Arabie saoudite: Le périple des légionnaires romains jusqu'à Mada'in Salih

Le fort romain d'Hegra vu du nord (Photo, Emmanuel Botte).
Le fort romain d'Hegra vu du nord (Photo, Emmanuel Botte).
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Publié le Vendredi 01 mars 2024

Arabie saoudite: Le périple des légionnaires romains jusqu'à Mada'in Salih

  • Une exposition du British Museum présente le quotidien de ceux qui ont formé l'une des forces armées les plus célèbres au monde
  • À la fin du IIe siècle, un détachement de la troisième légion cyrénéenne a été déployé dans la ville nabatéenne conquise d'Hegra

LONDRES: Quiconque a regardé le film «Gladiator», sorti en 2000, se fait une idée vivante, même si elle n'est pas nécessairement tout à fait exacte, de ce qu'a dû être la vie des légionnaires légendaires qui ont imposé la volonté de Rome sur une grande partie du bassin méditerranéen et au-delà pendant un demi-millénaire.

Dans le film, Russell Crowe incarne Maximus Decimus Meridius, un général romain victime de la politique impériale après avoir vaincu les tribus germaniques du nord de l'Europe. Trahi, il finit par devoir se battre pour sa vie en tant que gladiateur dans le Colisée.

Mais comme le montre une nouvelle exposition au British Museum de Londres, la vie des soldats de Rome entre environ 30 avant notre ère et 476 de notre ère ne se résumait pas à des batailles sanglantes contre des barbares en maraude.

en bref

  • L'exposition «Legion: La vie dans l'armée romaine» est présente au British Museum de Londres jusqu'au 23 juin

«L'histoire de l'armée romaine ne se résume pas aux batailles rangées et à la guerre», a déclaré Sir Mark Jones, directeur par intérim du British Museum.

L'exposition, intitulée «Légion: La vie dans l'armée romaine», «est l'occasion de montrer différentes perspectives et de mettre en valeur la vie des hommes, des femmes et des enfants qui ont formé l'une des forces armées les plus célèbres au monde».

L'exposition présente 200 artefacts fascinants, «des objets militaires romains emblématiques et des preuves contemporaines de la vie réelle des hommes, des femmes et des enfants dans les forts et aux frontières de l'empire».

Le seul bouclier légionnaire intact au monde, mis au jour sur le site de l'ancienne cité de Dura-Europos, sur les rives de l'Euphrate en Syrie (Photo, Yale University Art Gallery).

Il s'agit notamment du seul bouclier légionnaire intact connu au monde, prêté par Yale, de l'armure romaine segmentaire classique la plus ancienne et la plus complète, récemment mise au jour sur un champ de bataille à Kalkriese en Allemagne, d'un casque à masque de cavalerie découvert en Angleterre et d'un étendard à dragon mis au jour en Allemagne.

Mais aussi fascinante que soit l'exposition, elle ne raconte pas l'histoire des légionnaires qui se sont introduit plus loin au sud de l'Arabie que beaucoup ne l'avaient imaginé. Cette histoire a été révélée par la découverte et la fouille, au cours des quinze dernières années, d'un camp fortifié aux confins de l'empire romain par une équipe archéologique mixte franco-saoudienne.

L'historien romain Strabon a décrit une expédition désastreuse qui a pénétré jusqu'au sud de l'actuel Yémen en 25-24 avant notre ère, mais aucune preuve archéologique n'a été trouvée à ce sujet, malgré la perte signalée de l'importante force dirigée par Aelius Gallus, un général romain originaire d'Égypte.

Un casque de légionnaire romain en alliage de cuivre de l'exposition du British Museum (Photo, British Museum).

L'histoire racontée par les pierres et les inscriptions d'Hegra est celle des hommes de la Legio III Cyrenaica – la troisième légion cyrénéenne. Fondée en Égypte par Marc Antoine, la légion a été transférée au début du premier siècle avant notre ère dans la nouvelle province romaine frontalière d'Arabie, créée après l'annexion du royaume nabatéen en 106 après Jésus-Christ.

Elle était basée à Bosra, dans le sud de la Syrie actuelle. Mais à la fin du IIe siècle, un détachement de la légion a été envoyé pour maintenir l’ordre dans la ville nabatéenne conquise d’Hegra, connue à l'époque moderne sous le nom de Mada'in Salih, qui est aujourd'hui un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco, au nord de la ville saoudienne d'AlUla.

Là, un fort a été construit sur le plateau à l’extrémité sud, sous le vent d'une colline sur laquelle une citadelle a également été construite.

Les premières preuves de la présence de troupes romaines sont apparues lentement, sous la forme d'inscriptions sur des pierres utilisées pour la construction, découvertes dans les environs d'Hegra dès le début des années 1970.

Une partie du mur d'enceinte sud du fort romain d’Hegra (Photo, Zbigniew T. Fiema).

«Les inscriptions trouvées dans le fort d'Hegra et près de la porte sud-est de la ville pourraient être identifiées comme des inscriptions commémoratives laissées par des soldats encore en vie», a révélé Zbigniew Fiema, un archéologue de l'université d'Helsinki qui fait partie du projet archéologique franco-saoudien de Mada'in Salih.

«Les coutumes épigraphiques de l'Antiquité se caractérisaient par quelque chose que nous pouvons aujourd'hui identifier aux pratiques de Facebook, car elles présentent souvent des messages simples mais informatifs – “Bonjour, je suis ici; j'ai fait ceci et cela.”

«La conservation du nom d'une personne par le biais d'une inscription était très importante dans l'Antiquité. De plus, les inscriptions anciennes sont souvent des invocations aux divinités, des remerciements ou des demandes de protection.»

Écrites en grec ou en lartin, plus de 14 inscriptions ont été trouvées, dont certaines témoignent de la présence de soldats de Legio III Cyrénaïque.

Plusieurs des hommes qui ont consigné leur nom pour la postérité se décrivent comme des «stationarii» («maître de poste»), des soldats dont les fonctions auraient consisté à surveiller les voyageurs entrant et sortant par les portes d'Hegra, à agir en tant que force de police et à assurer la sécurité de la route sur ce qui aurait été une étape importante du système postal et de transport impérial en Arabie.

Inscription monumentale d’Hegra (Mada'in Salih) dédiée à l'Imperator Marcus Aurelius dans la province romaine d'Arabie (Photo, Wikimedia Commons).

De nombreuses inscriptions semblent rendre grâce à Hammon, un dieu vénéré en Libye et en Haute-Égypte et assimilé à la divinité romaine Jupiter, pour les missions accomplies avec succès.

Certaines sont gravées dans les pierres. Mais l'une des plus longues est une inscription latine peinte en noir, qui a survécu d'une manière ou d'une autre aux intempéries pendant plus de mille huit cent ans.

Elle commence ainsi: «À notre Jupiter le meilleur et le plus grand Hammon, à la santé de nos seigneurs les empereurs, à la sainte déesse Minuthis et au génie de la troisième légion de Cyrénaïque, bonne chance!»

L’inscription nomme cinq hommes – «Lollius Germanicianus le légat sénatorial... Bennius Plautianus centurion et ami des soldats... Flavius Saianus décurion, un homme excellent, Flavius Nicomachus soldat de la légion, de la centurie d'Aurelius Marcus, et Antonius Maximus Eros, de la centurie d'Ancharius Secundus, stationarii» – qui tous «rendent grâce au génie de la porte».

Un redoutable étalon de dragon trouvé en Allemagne (Photo, Koblenz Landesmuseum).

Certaines inscriptions sont beaucoup plus courtes: «Souviens-toi de Komodos», implore une inscription grecque trouvée sur une pierre réutilisée dans une porte construite à la fin du IIe ou au début du IIIe siècle. Une inscription sur un autre bloc de construction réutilisé dit: «Souviens-toi d'Ulpis, le chamelier.»

Le fort dans lequel certains de ces hommes auraient été stationnés – construit selon le modèle standard de l'armée romaine et doté de murs d'enceinte, de casernes, de deux portes, de tours d'angle et peut-être d'un petit bain ou d'une salle chauffée – est considéré comme l'une des premières structures militaires de l'Arabie romaine.

Fouillé sur plusieurs saisons depuis 2015, le fort a livré une mine d'informations et d'artefacts témoignant de la présence romaine en Arabie, notamment de nombreuses céramiques, souvent originaires de la Méditerranée, des objets en bronze, plus de 150 pièces de monnaie romaines et nabatéennes, ainsi que des morceaux de ce que l'on pense être des harnais pour chevaux et des armures.

Une partie du fort romain récemment mis au jour à Hegra (Photo, Zbigniew T. Fiem).

On a également trouvé des os dépecés d'animaux qui fournissaient de la viande à la garnison comme des bovins, des chameaux, des ânes, des chevaux, des moutons et des chèvres.

Ce qui n'est pas clair, c'est l'origine des soldats romains.

«Certains noms indiquent que leurs porteurs étaient originaires de l'Orient romain, par exemple de Syrie, mais certains de ces soldats auraient pu venir du monde entier», a indiqué Fiema.

«Nous ne le savons pas vraiment. Cependant, comme les unités mentionnées dans ces inscriptions sont souvent attestées depuis longtemps comme étant stationnées dans l'Orient romain, il sera raisonnable de supposer que les soldats étaient souvent des locaux, enrôlés ou volontaires dans les provinces orientales», a-t-il ajouté.

Une carte de l'Empire romain peu après la conquête par Trajan du royaume de Nabatée, notamment Hegra à l'intérieur. La province est rapidement ramenée à la ligne du limes arabicus (Photo, Wikimedia Commons, Tataryn).

La principale signification de la découverte du fort romain d'Hegra est «la confirmation solide de ce que nous soupçonnions auparavant, à savoir que cette partie du Hedjaz faisait définitivement partie de la province romaine d'Arabie, et donc de l'Empire romain, et que la présence romaine n'était pas éphémère», a affirmé Fiema.

«Nous savons que le IIe siècle a été une période d'activités romaines particulièrement intenses en Arabie et dans la région de la mer Rouge. Nous savons également que la présence militaire romaine dans cette partie de l'Arabie s'est prolongée au moins jusqu'à la fin du IIIe siècle», a-t-il souligné.

Avant la découverte du fort d'Hegra, on pensait que les légions n'avaient pas progressé plus au sud de l'Arabie que le fond du golfe d'Aqaba.

«Des hypothèses de recherche postulant que le nord-ouest du Hedjaz faisait partie de l'empire existaient déjà à la fin du XXe siècle», a-t-il signalé.

«Mais la découverte du fort romain et des inscriptions latines à Hegra a confirmé la validité de ces premières hypothèses.»

Un casque de cavalerie en forme d'amazone (Photo, British Museum).

«Malheureusement, la plupart des cartes de l'Empire romain, publiées dans les manuels scolaires et les ouvrages scientifiques, montrent encore la frontière de l'Empire coïncidant avec celle de l'État moderne de Jordanie», a précisé Fiema.

Jusqu'à présent, on ne sait pas exactement quand les légions romaines ont abandonné le Hedjaz, ni pourquoi.

Fiema a peu de doute sur le fait que les preuves archéologiques de l'avancée des Romains encore plus au sud en Arabie, comme en témoigne Strabon, restent à découvrir.

«On peut s'attendre à ce que l'exploration archéologique intensive de la péninsule arabique permette d'obtenir davantage d'informations sur la présence romaine», a-t-il soutenu.

Certains éléments indiquent que des légions romaines auraient même atteint le sud jusqu'aux îles Farasan, dans la mer Rouge, au large du sud-ouest de l'Arabie saoudite.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk