Nathalie Goulet confie à Arab News en français son enthousiasme pour l’avenir de l’Arabie saoudite

Nathalie Goulet, femme politique française et sénatrice de l'Orne depuis 2007 et membre de l’Union des démocrates et indépendants au Sénat, effectue une visite de quelques jours en Arabie saoudite afin d’assister au Forum des médias saoudiens. (Photo fournie).
Nathalie Goulet, femme politique française et sénatrice de l'Orne depuis 2007 et membre de l’Union des démocrates et indépendants au Sénat, effectue une visite de quelques jours en Arabie saoudite afin d’assister au Forum des médias saoudiens. (Photo fournie).
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Publié le Jeudi 22 février 2024

Nathalie Goulet confie à Arab News en français son enthousiasme pour l’avenir de l’Arabie saoudite

  • «L’IA est en passe de changer notre vie de façon radicale. En quelques années, elle est passée de l'ombre à la lumière, de la fiction à la réalité»
  • «Les journalistes se posent la question de leur liberté dans un système où l'information est financiarisée»

RIYAD: Nathalie Goulet, femme politique française et sénatrice de l'Orne depuis 2007 et membre de l’Union des démocrates et indépendants au Sénat, effectue une visite de quelques jours en Arabie saoudite afin d’assister au Forum des médias saoudiens, qui s’est tenu du 19 au 21 février puis à la Saudi Cup les 23 et 24.

En marge de ce forum, Nathalie Goulet a accordé à Arab News en français une interview exclusive durant laquelle elle a confié: «Je suis en Arabie d’abord pour participer au Forum des médias. C'est extrêmement important de voir la fusion, ce qui se déroule autour du secteur des médias dans une période mondialement très déstabilisée et comment l'Arabie saoudite, les pays environnants, mais aussi d'autres pays arabes interviennent dans le secteur des médias, qui est tout à fait essentiel.»

Le Forum des médias saoudiens

«Il est très intéressant de pouvoir écouter les uns et les autres et de voir toute cette industrie autour du média à l'heure de la déstabilisation mondiale, du complotisme, des fake news, de l'intelligence artificielle (IA), d'une financiarisation des médias. C’est peut-être la fin des médias papier. Donc, c'est un moment crucial et il est important de pouvoir assister à ce forum.»

«L’IA est en passe de changer notre vie de façon radicale. En quelques années, elle est passée de l'ombre à la lumière, de la fiction à la réalité. Les experts s'accordent à dire qu’elle va bouleverser notre monde plus profondément que toute autre technologie.»

À cet effet, Nathalie Goulet a expliqué: «Il y a eu un débat là-dessus ce matin. C'était d'ailleurs assez intéressant parce que, en réalité, avec la rapidité de l'information, avec un smartphone, je peux devenir journaliste, alors que je ne le suis pas. Avec l'intelligence artificielle, c'est peut-être simplement le contraire, on aura peut-être besoin des médias papier pour une déontologie, une réflexion, un recul par rapport aux événements et peut- être plus de crédibilité.»

«Un certain nombre de lecteurs se détourneront peut-être des médias en ligne pour aller vers l'original, c'est-à-dire le papier. Cela passe aussi, évidemment, par l'éducation aux médias d’une jeunesse qui doit apprendre à ouvrir un journal.»

Concernant la crédibilité de l’information et son impact sur l’ensemble de la société, Nathalie Goulet a posé durant cette interview un certain nombre de questions sur la collecte, la vérification, le traitement et la diffusion… Elle s’est également interrogée sur la publication d’informations non crédibles sur les réseaux sociaux.

Mme Goulet a confié à Arab News en français: «C'est un enjeu. Surtout, qui est journaliste aujourd’hui? Il faut revenir un peu à la base du métier de journaliste, de la déontologie… D'ailleurs, on a parlé ce matin de la nécessité de vérifier ses sources, d'attendre un peu avant de diffuser.»

«En effet, quand on diffuse des informations qui ne sont pas exactes, la vitesse de l'information a n'a rien à voir avec la vitesse du démenti. En fait, on peut ruiner des réputations, on peut ruiner des situations et on peut tuer des gens avec les médias.»

«De toute façon, l'arme de destruction massive aujourd'hui, ce sont les médias. C'est bien que l’on en parle au niveau régional. Je ne crois pas à de grandes initiatives internationales. Pour moi, ça ne fonctionne pas.»

«En revanche, des initiatives comme celle qui consiste à créer non pas un club saoudo-européen, mais un club entre l'Arabie saoudite et la France pour les médias puis de l’étendre à deux ou trois pays européens, éventuellement francophones, comme la Belgique, la Suisse, sont efficaces.»

«Il pourrait être très intéressant d'avancer sur ce sujet, parce qu'il y a de très grandes différences en ce qui concerne la liberté de la presse ici ou là. On le voit bien dans certains endroits où la presse n'est pas libre. Est-on libre de tout dire? Peut-on tout dire dans n'importe quelles conditions?»

«Ce sont vraiment des discussions de société, et la liberté de la presse est un sujet. Nous avons des débats en France en ce moment, notamment avec la financiarisation des chaînes télévisées et des médias traditionnels. Les journalistes se posent la question de leur liberté dans un système où l'information est financiarisée.»

Relations bilatérales

Au sujet des relations bilatérales, la sénatrice a affirmé: «Elles sont à leur meilleur niveau. D'abord avec une coopération très forte, mais aussi en termes d'image. En France, l'image de l'Arabie saoudite s'est vraiment beaucoup améliorée. Je pense que le travail de nos ambassadeurs respectifs y est pour quelque chose.»

«Je crois que c'est vraiment très visible, et puis l'ouverture du pays, on la voit sur les écrans. Les gens vont finir par avoir une autre image de l'Arabie saoudite, une image de modernité qu'elle mérite aujourd'hui compte tenu des efforts qui ont été faits et du résultat.»

«Quand j'ai rencontré le prince Mohammed ben Salmane à Paris, en 2016, il n'avait pas encore annoncé ces projets. Sa réforme de 2030 était en gestation et tout ce qu'il a annoncé ensuite, il l'a fait. Les fâcheux vous diront que ce n’est pas assez et que ça ne va pas assez vite. Ceux qui connaissent le pays depuis longtemps voient la différence.»

Place de la femme et Vision 2030

À propos de la Vision 2030, Mme Goulet a affirmé: «C’est une vision très importante pour l'Arabie, les Saoudiens et les Saoudiennes, mais aussi pour toute la région. La situation de la femme saoudienne a évolué, on l’a vu dans les médias, on le voit dans votre rédaction, où les femmes sont majoritaires, et on le voit dans le monde des affaires de la même façon.»

«Je pense que tout cela prend sa place, mais, vous savez, cela ne s'est pas fait en un jour en France non plus. On est obligé de voter des lois pour la parité très régulièrement. Donc je pense que les choses doivent prendre leur temps, mais il y a une jeunesse saoudienne qui pousse, avec des réformes de structure qui sont irréversibles.»

En tant que sénatrice, Nathalie Goulet recommande aux Saoudiennes d’étudier. «Je pense que l'éducation est aussi une clé, les langues étrangères, le français, bien sûr. C'est extrêmement important. L'indépendance financière et l'indépendance professionnelle sont des clés pour le développement et l’épanouissement des jeunes femmes.»

«Je crois beaucoup aux vertus du travail, c'est peut-être l'ancienne école… Je pense que les études sont très importantes, surtout dans un pays où elles sont très disponibles, très nombreuses et très ouvertes.»

«Il y a le fait de pouvoir voyager à l'étranger, de faire des stages, de pouvoir comparer, évidemment, et de revenir dans son pays pour y créer des entreprises. On le voit bien à AlUla, à Riyad, à Djeddah, où la culture et le sport contribuent à l’épanouissement quotidien… Tout ce qui peut aider à l’épanouissement des femmes doit être pris en considération. Cela ne retire rien aux sociétés traditionnelles et au respect des traditions. Je pense que les deux sont compatibles.»

«Les choses ont avancé très vite et je pense que les changements sociétaux sont toujours une période très difficile, car c'est un moment où les changements ne sont pas encore complètement ancrés. Cela peut aussi créer des tensions dans une société très traditionnelle comme l’est ou l’était la société saoudienne. Donc, c'est un moment où il faut soutenir ces mouvements.»

«Quand on voit, par exemple, ce qui se passe avec les femmes en Iran, on se rend compte à quel point les femmes saoudiennes sont désormais libérées. Si vous voyez ce qui se passe en Afghanistan, où les femmes sont privées d'éducation, de soins, en Iran, où elles sont maltraitées et persécutées pour un voile que les femmes saoudiennes ne sont plus obligées de mettre», a-t-elle ajouté.

Saudi Cup

«C'est le deuxième objectif de ma visite puisque je suis invitée à la Saudi Cup. Des éleveurs et des spécialistes de la filière équine de mon département sont très impliqués dans la gestion et le suivi des écuries de la famille royale. Pour l’encadrement technique spécifique et l'élevage des chevaux, il y aura des Français de très grande qualité. En tant que Normande, en tant qu’Ornaise, je dois dire que Le Haras national du Pin, que l’on appelle “le Versailles du cheval”, est un endroit absolument extraordinaire. C’est un haras national spectaculaire qui se trouve dans l'Orne.»

«Je pense que là encore, on pourrait avoir des coopérations. Je pense qu'il y a des équipes qui vont venir chez nous s'entraîner pour les Jeux olympiques. Ce sera une très bonne occasion de rencontrer les équipes saoudiennes. Tout est déjà assez bien organisé. Beaucoup de propriétaires du Golfe qui ont des haras en Normandie, mais je pense que l'on peut faire mieux.»

«La Vision 2030 change aussi les mentalités de gens qui ne seraient probablement pas venus en Arabie saoudite – ou seulement pour un événement – et qui viennent maintenant. Je dirais: “Regardez un peu ce qui se passe ici, avec un œil différent, voyez le changement des mentalités et l'excellence des rapports entre la France et l'Arabie saoudite en ce moment.”»

Conflit israélo-palestinien

Le conflit israélo-palestinien prend une trajectoire dangereuse; la situation humanitaire se dégrade et devient très alarmante. À ce sujet, la sénatrice a déclaré: «Je pense qu'on n'est plus du tout dans le rationnel. On est dans une situation qui est née du pogrom du 7 octobre et d'une réaction des autorités israéliennes, avec un Premier ministre israélien qui a son agenda, et je crains que cet agenda ne soit pas forcément favorable à la paix. Il y a des élections bientôt et il veut se maintenir au pouvoir.»

«C’est une situation absolument dramatique, d'abord d’un point de vue humain, pour les victimes du pogrom du 7 octobre et une situation humanitaire à Gaza qui est absolument tragique.»

«Avec la situation globale des Palestiniens, qui n'ont pas eu d'élections depuis très longtemps, une terrible corruption et, en plus, la bande de Gaza aux mains du Hamas, qui est quand même le bras armé des Frères musulmans dans la région, et donc une population qui est aussi prise en otage… Tout cela crée une situation globale extrêmement douloureuse.»

«Mais je crains de ne pas avoir beaucoup de pouvoir sur le sujet. On laisse les femmes afghanes mourir sous leurs burqas, les femmes iraniennes se faire massacrer dans les rues, l'Afrique de l'Ouest en plein désarroi… Il y a divers mouvements islamistes, on laisse des milliers de migrants mourir au milieu de la Méditerranée…»

«Notre civilisation et les organisations internationales ont tendance à laisser les choses en l'état. Ce n’est pas très glorieux. On peut se poser des questions sur l’efficacité des organisations internationales.»

Elle a ajouté: «Évidemment, on peut quand même contrôler les financements donnés, notamment par l'Union européenne, pour être sûrs qu’ils sont bien destinés aux populations et ne sont pas détournés.»

«En voyant que des membres de l'Office de secours et de travaux des nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa) qui ont participé au pogrom du 7 octobre, on peut s'interroger… Les Palestiniens de Gaza ont besoin de cette aide humanitaire. Donc c'est une tragédie absolue.»

«Mais la communauté internationale ne fait rien de concret, ni pour un cessez-le-feu ni pour récupérer les otages. Depuis le 7 octobre, cela commence à faire beaucoup. La population israélienne est en grève, elle est dans les rues, elle manifeste, elle veut récupérer les otages à tout prix, mais le Premier ministre israélien n'entend pas arrêter les bombardements. Lui, il a son agenda, mais sa population ne le suit pas forcément, comme vous pouvez vous en rendre compte tous les jours.»

«Je suis assez catastrophée et, en même temps, assez prudente par rapport aux positions définitives, parce qu'il y a tellement de vies en jeu. Et c'est une telle tragédie que personne ne peut rester insensible aux enfants de Gaza ni aux autres. Les vies, toutes les vies, valent la même chose. C'est une situation très compliquée et on voit là à quel point la communauté internationale est incapable de trouver une solution.»

Nathalie Goulet a terminé notre entretien sur ces mots: «La France a toujours soutenu la solution à deux États; je crois que ce qui s'est passé après le 7 octobre interdit complètement d'imaginer une solution à un État, parce que la haine a atteint un paroxysme et la défiance aussi. Je pense que ce qui se passe à Gaza finira par avoir des répercussions sur les relations diplomatiques avec Israël pour des pays qui n'en avaient pas jusque-là. Et les F16 ne font pas tout; il y a beaucoup de voix israéliennes qui s'élèvent aussi dans ce système.»


Les civils du Liban-Sud, premières victimes de la guerre entre Israël et le Hezbollah

Des milliers de familles des villes et villages du Liban-Sud ont fui dès les premiers échanges de tirs. (Photo, AN)
Des milliers de familles des villes et villages du Liban-Sud ont fui dès les premiers échanges de tirs. (Photo, AN)
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  • Des milliers de familles des villes et villages du Liban-Sud ont fui dès les premiers échanges de tirs
  • Beaucoup de ces communautés sont désormais des villes fantômes, ayant perdu environ 90% de leurs habitants

BEYROUTH: Depuis plus de six mois, une guerre non déclarée fait rage le long de la frontière sud du Liban avec Israël, entraînant le déplacement de quelque 92 000 citoyens libanais et la destruction d’habitations, d’entreprises et de terrains agricoles.

La ligne de front de ce conflit entre le Hezbollah et les forces armées israéliennes s’étend sur quelque 850 kilomètres, incluant des parties de la Ligne bleue surveillée par l’ONU. Les missiles tirés par les deux camps s’engouffrent jusqu’à 15 kilomètres à l’intérieur de leurs territoires respectifs.

Bien que les échanges soient restés relativement maîtrisés, les attaques israéliennes ont causé des pertes parmi les civils, endommagé et détruit des maisons, des infrastructures et des terrains agricoles. Elles ont par ailleurs déclenché des incendies de forêt. Les civils des deux côtés de la frontière ont été déplacés.

«Notre village est situé juste à la frontière et il n’y a plus que 100 habitants sur 1 000. Les autres n’ont pas réussi à trouver d’autres moyens de subsistance», déclare Jean Ghafri, maire d’Alma el-Chaab, un village à majorité chrétienne dans le district de Tyr, lors d’un entretien accordé à Arab News.

«Jusqu’à présent, les bombardements ont détruit 94 maisons. 60% des oliveraies, des vergers de manguiers et d’avocats, des vignobles, des oliviers et des caroubiers ont été brûlés. Certains des oliviers brûlés ont trois cents ans.»

La plupart des habitants de la région frontalière sont chiites. Les autres sont sunnites, druzes et chrétiens. Il y a aussi des dizaines de familles de réfugiés syriens, quelque 10 000 soldats de la Finul et plusieurs milliers de soldats libanais.

Des membres de la milice libanaise du Hezbollah, soutenue par l’Iran, ont commencé à lancer des attaques à la roquette contre Israël le 8 octobre, un jour après que l’attaque menée par le Hamas contre le sud d’Israël a déclenché la guerre à Gaza.

 

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Un bulldozer déblaie les décombres après une frappe israélienne sur une maison du village de Sultaniyé, au sud du Liban. (AFP)

Depuis, le Hezbollah et l’armée israélienne ont échangé des tirs le long de la frontière commune, faisant craindre que le conflit à Gaza ne déborde et n’engloutisse le Liban dans une guerre dévastatrice rappelant l’invasion israélienne de 2006.

«Le village, bien que situé dans une zone de conflit, n’avait pas connu un tel niveau de destruction directe lors de la guerre de 2006», poursuit M. Ghafri. «Il est impossible de connaître l’ampleur exacte des dégâts car la zone est considérée comme une zone de guerre. Ceux qui sont encore sur place reçoivent des rations alimentaires de la part d’organisations religieuses ou internationales.»

Dhaïra est un autre village qui subit de violents bombardements sur une base presque quotidienne depuis le début du conflit. C’est depuis sa frontière voisine que le Hezbollah a lancé son assaut militaire le 8 octobre.

Son maire, Abdallah Ghouraïb, dénombre «dix-sept maisons entièrement détruites et des dizaines qui ne sont plus habitables en raison de la puissance des bombardements».

Il explique: «Il n’y a qu’une seule femme, Radhya Atta Sweid, 75 ans, qui a tenu à rester dans sa maison. Elle y était restée aussi pendant la guerre de 2006. Sa belle-sœur, qui se trouvait avec elle dans la maison, a été tuée et elle est restée là.»

Hassan Sheit, le maire de Kfar Kila, un village situé à quelques pas de la frontière israélienne, a brossé un tableau similaire de destruction et de déplacement.

«Les pertes matérielles sont considérables. Été comme hiver, les habitants vivent dans ce village et il ne reste que 7% des 6 000 habitants», déclare M. Sheit à Arab News.

«Contraints au déplacement, les gens se sont retrouvés sans abri, habitant chez des proches et dans des appartements loués. Ils vivent de l’aide – financière et en nature – de la société civile et du Hezbollah.»

 

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Des flammes s'élèvent dans un champ près du village frontalier de Bourj al-Mamlouk à la suite d’une frappe israélienne. (Reuters)

«Le village a perdu quinze martyrs dans les bombardements israéliens. Même pendant la guerre de 2006, nous n’avions pas vécu ce que nous vivons aujourd’hui.»

Des milliers de familles des villes et villages du Liban-Sud ont fui dès les premiers échanges de tirs. Beaucoup de ces communautés sont désormais des villes fantômes, ayant perdu environ 90% de leurs habitants.

Les personnes déplacées, pour la plupart des femmes et des enfants, ont élu domicile dans des villages plus éloignés de la frontière, notamment dans les zones autour de Tyr, Nabatieh, Zahrani, Sidon, Jezzine et même dans la banlieue sud de Beyrouth, où elles louent des appartements ou séjournent chez des proches.

Ceux qui n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins ont été contraints de résider dans des refuges créés par les autorités locales. Ces abris, pour la plupart situés dans des bâtiments scolaires, sont concentrés dans la ville de Tyr, à proximité de leurs villes et villages.

Ce déplacement prolongé s’est accompagné de difficultés économiques engendrées par la crise financière qui a frappé le Liban à la fin de 2019. Par ailleurs, de nombreux Libanais du sud ont perdu leurs moyens de subsistance à la suite de leur déplacement.

 

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Funérailles des membres du Hezbollah Ismaïl Baz et Mohammed Hussein Chohury, tués lors d’une frappe israélienne contre leurs véhicules, à Chehabiya. (AFP)

M. Ghafri, le maire d’Alma el-Chaab, soutient que plusieurs résidents déplacés ont déclaré que les dépenses à Beyrouth étaient différentes de celles des villages. On lui a même dit que les habitants «ne travaillent pas et n’ont donc aucun revenu à l’exception de l’aide en nature fournie par les organisations civiles et internationales et les riches expatriés».

«Il n’y a ni partis politiques ni militants à Alma el-Chaab. Toute la population soutient l’État libanais et refuse que son village soit utilisé comme champ de bataille. Les gens s’inquiètent pour leur avenir et j’essaie de transmettre cette position au Hezbollah.»

Ceux qui bénéficiaient initialement d’un loyer réduit ou gratuit se voient désormais demander de payer davantage ou de partir. Le loyer de certains appartements serait passé de 100 à 1 000 dollars par mois, mettant à rude épreuve l’épargne et les revenus des ménages.


Une bande de colons israéliens attaque un convoi humanitaire jordanien à destination de Gaza

Cette photo montre un convoi humanitaire transportant un hôpital de campagne jordanien qui arrive à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 novembre 2023, après avoir traversé le poste-frontière de Rafah avec l’Égypte. (AFP)
Cette photo montre un convoi humanitaire transportant un hôpital de campagne jordanien qui arrive à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 novembre 2023, après avoir traversé le poste-frontière de Rafah avec l’Égypte. (AFP)
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  • Le gouvernement jordanien a condamné l’attaque et déclaré qu’il tenait les autorités israéliennes pleinement responsables d’assurer la protection des convois humanitaires
  • M. Blinken a déclaré qu’Israël devait déployer davantage d’efforts en matière d’aide, en établissant un mécanisme de désescalade du conflit avec les organismes humanitaires

DJEDDAH: Une bande de colons israéliens en Cisjordanie occupée a attaqué mercredi deux convois d’aide humanitaire transitant de la Jordanie vers Gaza, a annoncé le gouvernement jordanien.

Israël a rouvert, mercredi, le seul passage situé à la limite nord de la bande de Gaza, permettant aux camions d’aide de passer par le point de contrôle d’Erez, à la suite des appels américains à déployer davantage d’efforts pour faire face à la crise humanitaire croissante.

Un convoi de 31 camions se dirigeait vers le point de passage d’Erez au nord de Gaza et l’autre, qui comprenait 48 camions, vers le point de passage de Kerem Shalom au sud de Gaza. Ils transportaient de la nourriture et de la farine, entre autres aides humanitaires.

«Deux convois jordaniens transportant de la nourriture, de la farine et d’autres aides humanitaires vers la bande de Gaza ont été attaqués par des colons», a indiqué le ministère, sans fournir plus de détails sur l’incident.

Les deux convois ont réussi à poursuivre leur chemin et à atteindre leur destination dans la bande de Gaza ravagée par la guerre, a ajouté le ministère dans un communiqué. Une telle route vers la bande de Gaza les aurait conduits à travers la Cisjordanie occupée et Israël.

Honenu, une agence israélienne d’aide juridique, a déclaré que la police avait arrêté quatre colons qui bloquaient les camions d’aide alors que les convois passaient près de la colonie de Maale Adumim en Cisjordanie. Les camions ont poursuivi leur route jusqu’à leurs destinations.

Le gouvernement jordanien a condamné l’attaque et déclaré qu’il tenait les autorités israéliennes pleinement responsables d’assurer la protection des convois humanitaires et des organismes internationaux.

La Jordanie a largué de l’aide par voie aérienne et envoyé des convois vers l’ouest par voie terrestre pour soutenir les Palestiniens de Gaza tout au long de la guerre, qui a éclaté le 7 octobre, entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas au pouvoir à Gaza.

La réouverture du passage d’Erez est l’une des principales revendications des organismes d’aide internationale depuis des mois, pour lutter contre la faim considérée comme le fléau le plus grave parmi les centaines de milliers de civils du secteur nord de l’enclave.

Mercredi en Israël, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a exhorté le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à permettre l’acheminement d’une aide supplémentaire à Gaza. Israël est la dernière étape de la tournée du plus haut diplomate américain au Moyen-Orient. Il s’agit de sa septième visite dans la région.

M. Blinken a visité un complexe au point de passage de Kerem Shalom où sont retenus, pour inspection, les camions d’aide à destination de Gaza. Il a visité le port d’Ashdod, dans le sud, qui a récemment commencé à recevoir de l’aide pour Gaza.

Plus tôt, au cours de plus de deux heures de discussions avec Netanyahou, M. Blinken a noté «une amélioration au niveau de l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza depuis l’appel entre le président Biden et le Premier ministre Netanyahou le 4 avril. Il a insisté sur l’importance d’accélérer et de maintenir cette amélioration», a déclaré le département d’État.

M. Blinken a déclaré qu’Israël devait déployer davantage d’efforts en matière d’aide, en établissant un mécanisme de désescalade du conflit avec les organismes humanitaires et en s’assurant qu’il y ait suffisamment de chauffeurs et de camions à Gaza pour acheminer l’aide là où elle était nécessaire.

Il affirme qu’une liste claire d’articles humanitaires est également nécessaire pour garantir que les expéditions d’aide ne soient pas arbitrairement refusées à l’entrée à Gaza par le service d’inspection israélien – un processus que les groupes humanitaires dénoncent comme goulot d’étranglement majeur.

Alors que l’objectif de la visite de M. Blinken était d’apporter davantage d’aide aux Palestiniens à Gaza, Washington a également averti Israël de ne pas lancer une attaque planifiée contre la ville de Rafah, dans le sud du pays.

Mardi, Netanyahou a déclaré qu’Israël mènerait une opération contre le Hamas à Rafah, même si un accord de cessez-le-feu et de libération des otages était conclu.

Le chef de l’aide humanitaire de l’ONU, Martin Griffiths, a déclaré que les améliorations apportées par Israël à l’acheminement de l’aide à Gaza «ne peuvent pas être utilisées pour préparer ou justifier une attaque militaire à grande échelle contre Rafah».

(Avec agences)

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Commission saoudienne du patrimoine et l’université japonaise de Kanazawa s'associent pour des travaux archéologiques

L’accord de coopération scientifique qui a été conclu mardi porte sur des travaux de prospection à Jouf et à Tabouk. (SPA)
L’accord de coopération scientifique qui a été conclu mardi porte sur des travaux de prospection à Jouf et à Tabouk. (SPA)
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  • L’accord stratégique prévoit notamment des études scientifiques sur le terrain, l’élargissement de la diffusion des résultats des prospections et des fouilles
  • Il se traduira également par un plus grand nombre de données et de rapports scientifiques qui permettront de repérer les modèles ruraux sur les deux sites

DUBAÏ: La Commission saoudienne du patrimoine et l’université japonaise de Kanazawa vont collaborer à des travaux archéologiques sur deux sites préhistoriques.

L’accord de coopération scientifique qui a été conclu mardi porte sur des travaux de prospection à Jouf et à Tabouk. Il témoigne de l’engagement de la commission à étendre son travail de terrain et ses prospections archéologiques à l’ensemble du Royaume ainsi qu’à renforcer ses partenariats scientifiques avec des universités et des centres spécialisés dans le monde entier.

L’accord stratégique prévoit des études scientifiques sur le terrain, l’élargissement de la diffusion des résultats des prospections et des fouilles ainsi que l’attraction d’experts scientifiques de renom. Il se traduira également par un plus grand nombre de données et de rapports scientifiques qui permettront de repérer les modèles ruraux sur les deux sites.

La signature, qui a eu lieu à Riyad, s’est déroulée en présence de Jasser al-Harbash, président de la Commission saoudienne du patrimoine, et de Fumio Iwai, ambassadeur du Japon en Arabie saoudite.

 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com