Nathalie Goulet confie à Arab News en français son enthousiasme pour l’avenir de l’Arabie saoudite

Nathalie Goulet, femme politique française et sénatrice de l'Orne depuis 2007 et membre de l’Union des démocrates et indépendants au Sénat, effectue une visite de quelques jours en Arabie saoudite afin d’assister au Forum des médias saoudiens. (Photo fournie).
Nathalie Goulet, femme politique française et sénatrice de l'Orne depuis 2007 et membre de l’Union des démocrates et indépendants au Sénat, effectue une visite de quelques jours en Arabie saoudite afin d’assister au Forum des médias saoudiens. (Photo fournie).
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Publié le Jeudi 22 février 2024

Nathalie Goulet confie à Arab News en français son enthousiasme pour l’avenir de l’Arabie saoudite

  • «L’IA est en passe de changer notre vie de façon radicale. En quelques années, elle est passée de l'ombre à la lumière, de la fiction à la réalité»
  • «Les journalistes se posent la question de leur liberté dans un système où l'information est financiarisée»

RIYAD: Nathalie Goulet, femme politique française et sénatrice de l'Orne depuis 2007 et membre de l’Union des démocrates et indépendants au Sénat, effectue une visite de quelques jours en Arabie saoudite afin d’assister au Forum des médias saoudiens, qui s’est tenu du 19 au 21 février puis à la Saudi Cup les 23 et 24.

En marge de ce forum, Nathalie Goulet a accordé à Arab News en français une interview exclusive durant laquelle elle a confié: «Je suis en Arabie d’abord pour participer au Forum des médias. C'est extrêmement important de voir la fusion, ce qui se déroule autour du secteur des médias dans une période mondialement très déstabilisée et comment l'Arabie saoudite, les pays environnants, mais aussi d'autres pays arabes interviennent dans le secteur des médias, qui est tout à fait essentiel.»

Le Forum des médias saoudiens

«Il est très intéressant de pouvoir écouter les uns et les autres et de voir toute cette industrie autour du média à l'heure de la déstabilisation mondiale, du complotisme, des fake news, de l'intelligence artificielle (IA), d'une financiarisation des médias. C’est peut-être la fin des médias papier. Donc, c'est un moment crucial et il est important de pouvoir assister à ce forum.»

«L’IA est en passe de changer notre vie de façon radicale. En quelques années, elle est passée de l'ombre à la lumière, de la fiction à la réalité. Les experts s'accordent à dire qu’elle va bouleverser notre monde plus profondément que toute autre technologie.»

À cet effet, Nathalie Goulet a expliqué: «Il y a eu un débat là-dessus ce matin. C'était d'ailleurs assez intéressant parce que, en réalité, avec la rapidité de l'information, avec un smartphone, je peux devenir journaliste, alors que je ne le suis pas. Avec l'intelligence artificielle, c'est peut-être simplement le contraire, on aura peut-être besoin des médias papier pour une déontologie, une réflexion, un recul par rapport aux événements et peut- être plus de crédibilité.»

«Un certain nombre de lecteurs se détourneront peut-être des médias en ligne pour aller vers l'original, c'est-à-dire le papier. Cela passe aussi, évidemment, par l'éducation aux médias d’une jeunesse qui doit apprendre à ouvrir un journal.»

Concernant la crédibilité de l’information et son impact sur l’ensemble de la société, Nathalie Goulet a posé durant cette interview un certain nombre de questions sur la collecte, la vérification, le traitement et la diffusion… Elle s’est également interrogée sur la publication d’informations non crédibles sur les réseaux sociaux.

Mme Goulet a confié à Arab News en français: «C'est un enjeu. Surtout, qui est journaliste aujourd’hui? Il faut revenir un peu à la base du métier de journaliste, de la déontologie… D'ailleurs, on a parlé ce matin de la nécessité de vérifier ses sources, d'attendre un peu avant de diffuser.»

«En effet, quand on diffuse des informations qui ne sont pas exactes, la vitesse de l'information a n'a rien à voir avec la vitesse du démenti. En fait, on peut ruiner des réputations, on peut ruiner des situations et on peut tuer des gens avec les médias.»

«De toute façon, l'arme de destruction massive aujourd'hui, ce sont les médias. C'est bien que l’on en parle au niveau régional. Je ne crois pas à de grandes initiatives internationales. Pour moi, ça ne fonctionne pas.»

«En revanche, des initiatives comme celle qui consiste à créer non pas un club saoudo-européen, mais un club entre l'Arabie saoudite et la France pour les médias puis de l’étendre à deux ou trois pays européens, éventuellement francophones, comme la Belgique, la Suisse, sont efficaces.»

«Il pourrait être très intéressant d'avancer sur ce sujet, parce qu'il y a de très grandes différences en ce qui concerne la liberté de la presse ici ou là. On le voit bien dans certains endroits où la presse n'est pas libre. Est-on libre de tout dire? Peut-on tout dire dans n'importe quelles conditions?»

«Ce sont vraiment des discussions de société, et la liberté de la presse est un sujet. Nous avons des débats en France en ce moment, notamment avec la financiarisation des chaînes télévisées et des médias traditionnels. Les journalistes se posent la question de leur liberté dans un système où l'information est financiarisée.»

Relations bilatérales

Au sujet des relations bilatérales, la sénatrice a affirmé: «Elles sont à leur meilleur niveau. D'abord avec une coopération très forte, mais aussi en termes d'image. En France, l'image de l'Arabie saoudite s'est vraiment beaucoup améliorée. Je pense que le travail de nos ambassadeurs respectifs y est pour quelque chose.»

«Je crois que c'est vraiment très visible, et puis l'ouverture du pays, on la voit sur les écrans. Les gens vont finir par avoir une autre image de l'Arabie saoudite, une image de modernité qu'elle mérite aujourd'hui compte tenu des efforts qui ont été faits et du résultat.»

«Quand j'ai rencontré le prince Mohammed ben Salmane à Paris, en 2016, il n'avait pas encore annoncé ces projets. Sa réforme de 2030 était en gestation et tout ce qu'il a annoncé ensuite, il l'a fait. Les fâcheux vous diront que ce n’est pas assez et que ça ne va pas assez vite. Ceux qui connaissent le pays depuis longtemps voient la différence.»

Place de la femme et Vision 2030

À propos de la Vision 2030, Mme Goulet a affirmé: «C’est une vision très importante pour l'Arabie, les Saoudiens et les Saoudiennes, mais aussi pour toute la région. La situation de la femme saoudienne a évolué, on l’a vu dans les médias, on le voit dans votre rédaction, où les femmes sont majoritaires, et on le voit dans le monde des affaires de la même façon.»

«Je pense que tout cela prend sa place, mais, vous savez, cela ne s'est pas fait en un jour en France non plus. On est obligé de voter des lois pour la parité très régulièrement. Donc je pense que les choses doivent prendre leur temps, mais il y a une jeunesse saoudienne qui pousse, avec des réformes de structure qui sont irréversibles.»

En tant que sénatrice, Nathalie Goulet recommande aux Saoudiennes d’étudier. «Je pense que l'éducation est aussi une clé, les langues étrangères, le français, bien sûr. C'est extrêmement important. L'indépendance financière et l'indépendance professionnelle sont des clés pour le développement et l’épanouissement des jeunes femmes.»

«Je crois beaucoup aux vertus du travail, c'est peut-être l'ancienne école… Je pense que les études sont très importantes, surtout dans un pays où elles sont très disponibles, très nombreuses et très ouvertes.»

«Il y a le fait de pouvoir voyager à l'étranger, de faire des stages, de pouvoir comparer, évidemment, et de revenir dans son pays pour y créer des entreprises. On le voit bien à AlUla, à Riyad, à Djeddah, où la culture et le sport contribuent à l’épanouissement quotidien… Tout ce qui peut aider à l’épanouissement des femmes doit être pris en considération. Cela ne retire rien aux sociétés traditionnelles et au respect des traditions. Je pense que les deux sont compatibles.»

«Les choses ont avancé très vite et je pense que les changements sociétaux sont toujours une période très difficile, car c'est un moment où les changements ne sont pas encore complètement ancrés. Cela peut aussi créer des tensions dans une société très traditionnelle comme l’est ou l’était la société saoudienne. Donc, c'est un moment où il faut soutenir ces mouvements.»

«Quand on voit, par exemple, ce qui se passe avec les femmes en Iran, on se rend compte à quel point les femmes saoudiennes sont désormais libérées. Si vous voyez ce qui se passe en Afghanistan, où les femmes sont privées d'éducation, de soins, en Iran, où elles sont maltraitées et persécutées pour un voile que les femmes saoudiennes ne sont plus obligées de mettre», a-t-elle ajouté.

Saudi Cup

«C'est le deuxième objectif de ma visite puisque je suis invitée à la Saudi Cup. Des éleveurs et des spécialistes de la filière équine de mon département sont très impliqués dans la gestion et le suivi des écuries de la famille royale. Pour l’encadrement technique spécifique et l'élevage des chevaux, il y aura des Français de très grande qualité. En tant que Normande, en tant qu’Ornaise, je dois dire que Le Haras national du Pin, que l’on appelle “le Versailles du cheval”, est un endroit absolument extraordinaire. C’est un haras national spectaculaire qui se trouve dans l'Orne.»

«Je pense que là encore, on pourrait avoir des coopérations. Je pense qu'il y a des équipes qui vont venir chez nous s'entraîner pour les Jeux olympiques. Ce sera une très bonne occasion de rencontrer les équipes saoudiennes. Tout est déjà assez bien organisé. Beaucoup de propriétaires du Golfe qui ont des haras en Normandie, mais je pense que l'on peut faire mieux.»

«La Vision 2030 change aussi les mentalités de gens qui ne seraient probablement pas venus en Arabie saoudite – ou seulement pour un événement – et qui viennent maintenant. Je dirais: “Regardez un peu ce qui se passe ici, avec un œil différent, voyez le changement des mentalités et l'excellence des rapports entre la France et l'Arabie saoudite en ce moment.”»

Conflit israélo-palestinien

Le conflit israélo-palestinien prend une trajectoire dangereuse; la situation humanitaire se dégrade et devient très alarmante. À ce sujet, la sénatrice a déclaré: «Je pense qu'on n'est plus du tout dans le rationnel. On est dans une situation qui est née du pogrom du 7 octobre et d'une réaction des autorités israéliennes, avec un Premier ministre israélien qui a son agenda, et je crains que cet agenda ne soit pas forcément favorable à la paix. Il y a des élections bientôt et il veut se maintenir au pouvoir.»

«C’est une situation absolument dramatique, d'abord d’un point de vue humain, pour les victimes du pogrom du 7 octobre et une situation humanitaire à Gaza qui est absolument tragique.»

«Avec la situation globale des Palestiniens, qui n'ont pas eu d'élections depuis très longtemps, une terrible corruption et, en plus, la bande de Gaza aux mains du Hamas, qui est quand même le bras armé des Frères musulmans dans la région, et donc une population qui est aussi prise en otage… Tout cela crée une situation globale extrêmement douloureuse.»

«Mais je crains de ne pas avoir beaucoup de pouvoir sur le sujet. On laisse les femmes afghanes mourir sous leurs burqas, les femmes iraniennes se faire massacrer dans les rues, l'Afrique de l'Ouest en plein désarroi… Il y a divers mouvements islamistes, on laisse des milliers de migrants mourir au milieu de la Méditerranée…»

«Notre civilisation et les organisations internationales ont tendance à laisser les choses en l'état. Ce n’est pas très glorieux. On peut se poser des questions sur l’efficacité des organisations internationales.»

Elle a ajouté: «Évidemment, on peut quand même contrôler les financements donnés, notamment par l'Union européenne, pour être sûrs qu’ils sont bien destinés aux populations et ne sont pas détournés.»

«En voyant que des membres de l'Office de secours et de travaux des nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa) qui ont participé au pogrom du 7 octobre, on peut s'interroger… Les Palestiniens de Gaza ont besoin de cette aide humanitaire. Donc c'est une tragédie absolue.»

«Mais la communauté internationale ne fait rien de concret, ni pour un cessez-le-feu ni pour récupérer les otages. Depuis le 7 octobre, cela commence à faire beaucoup. La population israélienne est en grève, elle est dans les rues, elle manifeste, elle veut récupérer les otages à tout prix, mais le Premier ministre israélien n'entend pas arrêter les bombardements. Lui, il a son agenda, mais sa population ne le suit pas forcément, comme vous pouvez vous en rendre compte tous les jours.»

«Je suis assez catastrophée et, en même temps, assez prudente par rapport aux positions définitives, parce qu'il y a tellement de vies en jeu. Et c'est une telle tragédie que personne ne peut rester insensible aux enfants de Gaza ni aux autres. Les vies, toutes les vies, valent la même chose. C'est une situation très compliquée et on voit là à quel point la communauté internationale est incapable de trouver une solution.»

Nathalie Goulet a terminé notre entretien sur ces mots: «La France a toujours soutenu la solution à deux États; je crois que ce qui s'est passé après le 7 octobre interdit complètement d'imaginer une solution à un État, parce que la haine a atteint un paroxysme et la défiance aussi. Je pense que ce qui se passe à Gaza finira par avoir des répercussions sur les relations diplomatiques avec Israël pour des pays qui n'en avaient pas jusque-là. Et les F16 ne font pas tout; il y a beaucoup de voix israéliennes qui s'élèvent aussi dans ce système.»


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".