une attaque russe de missiles à Odessa fait une dizaine de blessés

Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
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  • Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones
  • Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville

KIEV: Une attaque russe de missiles a fait une dizaine de blessés à Odessa, une ville portuaire ukrainienne déjà ciblée en début de semaine par des attaques meurtrières, ont rapporté les autorités locales dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Une nouvelle attaque russe de missiles balistiques" a touché Odessa, a rapporté le maire de cette ville du sud-ouest de l'Ukraine, Guennadiï Troukhanov, sur le réseau social Telegram.

"Des infrastructures civiles ont été détruites" et "13 personnes ont été blessées" dans l'attaque, a-t-il précisé, ajoutant que les pompiers combattaient "un incendie" d'ampleur, sans fournir davantage de détails.

Oleg Kiper, le gouverneur de la région d'Odessa, a de son côté affirmé qu'une "attaque russe de missile sur Odessa" avait blessé 14 personnes. "Des infrastructures civiles ont été endommagées, dont des entrepôts postaux", a-t-il ajouté.

Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones.

Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville. Et lundi, une attaque similaire conduite par Moscou y avait tué cinq personnes, d'après des responsables locaux.

La Russie frappe sans relâche les villes ukrainiennes depuis des mois et avance sur le front est de l'Ukraine avant l'arrivée d'armes américaines cruciales pour Kiev.


Guerre à Gaza: la Colombie rompt ses liens diplomatiques avec Israël

Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
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  • Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza
  • Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire"

BOGOTA: Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza.

Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire".

M. Petro avait vivement critiqué, à plusieurs reprises, la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza après les attaques sans précédent du Hamas dans le sud du territoire israélien le 7 octobre.

"Demain (jeudi), les relations diplomatiques avec l'Etat d'Israël seront rompues (parce qu'il a) un gouvernement, un président génocidaire", a déclaré mercredi le président colombien, lors d'un discours prononcé devant plusieurs milliers de partisans à Bogota à l'occasion du 1er-Mai.

En Israël, le chef du gouvernement est le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, tandis que le président, Isaac Herzog, a  un rôle avant tout symbolique.

"On ne peut pas revenir aux époques de génocide, d'extermination d'un peuple entier", a déclaré le président colombien. "Si la Palestine meurt, l'humanité meurt", a-t-il lancé, déclenchant les vivats de la foule.

Le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a aussitôt réagi en qualifiant Gustavo Petro d'"antisémite". "Le président colombien avait promis de récompenser les meurtriers et violeurs du Hamas, aujourd'hui il a tenu promesse", a écrit M. Katz sur X.

"Nous apprécions grandement la position du président colombien Gustavo Petro (...) que nous considérons comme une victoire pour les sacrifices de notre peuple et sa cause qui est juste", a déclaré pour sa part dans un communiqué la direction du Hamas, en appelant d'autres pays d'Amérique latine à "rompre" leurs relations avec Israël.