Préoccupés par la forte inflation, les Iraniens peu intéressés par les élections

Des femmes iraniennes brandissent les drapeaux de leur pays en tenant des affiches du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, au centre, et du défunt fondateur de la révolution, l'ayatollah Khomeini, lors d'un rassemblement de campagne électorale avant les élections législatives et de l'Assemblée des experts du 1er mars à Téhéran (Photo, AP).
Des femmes iraniennes brandissent les drapeaux de leur pays en tenant des affiches du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, au centre, et du défunt fondateur de la révolution, l'ayatollah Khomeini, lors d'un rassemblement de campagne électorale avant les élections législatives et de l'Assemblée des experts du 1er mars à Téhéran (Photo, AP).
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Publié le Jeudi 29 février 2024

Préoccupés par la forte inflation, les Iraniens peu intéressés par les élections

  • Des analystes prévoient une abstention très importante, n'excluant pas que le record des précédentes législatives ne soit battu
  • Un récent sondage réalisé par la télévision d'Etat a révélé que plus de la moitié des personnes interrogées étaient indifférentes à ce scrutin

TEHERAN: La bonne affaire plutôt que le bon candidat: dans le grand bazar de Téhéran, les Iraniens sont plus préoccupés par la forte inflation que par les élections législatives prévues vendredi qui peinent à les intéresser.

"Aucun membre de ma famille n'est disposé à participer au vote", annonce Aliasghari, un retraité de 62 ans, interrogé aux abords de l'entrée principale de l'immense poumon commercial de la capitale.

A l'accoutumée, des Téhéranais de tous âges et tous milieux se pressent dans les allées mais "ils regardent juste les prix et les étals, sans acheter" car "la situation économique est extrêmement préoccupante", témoigne-t-il.

Devant son magasin de vêtements, Mehdi se désole: "lorsque je dis aux acheteurs combien coûte un produit, ils râlent et insultent le gouvernement" avant de tourner les talons.

Ce commerçant du bazar âgé de 58 ans affirme lui aussi qu'il ne se déplacera pas au bureau de vote pour renouveler le Parlement et l'Assemblée des experts, un organe clé chargé de nommer le guide suprême, plus haute autorité de la République islamique.

Des analystes prévoient une abstention très importante, n'excluant pas que le record des précédentes législatives ne soit battu. En 2020, seuls 42,57% des électeurs avaient voté, selon les statistiques officielles.

Un récent sondage réalisé par la télévision d'Etat a révélé que plus de la moitié des personnes interrogées étaient indifférentes à ce scrutin, malgré les appels du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, à y participer "en grand nombre".

Alors que l'inflation avoisine les 50%, "les produits ne deviendront pas moins chers après les élections", prédit Fatima, vendeuse d'habits pour enfants. Au contraire "la situation va empirer", craint cette femme de 21 ans qui pense toutefois voter vendredi mais sans encore savoir pour qui.

De nombreuses inconnues planent sur l'évolution de l'économie qui, malgré les énormes réserves en pétrole et gaz du pays, reste fragilisée par les sévères sanctions imposées par les Etats-Unis après leur retrait unilatéral de l'accord sur le nucléaire iranien en 2018.

Les tensions liées à la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza ajoutent aux incertitudes, notamment sur le cours de la monnaie nationale, le rial, sous pression ces dernières semaines.

«Vides de sens»

Sur les murs, des affiches de candidats promettent de "réparer l'économie" et de "lutter contre la corruption".

Mais "ce ne sont que des slogans vides de sens", "des paroles sans actes", regrette Masoumeh, une femme au foyer de 40 ans: "Je ne pense pas que les futurs élus vont améliorer la situation économique".

Pour le retraité Aliasghari, "les gens sont réticents à voter car ils entendent trop de mensonges et ont perdu confiance" envers les politiciens.

Le scrutin de vendredi sera le premier depuis le vaste mouvement de contestation ayant secoué le pays après la mort en septembre 2022 de la jeune Mahsa Amini, quelques jours après son arrestation par la police pour non-respect du strict code vestimentaire en vigueur dans le pays.

Plus d'un an après, les "mécontentements" demeurent, estime Mohammad Bagher Nobakht, un candidat centriste qui brigue un siège pour le parti Modération et Développement à Téhéran. Il regrette que le futur Parlement va rester dominé par les conservateurs et ultra-conservateurs après la disqualification de nombreux candidats modérés ou réformateurs.

"Le Parlement représente uniquement la classe puissante et riche et non les pauvres", dénonce Fatima, la jeune vendeuse.

Plus optimiste, Ali Mohammad Abshari, un retraité de 78 ans, veut croire à une amélioration de la situation économique "si des personnes qualifiées et honnêtes sont élus". Il se rendra dans le bureau de vote de son quartier "car c'est notre devoir islamique".


L'armée israélienne dit se préparer à une «  offensive décisive » contre le Hezbollah libanais

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
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  • "Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive"
  • Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah"

JERUSALEM: Un commandant de l'armée israélienne a indiqué vendredi que les troupes dans le nord du pays, où Israël à une frontière avec le Liban, se préparaient à une "offensive décisive" contre le Hezbollah, après des mois d'échanges de tirs transfrontaliers.

Le mouvement islamiste libanais Hezbollah et l'armée israélienne échangent des tirs quasi quotidiennement depuis l'attaque le 7 octobre du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah", selon un communiqué de l'armée.

Les troupes israéliennes dans le nord sont actuellement en opération pour protéger les habitants de cette partie du pays et "préparer la transition vers l'offensive", a ajouté le général Gordin, commandant les forces israéliennes dans le nord.

"Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive", a-t-il encore dit.

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources.

La plupart d'entre eux, 342 personnes, ont été confirmés comme étant des combattants du Hezbollah, mais le bilan comprend également 104 civils. M. Gordin n'a pas mentionné de victimes civiles. Dans le nord d'Israël, au moins 18 soldats israéliens et 13 civils ont été tués, selon l'armée.

Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, affirme que ses attaques contre Israël depuis le 8 octobre ont pour objectif de soutenir son allié du Hamas.

Des dizaines de milliers d'habitants ont depuis été déplacés au Liban et en Israël en raison de cette flambée de violence transfrontalière.


Polio, eaux usées, hôpitaux surchargés: la crise sanitaire à Gaza

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
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  • L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza
  • De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio

GENEVE: L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza, alors que la crise sanitaire y est déjà très grave.

Voici un aperçu de certains des défis sanitaires auxquels est confronté le territoire palestinien, selon l'OMS.

Polio dans les eaux usés

Menace largement répandue voici encore une quarantaine d'années, la poliomyélite - qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles - a très largement disparu dans le monde grâce aux vaccins.

Mais il existe une autre forme de poliovirus qui peut se propager: le poliovirus qui a muté à partir de la source contenue à l'origine dans le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). C'est ce poliovirus dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc) qui a été retrouvé à Gaza.

Lorsqu'elles se répliquent dans le tube digestif, les souches de VPO changent génétiquement et peuvent se propager dans les communautés qui ne sont pas complètement vaccinées contre la poliomyélite, en particulier dans les zones où les conditions d'hygiène et d'assainissement sont mauvaises, ou dans des zones surpeuplées.

Le 16 juillet, le Réseau mondial de laboratoires de lutte contre la poliomyélite a isolé le poliovirus de type 2 dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc2) dans six échantillons d'eaux usées à Deir al-Balah et Khan Younès.

Aucun prélèvement humain n'a encore été effectué à Gaza de sorte que l'OMS ne sait toujours pas si quelqu'un y a été infecté par le poliovirus. L'OMS et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) espèrent collecter cette semaine les premiers échantillons humains.

De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio.

Manque d'eau et d'assainissement

L'OMS et ses partenaires espèrent achever l'évaluation des risques liés à la polio cette semaine. Mais l'OMS a prévenu qu'il y a "un risque élevé" de propagation du poliovirus à Gaza et au niveau international "si cette épidémie ne fait pas l'objet d'une réponse rapide et optimale".

Le Dr Ayadil Saparbekov, chef d'équipe à l'OMS pour les urgences sanitaires dans les territoires palestiniens, espère que des recommandations pourront être publiées dimanche.

Mais "étant donné les limites actuelles en matière d'hygiène et assainissement de l'eau à Gaza, il sera très difficile pour la population de suivre le conseil de se laver les mains et de boire de l'eau salubre", a-t-il relevé mardi, lors d'un point de presse.

"Avec le système de santé paralysé, le manque d'eau et d'assainissement, ainsi que le manque d'accès de la population aux services de santé... la situation s'annonce très mauvaise", a-t-il souligné.

Au-delà de la polio, l'OMS est "très inquiète" face à de possibles épidémies dans la bande de Gaza.

Système de santé dévasté 

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés" dans le complexe médical Nasser après de nouveaux bombardements lundi à Khan Younès, dans un contexte de "grave pénurie de réserves de sang, de fournitures médicales et de lits d'hôpitaux".

Avant le conflit à Gaza, déclenché le 7 octobre par les attaques du Hamas, il y avait environ 3.500 lits d'hôpitaux dans le territoire palestinien. Aujourd'hui, l'OMS estime qu'il y en a 1.532.

Seulement 45 des 105 établissements de soins de santé primaires sont opérationnels. Huit des dix hôpitaux de campagne sont opérationnels, dont quatre seulement partiellement.

Dans une telle situation, "il se peut que davantage de personnes meurent de maladies transmissibles que des blessures" liées à la guerre, a averti le Dr Saparbekov.

Selon ce responsable de l'OMS, "jusqu'à 14.000 personnes pourraient" avoir besoin d'une évacuation médicale hors de Gaza.


Les EAU proposent une mission internationale temporaire pour l'après-guerre à Gaza

Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
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  • Elle a souligné le rôle clé des États-Unis dans le succès de la mission
  • La mission ouvrirait la voie à la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime

ABOU DHABI : Les Émirats arabes unis ont appelé à l'établissement d'une mission internationale temporaire pour poser les jalons d'une nouvelle gouvernance à Gaza après la guerre.

Jeudi, dans un communiqué relayé par l'agence de presse nationale, Reem Al-Hashimy, ministre d'État pour la coopération internationale,  a déclaré que cette mission viserait à rétablir l'ordre et à faire face à la crise humanitaire dans Gaza post-conflit.
Selon la ministre, la mission devrait être déployée à l'invitation du gouvernement palestinien, sous la houlette d'un "nouveau Premier ministre crédible et indépendant", pour répondre aux besoins des Palestiniens et reconstruire Gaza. 

Elle préparerait le terrain pour la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime.

Al-Hashimy a souligné qu'un retour à la situation d'avant le 7 octobre ne garantirait pas une paix durable, cruciale pour la stabilité régionale. 

Elle a exhorté les États-Unis à mener les efforts internationaux pour reconstruire Gaza, parvenir à la solution à deux États et faciliter les réformes palestiniennes, autant d'éléments qui contribueraient au succès de la mission internationale.

Israël, a-t-elle ajouté, doit également respecter le droit humanitaire international.

"Gaza ne peut se relever sous un blocus continu, ou si l'Autorité palestinienne légitime est empêchée d'assumer ses responsabilités", a-t-elle affirmé, appelant à l'arrêt des colonies israéliennes illégales et des violences en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. 

La ministre a réitéré le soutien des EAU aux efforts internationaux pour la solution à deux États.
"Notre ambition dépasse les frontières de Gaza et exige une collaboration internationale. L'établissement de la paix n'est pas seulement une nécessité régionale, mais un enjeu global qui profiterait à tout le Moyen-Orient et au monde entier", a-t-elle souligné pour conclure.