Entre heurts et annonces, journée chaotique pour Macron au Salon de l'agriculture

Des gendarmes se battent avec des agriculteurs rassemblés pour protester avant l'ouverture du 60e Salon international de l'agriculture, au parc des expositions de la Porte Versailles à Paris, le 24 février 2024. (Photo Kiran Ridley AFP)
Des gendarmes se battent avec des agriculteurs rassemblés pour protester avant l'ouverture du 60e Salon international de l'agriculture, au parc des expositions de la Porte Versailles à Paris, le 24 février 2024. (Photo Kiran Ridley AFP)
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Publié le Dimanche 25 février 2024

Entre heurts et annonces, journée chaotique pour Macron au Salon de l'agriculture

  • Sur le fond, le président français s'est efforcé toute la journée de prouver que les agriculteurs avaient été écoutés par l'exécutif et les réformes lancées
  • De larges périmètres de sécurité ont été créés autour d'Emmanuel Macron qui, après les huées de la première partie de la journée, a pu ensuite déambuler dans un autre hall dans le calme

PARIS: Emmanuel Macron a quitté samedi soir le Salon de l'agriculture après 13 heures d'une visite marquée par des huées et des heurts d'une rare intensité, alors que l'exécutif cherchait depuis un mois à apaiser le mouvement de colère des agriculteurs avant leur grand rendez-vous annuel.

Sur le fond, le président français s'est efforcé toute la journée de prouver que les agriculteurs avaient été écoutés par l'exécutif et les réformes lancées. Et il a accédé en particulier à deux revendications: la fixation future d'un prix minimum auquel les agriculteurs vendraient leur viande ou autre produit, et l'élévation au rang d'intérêt général majeur de l'agriculture.

Arrivé à 08H00, il a fini sa visite vers 21H15, après avoir échangé, verre à la main, sur le stand des brasseurs, conclusion traditionnelle des venues du locataire de l'Elysée au terme d'une journée tout sauf ordinaire.

"Qui aurait dit ce matin que 12 heures plus tard, on se retrouverait ici à continuer de travailler, d'avancer?" a-t-il lancé peu avant 20H00, satisfait d'avoir parcouru l'événement en dépit d'un démarrage chaotique, et taclant: "C'est ridicule de la part d'agriculteurs d'avoir fait de la violence sur un salon qui est le leur."

Sans les citer nommément, Emmanuel Macron fait allusion plus particulièrement aux manifestants de la Coordination rurale, 2e syndicat représentatif derrière l'alliance FNSEA/Jeunes agriculteurs (JA), reconnaissables à leurs bonnets jaunes, et qu'il a clairement accusés de faire le jeu du Rassemblement national.

«Jour triste»

Un peu plus tard, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez affirme lui aussi que "ceux qui ont été les plus déterminés et qui sont restés à vouloir approcher au plus près le président, c'étaient les membres de la Coordination rurale".

M. Nuñez a indiqué que huit membres des forces de l'ordre avaient été blessées, "dont deux un peu plus sérieusement". Ils ont dû faire "rempart de leur corps face à "300 ou 400" manifestants cherchant à approcher du chef de l'Etat.

Avant l'ouverture officielle, des centaines de personnes menées par des agriculteurs de la FNSEA, des JA et de la Coordination rurale ont forcé l'entrée du parc des expositions parisien de la porte de Versailles. Ils ont fait irruption dans le hall principal, déclenchant des heurts avec les forces de l'ordre. Au même moment, vers 08H00, Emmanuel Macron s'entretenait au 1er étage avec les responsables syndicaux agricoles.

L'image restera de CRS et gendarme mobiles casqués et boucliers en main tentant de contenir des agriculteurs en colère qui agonissent le président d'injures ("fumier", "menteur") et demandent sa démission.

La situation était "hors de contrôle", a estimé auprès de l'AFP le secrétaire national Alliance des CRS et ancien responsable de groupes de sécurité du président et du Premier ministre, Johann Cavallero.

D'autres présidents ont dû affronter au Salon sifflets, huées et bousculades, comme Nicolas Sarkozy ou François Hollande. Mais sans commune mesure avec les événements de samedi.

La pagaille a en tout cas retardé l'ouverture du salon aux visiteurs, et fortement compliqué pour les visiteurs l'accès au hall le plus couru, celui des animaux, théâtre des empoignades avec les forces de l'ordre et des huées.

La première journée de ce soixantième Salon de l'agriculture a été "gâchée", a regretté le directeur de l'événement, Arnaud Lemoine, auprès de l'AFP en fin de journée.

"Je voudrais qu'on passe de ce jour triste à des jours heureux", alors que le salon courra jusqu'au 3 mars, et accueille habituellement 600 000 visiteurs.

De larges périmètres de sécurité ont été créés autour d'Emmanuel Macron qui, après les huées de la première partie de la journée, a pu ensuite déambuler dans un autre hall dans le calme, générant un contraste entre les allées clairsemées autour de lui et celles bondées de visiteurs dans les autres pavillons.

Bardella veut «changer de logiciel» pour l'agriculture française

Jordan Bardella a entamé dimanche matin une visite de deux jours au Salon, martelant d'emblée son ambition de "changer de logiciel" au niveau européen.

"Il faut changer de logiciel" pour l'agriculture française, a déclaré M. Bardella. "Évidemment il y a la question du revenu et du travail. Mais il faut que nos agriculteurs soient compétitifs. Or, en étant mis en concurrence avec des produits ou des filières qui ne respectent aucune des normes" qui leur sont imposées, "c'est très compliqué", a-t-il estimé.

"Moi je milite pour le patriotisme économique et pour sortir des accords de libre-échange". Car si en théorie "des accords commerciaux peuvent être bénéfiques à l’agriculture française", "à chaque fois (...) c'est à notre désavantage", a ajouté le député européen.

Interrogé sur Emmanuel Macron, qui a évoqué samedi "des gens" manifestant au Salon "avec un projet politique qui est de servir le Rassemblement national", le président du RN a répondu: "Je ne suis pas là pour polémiquer. Je pense qu'il n'a manifestement plus les capteurs du pays dont il est le président. Et sans doute ne se rend-il pas compte de la souffrance que provoque sa politique".

Rémunération minimum

Devant les agriculteurs dans un débat improvisé de deux heures, Emmanuel Macron répète qu'il a pris 62 engagements en réponse au mouvement qui a éclaté le 18 janvier. Parmi ses autres annonces, il a promis un recensement des exploitations nécessitant des aides de trésorerie d'urgence, et redit que la France n'interdirait plus de pesticides plus vite que ses voisins européens.

A la tête de la FNSEA, Arnaud Rousseau a reconnu sur LCI un "certain nombre d'avancées dont nous nous réjouissons".

"Il fallait probablement qu'on passe par ce moment de colère", a-t-il estimé.

La FNSEA se montre sceptique sur la perspective de  "prix planchers", saluée à l'inverse par la Confédération paysanne.

"D'une région à l'autre on n'a pas les mêmes charges (...) le prix minimum on n'en veut pas parce que sinon ça nous bloquerait le prix vers le bas et finalement nous ramènerait vers un Smic agricole", a expliqué sur TF1 un des vice-présidents de la FNSEA, Luc Smessaert.

Emmanuel Macron a donné rendez-vous aux représentants syndicaux d'ici trois semaines, après le Salon, qui durera jusqu'au 3 mars.

Le président a aussi posé les jalons d'un débat à distance avec le Rassemblement national, avant les élections européennes de juin où le parti est annoncé favori dans les sondages. A la veille de la visite du président du RN Jordan Bardella, il a dénoncé un "projet de décroissance et de bêtise" qui consisterait à "sortir de l'Europe".


Macron donne le coup d'envoi du futur porte-avions lors du Noël avec les troupes

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
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  • Plus grand et plus puissant, ce bâtiment symbolise l’ambition stratégique et industrielle de la France, malgré les contraintes budgétaires et les débats sur l’évolution des menaces

ABOU DHABI: Emmanuel Macron a donné dimanche le coup d'envoi de la construction du futur porte-avions français destiné à remplacer le Charles De Gaulle et qui doit entrer en service en 2038.

"Ce nouveau porte-avions sera l'illustration de la puissance de notre nation, puissance de l'industrie, de la technique, puissance au service de la liberté sur les mers et dans les remous du temps", a-t-il assuré.

L'annonce du lancement officiel de la construction était très attendue malgré l'impasse budgétaire dans laquelle se trouve le gouvernement, alors que le mur d'investissements nécessaires et l'évolution des menaces mettent le projet sous pression.

"Conformément aux deux dernières lois de programmation militaire, et après un examen complet et minutieux, j'ai décidé de doter la France d'un nouveau porte-avions", a annoncé le chef de l'Etat français lors du Noël avec les troupes à Abou Dhabi.

"La décision de lancer en réalisation ce très grand programme a été prise cette semaine", a-t-il ajouté.

Lui aussi à propulsion nucléaire, le nouveau porte-avions sera beaucoup plus massif que l'actuel. Il fera près de 80.000 tonnes pour environ 310 mètres de long, contre 42.000 tonnes pour 261 mètres pour le Charles De Gaulle. Avec un équipage de 2.000 marins, il pourra embarquer 30 avions de combat.

Le risque d'un "choc dans trois, quatre ans" face à la Russie évoqué par les armées fait craindre que les budgets ne filent vers des priorités plus pressantes.

De récents propos du chef d'état-major des armées, le général Fabien Mandon, jugeant qu'on "ne peut pas se contenter de reproduire un outil qui a été conçu à la moitié du siècle dernier", semblent mettre aussi en question le concept du porte-avions.

Le général a notamment souligné le "besoin de permanence à la mer" du bâtiment et sa capacité d'emport de "drones de tous types".

Un seul bâtiment, en l'occurence le Charles De Gaulle, est disponible 65% du temps, selon la Marine. Un décalage de la construction et donc de l'entrée en service de son successeur laisserait la Marine sans porte-avions.

Une étude menée à l'occasion du prochain arrêt technique majeur du Charles De Gaulle permettra de dire en 2029 si le bâtiment peut être prolongé de quelques années au-delà de 2038, en fonction de l'état de ses chaufferies nucléaires et de sa structure.

Le président français Emmanuel Macron a fait cette annonce lors d'une visite aux Emirats arabes unis, allié militaire avec lequel Paris souhaite renforcer son "partenariat stratégique" et dont il espère plus de coopération dans sa lutte contre le narcotrafic.


Macron aux Emirats pour fêter Noël avec les forces françaises

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) serre la main du président des Émirats arabes unis, Sheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, lors d'une rencontre au musée national Zayed à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) serre la main du président des Émirats arabes unis, Sheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, lors d'une rencontre au musée national Zayed à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 21 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron est en visite aux Émirats arabes unis pour célébrer Noël avec les 900 soldats français déployés et renforcer le partenariat stratégique, notamment en matière de défense et de sécurité

ABOU DHABI: Emmanuel Macron a entamé dimanche matin une visite aux Emirats arabes unis pour célébrer Noël avec les forces françaises qui y sont déployées et vanter son partenariat avec ce pays du Golfe, dont Paris espère plus de coopération dans sa lutte contre le narcotrafic.

Le président français, accompagné notamment de sa ministre des Armées Catherine Vautrin, est arrivé en fin de matinée (en heure locale) à Abou Dhabi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Il doit tout d'abord visiter le musée national Zayed. Puis il aura un entretien avec le président émirati, Sheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyane, afin d'évoquer "le renforcement du partenariat stratégique" entre leurs pays, selon la présidence française, qui souligne leur coopération "en matière de sécurité et de défense".

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Le président français Emmanuel Macron (à gauche) marche aux côtés du président des Émirats arabes unis, Sheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, lors d'une visite au musée national Zayed à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 21 décembre 2025. (AFP)

La France travaille avec les Emirats sur le plan militaire, plus de 900 soldats français y étant déployés sur trois bases.

C'est devant eux qu'Emmanuel Macron doit s'exprimer dimanche après-midi, avant de partager un dîner de Noël préparé par les chefs cuisiniers de l'Elysée.

Selon la tradition, le président français célèbre les fêtes de fin d'année auprès des troupes déployées à l'étranger. Les Emirats ont été choisis cette fois car "la région cristallise un ensemble de crises", a précisé la présidence française cette semaine.

- "Guerre" du narco -

La France coopère avec les Emirats sur un éventail de domaines allant de l'intelligence artificielle à la culture, en passant bien sûr par le commerce. Le pays pétrolier est son premier client en termes d'exportations au Proche et Moyen Orient, selon l'Elysée.

Paris veut désormais s'assurer de l'appui des Emirats dans la "guerre" déclarée par le gouvernement français au narcotrafic.

D'importants narcotrafiquants originaires de France s'y seraient installés, notamment à Dubaï, et se sont parfois constitué des patrimoines immobiliers imposants.

Le sujet est omniprésent en France depuis l'assassinat en novembre de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu en plein jour à Marseille.

Mardi, à Marseille, Emmanuel Macron a dit vouloir rechercher la coopération des pays où se trouvent certaines "têtes de réseau", afin de "pouvoir saisir leurs biens" et obtenir leur arrestation.

Son ministre de la Justice Gérald Darmanin a déjà réclamé en novembre aux Emirats arabes unis l'extradition d'une quinzaine de narcotrafiquants présumés recherchés par la France.

- Houthis -

Certains des soldats français déployés aux Emirats contribuent à la lutte contre le narcotrafic.

Sur l'imposante frégate "La Provence", des militaires de la marine tentent de repérer et d'intercepter des bateaux transportant de la drogue.

Ils se trouvent à proximité de l'océan Indien, une route importante. Les trafiquants passent souvent par le golfe d'Aden, vers la Somalie ou le Yémen, ou alors vers l'Afrique de l'Ouest.

En 2025, "plus d'une vingtaine de tonnes de drogue" ont déjà été saisies par la marine française dans la zone de l'Océan Indien, soit une valeur marchande pouvant atteindre plusieurs centaines de millions d'euros, selon le commandant de frégate Pascal Forissier.

Autant de stupéfiants sortis du marché. Mais, reconnaît le militaire, les saisies ne représentent "qu'une petite partie" de toute la drogue en circulation.

Le narcotrafic ne constitue qu'une facette de leurs responsabilités. La France participe à l'opération Aspides, qui protège les bateaux contre les frappes des Houthis en mer rouge.

En plus de cela, les soldats français aux Emirats sont engagés dans l'opération Chammal, au sein de la coalition contre le groupe Etat islamique.

D'après la présidence française, la présence des troupes aux Emirats illustre la volonté de la France de conserver une capacité "d'action autonome dans un contexte international tendu".

Lundi, Emmanuel Macron devrait être aux premières loges pour observer les moyens militaires français dans la zone au cours d'une démonstration organisée pour conclure sa visite.


Lancés vers 2027, Bardella et Mélenchon préparent leur lutte finale

Jordan Bardella (à gauche), président du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN), posant lors d'une séance photo à Paris le 31 janvier 2024, et Jean-Luc Mélenchon, alors candidat du parti de gauche « La France insoumise » aux élections présidentielles françaises de 2017, posant lors d'une séance photo à Paris le 24 janvier 2017. (AFP)
Jordan Bardella (à gauche), président du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN), posant lors d'une séance photo à Paris le 31 janvier 2024, et Jean-Luc Mélenchon, alors candidat du parti de gauche « La France insoumise » aux élections présidentielles françaises de 2017, posant lors d'une séance photo à Paris le 24 janvier 2017. (AFP)
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  • À un an et demi de la présidentielle, Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon installent déjà le récit d’un duel annoncé entre l’extrême droite et la gauche radicale
  • Tandis que le RN estime qu’un face-à-face avec Mélenchon faciliterait la victoire de Bardella, les Insoumis jugent au contraire le président du RN plus fragile que Marine Le Pen

PARIS: Quatre décennies les séparent. Vingt points dans les sondages, aussi. Favoris de leurs camps respectifs à un an et demi de la présidentielle, Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon installent déjà à distance le récit de leur affrontement final.

Pour provoquer un duel, il faut désigner l'adversaire. Jordan Bardella a choisi le sien et ne manque pas une occasion ces derniers mois de cibler un Jean-Luc Mélenchon qui "met de l'huile sur le feu" et "veut l'implosion du pays", incarnation d'une "menace qui pèse sur nos valeurs".

Du haut de ses 30 ans, le jeune président du Rassemblement national cherche aussi à discréditer son aîné, âgé de 74 ans, en l'accusant systématiquement de "s'être allié" à Emmanuel Macron aux dernières législatives. L'épouvantail insoumis, "main dans la main" avec le président repoussoir "pour m'empêcher de devenir Premier ministre", se lamente presque le remplaçant désigné de Marine Le Pen - en cas d'inéligibilité confirmée en appel.

Un acharnement justifié par ce constat: "Il est à gauche celui qui a la possibilité d'emmener son camp au second tour de l'élection présidentielle". Le parti à la flamme étant, dans tous les pronostics, déjà qualifié pour la finale, inutile donc de s'épuiser contre des outsiders.

"À part Marine et Jordan, y a rien d'autre", résume un eurodéputé RN, qui reconnait quelques qualités au tribun de la gauche radicale: "Il sait s'exprimer, il a du talent", et surtout "il a un socle d'adhésion en dessous duquel il ne peut pas descendre".

La question n'est donc "pas de savoir s'il est le meilleur", de toute façon "c'est lui qui sera au second tour", ajoute ce cadre du mouvement d'extrême droite, pour qui ce scénario "rend plus simple l'élection". Chacun ayant en tête le récent sondage prédisant une victoire écrasante (74% contre 26%) de M. Bardella dans un second tour face à M. Mélenchon.

Un proche de Mme Le Pen faisait la même analyse au début de l'automne: "Pour gagner, il vaut mieux être contre un Mélenchon" jugé "très clivant", même si "une partie des gens votera moins pour nous que contre lui".

- "Bardella, c'est plus simple" -

Du côté des Insoumis, cela fait plus de 10 ans, avant même la création de LFI, que Jean-Luc Mélenchon prophétise: "à la fin ça se terminera entre eux et nous". Comprendre l'extrême droite et la gauche radicale.

Et ils sont persuadés que cette fois, leur fondateur pourrait accéder au second tour après trois échecs - à chaque fois derrière Marine Le Pen. Et que Jordan Bardella, en raison de son manque d'expérience et son profil plus libéral que la patronne du RN, ferait un meilleur adversaire que cette dernière.

"Bardella, c'est plus simple que Marine Le Pen au second tour. Il apprend par coeur mais il ne réfléchit pas par lui-même. Il peut s'effondrer pendant la campagne, comme lors des législatives l'année dernière", assure le coordinateur de LFI Manuel Bompard, alors que le mouvement mélenchoniste a acté que l'option Bardella était "la plus probable" pour le parti d'extrême droite en 2027.

Et suit de près son activité à Bruxelles.

"Sur cette dernière année, Bardella a déposé beaucoup plus d'amendements que lors tout son mandat précédent. Et il donne beaucoup plus de conférences de presse. Il fait ça pour la présidentielle, c'est évident", assure la cadre insoumise Manon Aubry, élue au Parlement européen depuis 2019 comme le président du RN.

"À LFI, je suis un peu l'anti-Bardella, je surveille de près ce qu'il fait au Parlement européen où il profite de la moindre médiatisation pour voter contre les droits des femmes ou les droits des LGBT", ajoute-t-elle, en précisant: "Il y aura de quoi avoir beaucoup de munitions pour Jean-Luc Mélenchon pour un éventuel débat d'entre-deux tours, s'ils sont tous les deux candidats".

Les Insoumis restent persuadés que la "magie du second tour" pourrait opérer, malgré les sondages très défavorables et à la faveur de la dynamique de campagne, pour qu'un "front républicain anti-RN" puisse se mettre en place.

Et tant pis si des responsables macronistes, comme Elisabeth Borne, refusent publiquement de choisir entre les deux. "Je suis incapable de voter pour Jean-Luc Mélenchon", a déclaré l'ancienne Première ministre, pourtant connue pour son engagement contre l'extrême droite.