Les souffrances et les destructions causées par l’assaut israélien sur Gaza servent les idéologies des extrémistes

Les récits extrémistes ne risquent-ils pas de paraître justifiés si la communauté internationale ne parvient pas à faire avancer le processus de paix au Moyen-Orient ou si le conflit s'aggrave encore dans la région? (AFP)
Les récits extrémistes ne risquent-ils pas de paraître justifiés si la communauté internationale ne parvient pas à faire avancer le processus de paix au Moyen-Orient ou si le conflit s'aggrave encore dans la région? (AFP)
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Publié le Lundi 26 février 2024

Les souffrances et les destructions causées par l’assaut israélien sur Gaza servent les idéologies des extrémistes

  • Les responsables de la sécurité ont signalé une augmentation de l'extrémisme en ligne, des crimes haineux et des personnes signalées aux autorités depuis le 7 octobre
  • Selon les experts, le conflit en cours pourrait être utilisé par les groupes extrémistes pour recruter des adeptes et encourager les attaques de loups solitaires

LONDRES : Les groupes extrémistes violents exploitent l'indignation suscitée par la guerre à Gaza pour attiser les flammes de la radicalisation, recruter des adeptes et encourager les attaques de loups solitaires en Occident, ont averti des responsables de la lutte contre le terrorisme.

Depuis l'attaque du 7 octobre menée par le Hamas, qui a déclenché les représailles d'Israël à Gaza, des responsables de la sécurité ont mis en garde contre une augmentation spectaculaire des tendances islamistes violentes, de la propagande terroriste en ligne et du nombre d'individus signalés aux autorités.

S'exprimant samedi lors de la conférence de Munich sur la sécurité, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, a déclaré que les actions provocatrices des forces israéliennes déployées dans la bande de Gaza allaient attiser les sentiments dans les pays arabes et islamiques, d'autant plus que le nombre de morts approche les 30 000.

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Depuis l'attentat du 7 octobre mené par le Hamas, les responsables de la sécurité ont mis en garde contre une montée en flèche des tendances islamistes violentes (Photo, AFP).

Il a averti que ces incidents pourraient servir les idéologies du terrorisme et de l'extrémisme dans le monde.

Le mois dernier, Matt Jukes, chef de la police antiterroriste britannique, a révélé que les événements au Moyen-Orient avaient créé un «climat dangereux» dans lequel la colère contre les actions d'Israël et l'inaction supposée de l'Occident alimentent des griefs qui peuvent être exploités par des groupes extrémistes.

«Cela nous place à un point où les communautés, dans la rue et en ligne, nous amènent à décrire ce qui s'est passé au Moyen-Orient comme un moment de radicalisation», a indiqué M. Jukes dans un communiqué le 19 janvier.

«Ce sont les moments où un mélange d'indignation, de griefs et un ensemble de facteurs durables peuvent influencer les personnes susceptibles d'être poussées vers le terrorisme», a-t-il expliqué.

Des préoccupations similaires ont été soulevées immédiatement après l’attaque dirigée par le Hamas par le chef du MI5, Ken McCallum, qui a déclaré à la BBC que «beaucoup de terroristes potentiels au Royaume-Uni s’inspirent de leur compréhension déformée de ce qui se passe dans d’autres pays».

De même, aux États-Unis, le directeur du FBI, Chris Wray, a déclaré: «Nous ne pouvons pas écarter la possibilité que le Hamas ou d'autres organisations terroristes étrangères profitent du conflit pour appeler leurs partisans à mener des attaques sur notre propre sol.»

Elizabeth Pearson, experte en contre-terrorisme et auteur du livre récemment publié Extreme Britain, estime que le conflit entre Israël et le Hamas agit comme un «paratonnerre» pour la radicalisation – un phénomène aggravé par des griefs préexistants.

«Ce conflit particulier a toujours été un vecteur symbolique pour les différentes identités qui se sentent – et deviennent – marginalisées», a déclaré à Arab News Mme Pearson, qui dirige le programme de maîtrise en études sur le terrorisme et le contre-terrorisme au Royal Holloway de l'université de Londres.

«J'ai parlé à des militants islamistes au Royaume-Uni et ils ont explicitement décidé d'utiliser ce conflit et le sort des Palestiniens pour gagner de nouveaux membres. Le récit de la victimisation et de l'impuissance des musulmans est essentiel à cet égard. Les réponses des islamistes sont toujours les suivantes: la seule façon de résoudre ce problème est de rejoindre notre groupe.»

Selon les experts, il existe plusieurs façons pour les groupes extrémistes d'essayer d'adapter les événements du Moyen-Orient à leur vision du monde. Pour Alan Mendoza, directeur exécutif de la Henry Jackson Society, ces interprétations suivent un schéma familier.

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Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, a déclaré que les actions provocatrices des forces israéliennes déployées dans la bande de Gaza allaient attiser les sentiments dans les pays arabes et islamiques (Photo, AFP).

«La manière habituelle dont le récit émerge est le suivant : «L’Occident est corrompu et hypocrite», a expliqué M. Mendoza à Arab News.

«Ses alliés tuent des musulmans innocents tandis qu'il leur fournit des armes et leur assure une couverture diplomatique. Ces mêmes pays occidentaux oppriment de plus en plus leurs populations musulmanes chez eux. Venez nous rejoindre pour libérer notre peuple», a-t-il ajouté.

Les implications de ce climat de radicalisation au Royaume-Uni s’expriment de plusieurs façons. Le plus évident depuis le début de la crise de Gaza a été l’augmentation soudaine des crimes haineux et des discours haineux sur les réseaux sociaux.

«Nous assistons à une escalade massive de l'islamophobie et, en particulier, de l'antisémitisme», a déclaré à Arab News Emily Winterbotham, directrice du programme sur le terrorisme et les conflits au Royal United Services Institute de Londres.

«Les services de renseignement britanniques le reconnaissent. Les manifestations et les actes antisémites, islamophobes, le vandalisme et les tensions sociales accroissent le climat de radicalisation», a-t-elle précisé.

Les statistiques de la police métropolitaine de Londres montrent qu'il y a eu 218 incidents antisémites entre le 1er et le 18 octobre de l'année dernière, contre 15 au cours de la même période en 2022. De même, 101 délits islamophobes ont été recensés, contre 42 précédemment.

«Nous avons également constaté une multiplication par 12 du contenu haineux sur les médias sociaux qui est transmis à des policiers spécialisés de l’Unité de référence sur Internet pour la lutte contre le terrorisme», a signalé Mme Winterbotham. «Il s’agit principalement de contenu antisémite et d’utilisateurs qui ne figuraient pas auparavant sur le radar de la police.»

Les groupes islamistes ne sont pas les seuls à s'être emparés des événements du Moyen-Orient pour promouvoir un discours extrémiste, recruter des adeptes et inciter à la violence.

«Les groupes d'extrême droite au Royaume-Uni utilisent le conflit pour délégitimer davantage l'islam et les musulmans, en prenant le parti d'Israël afin de promouvoir un agenda antimusulman», a déclaré Mme Pearson.

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Selon les chiffres de la police métropolitaine, la quantité de matériel terroriste apparaissant en ligne a été multipliée par 15 par rapport à ce qu'elle était avant le 7 octobre (Photo, AFP).

«La polarisation, l'islamophobie et l'antisémitisme dans la société en général justifient la haine et la violence... C'est la polarisation, l'incapacité d'éprouver de l'empathie pour les autres et, en fin de compte, leur déshumanisation, qui est une caractéristique clé de la radicalisation», a-t-elle éclairci.

Anas Al-Tikriti, PDG et fondateur de la Fondation Cordoba, rejette l'idée que les islamistes ou les musulmans en général sont les seuls responsables de l'augmentation apparente des contenus extrémistes depuis le début du conflit.

«Je dirais que tout conflit, en particulier l'ampleur et évidemment le territoire dont nous parlons au cours des quatre derniers mois, aura créé une remontée, probablement significative, des tendances radicalisées dans les deux camps», a-t-il déclaré à Arab News.

«Mais pourquoi se concentrer uniquement sur le côté musulman? Pourquoi ne pas parler, par exemple, de ce qui se passe sur les plateformes et les comptes sionistes?», s'est-il demandé.

Il a ajouté: «Je doute que quiconque soit choqué ou surpris par le fait que le conflit, de la manière, de la forme et des images dont nous avons été submergés, ait conduit à de telles tendances. Mais je rejette, je rejette absolument et totalement... que ces tendances soient exclusives aux cercles musulmans.»

Selon les chiffres de la police métropolitaine, la quantité de contenu terroriste apparaissant en ligne a été multipliée par 15 par rapport à ce qu'elle était avant le 7 octobre, avant de se stabiliser à un niveau sept fois supérieur.

«C’est extraordinaire et cela démontre le volume et l’intensité de la rhétorique en ligne autour du conflit en cours», a dévoilé le chef de la lutte antiterroriste M. Jukes dans sa déclaration de janvier.

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Le directeur du FBI, Chris Wray, a déclaré: «Nous ne pouvons pas écarter la possibilité que le Hamas ou d'autres organisations terroristes étrangères profitent du conflit pour appeler leurs partisans à mener des attaques sur notre propre sol» (Photo, AFP).

«Nous observons toujours des pics après les incidents terroristes, mais ce que nous avons vu depuis le 7 octobre est plus élevé et plus soutenu que jamais. Il s'agit d'un conflit et de tensions qui se manifestent en ligne d'une manière qui, d'après notre expérience, est sans précédent», a-t-il prévenu.

Ce qui est moins clair, c'est de savoir si ce climat de radicalisation est confiné à la sphère en ligne ou s'il est désormais évident dans les communautés.

«Bien que le plus grand forum de radicalisation dans ce conflit ait eu lieu en ligne, des vidéos provenant de plusieurs mosquées ont montré des sermons du vendredi qui ne peuvent qu'être conçus pour enflammer les opinions de ceux qui les écoutent», a mentionné M. Mendoza.

 «Les campus n’ont pas non plus été à l’abri de la tendance croissante des marches de protestation où la rhétorique extrémiste est souvent entendue et les slogans affichés», a-t-il clarifié.

«Il est clair que si la propagation de ces activités n’est pas contrôlée, non seulement elle se poursuivra, mais elle s’aggravera à mesure que les limites de ce qui est acceptable seront repoussées», a-t-il prévenu.

Les experts de la lutte contre le terrorisme considèrent les activités en ligne comme un bon baromètre – bien qu'imparfait – de la radicalisation dans la vie publique. Le dilemme pour les autorités antiterroristes est de reconnaître la différence entre le bavardage et une menace imminente dans le monde réel.

«Une grande partie de ce contenu extrémiste et de cette radicalisation a lieu dans l'espace en ligne, qui reflète mais de façon exagérée ce qui se passe dans la vie réelle», a déclaré Mme Winterbotham.

«La relation entre le contenu extrémiste en ligne et le comportement hors ligne n'est pas encore suffisamment comprise. Il est important de travailler à l'identification des facteurs de risque, des modèles de langage et des indicateurs de comportement, en particulier dans l'espace en ligne, afin d’aider à identifier les individus et les groupes extrémistes qui présentent un risque de violence », a-t-elle expliqué.

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Les implications de ce climat de radicalisation au Royaume-Uni s'expriment de plusieurs manières (Photo, AFP).

Il y a eu récemment des exemples troublants de la façon dont le contenu terroriste mis en ligne peut influencer l'opinion publique de manière inattendue.

En novembre, la «Lettre au peuple américain», un manifeste rédigé en 2002 par Oussama ben Laden, est soudainement devenue virale sur TikTok, des influenceurs lisant des passages du document et qualifiant l'ancien chef d'Al-Qaïda de héros.

«Le fait que la génération Z considère le contenu de ces vidéos comme plus crédible que les informations traditionnelles est très inquiétant et profite à Al-Qaïda et à d'autres groupes extrémistes violents», a indiqué Mme Winterbotham.

«Nous assistons également à l'essor des théories du complot. Ce n'est pas nouveau, mais c'est la combinaison de ces théories avec des récits extrémistes qui est particulière. Compte tenu de la polarisation et de la radicalisation du débat sur Israël et Gaza, une minorité de Britanniques s'engage dans des théories conspirationnistes souvent très préjudiciables», a-t-elle expliqué.

Compte tenu de ce nombre croissant d'individus radicalisés, les experts estiment qu'il n'est pas impossible que des organisations terroristes nationales ou étrangères incitent à commettre des actes violents sur le sol britannique ou y participent activement.

Le niveau de menace terroriste au Royaume-Uni est actuellement qualifié de «non-négligeable» – le troisième des cinq niveaux – ce qui signifie qu'un attentat est considéré comme probable. Si des groupes terroristes décident de perpétrer une attaque au Royaume-Uni, ce niveau de menace pourrait passer à «grave» ou «critique».

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Selon les experts, les groupes extrémistes peuvent essayer de tourner les événements au Moyen-Orient de plusieurs façons pour les adapter à leur vision du monde (Photo, AFP).

«Le Hamas lui-même représente potentiellement une menace pour le territoire britannique, et nous avons vu des complots du Hamas déjoués en Allemagne et au Danemark dès l'année dernière», a déclaré Mme Winterbotham, faisant référence à l'arrestation, le 14 décembre, de quatre personnes soupçonnées de préparer des attentats contre des institutions juives en Europe.

«Les réponses possibles incluent des frappes à l'étranger contre des ambassades, des installations diplomatiques et des représentants israéliens», a-t-elle ajouté.

Mais les parties au conflit ne sont pas les seules à chercher des cibles occidentales. Des groupes comme Daech sont probablement aussi à la recherche d’une ouverture.

Récemment, le porte-parole de Daech, Abu Hudhayfa, a prononcé un nouveau discours, “Et tuez-les, où que vous les rencontriez”, qui encourage les attaques d'acteurs isolés», a indiqué Mme Winterbotham.

«Nous avons déjà constaté une augmentation des attaques d'acteurs solitaires depuis le 7 octobre à Arras, en France, à Paris et à Bruxelles, ainsi qu'une attaque déjouée à Las Vegas. Des liens avec Gaza ont été établis», a-t-elle indiqué.

Al-Qaïda pourrait également essayer d'exploiter ce climat, des activités en ligne récentes indiquant que le réseau terroriste tente d'encourager les attaques de loups solitaires.

«Ces derniers mois, Al-Qaïda a intensifié ses incitations contre les gouvernements arabes alliés des États-Unis», a déclaré Mme Winterbotham.

«Le 26 décembre, Al-Qaïda dans la péninsule arabique a relancé son magazine en anglais Inspire, avec une vidéo montrant des scènes de Gaza, des manifestations et le soutien des États-Unis à Israël, appelant à des attaques en Amérique et contre des cibles juives et occidentales, notamment des compagnies aériennes américaines, britanniques et françaises et des personnalités de premier plan, et contenant des instructions pour la fabrication d'explosifs artisanaux», a-t-elle précisé.

La Palestine n'a jamais été l'une des principales priorités d'Al-Qaïda, affirme Mme Winterbotham. «L'organisation a plutôt utilisé la Palestine dans sa rhétorique pour élargir son audience. Toutefois, la présence en Iran du chef de facto d'Al-Qaïda, Saïf al-Adel, a une influence.»

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Elizabeth Pearson, experte en contre-terrorisme et auteur du livre Extreme Britain récemment publié, estime que le conflit entre Israël et le Hamas agit comme un «paratonnerre» pour la radicalisation, un phénomène aggravé par des griefs préexistants (Photo, AFP).

En effet, compte tenu de son soutien au Hamas et à d'autres groupes régionaux par procuration, notamment les Houthis au Yémen, le Hezbollah au Liban et diverses milices chiites en Syrie et en Irak, les responsables de la sécurité croient également que l'Iran est désireux d'exploiter le climat de radicalisation.

En janvier, il est apparu que des vidéos de discours antisémites prononcés par des généraux iraniens devant des étudiants britanniques faisaient l'objet d'une enquête de la Charity Commission. L'autorité de régulation se pencherait également sur des slogans de «mort à Israël» dans les locaux d'une organisation caritative islamique au Royaume-Uni.

Les discussions des membres du Corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran (CGRI), enregistrées en 2020 et 2021 et qui comprenaient la négation de l'Holocauste et des références à une guerre apocalyptique contre les Juifs, ont renforcé les préoccupations croissantes selon lesquelles le CGRI tente de radicaliser les musulmans du Royaume-Uni.

Les services de sécurité ont déjà averti que le CGRI incitait à la violence et complotait pour enlever ou tuer des personnes sur le sol britannique, ce qui a conduit à des appels pour qu'il soit désigné comme une organisation terroriste étrangère. Certains pensent que la guerre à Gaza offre à l'Iran de nouvelles opportunités.

«Le jeu de l'Iran est simple», a déclaré M. Mendoza. «En se présentant comme le principal défenseur international de Gaza – même si, en réalité, son soutien à Gaza a entraîné la destruction totale des habitants palestiniens de Gaza – il est en mesure de canaliser la rage émotionnelle exprimée par le public en solidarité avec le propre combat de l'Iran contre l'Occident.»

«L'Iran et ses mandataires espèrent utiliser Gaza à des fins de relations publiques, comme en témoigne le soutien public apporté aux Houthis dans certaines parties de l'Occident, en dépit de leur bilan épouvantable en matière de droits de l'homme et de leurs convictions théologiques», a-t-il précisé.

Pour contrer le phénomène de radicalisation, le gouvernement britannique a lancé Prevent, un système établi pour la première fois en 2007 à la suite des attentats du 7 juillet 2005, afin de permettre aux institutions publiques de signaler les individus présentant des tendances extrémistes.

Le taux de ces renvois est considéré comme un autre baromètre de l'ampleur de la radicalisation à un moment donné.

Selon le chef de la lutte antiterroriste, Matt Jukes, les renvois à Prevent ont augmenté de 13% entre le 7 octobre et le 31 décembre de l'année dernière par rapport à la même période en 2022. M. Jukes a indiqué que cette augmentation «est directement liée au conflit au Moyen-Orient».

Mais quelle est l'efficacité de la stratégie Prevent pour empêcher les idées de se transformer en intentions?

«L'un des problèmes des programmes tels que Prevent est qu'ils ont tendance à mieux contrer les idées en démantelant les systèmes de croyances idéologiques structurés», a expliqué Mme Winterbotham.

Il y a eu récemment des exemples troublants de la façon dont le contenu terroriste mis en ligne peut influencer l'opinion publique de manière inattendue (Photo, AFP).

«Cela peut être d'une utilité limitée lorsqu'il s'agit d'aborder des questions liées au Moyen-Orient et aux formes contemporaines d'extrémisme basées sur des idéologies hybrides et mixtes», a-t-elle éclairci.

Elle a appelé à «un engagement plus complet, impliquant une réponse de l'ensemble de la société qui combine des actions préventives intégrées et non sécurisées avec des activités de prévention ciblées».

«Dans la lutte contre les idées extrémistes et les groupes terroristes qui visent à saper la démocratie, il est plus important que jamais de mettre en place des systèmes de gouvernance solides qui traitent tous les individus de manière équitable et cohérente», a estimé Winterbotham.

«Il s'agit d'un principe clé de notre travail de lutte contre le terrorisme, mais une grande partie de ce travail va bien au-delà de la lutte contre le terrorisme», a-t-elle ajouté.

Mme Pearson convient que les politiques de lutte contre la radicalisation doivent être mises en œuvre avec sensibilité, sinon elles aggravent les choses.

«Il est important que les responsables n'amplifient pas les émotions qui entourent ce conflit. Un leadership efficace doit servir à calmer, et non à enflammer», a-t-elle jugé.

«Les étiquettes comme “terroriste” et “extrémiste” ont eu tendance à s’étendre au cours des dernières années, couvrant davantage de personnes et d’infractions. Le Royaume-Uni devrait veiller à ne pas élargir inutilement ces termes», a-t-elle suggéré.

Bien entendu, l'un des moyens d'éliminer la menace que représente la radicalisation émanant de la guerre de Gaza serait de résoudre le conflit israélo-palestinien, vieux de plusieurs décennies, qui est à l'origine de tant d'instabilité au Moyen-Orient.

«Il y a une position très raisonnable et très sensée que le Royaume-Uni aurait dû adopter il y a de nombreux mois», a déclaré Anas Al-Tikriti.

«Il s'agit d'appeler à un cessez-le-feu, ce que le gouvernement britannique non seulement n'a pas fait mais est allé jusqu'à licencier et punir ceux qui ont prononcé ce mot, allant même jusqu'à qualifier d'antisémites ceux qui ont parlé d'un cessez-le-feu, ce qui est totalement absurde», a-t-il ajouté.

Dans ces conditions, les récits extrémistes ne risquent-ils pas de paraître justifiés si la communauté internationale ne parvient pas à faire avancer le processus de paix au Moyen-Orient ou si le conflit s'aggrave encore dans la région?

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Les experts de la lutte contre le terrorisme considèrent l'activité en ligne comme un bon baromètre – bien qu'imparfait – de la radicalisation dans la vie publique (Photo, AFP).

«Il est évident que lorsque les États, les agences de la communauté internationale telles que les Nations unies, ne parviennent pas à protéger la vie des personnes, lorsqu'ils ne prennent pas le contrôle et ne punissent pas les auteurs de crimes, les gens se sentent obligés de prendre les choses en main», a expliqué M. Al-Tikriti.

«Ils augmenteront le volume de leurs récits, le ton de leurs récits, afin d'exposer les échecs de la communauté internationale», a-t-il poursuivi.

«L'autre camp dira que c'est de l'extrémisme. Le gouvernement pourrait également le qualifier d'extrémiste. Le chef de la police antiterroriste britannique pourrait également le qualifier d'extrémiste. Pour moi, il s'agit simplement d'une réaction humaine naturelle», a-t-il estimé.

Pour M. Mendoza, la réponse de la communauté internationale est probablement sans importance aux yeux des groupes extrémistes. «Les extrémistes utiliseront tous les facteurs possibles pour faire avancer leur discours», a-t-il précisé.

«Si le cadran n'est pas tourné vers la paix au Moyen-Orient, ils l'utiliseront comme un moyen de recruter pour la justice. Mais si la donne change, ils rejetteront l'accord de paix qui émergera comme une trahison de la terre historique de Palestine et l'utiliseront à la place», a indiqué M. Mendoza.

 «De même, qu'il y ait ou non un nouveau conflit au Moyen-Orient, la situation sera tournée à leur avantage. Cela nous rappelle que le véritable problème de la radicalisation ne relève pas de la politique étrangère, mais de la politique intérieure», a-t-il estimé.

«Si les extrémistes ont le champ libre pour organiser et pousser leur propagande, alors ils en récolteront les fruits. Ce n’est qu’en adoptant une approche de tolérance zéro à l’égard de leurs fantasmes que nous pourrons remettre le génie de la radicalisation dans sa bouteille», a-t-il ajouté.

Indépendamment de la façon dont les groupes extrémistes peuvent manipuler le récit, les chiffres publiés par les autorités antiterroristes britanniques montrent une corrélation entre le conflit au Moyen-Orient et une radicalisation accrue, créant une menace potentielle pour la sécurité.

«Les discours extrémistes résonnent parce qu’ils contiennent toujours quelques noyaux de vérité», a soutenu Elizabeth Pearson. «Plus un conflit dure, plus la violence et l’injustice sont visibles en ligne et renforcent le récit, plus le risque est grand.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Au Liban, le pape apporte l'espoir et appelle à l'unité

Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel. (AFP)
Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel. (AFP)
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  • Le chef de l'Eglise catholique a commencé sa journée par une visite à Annaya, un monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel Makhlouf (1828-1898)
  • Ce moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est très populaire chez des Libanais de toutes les communautés dont beaucoup croient en ses miracles

ANNAYA: Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel.

Dès le matin, des milliers de fidèles enthousiastes se pressent sous une pluie battante le long de la route empruntée par le pape pour l'acclamer.

"Nous sommes très heureux de la visite du pape, elle nous a rendu le sourire (..) après toutes les difficultés que nous avons traversées", déclare à l'AFP Yasmine Chidiac.

"Tout le monde va à Rome pour voir le pape, mais il est venu chez nous, et c'est la plus grande bénédiction (..) et un espoir pour le Liban", affirme Thérèse Darouni, 65 ans, qui attend le passage du convoi papal devant chez elle, au nord de Beyrouth.

Le chef de l'Eglise catholique a commencé sa journée par une visite à Annaya, un monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel Makhlouf (1828-1898).

Ce moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est très populaire chez des Libanais de toutes les communautés dont beaucoup croient en ses miracles.

"Nous devons nous unir" 

Devant le monastère, à 54 km au nord de Beyrouth, des hauts-parleurs diffusent des hymnes religieux et les fidèles agitent des drapeaux libanais et du Vatican.

Les autorités ont décrété deux jours fériés au Liban, où la visite papale suscite un vif enthousiasme, malgré les craintes d'un retour de la guerre avec Israël.

En dépit d'un cessez-le-feu intervenu il y a un an entre le Hezbollah pro-iranien et le pays voisin, l'armée israélienne a intensifié ces dernières semaines ses frappes au Liban.

Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens.

Léon XIV est le troisième pape à effectuer une visite officielle au Liban, après Jean-Paul II en 1997 et Benoît XVI en 2012.

Il doit prononcer lundi un discours devant les évêques, prêtres et religieux du pays au sanctuaire de Harissa, au pied de la statue de Notre-Dame du Liban qui surplombe la baie de Jounieh, sur la Méditerranée.

Dans l'après-midi, deux autres moments forts sont prévus: une prière interreligieuse sur la place des Martyrs au centre de Beyrouth, un vaste espace emblématique symbole de mémoire nationale, et une rencontre avec des jeunes au patriarcat de Bkerké (nord).

"Au moment où nous sommes confrontés à de nombreux problèmes économiques, sociaux et politiques, nous avons besoin d'espoir", déclare Elias Abou Nasr Chaalan, 44 ans.

"Nous devons nous unir en tant que Libanais, comme le pape a réuni les responsables et les chefs religieux lors de son arrivée, car c'est en restant unis que nous pouvons surmonter toutes les difficultés", ajoute ce père de deux enfants.

 "Modèle de coexistence" 

Dimanche soir, tous les responsables politiques et religieux se sont rendus au palais présidentiel pour accueillir le souverain pontife.

Dans un discours, le pape a appelé les Libanais à "rester" dans leur pays, où l'effondrement économique depuis 2019 a aggravé l'émigration massive, et à oeuvrer pour la "réconciliation".

Devant les dirigeants, il a appelé la classe politique à "se mettre au service du peuple avec engagement et dévouement".

La crise économique inédite qui a éclaté à l'automne 2019 et ruiné les Libanais a été imputée en grande partie à la négligence de la classe politique, régulièrement accusée de clientélisme communautaire et de corruption.

Le système politique libanais garantit une parité unique dans la région entre musulmans et chrétiens,mais en dépit du rôle politique important que jouent ces derniers, ils ont vu leur nombre diminuer ces dernières décennies, en raison notamment du départ des jeunes.

"La sauvegarde du Liban, unique modèle de coexistence" entre chrétiens et musulmans, "est un devoir pour l’humanité", a déclaré dimanche soir le président Joseph Aoun, seul chef d'Etat arabe chrétien, devant le pape.

"Car si ce modèle venait à disparaître, nul autre lieu ne pourrait le remplacer".


Gaza: Israël dit avoir tué 40 combattants palestiniens dans des tunnels à Rafah

L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
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  • Selon un responsable du Hamas à Gaza, "entre 60 et 80 combattants" seraient coincés sous terre à Rafah
  • Mercredi, le Hamas a appelé les pays médiateurs à faire pression sur Israël pour permettre à ses combattants de quitter les tunnels où ils sont bloqués dans le territoire palestinien

JERUSALEM: L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas.

Depuis 40 jours, les troupes concentrent leurs efforts dans la zone est de Rafah, "dans le but de démanteler les réseaux de tunnels souterrains qui subsistent dans la région et d'éliminer les terroristes qui s'y cachent", a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué.

"Au cours de la dernière semaine, plus de 40 terroristes ont été éliminés dans la zone du réseau de tunnels" et "des dizaines d'entrées de tunnels et de sites d'infrastructures terroristes, tant en surface que souterrains, ont été démantelés dans la région", a-t-elle poursuivi.

Plus tôt, l'armée israélienne avait dit avoir tué quatre combattants palestiniens qui sortaient de tunnels à Rafah.

Plusieurs sources au fait des discussions ont indiqué jeudi à l'AFP que des négociations étaient en cours sur le sort de dizaines de combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas, coincés depuis plusieurs semaines dans des tunnels dans le secteur de la bande de Gaza contrôlée par l'armée israélienne.

Selon un responsable du Hamas à Gaza, "entre 60 et 80 combattants" seraient coincés sous terre à Rafah.

Mercredi, le Hamas a appelé les pays médiateurs à faire pression sur Israël pour permettre à ses combattants de quitter les tunnels où ils sont bloqués dans le territoire palestinien, dans le secteur où s'est redéployée l'armée israélienne dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre.

"Nos combattants à Rafah ne peuvent pas accepter de se rendre ou de remettre leurs armes à l'occupation (Israël, NDLR)", a déclaré dimanche dans un communiqué Hossam Badran, un haut responsable du mouvement.

L'envoyé spécial américain Steve Witkoff avait lui affirmé début novembre que jusqu'à 200 combattants du Hamas seraient bloqués dans des tunnels à Gaza.

Interrogé alors par l'AFP, un porte-parole du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait indiqué que celui-ci n'était pas disposé à leur délivrer un sauf-conduit.

La trêve conclue plus de deux ans après le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023 reste très fragile, les deux belligérants s'accusant mutuellement de la violer.

La bande de Gaza, dévastée par la campagne militaire israélienne, reste plongée dans une très grave crise humanitaire.


«La paix n'est pas seulement une question d'équilibre, c'est aussi savoir comment vivre ensemble», dit le pape au Liban

Le pape Léon XIV rencontre le président libanais Joseph Aoun dimanche au palais présidentiel de Beyrouth. (AFP)
Le pape Léon XIV rencontre le président libanais Joseph Aoun dimanche au palais présidentiel de Beyrouth. (AFP)
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  • Le dialogue mutuel, même en cas de malentendus, est la voie de la réconciliation, déclare-t-il
  • Aoun : "Si le Liban est paralysé ou transformé, l'alternative sera une ligne de fracture dans notre région et dans le monde"

BEYROUTH : Le pape Léon XIV a appelé à la paix au Liban lors d'un discours prononcé à Beyrouth devant plus de 400 personnalités politiques, religieuses et sociales du pays.

"La paix dans ce pays est plus qu'un mot ; c'est un désir, un message, un don et un travail en cours", a-t-il déclaré lors de la première étape de sa visite historique de trois jours au Liban.

Le Liban a "un peuple qui n'abandonne pas, mais qui, face à l'adversité, sait toujours se relever avec courage", a-t-il ajouté.

"Votre résilience est une caractéristique fondamentale des vrais artisans de la paix, car l'instauration de la paix est, en réalité, un éternel recommencement. L'engagement et l'amour de la paix ne connaissent pas la peur face à la défaite apparente, ni le découragement face à la déception. Au contraire, ils regardent vers l'avenir, accueillant et embrassant toutes les situations avec espoir".

Le pape, qui revenait d'une visite en Turquie, a déclaré au public libanais que "la construction de la paix exige de la persévérance".

Il a ajouté : "Vous êtes un pays diversifié, une communauté parmi les communautés, unie par une langue commune. Je ne me réfère pas seulement à la langue arabe levantine, dans laquelle votre grand passé a laissé des trésors inestimables. Je me réfère surtout à la langue de l'espoir, qui vous a toujours permis de prendre un nouveau départ.

"Presque partout dans le monde qui nous entoure, une sorte de pessimisme et de sentiment d'impuissance semble s'être installé, où les gens ne sont plus capables de se demander ce qu'ils peuvent faire pour changer le cours de l'histoire.

"Il semble que les grandes décisions soient prises par quelques privilégiés, souvent au détriment du bien commun, comme s'il s'agissait d'une fatalité. Vous avez beaucoup souffert des conséquences d'une économie dévastée et de l'instabilité mondiale, qui a eu des effets dévastateurs même au Levant, et de l'extrémisme des identités et des conflits. Mais vous avez toujours voulu, et vous avez su, prendre un nouveau départ".

Il a appelé la jeunesse libanaise à "ne jamais se séparer de son peuple et à se mettre avec engagement et dévouement à son service, riche de sa diversité. Ne parlez qu'une seule langue, celle de l'espoir".

En ce qui concerne le rétablissement de la paix dans le pays, il a déclaré : "Il y a des blessures personnelles et collectives : "Il y a des blessures personnelles et collectives qui prennent de nombreuses années, parfois même des générations, à guérir. Si elles ne sont pas traitées, si nous ne travaillons pas, par exemple, à guérir les mémoires et à réunir ceux qui ont souffert de l'injustice et de l'oppression, il sera difficile d'avancer vers la paix. Nous resterons piégés, chacun d'entre nous étant prisonnier de sa propre douleur et de sa propre façon de penser."

"La paix est bien plus qu'un simple équilibre - toujours fragile - entre ceux qui vivent séparément sous un même toit. La paix, c'est savoir vivre ensemble, en communion, comme des personnes réconciliées. Une réconciliation qui nous permet de travailler ensemble pour un avenir commun, côte à côte. Ainsi, la paix devient cette abondance qui nous surprend lorsque nos horizons s'élargissent, dépassant tous les murs et toutes les barrières. Le dialogue mutuel, même face à l'incompréhension, est le chemin de la réconciliation."

Le pape a exhorté les Libanais à "rester dans leur patrie et à travailler jour après jour pour construire une civilisation d'amour et de paix, car c'est une chose très précieuse". L'Église ne se préoccupe pas seulement de la dignité de ceux qui quittent leur patrie, mais elle ne veut pas que quiconque soit forcé de partir. Elle veut au contraire que ceux qui souhaitent retourner dans leur patrie puissent le faire en toute sécurité".

Il a ajouté : "Le défi, non seulement pour le Liban, mais pour l'ensemble du Levant, est de savoir comment faire pour que les jeunes, en particulier, ne se sentent pas obligés de quitter leur patrie et d'émigrer ? Comment pouvons-nous les encourager à ne pas chercher la paix ailleurs, mais à trouver des garanties de paix et à être des pionniers dans leur propre pays ?"

Léon XIV a souligné "le rôle essentiel des femmes dans l'entreprise ardue et patiente de préservation et de construction de la paix".

Il a déclaré : "N'oublions pas que les femmes ont une capacité particulière à construire la paix, parce qu'elles savent comment favoriser et renforcer les liens profonds avec la vie, les personnes et les lieux. Leur participation à la vie sociale et politique, ainsi qu'à leurs communautés religieuses, représente une véritable force de renouveau dans le monde entier".

Plus tard, le président libanais Joseph Aoun a déclaré : "Le Liban, ce petit pays par sa taille mais grand par sa mission, a toujours été et reste une terre qui unit la foi et la liberté, la diversité et l'unité, la douleur et l'espoir.

Il a souligné que le pays était "unique au monde", ce qui "nécessite que toute l'humanité vivante préserve le Liban".

M. Aoun a ajouté : "Car si ce modèle de vie libre et égale entre les adeptes de différentes religions venait à disparaître, il n'y aurait pas d'autre endroit sur terre qui puisse l'accueillir.

"Si la présence chrétienne disparaît du Liban, l'équation de la nation s'effondrera et sa justice s'effritera. Si la présence musulmane disparaît du Liban, l'équation de la nation sera perturbée et sa modération sera brisée. Si le Liban est paralysé ou transformé, l'alternative inévitable sera des lignes de fracture dans notre région et dans le monde, entre toutes sortes d'extrémismes et de violences intellectuelles, physiques et même sanglantes. C'est une chose que le Saint-Siège a toujours comprise.

"Nous affirmons aujourd'hui que la survie même de ce Liban, présent et présent autour de vous, est une condition préalable à la paix, à l'espoir et à la réconciliation entre tous les enfants d'Abraham."

Le président s'est adressé au pape et a déclaré : "Dans notre pays aujourd'hui, et dans notre région, il y a beaucoup d'oppression et beaucoup de souffrance. Leurs blessures attendent votre toucher béni. S'il vous plaît, dites au monde en notre nom que nous ne mourrons pas, que nous ne partirons pas, que nous ne désespérerons pas et que nous ne nous rendrons pas.

"Au contraire, nous resterons ici, respirant la liberté, créant la joie, pratiquant l'amour, embrassant l'innovation et aspirant à la modernité. Nous resterons le seul espace de rencontre de toute notre région, représentants unis de tous les enfants d'Abraham, avec toutes leurs croyances, leurs valeurs sacrées et leur héritage commun."

L'avion du pape a atterri à l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, en provenance d'Istanbul, vers 16 heures, dans le cadre de mesures de sécurité et d'organisation rigoureuses.

Deux jets de l'armée libanaise ont escorté l'avion papal lors de son entrée dans l'espace aérien libanais.

Le pape a déclaré à la délégation de presse qui l'accompagnait dans l'avion que sa visite en Turquie avait été "positive et réussie".

Remerciant le président turc et l'Église d'Orient, il a ajouté que "le but de sa visite au Liban est de construire la paix".

Le président Joseph Aoun, le président du Parlement Nabih Berri, le premier ministre Nawaf Salam, le patriarche maronite Bechara Al-Rahi, le commandant de l'armée, le général Rudolph Haykal, un grand nombre de chefs religieux de tout le Liban, des membres du corps diplomatique arabe et étranger, des représentants des blocs parlementaires et des groupes de civils attendaient le pape sur le tarmac de l'aéroport de Beyrouth.

À sa sortie de l'avion, l'armée libanaise a tiré une salve de 21 coups de canon en son honneur et les cloches des églises ont sonné dans tout le Liban. Les navires amarrés dans le port de Beyrouth ont fait retentir leurs sirènes en guise de bienvenue.

Deux enfants du Children's Cancer Center ont offert au pape un bouquet de fleurs, du pain, du sel et de la terre du Liban sur le tarmac, dans le cadre d'une tradition symbolique.

Le pape a reçu un accueil officiel dans le salon VIP, après quoi il s'est rendu au palais présidentiel.

Le cortège de Léon XIV a emprunté les autoroutes de la banlieue sud de Beyrouth, où des dizaines d'habitants se sont massés le long des routes, brandissant des drapeaux libanais et du Vatican. Certains ont brandi des drapeaux du Hezbollah et des photos de l'ancien secrétaire général Hassan Nasrallah.

Le long de la route allant de la banlieue sud de Beyrouth à Hazmieh, en passant par les routes menant à Baabda et au palais présidentiel, des centaines de personnes - enfants, femmes, hommes, personnes âgées et malades - se sont rassemblées malgré la forte pluie. Elles portaient des parapluies blancs, agitaient des drapeaux du Vatican et du Liban et scandaient son nom. Certains ont déclaré qu'il était "une lueur d'espoir pour le Liban", tandis que d'autres espéraient que sa "visite historique sauverait ce pays de ses crises".

Une femme a déclaré : "Les diverses communautés religieuses qui accueillent le pape sont un signe d'espoir pour le Liban" : "Les diverses communautés religieuses qui accueillent le pape témoignent de l'engagement du Liban en faveur de la coexistence.

Avant d'arriver au palais présidentiel, le pape est passé de sa voiture blindée noire à son véhicule vitré, saluant au passage les personnes qui avaient arrosé son cortège de pétales de roses et de riz.

Au son de la musique traditionnelle libanaise dabke et accompagné d'une escorte de chevaux, le pape a été reçu dans la cour du palais présidentiel.

Dans le salon VIP, Léon XIV a tenu des réunions privées séparées avec chaque dirigeant libanais.

Dans une autre salle, les 400 personnalités politiques, dont une délégation de députés du Hezbollah, des chefs de communautés religieuses, des membres du corps diplomatique et des représentants de la société civile, attendaient d'entendre le discours du pape.