Après le chaos, le Salon de l'agriculture retrouve son air de joyeuse foire

Quelques moutons présents au Salon de l’agriculture (Photo, AFP).
Quelques moutons présents au Salon de l’agriculture (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 26 février 2024

Après le chaos, le Salon de l'agriculture retrouve son air de joyeuse foire

  • Dans un grand craquement, les barrières de bois ont cédé: CRS et manifestants sont tombés sur la paille
  • C'est cette magie du Salon, le choc entre une ville naïve et une campagne sachante, comme un carnaval où les rôles et hiérarchies sociales sont inversés

PARIS: Les vaches ruminent, les chèvres broutent, les cochons se prélassent. Les enfants crient de ravissement et les bières coulent à flot: après le chaos de samedi, le Hall 1, un incontournable du Salon de l'agriculture, a retrouvé son visage familier de grande foire populaire.

Dimanche, Benoît Baudouin, responsable de Chevrettes de France, qui produit et commercialise des chèvres "alpines" et "saanen" dont le lait sera notamment transformé en buchettes de la marque Soignon, souffle: "elles vont bien!"

La veille, alors qu'Emmanuel Macron recevait les syndicats agricoles, l'enclos de ses bêtes n'a pas résisté à la poussée d'agriculteurs en colère réclamant le départ du chef de l'Etat.

Dans un grand craquement, les barrières de bois ont cédé: CRS et manifestants sont tombés sur la paille. "Je me suis précipité. Une éleveuse affolée criait. On a fait passer les chèvres au fond de l'enclos".

"Je crois qu'on a eu plus peur que les bêtes: elles sont sociables, habituées à être manipulées. Ce qui les a plus gêné c'est le bruit des sifflets, incessant, pendant des heures", explique-t-il.

«Quatrième estomac du veau»

"Bon finalement", ajoute-t-il, "ça fait une belle publicité: tout le monde vient nous demander de leurs nouvelles".

Il sourit. Un "adulte" est venu lui demander de "quelle race de brebis" étaient ses chèvres; un gamin pense qu'elles mâchent du chewing-gum, tellement la mastication est longue et régulière.

C'est cette magie du Salon, le choc entre une ville naïve et une campagne sachante, comme un carnaval où les rôles et hiérarchies sociales sont inversés, que les exposants aiment retrouver.

Léna, 6 ans et demi, sait que le lait "sert à faire du fromage": "mais c'est pas du jeu parce que je vais souvent à la campagne", dit-elle, honnête.

La grande houle des visiteurs avance lentement, cheminant entre vaches de concours et porcs noirs de Bigorre. "Tout donne faim", lâche une adolescente.

Sur le stand des "Fruitières Chabert", affineur savoyard, Sébastien Cottet éblouit son auditoire: "Y'en a qui élèvent des vaches, moi j'élève des bactéries, c'est ça qui donne le goût particulier du fromage!"

Pendant que son fils manipule le lait caillé qui se transforme sous les yeux des visiteurs, il raconte l'aventure du Beaufort et de la Tomme de Savoie, qui ne seraient rien sans "la présure", ce liquide extrait "du quatrième estomac du veau" et va aider le lait à cailler.

"Pour de la Tomme, il faut chauffer à 37°C, pour du Beaufort à 54°C: des bactéries différentes vont se développer", explique-t-il à Rachid, 43 ans. "Il explique merveilleusement bien. Franchement madame, j'espère que vous allez lui donner une bonne note", dit le badaud à la journaliste de l'AFP.

«Marchands du temple»

Après les races Salers et Normande, dont la placide égérie Oreillette, les Gasconnes des Pyrénées et leurs éleveurs se remettent de l'agitation de la veille.

Pick, un taureau d'1,1 tonne, "ne s'est pas levé de la journée", s'inquiète son propriétaire Thierry Pujolle.

"On était à deux mètres des rangées de CRS, ça hurlait, ça poussait, c'était chaud. Les taureaux sont restés debout toute la journée, sur le qui-vive", raconte-t-il.

Cela fait un an qu'il engraisse Pick "pour le concours +Vrai boeuf Label Rouge+" de lundi. "Faire une viande de qualité, ça prend du temps, pas comme certaines viandes des USA fabriquées en deux mois", dit-il.

Au Salon, "on explique tout ça". "Je comprends la colère, mais ici...", soupire-t-il.

Au comptoir des "Sculptures du lac", où s'alignent vaches, ânes, et cochons en bois, à côté de peaux de mouton rose, turquoise ou ocre, Marc Païs se fait un café.

"Nous, on est les marchands du temple", assume-t-il. La journée de samedi lui a coûté "10%" de son chiffre d'affaires pour dix jours de Salon: "le paradoxe, c'est que c'est le président qui nous a empêché de travailler. Maintenant, faut que ça roule."


Budget de la Sécurité sociale: les députés votent sur les recettes, après un compromis sur la CSG du capital

Des députés français assistent à une séance consacrée à la deuxième lecture du projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 4 décembre 2025. (AFP)
Des députés français assistent à une séance consacrée à la deuxième lecture du projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 4 décembre 2025. (AFP)
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  • Après d’intenses négociations, l’Assemblée a adopté un amendement réduisant le rendement de la hausse de la CSG à 1,5 milliard€
  • Le gouvernement multiplie les concessions pour éviter le rejet du texte

PARIS: L'Assemblée se prononce vendredi sur la partie recettes du budget de la Sécurité sociale, au lendemain d'une journée marquée par d'intenses tractations entre le gouvernement et les députés, qui ont notamment abouti à l'adoption d'un compromis sur la question clé de la hausse de la CSG sur les revenus du capital.

L'adoption de cette partie recettes est cruciale, puisque son rejet vaudrait rejet de tout le texte, dans une nouvelle lecture elle-même décisive. Pour obtenir un vote favorable des députés, le gouvernement a multiplié les signes d'ouverture jeudi, que ce soit sur les franchises médicales ou le niveau des dépenses de l'Assurance maladie, avec un Sébastien Lecornu très présent au banc.

Cette hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) visant spécifiquement les revenus du capital, supprimée au Sénat après avoir été approuvée en première lecture à l'Assemblée, était particulièrement attendue par la gauche, mais désapprouvée par la droite.

"Ne tapez pas l'épargne populaire des Français", a martelé Laurent Wauquiez, patron des députés LR.

Les séances de l'après-midi et du soir ont été entrecoupées de nombreuses suspensions permettant des discussions en coulisses entre les députés et le gouvernement.

Pour arracher un compromis, le gouvernement a déposé un amendement cherchant à la fois à "sécuriser des recettes" et "assurer que les classes moyennes ne soient pas impactées", avec un rendement attendu de 1,5 milliard d'euros, au lieu de 2,8 dans la version initiale.

Il a finalement été adopté par 177 voix contre 84 et 92 abstentions. Un vote vivement critiqué par le député RN Jean-Philippe Tanguy, qui a dénoncé une taxe "qui va frapper plus durement un artisan à 2.000 euros qu'un multimillionnaire".

- Moment "potentiellement critique" -

Signe de la bonne volonté du gouvernement, Mme de Montchalin a aussi dit prendre "acte" de l'absence de consensus concernant le doublement des franchises médicales, c'est à dire le reste à charge payé par les patients, par exemple sur les médicaments. "Cette proposition (...) ne peut être incluse dans nos projections financières", a-t-elle dit, sans pour autant fermement s'engager sur une absence totale de décret en ce sens.

Concernant l'objectif des dépenses de l'assurance maladie (l'Ondam), elle a précisé que le gouvernement envisageait de les augmenter "jusqu'à plus 2,5%" contre une hausse d'environ 2% prévue aujourd'hui.

Elle s'est par ailleurs engagée à "accompagner un compromis" sur "l'année blanche" concernant les retraites et les minima sociaux, c'est-à-dire leur non indexation sur l'inflation.

Dans un moment "potentiellement critique", le Premier ministre a consacré sa journée aux débats parlementaires, reportant ses rendez-vous prévus.

Il a fait monter la pression dans l'hémicycle, martelant que l'absence de texte conduirait à "29 ou 30 milliards" d'euros de déficit pour la Sécu l'an prochain, alors que le gouvernement souhaite le contenir autour de 20 milliards d'euros.

Une note du ministère de la Santé a été distribuée aux députés, faisant état d'un "risque très élevé sur le financement du système de protection sociale", faute de budget. Elle a suscité des réactions houleuses du côté de LFI ou du RN accusant le gouvernement de jouer sur les "peurs".

Pressé par ailleurs par plusieurs ténors de son camp, chez Horizons, Les Républicains ou par le président LR du Sénat Gérard Larcher, d'activer l'article 49.3 de la Constitution, M. Lecornu l'a de nouveau exclu.

"Vous avez critiqué le 49.3 pendant des années et, au moment où nous le laissons tomber, vous continuez de critiquer", a-t-il tancé.

- Camp gouvernemental divisé -

Le scrutin sur l'ensemble du projet de loi n'est prévu que le 9 décembre. Son rejet hypothèquerait grandement l'adoption du budget de la Sécu au Parlement avant le 31 décembre.

Le texte est réécrit par les députés depuis mardi dans l'hémicycle en nouvelle lecture, après que le Sénat a supprimé plusieurs concessions du gouvernement au PS, dont l'emblématique suspension de la réforme des retraites.

Des concessions que désapprouvent le groupe Horizons et Les Républicains. En l'état, "on ne peut pas voter pour", a asséné Edouard Philippe, chef des députés Horizons qui oscillent à ce stade entre abstention et vote contre.

De quoi faire peser une sérieuse menace sur l'adoption du texte. Car face au rejet attendu du RN, de son allié l'UDR et de LFI, l'absence de soutien des deux groupes à la droite du camp gouvernemental pourrait concourir à faire tomber le texte, même avec des votes "pour" du PS.

Marque de son ouverture au compromis, celui-ci a approuvé une taxe sur les mutuelles censée rapporter un milliard d'euros, qu'il avait rejetée en première lecture.

Pendant ce temps, le Sénat a adopté la partie dédiée aux recettes du projet de budget de l'Etat pour 2026, après l'avoir largement remaniée par rapport à la copie initiale du gouvernement, supprimant notamment plusieurs milliards d'euros de hausses de prélèvements.


Condamnation de Christophe Gleizes en Algérie: «profonde inquiétude» de Macron qui promet d'agir pour «sa libération»

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  • La justice algérienne a confirmé mercredi la condamnation à sept ans de prison pour "apologie du terrorisme" de Christophe Gleizes, emprisonné depuis juin
  • Ses proches, présents à l'audience, ont exprimé leur consternation, tout comme l'ONG Reporters sans frontières et la classe politique française

PARIS: Emmanuel Macron a "appris avec une profonde inquiétude la condamnation en appel" à sept ans de prison du journaliste français Christophe Gleizes en Algérie, a déclaré jeudi l'Elysée.

"Il lui adresse ses pensées ainsi qu'à sa famille. Nous continuerons d'agir auprès des autorités algériennes pour obtenir sa libération et son retour en France dans les plus brefs délais", a ajouté la présidence française.

La justice algérienne a confirmé mercredi la condamnation à sept ans de prison pour "apologie du terrorisme" de Christophe Gleizes, emprisonné depuis juin.

Collaborateur des magazines français So Foot et Society, le journaliste de 36 ans s'était rendu en Algérie en mai 2024 pour un article sur le club de football le plus titré du pays, la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), basé à Tizi Ouzou, à 100 km à l'est d'Alger.

Ses proches, présents à l'audience, ont exprimé leur consternation, tout comme l'ONG Reporters sans frontières et la classe politique française.

Le ministre français de l'Intéreur Laurent Nuñez a affirmé jeudi que sa libération était "un élément majeur" des discussions en cours "entre Paris et Alger", relancées depuis la grâce présidentielle octroyée mi-novembre à l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal par l'Algérie.

Emmanuel Macron s'était ensuite dit "disponible" pour échanger avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune si cela permet d'"obtenir des résultats" et d'"avancer" dans les relations tendues entre les deux pays, mais cet échange n'a pas encore eu lieu.

 

 

 

 


Lecornu annule ses rencontres avec CGT et CFDT pour se «consacrer» au budget de la Sécu

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique. (AFP)
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique. (AFP)
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  • Sébastien Lecornu avait annoncé le 24 novembre un nouveau "changement de méthode" pour parvenir à l'adoption d'un budget avant la fin de l'année
  • A cette fin, il devait recevoir l'ensemble des formations politiques, ainsi que les partenaires sociaux pour discuter de cinq thèmes vus comme des "priorités (...) absolues"

PARIS: Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique.

"En l'état des discussions, le Premier ministre souhaite consacrer entièrement sa journée aux débats parlementaires sur le projet de loi de finances pour la Sécurité sociale", a expliqué son entourage.

"Pour cette raison, les consultations avec les syndicats CGT et CFDT ainsi que le déjeuner avec les parlementaires sur l'énergie seront reportés", a-t-on précisé.

Sébastien Lecornu avait annoncé le 24 novembre un nouveau "changement de méthode" pour parvenir à l'adoption d'un budget avant la fin de l'année.

A cette fin, il devait recevoir l'ensemble des formations politiques, ainsi que les partenaires sociaux pour discuter de cinq thèmes vus comme des "priorités (...) absolues" : le déficit, la réforme de l’État, l'énergie, l'agriculture ainsi que la sécurité intérieure et extérieure, avec débats et votes possibles à la clé.

Les partis présents au gouvernement (centre et LR), le PS, les Écologistes, le PCF et le RN ont été reçus, ainsi que les représentants du Medef.

La rencontre avec Force ouvrière prévue mercredi avait déjà été reportée.

La discussion sur le budget de la Sécu devait se poursuivre jeudi mais son éventuelle adoption le 9 décembre reste très hypothétique dans la mesure où les groupes Horizons et LR menacent de voter contre ou de s'abstenir.