L'OMC plonge dans l'inconnu après l'échec des négociations sur la pêche et l'agriculture

Des fermiers indiens brûlent une effigie de l’OMC, le 26 février à Amristar (Photo, AFP).
Des fermiers indiens brûlent une effigie de l’OMC, le 26 février à Amristar (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 02 mars 2024

L'OMC plonge dans l'inconnu après l'échec des négociations sur la pêche et l'agriculture

  • Les négociations agricoles ont buté sur les revendications agricoles de l'Inde, acteur incontournable des négociations sur tous les dossiers majeurs à Abu Dhabi
  • Sur la pêche les pays ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur la période de transition accordée aux pays en développement

ABU DHABI: Bien qu'ayant sauvé in extremis un accord sur le commerce électronique, la réunion ministérielle de l'OMC s'est soldée vendredi sur un constat d'échec sur les dossiers majeurs de la pêche et de l'agriculture, plongeant l'organisation dans l'inconnu.

"Je terminerai par une citation que j'attribue à Winston Churchill, qui a dit, et je cite, +le succès n'est pas définitif. L'échec n'est pas fatal. C'est le courage de continuer qui compte+", a déclaré la directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce, Ngozi Okonjo-Iweala, à la fin de la 13e Conférence ministérielle (CM 13) de l'organisation à Abu Dhabi.

"Nous avons travaillé dur cette semaine, nous avons réalisé certaines choses importantes et nous n'avons pas réussi à en achever d'autres", a-t-elle reconnu.

Les résultats de la ministérielle ont mis en évidence les profondes divisions entre les 164 membres de l'OMC, "dans un contexte international marqué par une incertitude plus grande que jamais", a relevé Mme Okonjo-Iweala.

Les accords à l'OMC sont par ailleurs difficiles à trouver car les décisions sont prises par consensus et un seul pays peut faire capoter un accord.

L'OMC est déjà déstabilisée depuis fin 2019 par la paralysie du mécanisme qui permet de régler les différends entre ses membres. Le renouvellement des juges de l'organe d'appel est gelé par les Etats-Unis.

Les pays avaient décidé il y a deux ans d'oeuvrer en vue de disposer d'un système opérationnel "pour 2024". Ils n'y sont pas parvenus, et ont tout simplement décidé à Abou Dhabi "d'accélérer les discussions (...) en vue d'atteindre l'objectif pour 2024".

"Nous souhaitions davantage de progrès sur l'appel", a indiqué le commissaire européen au Commerce Valdis Dombrovskis.

"Peut-être que l'OMC avait besoin d'une bonne crise et peut-être que celle-ci nous fera prendre conscience que nous ne pouvons pas continuer ainsi", a affirmé une haute responsable européenne, sous couvert d'anonymat.

"Nous verrons comment nous allons recoller les morceaux", a-t-elle ajouté.

«Un bon ami»

"Même si le commerce électronique est sauvé, on peut parler de crise à l'OMC", a renchéri une source proche des discussions.

Après cinq jours de discussions, aucun accord n'a été obtenu sur les subventions à la pêche favorisant la surpêche et la surcapacité, ni sur l'agriculture, considérées comme les deux gros dossiers de cette ministérielle.

"L'agriculture est une fois de plus le sujet qui fait ou défait une conférence ministérielle", avait prévenu le commissaire européen à l'Agriculture Janusz Wojciechowski sur le réseau X.

Les négociations agricoles ont buté sur les revendications agricoles de l'Inde, acteur incontournable des négociations sur tous les dossiers majeurs à Abu Dhabi.

Sur la pêche les pays ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur la période de transition accordée aux pays en développement, les pays estimant que l'Inde demandait un trop grand nombre d'années.

A la dernière minute toutefois l'Inde a en revanche décidé de ne pas apposé son veto à l'extension du moratoire douanier sur les transmissions électroniques. Le ministre du Commerce indien, Piyush Goyal, a expliqué que son pays avait décidé de lever son objection "par respect" pour le président de la conférence, son homologue émirati, qu'il considère comme un "bon ami".

L'OMC s'enlise dans «la boue»

"Si l'on peut parler de crise, c'est que le consensus, qui a été le ciment de cette organisation, est devenue la boue dans laquelle elle s’enlise", a réagi Richard Ouellet, de l'Université Laval au Canada.

En outre, "cette réunion ministérielle s'annonçait difficile, compte tenu des frictions géopolitiques et du nombre de pays qui se rendront aux urnes dans les mois à venir", a déclaré à l'AFP John Denton, secrétaire général de la Chambre de commerce internationale, auprès de l'AFP.

"La faiblesse inattendue du paquet global de résultats devrait cependant servir de signal d'alarme quant à la nécessité d'un débat plus nuancé et plus constructif sur le rôle du commerce dans la société, tant au niveau local que mondial. Aucun pays n'a à gagner d'un affaiblissement du système commercial multilatéral", a-t-il averti.

Comme à chaque ministérielle, la pression était forte pour que l'OMC affiche des résultats. Cette année les attentes étaient particulièrement élevées face au possible retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui a tout fait pour saper l'organisation durant son premier mandat.

La précédente ministérielle de 2022 à Genève s'était achevée par un certain succès, avec des accords sur l'interdiction des subventions à la pêche illégale et sur les brevets des vaccins anti-Covid. Un "miracle" que Mme Okonjo-Iweala avait appelé à reproduire.


Fin des restrictions dans l'espace aérien américain, retour à la normale attendu lundi

Le régulateur américain de l'aviation (FAA) a annoncé dimanche soir mettre fin, à compter de lundi, aux réductions de vols décidées lors de la paralysie budgétaire pour pallier l'absence de contrôleurs aériens. (AFP)
Le régulateur américain de l'aviation (FAA) a annoncé dimanche soir mettre fin, à compter de lundi, aux réductions de vols décidées lors de la paralysie budgétaire pour pallier l'absence de contrôleurs aériens. (AFP)
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  • Malgré la fin du plus long "shutdown" de l'histoire des Etats-Unis mercredi, le seuil des réductions était encore fixé à 3% ce weekend
  • Mais la FAA a expliqué dimanche avoir observé des compagnies aériennes n'ayant pas respecté ces quotas

WASHINGTON: Le régulateur américain de l'aviation (FAA) a annoncé dimanche soir mettre fin, à compter de lundi, aux réductions de vols décidées lors de la paralysie budgétaire pour pallier l'absence de contrôleurs aériens.

"Cela signifie que les opérations normales peuvent reprendre dans l'ensemble de l'espace aérien national" à partir de 6H00 lundi à Washington (10H00 GMT), a écrit la FAA dans un communiqué.

Le 7 novembre, une réduction de 10% des vols domestiques dans 40 des aéroports les plus fréquentés du pays avait été imposée face au manque de personnel dans les tours de contrôle. En pleine paralysie budgétaire, il était demandé à ces fonctionnaires de travailler sans être payé.

Plusieurs milliers de vols avaient été annulés avant que les restrictions ne soient allégées progressivement.

Malgré la fin du plus long "shutdown" de l'histoire des Etats-Unis mercredi, le seuil des réductions était encore fixé à 3% ce weekend. Mais la FAA a expliqué dimanche avoir observé des compagnies aériennes n'ayant pas respecté ces quotas.

Grâce à la fin de ces limitations, "nous pouvons désormais recentrer nos efforts sur le recrutement massif de contrôleurs et la mise en place du tout nouveau système de contrôle du trafic aérien", a dit le ministre américain des Transports Sean Duffy, cité dans le communiqué.

Le retour à la normale va intervenir juste avant les grands départs pour les festivités de Thanksgiving, rendez-vous familial incontournable des Américains le 27 novembre. Un record de passagers aériens est attendu


Royal Mansour Marrakech propulse le Maroc parmi l’élite mondiale de l’hôtellerie

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  • L’annonce a été faite lors d’une cérémonie rassemblant à Londres les plus grands acteurs de l’industrie du voyage et de l’hôtellerie, au cœur du site emblématique de l’Old Billingsgate sur les rives de la Tamise
  • Cette troisième édition du classement, couvrant six continents, met en lumière les expériences hôtelières les plus innovantes et inspirantes au monde

DUBAI:  Le Royal Mansour Marrakech confirme son statut d’icône de l’hospitalité de luxe en se hissant à la 13ᵉ place du classement mondial des World’s 50 Best Hotels 2025, dévoilé cette semaine à Londres. L’établissement marocain signe ainsi une progression spectaculaire de 25 places par rapport à 2024 et s’impose comme le meilleur hôtel d’Afrique, tout en décrochant le prestigieux prix de la Plus Forte Progression de l’année.

L’annonce a été faite lors d’une cérémonie rassemblant à Londres les plus grands acteurs de l’industrie du voyage et de l’hôtellerie, au cœur du site emblématique de l’Old Billingsgate sur les rives de la Tamise. Cette troisième édition du classement, couvrant six continents, met en lumière les expériences hôtelières les plus innovantes et inspirantes au monde.

Une reconnaissance mondiale pour le savoir-faire marocain

Conçu par 1 500 artisans marocains, le Royal Mansour Marrakech incarne la quintessence du raffinement et du patrimoine architectural du royaume. À deux pas de la médina, le palace s’étend à travers des jardins luxuriants et des riads privatifs, offrant à ses hôtes une immersion dans l’art de vivre marocain.

Son spa de 2 500 m², baigné de lumière naturelle, est une référence mondiale du bien-être, tandis que son offre gastronomique — signée par des chefs de renom tels que Hélène Darroze et Massimiliano Alajmo — positionne l’établissement au carrefour de la haute cuisine internationale et des traditions marocaines.

Pour Jean-Claude Messant, Directeur général de la Royal Mansour Collection, cette distinction « consacre la vision d’excellence et d’authenticité du groupe ». Il ajoute :« Être reconnu parmi les 15 meilleurs hôtels du monde est une immense fierté pour nos équipes et pour le Maroc. Ces prix reflètent la passion et la rigueur de nos collaborateurs, qui portent haut les valeurs de l’hospitalité marocaine sur la scène internationale. »

Le Maroc, acteur majeur du tourisme haut de gamme

Ce succès s’inscrit dans la dynamique de montée en gamme du secteur hôtelier marocain, qui attire de plus en plus d’investissements internationaux. Marrakech, déjà reconnue comme l’une des capitales mondiales du tourisme de luxe, renforce ainsi sa position face à des destinations emblématiques comme Paris, Dubaï ou Tokyo.

Selon les organisateurs de The World’s 50 Best Hotels, qui reposent sur les votes de 800 experts internationaux issus de l’industrie du voyage, le classement 2025 « illustre l’évolution des attentes des voyageurs vers des expériences culturelles fortes, authentiques et respectueuses du patrimoine local ».

Pour Emma Sleight, Directrice de contenu du classement,« Chaque hôtel de cette liste incarne une approche unique de l’hospitalité. Le Royal Mansour Marrakech, par sa singularité et son attachement à l’artisanat marocain, symbolise cette quête d’exception. »

Une vitrine du savoir-faire marocain à l’international

Avec cette triple distinction — 13ᵉ mondial, meilleur hôtel d’Afrique et plus forte progression — le Royal Mansour Marrakech s’impose comme un ambassadeur du tourisme de luxe marocain, contribuant à renforcer l’image du royaume sur la scène internationale.

Alors que le Maroc ambitionne de doubler ses recettes touristiques à l’horizon 2030, cette reconnaissance mondiale confirme que l’hôtellerie marocaine, entre tradition et innovation, s’impose comme un moteur stratégique de croissance économique et d’attractivité internationale.


France: la famille Saadé étend son empire, devient 2e actionnaire de Carrefour

 Après les médias et le cinéma, la grande distribution: Rodolphe Saadé, le PDG de l'armateur français CMA CGM, et sa famille se sont invités au capital de Carrefour, devenant le deuxième actionnaire du géant français de la distribution. (AFP)
Après les médias et le cinéma, la grande distribution: Rodolphe Saadé, le PDG de l'armateur français CMA CGM, et sa famille se sont invités au capital de Carrefour, devenant le deuxième actionnaire du géant français de la distribution. (AFP)
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  • Rodolphe Saadé remplacera Eduardo Rossi, qui représentait l'actionnaire Peninsula, holding de la famille du milliardaire brésilien Abilio Diniz décédé en février 2024
  • Devenue première actionnaire de Carrefour en mars 2024, Peninsula était récemment repassée en deuxième position avec une participation de 8,5%, qu'elle a finalement cédée

PARIS: Après les médias et le cinéma, la grande distribution: Rodolphe Saadé, le PDG de l'armateur français CMA CGM, et sa famille se sont invités au capital de Carrefour, devenant le deuxième actionnaire du géant français de la distribution.

Carrefour a annoncé mercredi que la famille Saadé avait pris une participation de 4% - un investissement de quelque 400 millions d'euros - de son capital et que Rodolphe Saadé entrerait à son conseil d'administration dès le 1er décembre.

Il y remplacera Eduardo Rossi, qui représentait l'actionnaire Peninsula, holding de la famille du milliardaire brésilien Abilio Diniz décédé en février 2024.

Devenue première actionnaire de Carrefour en mars 2024, Peninsula était récemment repassée en deuxième position avec une participation de 8,5%, qu'elle a finalement cédée.

La société Galfa, détenue par la famille Moulin-Houzé - propriétaire des grands magasins Galeries Lafayette -, reste le premier actionnaire de Carrefour, à hauteur d'environ 9,5%.

"En intégrant son conseil d'administration, je souhaite (...) accompagner le développement du groupe dans la durée", a assuré le dirigeant franco-libanais, enrichi par l'explosion des profits du transport maritime pendant la crise sanitaire.

"L'engagement, la vision et l'expérience de Rodolphe Saadé apporteront une contribution majeure à notre gouvernance, au développement de notre groupe et à sa création de valeur", a commenté le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard.

Il s'agit de la première incursion de la famille Saadé dans la grande distribution. En mai, elle avait fait son entrée au capital du groupe de cinéma Pathé, avec pour ambition d'accélérer à l'international dans la production de films et de séries.

Rassurer les marchés 

Rodolphe Saadé a également racheté en 2022 le journal régional La Provence - basé à Marseille dans le sud de la France, où CMA CGM a son siège -, posant ainsi la première pierre d'un groupe de médias français qui compte depuis les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, mais aussi BFMTV, RMC et Brut.

Avec ce nouvel investissement patrimonial dans une multinationale française, qu'elle n'exclut pas de renforcer à l'avenir, la famille Saadé s'associe aussi à un groupe fort au Brésil, l'un des principaux marchés de Carrefour avec la France et l'Espagne.

En septembre 2024, CMA CGM avait annoncé l'acquisition du plus gros opérateur portuaire du pays, Santos Brasil.

"C'est un pays à très fort potentiel où la croissance est au rendez-vous", avait assuré Rodolphe Saadé pour justifier cet investissement, réalisé sur fonds propres.

De son côté, Carrefour va pouvoir rassurer les marchés quant à la stabilité de son actionnariat en compensant partiellement le départ de Peninsula, qui était attendu, quatre ans après celui du milliardaire français Bernard Arnault après 14 années de présence au capital.

En octobre, Carrefour a publié un chiffre d'affaires de 22,6 milliards d'euros pour le troisième trimestre, en recul de 1,5% car pénalisé par l'évolution des changes en Amérique latine. Mais les ventes du distributeur ont résisté à données comparables, notamment en France en dépit des "incertitudes politiques".

Dirigé depuis 2017 par Alexandre Bompard - dont le mandat a été renouvelé cet été pour trois ans après 2026 -, Carrefour a entamé une "revue de portefeuille" en début d'année pour dégager davantage de rentabilité, et requinquer un cours de Bourse mis sous pression l'an dernier.

Dévoilée cet été, la cession de Carrefour Italie doit être effective d'ici à la fin de l'année.

Carrefour fait également évoluer son modèle pour exploiter de plus en plus largement des magasins en franchise et en location-gérance, une variante de la franchise où le distributeur reste propriétaire du fonds de commerce.