Dans des camps surchargés au Soudan du Sud, l'attente des réfugiés soudanais ayant fui les combats

Depuis le début du conflit, près de huit millions de personnes, dont la moitié sont des enfants, ont fui le Soudan – certaines d’entre elles vers le Sud-Soudan, qui peine à accueillir les nouveaux arrivants. (AFP)
Depuis le début du conflit, près de huit millions de personnes, dont la moitié sont des enfants, ont fui le Soudan – certaines d’entre elles vers le Sud-Soudan, qui peine à accueillir les nouveaux arrivants. (AFP)
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Publié le Mardi 20 février 2024

Dans des camps surchargés au Soudan du Sud, l'attente des réfugiés soudanais ayant fui les combats

  • La ville de Renk se trouve dans la partie septentrionale du Soudan du Sud, à une dizaine de kilomètres du Soudan
  • Environ 25 millions de personnes, plus de la moitié de la population soudanaise, ont besoin d'aide, dont près de 18 millions sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë

RENK: Un nouveau camion arrive. Des dizaines de femmes, de vieillards et d'enfants en descendent, les traits tirés. Comme eux, plusieurs centaines de milliers de personnes ont fui les combats au Soudan pour franchir la frontière au Soudan du Sud, où les réfugiés s'entassent dans des camps surchargés.

La ville de Renk se trouve dans la partie septentrionale du Soudan du Sud, à une dizaine de kilomètres du Soudan, ravagé par une guerre qui a éclaté en avril 2023 entre le chef de l'armée soudanaise Abdel Fattah al-Burhan et Mohamed Hamdan Daglo, son ancien adjoint et commandant des forces paramilitaires de soutien rapide (FSR).

Des milliers de civils ont été tués, dont entre 10.000 et 15.000 dans une seule ville du Darfour, selon les experts de l'ONU. Près de huit millions de personnes, dont la moitié d'enfants, ont fui leur foyer.

«Intenable»

Fatima Mohammed a mis cinq jours pour arriver à Renk. L'enseignante de 33 ans a fui les combats qui faisaient rage à El-Obeid, dans le centre du Soudan, avec son mari et ses cinq enfants.

"La situation était intenable: un jour, nous étions chez nous et les balles entraient dans notre maison. Nous étions coincés entre des tirs croisés dans notre propre rue", relate-t-elle.

Durant le trajet, "l'armée soudanaise et les FSR voulaient nous empêcher de quitter le pays. Ils ont pris tous nos téléphones à un poste de contrôle, et une grande partie de notre argent à un autre", dit-elle.

Depuis le début du conflit, quelque 560.000 personnes se sont réfugiées au Soudan du Sud, plus jeune Etat de la planète et l'un des moins développés, selon les Nations unies, qui estiment qu'environ 1.500 personnes arrivent chaque jour dans les deux centres de transit de Renk gérés par l'ONU, débordés face à cet afflux ininterrompu.

Iman David tient dans les bras son bébé de 10 mois. La jeune femme de 20 ans, d'origine sud-soudanaise et mariée à un Soudanais, attend depuis 7 mois dans le camp après avoir fui les affrontements armés à Khartoum. "J'ai dû laisser mon mari derrière moi (...) il voulait rester dans son pays(...) C'était censé être un court séjour, mais je suis toujours coincée ici", se lamente la jeune femme, qui n'a plus aucune nouvelle de son mari.

Environ 25 millions de personnes, plus de la moitié de la population soudanaise, ont besoin d'aide, dont près de 18 millions sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, et environ 3,8 millions d’enfants soudanais de moins de 5 ans souffrent de malnutrition, selon l'ONU.

«Mieux que Khartoum»

De nombreux réfugiés attendent depuis des mois de pouvoir rentrer chez eux. D'autres espèrent prendre un bateau dans le port de Renk pour rejoindre la ville de Malakal, dans l'Etat septentrional du Haut-Nil, qui accueille de nombreux déplacés.

Deux longues files, l'une composée de femmes, d'enfants et de vieillards, l'autre d'hommes, se forment sous une chaleur accablante pour pouvoir monter dans les bateaux, qui font la liaison au moins deux fois par semaine.

Lina Juna, 27 ans, attend son tour avec ses quatre enfants. Elle espère ensuite rejoindre Juba, la capitale sud-soudanaise. "Je n'ai rien à faire à Juba, pas de membres de ma famille ou d'amis, pas d'affaires ou de travail à gérer parce que j'ai passé toute ma vie au Soudan, mais j'espère que Juba sera bien mieux que Khartoum", dit-elle, espérant économiser assez d'argent pour que son mari puisse les rejoindre.

Après plusieurs heures d'attente, Lina Juna parvient à monter dans un bateau, avec quelque 600 autres personnes.

"Aujourd'hui est un bon jour pour nous", souligne Deng Samson, qui travaille pour l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), assurant que "certaines semaines, nous avons été complètement dépassés".

Mais il est inquiet: "Nous avons vraiment peur de ce qui se passera lorsque la saison des pluies arrivera, avec les eaux qui monteront du fleuve et perturberont le fonctionnement normal du port".

Alors qu'une dizaine de bus arrivent chaque jour à Renk, l'ONU tente de mobiliser la communauté internationale. Les Nations unies et leurs partenaires ont lancé le 7 février un appel de fonds de 4,1 milliards de dollars pour répondre aux besoins humanitaires les plus urgents des civils.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.