En pleine guerre à Gaza, le gouvernement palestinien remet sa démission

Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a déclaré que son gouvernement démissionnait, ce qui pourrait ouvrir la porte à des réformes de l'Autorité palestinienne soutenues par les États-Unis (Photo X : @DrShtayyeh)
Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a déclaré que son gouvernement démissionnait, ce qui pourrait ouvrir la porte à des réformes de l'Autorité palestinienne soutenues par les États-Unis (Photo X : @DrShtayyeh)
Le gouvernement de l'Autorité palestinienne, qui siège en Cisjordanie occupée, a remis lundi sa démission au président Mahmoud Abbas, a déclaré le Premier ministre Mohammed Shtayyeh. (AFP).
Le gouvernement de l'Autorité palestinienne, qui siège en Cisjordanie occupée, a remis lundi sa démission au président Mahmoud Abbas, a déclaré le Premier ministre Mohammed Shtayyeh. (AFP).
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Publié le Lundi 26 février 2024

En pleine guerre à Gaza, le gouvernement palestinien remet sa démission

  • Depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre dernier entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, de nombreux Palestiniens ont critiqué le président Mahmoud Abbas, 88 ans, pour son "impuissance"
  • Depuis des affrontements fratricides en juin 2007, le leadership palestinien est divisé entre l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui exerce un pouvoir limité en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël, et le Hamas qui contrôle Gaza

RAMALLAH: Le gouvernement de l'Autorité palestinienne a remis lundi sa démission au président Mahmoud Abbas à l'heure où les tractations en coulisses s'intensifient pour réformer le leadership politique palestinien dans le cadre de "l'après-guerre" à Gaza.

"J'ai présenté la démission du gouvernement à monsieur le Président le 20 février et je la remets aujourd'hui par écrit", a déclaré solennellement lundi matin à Ramallah, Mohammed Shtayyeh, chef du gouvernement palestinien depuis le printemps 2019.

Le président Mahmoud Abbas n'a pas réagi dans l'immédiat à cette annonce du gouvernement Shtayyeh qui intervient, selon ce dernier, à l'aune de la guerre en cours entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.

Ces derniers mois, de nombreux Palestiniens ont critiqué le président Mahmoud Abbas, âgé de 88 ans et élu la dernière fois en 2005, pour son "impuissance" face aux raids israéliens dans la bande de Gaza.

"La prochaine étape requiert de nouvelles mesures gouvernementales et politiques qui tiennent compte de la nouvelle réalité dans la bande de Gaza (...), un besoin urgent d'un consensus interpalestinien" et la création d'un Etat palestinien ayant autorité sur la Cisjordanie et Gaza, a déclaré M. Shtayyeh.

Depuis des affrontements fratricides en juin 2007, le leadership palestinien est divisé entre l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui exerce un pouvoir limité en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël, tandis que le Hamas contrôle la bande de Gaza.

Pour l'analyste palestinien Ghassan Khatib, la démission du gouvernement Shtayyeh n'est pas un geste de défiance à l'égard de Mahmoud Abbas mais plutôt une façon pour l'Autorité palestinienne de montrer qu'elle est prête à s'engager dans la voie de réformes en vue de l'après-guerre à Gaza.

«Qu'il rentre chez lui»

Des pays arabes incluant le Qatar, des puissances occidentales ainsi que des opposants à Mahmoud Abbas plaident pour une Autorité palestinienne réformée chargée à terme de la Cisjordanie et de Gaza sous la bannière d'un Etat palestinien indépendant.

Avec la démission du gouvernement Shtayyeh, "Mahmoud Abbas veut montrer au médiateur qu'il est prêt aussi à aller dans cette voie", souligne M. Khatib, précisant que ce nouveau leadership palestinien inclurait des éléments de l'Autorité palestinienne mais aussi du Hamas.

"Si Abbas et le Hamas arrivent à un accord, il s'agirait d'une nouvelle phase dans la politique palestinienne. Cela serait significatif car les deux camps ont tenté de nombreuses fois de se rapprocher sans jamais y parvenir", explique M. Khatib à l'AFP.

"Mais il y a encore de fortes chances que le tout échoue car il reste nombre de questions en suspens comme par exemple la composition de ce gouvernement technocratique et l'étendue des responsabilités du Hamas à Gaza", ajoute-t-il.

 

Guterres: Une offensive généralisée sur Rafah «  sonnerait le glas des programmes d'aide humanitaire » à Gaza

Une offensive généralisée israélienne à Rafah "sonnerait le glas" des programmes d'aide humanitaire à Gaza, où l'assistance à une population en grande détresse reste "totalement insuffisante", a alerté lundi le chef de l'ONU.

L'offensive à grande échelle annoncée par les autorités israéliennes sur la ville au sud du territoire , "ne serait pas seulement terrifiante pour plus d'un million de civils palestiniens qui s'y abritent; elle sonnerait également le glas de nos programmes d'aide", a prévenu Antonio Guterres, à l'ouverture de la 55ème session du conseil des droits de l'homme à Genève.

Le Secrétaire général a souligné lundi que "rien ne peut justifier les meurtres, blessures, tortures et enlèvements délibérés de civils par le Hamas, le recours à la violence sexuelle ou le lancement aveugle de roquettes vers Israël". "Et rien ne justifie la punition collective du peuple palestinien", a ajouté M. Guterres.

Au milieu d’une crise humanitaire qui ne cesse de s’aggraver, la principale agence d’aide des Nations Unies aux Palestiniens (UNRWA) a appelé à agir pour éviter une famine à grande échelle à Gaza.

A l'instar des responsables humanitaires, M. Guterres a souligné que "l’aide humanitaire est encore totalement insuffisante".

"Je réitère mon appel à un cessez-le-feu humanitaire et à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages", a-t-il insisté.

L'UNRWA est accusée par Israël de "collusion" avec le Hamas et fait l'objet d'une campagne très virulente de la part des autorités israélienne et de ses alliés.

L'agence fait l'objet d'une évaluation demandée par M. Guterres et dont est chargée l'ancienne ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna.

L'ONU, comme d'autres ONG, estime qu'il n'y a pas d'alternative au rôle crucial que joue l'UNRWA pour l'aide humanitaire à Gaza.

Les commentaires de M. Guterres interviennent après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réitéré dimanche que son pays lancera une offensive à grande échelle qui doit assurer une "victoire totale" d'Israël sur le mouvement islamiste Hamas, dont l'attaque sans précédent du 7 octobre a déclenché la guerre.

Un éventuel cessez-le-feu, en cours de discussion à Doha, ne ferait que retarder quelque peu l'inévitable, a souligne le Premier ministre.

La guerre qui fait rage depuis plus de quatre mois a éclaté après l'attaque du Hamas en Israël qui a fait environ 1.160 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte officiel de l'AFP.

Les militants du Hamas ont également pris environ 250 otages israéliens et étrangers, 130 sont encore détenus à Gaza, dont 31 présumés morts, selon Israël. La riposte militaire a tué près de 30.000 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants à Gaza, selon le ministère de la Santé à Gaza, dirigé par le Hamas.

M. Guterres a déploré que malgré ses appels urgents au Conseil de sécurité de l'ONU pour qu'il prenne toutes les mesures nécessaires pour "mettre fin à l'effusion de sang à Gaza et empêcher une escalade", celui-ci n'a pas agi.

En tant que l'un des cinq membres permanents du Conseil de 15 membres, les États-Unis – le principal allié d'Israël – disposent d'un veto qu'ils ont utilisé à pour bloquer tout appel à un cessez-le-feu immédiat à Gaza.

M. Guterres a mis en garde contre les conséquences de l'inaction du Conseil de sécurité sur Gaza, comme son échec, en raison du veto russe, à agir sur la guerre en Ukraine.

Cette inaction "a gravement – peut-être fatalement – porté atteinte à son autorité", a-t-il averti.

"Le Conseil a besoin d'une réforme sérieuse de sa composition et de ses méthodes de travail".

 

Pour Khalil Shikaki, directeur du Centre de recherche palestinien sur la politique et les sondages (PCPSR), un institut indépendant de Ramallah, la démission présentée lundi par le gouvernement Shtayyeh n'est que cosmétique et s'inscrit dans une tentative de Mahmoud Abbas de faire croire à une volonté de réforme.

"Abbas veut montrer au monde qu'il est prêt à faire des changements (...) mais la seule vraie réforme serait qu'il rentre chez lui", souligne M. Shikaki, soulignant que quiconque succèdera au gouvernement Shtayyeh "sera forcé d'être loyal" au président palestinien car ce dernier dirige "comme un one-man show".

Violence sous Abbas 

Depuis le 7 octobre, "Abbas n'a pas protégé sa population en Cisjordanie occupée et n'a pas levé le petit doigt pour Gaza. Et là, il veut être présent pour le +jour d'après+ mais n'a rien fait depuis le début de la guerre. Si vous pensez que je suis dur, sachez que la majorité des Palestiniens sont encore plus durs que moi", a-t-il ajouté.

La guerre a été provoquée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée en Israël par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas et lancé une vaste offensive militaire dans la bande de Gaza qui a fait 29.692 morts à Gaza, en grande majorité des civils, depuis le 7 octobre, selon le dernier bilan en date du ministère de la Santé du Hamas.

Allant à contre-courant des pourparlers récents sur "l'après-guerre" à Gaza, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a présenté un plan qui prévoit le maintien du "contrôle sécuritaire" d'Israël, rejette la possibilité d'un Etat palestinien et n'envisage aucun rôle politique pour l'Autorité palestinienne ou le Hamas.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.


Un sénateur américain réclame une action militaire contre le Hamas et le Hezbollah s'ils ne désarment pas

Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
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  • Le sénateur américain Lindsey Graham appelle au désarmement du Hamas et du Hezbollah, menaçant d’une action militaire s’ils refusent, et conditionne toute paix durable à cette étape
  • Malgré des cessez-le-feu fragiles à Gaza (octobre) et avec le Hezbollah (novembre 2024), les tensions persistent, Israël poursuivant des frappes et les médiateurs poussant vers une phase 2 du plan de paix

Jérusalem: L'influent sénateur américain Lindsey Graham a réclamé dimanche une action militaire contre le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais si ces deux mouvements ne démantelaient pas leur arsenal.

Après deux années d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est observé depuis octobre dans le territoire palestinien, bien que les deux parties s'accusent mutuellement de le violer.

Une trêve avec le Hezbollah est également entrée en vigueur en novembre 2024, après deux mois d'une guerre ouverte. Mais Israël continue de mener des frappes en territoire libanais, disant cibler le mouvement islamiste.

Concernant ses deux ennemis, alliés de l'Iran, Israël fait du démantèlement de leur arsenal militaire l'une des principales conditions à toute paix durable.

"Il est impératif d'élaborer rapidement un plan, d'impartir un délai au Hamas pour atteindre l'objectif du désarmement", a affirmé le sénateur républicain lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

Dans le cas contraire, "j'encouragerais le président (Donald) Trump à laisser Israël achever le Hamas", a-t-il dit.

"C'est une guerre longue et brutale, mais il n'y aura pas de succès où que ce soit dans la région, tant que le Hamas n'aura pas été écarté du futur de Gaza et tant qu'il n'aura pas été désarmé", a estimé M. Graham.

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre à Gaza, les médiateurs appellent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase d'un plan de paix américain.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"La phase deux ne pourra pas réussir tant que le Hamas n'aura pas été désarmé", a martelé M. Graham.

- "Grand ami d'Israël" -

Tout en se disant "optimiste" sur la situation au Liban où le gouvernement s'est engagé à désarmer le Hezbollah, M. Graham a brandi la menace d'une "campagne militaire" contre le mouvement.

"Si le Hezbollah refuse d'abandonner son artillerie lourde, à terme nous devrions engager des opérations militaires", a-t-il estimé, allant jusqu'à évoquer, en coopération avec le Liban, une participation des Etats-Unis aux côtés d'Israël.

Plus tôt dimanche, le sénateur a été reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a salué en lui "un grand ami d'Israël, un grand ami personnel".

Samedi, les Etats-Unis et les garants du cessez-le-feu --Egypte, Qatar et Turquie-- ont appelé Israël et le Hamas à "respecter leurs obligations" et à "faire preuve de retenue" à Gaza.

Le Hamas appelle de son côté à stopper les "violations" israéliennes du cessez-le-feu.

Vendredi, six personnes, dont deux enfants, ont péri dans un bombardement israélien sur une école servant d'abri à des déplacés, d'après la Défense civile à Gaza, un organisme de secours dépendant du Hamas.


Israël approuve la création de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie

Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
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  • Israël a approuvé l’installation de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie, portant à 69 le nombre de colonies validées en trois ans, dans une démarche visant selon le gouvernement à empêcher la création d’un État palestinien
  • Cette décision, critiquée par l’ONU et de nombreux pays, intervient dans un contexte d’intensification de la colonisation et de fortes violences depuis le 7 octobre 2023

JÉRUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé dimanche avoir approuvé l'installation de 19 colonies en Cisjordanie, une mesure visant selon elles à "bloquer l'établissement d'un Etat palestinien terroriste", dans un contexte d'intensification de la colonisation depuis le 7-octobre.

Cette annonce porte à 69 le nombre total de colonies ayant obtenu un feu vert ces trois dernières années, d'après un communiqué publié par les services du ministre des Finances d'extrême droite Bezalel Smotrich, lui-même colon et partisan d'une annexion de ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

Elle intervient quelques jours après un rapport du secrétaire général des Nations unies faisant état d'une croissance record des colonies israéliennes depuis le début du suivi en 2017.

"La proposition du ministre des Finances Bezalel Smotrich et du ministre de la Défense Israël Katz de déclarer et formaliser 19 nouvelles colonies en Judée et Samarie (la Cisjordanie, NDLR) a été approuvée par le cabinet" de sécurité du gouvernement, ont annoncé les services de M. Smotrich.

Selon lui, cette initiative doit permettre d'empêcher l'émergence d'un Etat palestinien.

"Sur le terrain, nous bloquons l'établissement d'un Etat palestinien terroriste. Nous continuerons à développer, construire et à nous implanter sur la terre de notre patrimoine ancestral", est-il écrit dans le communiqué.

Hormis Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

Sur les colonies dévoilées dimanche, cinq sont des avant-postes qui existent déjà depuis plusieurs années, c'est-à-dire des colonies déjà implantées en territoire palestinien, sans avoir obtenu les autorisations nécessaires des autorités israéliennes.

Ces 19 colonies se trouvent dans des zones "hautement stratégiques", ont précisé les services du ministre. Deux d'entre elles, Ganim et Kadim, dans le nord de la Cisjordanie, seront réinstallées après avoir été démantelées il y a deux décennies.

- "Expansion implacable" -

La colonisation s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite depuis 1967, et s'est nettement intensifiée sous l'exécutif actuel, en particulier depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.

Dans le rapport de l'ONU consulté mi-décembre par l'AFP, son secrétaire général Antonio Guterres avait "condamné l'expansion implacable de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem Est, qui continue à alimenter les tensions, empêcher l'accès des Palestiniens à leur terre et menace la viabilité d'un Etat palestinien totalement indépendant, démocratique, continu et souverain".

"Ces développements enracinent encore l'occupation israélienne illégale et viole le droit international et le droit des Palestiniens à l'autodétermination", a-t-il ajouté.

L'avancée de la colonisation s'accompagne en outre d'une augmentation "alarmante" des violences des colons, dénonce-t-il dans le document, évoquant des attaques parfois "en présence ou avec le soutien des forces de sécurité israéliennes".

Depuis le 7-octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les nouveaux projets de colonies dévoilés par Israël provoquent régulièrement un tollé international, Paris y voyant une "menace existentielle" pour un Etat palestinien.

Fin septembre, le président américain Donald Trump, pourtant un soutien indéfectible d'Israël, avait averti qu'il "ne lui permettrait pas d'annexer la Cisjordanie".