Ce que les réponses occidentales contrastées aux crises de l'Ukraine et de Gaza représentent pour les conflits à venir

À gauche: des réfugiés palestiniens fuient la ville de Gaza au milieu des combats entre Israël et le Hamas à la fin de l'année 2023. À droite: des réfugiés ukrainiens traversent la frontière polonaise à la suite de l'invasion russe au début de l'année 2022. (Photos, AFP)
À gauche: des réfugiés palestiniens fuient la ville de Gaza au milieu des combats entre Israël et le Hamas à la fin de l'année 2023. À droite: des réfugiés ukrainiens traversent la frontière polonaise à la suite de l'invasion russe au début de l'année 2022. (Photos, AFP)
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Publié le Dimanche 03 mars 2024

Ce que les réponses occidentales contrastées aux crises de l'Ukraine et de Gaza représentent pour les conflits à venir

  • L'Occident n'a pas sanctionné Israël pour non-respect des lois de la guerre, alors qu'il a lourdement condamné la Russie pour les mêmes raisons en Ukraine
  • L'inégalité de traitement pourrait rendre plus difficile la responsabilisation des auteurs et la dissuasion des crimes de guerre à l'avenir, avertissent les experts

LONDRES : Deux ans après l'invasion massive de l'Ukraine par la Russie et six mois après les attaques menées par le Hamas qui ont provoqué l'assaut d'Israël sur Gaza, les critiques estiment que les réponses à ces crises parallèles sont révélatrices d'un système de deux poids, deux mesures dans l'ordre international.

Après l'invasion de son voisin par la Russie le 24 février 2022, les États-Unis et les pays européens ont unanimement réagi en condamnant les actions de Moscou comme une violation du droit international, en imposant des sanctions, en envoyant des armes et des fonds à Kiev et en offrant un refuge aux réfugiés.

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Un secouriste devant des bâtiments détruits par les bombardements russes sur la ville ukrainienne de Kharkiv, le 16 avril 2022. (AFP)

Après les attentats du 7 octobre de l'année dernière, en revanche, l'Occident a inévitablement vu venir ce qui allait se passer : Israël réagirait férocement contre l'enclave palestinienne d'où l'attaque avait été lancée, infligeant au passage un lourd tribut aux civils.

Au fur et à mesure que le nombre de morts augmentait à Gaza à la suite des bombardements israéliens, on aurait pu s'attendre à ce que la communauté internationale réagisse en condamnant l'agresseur comme elle l'avait fait pour la situation en Ukraine, et en exprimant sa solidarité avec la partie lésée.

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Cette photo prise le 3 janvier 2024 montre des bâtiments détruits par les bombardements israéliens dans le centre de la bande de Gaza. (AFP)

On aurait pu s'attendre à des exigences similaires au sein du Conseil de sécurité des Nations unies pour un cessez-le-feu immédiat, des sanctions et l'isolement diplomatique d'Israël, ainsi qu'un programme d'aide généreux pour les Palestiniens.

Un coup d'œil sur le récent programme d'aide à l'étranger approuvé par le Sénat américain est peut-être révélateur des priorités de Washington. Environ 60 milliards de dollars seront alloués à l'Ukraine, 14 milliards de dollars à Israël et seulement 10 milliards de dollars aux efforts humanitaires mondiaux, y compris à Gaza.

EN BREF

- 30 000 civils palestiniens tués depuis le 7 octobre 2023, selon le ministère de la Santé de Gaza.

- 31 000 soldats ukrainiens tués depuis le 24 février 2022, selon le président Zelensky.

- 14 milliards de dollars d'aide américaine pour soutenir Israël et les opérations militaires dans la région.

- Un budget de 60 milliards de dollars a été alloué à l'Ukraine.

Sarah Yager, directrice de Human Rights Watch à Washington, estime que les effets de ce deux poids deux mesures occidental pourraient se faire sentir bien au-delà de la durée de ces deux crises, en érodant la foi qui subsiste dans le droit humanitaire international.

« Les frappes aériennes aveugles de la Russie sur les hôpitaux et les écoles ont, à juste titre, suscité la condamnation des responsables de l'administration américaine », a écrit Yager dans le magazine Foreign Affairs. « Mais Israël a mené des attaques contre des hôpitaux et des écoles sans susciter beaucoup de protestations de la part de la Maison Blanche ».

« Certains pourraient dire que les États-Unis peuvent se permettre un peu d'hypocrisie pour soutenir leur allié de longue date, Israël. Mais participer à l'érosion du droit international aura des conséquences néfastes pour les États-Unis bien au-delà de Gaza ».

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Des secouristes amènent des enfants blessés à l'hôpital al-Shifa après des frappes israéliennes dans la ville de Gaza, le 10 octobre 2023. (AFP)

« Les futures déclarations du département d'État concernant les atrocités sonneront creux, ce qui rendra plus difficile la responsabilisation des auteurs et la dissuasion des crimes internationaux. Les pressions exercées sur les parties belligérantes pour qu'elles respectent la loi - par exemple, l'Azerbaïdjan ou le Soudan - seront moins efficaces ».

 Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International, a également condamné l'Occident pour le contraste entre son soutien à l'Ukraine et son silence relatif face à l'assaut de l'armée israélienne sur Gaza.

Elle a récemment déclaré que ces différences de normes étaient manifestes dans la « demande que nous nous précipitions tous à la défense de l'Ukraine, comme il se doit, parce que l'Ukraine a été agressée par la Russie et que les gens souffrent incroyablement en Ukraine ».

« Dans le même temps, l'Occident nous dit de ne pas agir face aux bombardements et aux souffrances de la population de Gaza. Le deux poids deux mesures de ces gouvernements est la plus grande menace pour les droits de l'homme à l'heure actuelle ».

Israël nie les accusations selon lesquelles son armée prend délibérément pour cible le personnel de santé et les infrastructures civiles. Il accuse plutôt le Hamas d'utiliser des réseaux de tunnels sous les hôpitaux de Gaza pour diriger des attaques, stocker des armes et dissimuler des otages.

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Des soldats israéliens inspectent l'entrée d'un tunnel creusé par des militants du Hamas à l'intérieur du complexe hospitalier Al-Shifa dans la ville de Gaza, dans le nord de la bande de Gaza, le 22 novembre 2023. (AFP)

Tout dommage causé aux installations médicales est donc imputable au Hamas, affirment les autorités israéliennes, qui accusent le groupe d'utiliser les patients et les médecins comme boucliers humains.

Jamie Shea, membre associé du programme de sécurité internationale de Chatham House, a déclaré qu'il était important de reconnaître que si les situations en Ukraine et à Gaza pouvaient sembler largement comparables, il était erroné de considérer les deux conflits comme des « composantes de la même confrontation politique fondamentale ».

« Il y aura toujours des similitudes dans les guerres, comme l'impact terrible de la guerre sur les populations civiles ou le désir des puissances occidentales d'éviter une escalade régionale », a précisé Shea à Arab News.

« Mais l'Ukraine et Gaza ne sont pas des composantes de la même confrontation politique fondamentale, de la même manière que les conflits entre l'Ukraine et la Géorgie sont liés à la Russie, ou que les milices pro-iraniennes au Moyen-Orient, comme les Houthis, sont mobilisées en raison des bombardements israéliens sur Gaza ».

Un autre contre-argument à l'accusation de deux poids deux mesures est que le conflit israélo-palestinien n'a pas la clarté morale de la guerre russo-ukrainienne. 

Dans des observations adressées au Wall Street Journal en décembre, le législateur britannique Alex Sobel, coprésident travailliste du groupe multipartite du Parlement britannique sur l'Ukraine, a déclaré : « Il n'y a aucune justification morale à l'invasion russe ».

« Mais en Israël et en Palestine, il s'agit du fait qu'il y a deux peuples sur un très petit territoire, et que les élites politiques et militaires des deux côtés ne sont pas disposées à se contenter de ce qui leur est offert ».

En outre, comme le souligne Mme Yager dans son article pour Foreign Affairs, l'invasion de l'Ukraine par la Russie n'a pas été provoquée, contrairement à la riposte d'Israël à l'attaque transfrontalière du Hamas.

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Les portraits des Israéliens pris en otage par le Hamas sont exposés sur un site de Tel-Aviv le 3 février 2024. Ils ont été capturés par les militants palestiniens lors de leur attaque surprise contre Israël le 7 octobre 2023, provoquant une offensive israélienne qui a tué jusqu'à présent plus de 30 000 Palestiniens. (AFP)

Néanmoins, Yager a souligné que lorsqu'un pays décide de recourir à la force militaire, il doit adhérer pleinement aux lois qui régissent la conduite en temps de guerre.

Eugénie Duss, chargée de recherche à l'Académie de Genève et spécialiste du droit des conflits armés, a déclaré à Arab News que ces lois, qui s'appliquent aux acteurs étatiques et non étatiques, sont conçues pour protéger les civils.

Pourtant, il semble que pour de nombreux gouvernements occidentaux, ces règles ne s'appliquent pas aux civils de Gaza. Par exemple, les douze millions de réfugiés ukrainiens qui ont fui l'offensive russe se sont rendus dans des pays d'accueil et leurs droits ont été dûment respectés ».

« Je connaissais beaucoup d'Ukrainiens qui sont arrivés en Grande-Bretagne il y a environ deux ans », a déclaré Alla Sirenko, présidente et fondatrice de l'Association culturelle ukrainienne au Royaume-Uni, à Arab News.

« Il s'agissait principalement de femmes avec des enfants et de personnes âgées, et dans la plupart des cas, de personnes qui travaillaient dur ».

« La majorité d'entre eux ont été admirés pour leur résilience, leur intelligence, leur travail acharné et leur bonne nature, et alors que la plupart d'entre eux attendent avec impatience de retourner en Ukraine lorsqu'ils pourront le faire en toute sécurité, le peuple britannique a fait preuve de beaucoup de bonne volonté à leur égard ».

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Des réfugiés ukrainiens (à gauche) sont accueillis par des bénévoles à San Ysidro, en Californie, le 8 avril 2022. Les Ukrainiens fuyant l'invasion russe ont été accueillis dans les pays occidentaux. En revanche, les réfugiés palestiniens restent bloqués dans le camp de Maghazi, gravement endommagé, car ils n'ont nulle part où aller. (Photos AFP)

Ce cadre accueillant a été favorisé par le gouvernement britannique, qui a proposé aux citoyens britanniques des incitations financières pour qu'ils offrent leurs chambres libres afin d'héberger des réfugiés ukrainiens.

Il n'existe généralement pas de programmes similaires en Occident pour les réfugiés qui fuient les conflits au Moyen-Orient, y compris la guerre à Gaza.

Le Canada fait toutefois exception. Il propose un programme de prolongation temporaire de visa pour les habitants de Gaza ayant des parents qui résident déjà dans le pays.

Shea a reconnu que l'Occident sembler appliquer une politique de deux poids deux mesures dans ce domaine, en accordant plus d'importance à la vie des Ukrainiens qu'à celle de leurs homologues palestiniens. Il estime toutefois que l'Occident tente d'empêcher un déplacement massif des Palestiniens de Gaza parce qu'il s'inquiète de ce qui se passerait ensuite.

« À Gaza, l'Occident tente d'empêcher un exode massif de la population palestinienne (y compris vers la Cisjordanie), car cela permettrait à Israël de réoccuper le territoire et de réduire encore la quantité de terres disponibles pour les Palestiniens en vue d'une solution viable fondée sur la coexistence de deux États », a-t-il souligné.

« Une fois contraints de partir, il est peu plausible que les Palestiniens puissent revenir, compte tenu de la possibilité de voir se multiplier les colonies israéliennes. Et contrairement aux Ukrainiens en Europe, il est peu probable qu'ils soient accueillis par des pays comme l'Égypte et la Jordanie, qui connaissent déjà de graves difficultés économiques.

Bien entendu, même le soutien occidental à l'Ukraine n'est pas illimité. Alors que la guerre semble de plus en plus dans l'impasse, la politique politicienne de Washington entrave l'attribution d'une aide américaine supplémentaire et, comme les populations occidentales sont de plus en plus lasses des crises simultanées, la bonne volonté pourrait rapidement s'évaporer.

Colin Alexander, maître de conférences en communication politique à l'université de Nottingham Trent au Royaume-Uni, a déclaré qu'il s'agissait d'un « terrain bien foulé ... que les gens sont submergés par les nouvelles de plus d'un conflit à la fois ».

Le journalisme s'appuie sur « l'évocation d'émotions pour créer de l’intérêt » même si la réalité est « beaucoup plus compliquée », a-t-il expliqué à Arab News, et avec de multiples victimes dans de multiples conflits, les tentatives de susciter de l'empathie pourraient s'avérer « pesantes » pour certains publics.

« Le monde s'achemine vers un scénario difficile, tant sur le plan diplomatique que militaire », a déclaré Alexander. « Le Moyen-Orient, l'Ukraine, la Corée du Nord, Taïwan - tout à coup, il y a trop de crises à comprendre, même pour le lecteur le plus avide  de nouvelles ».

Jusqu'à présent, cependant, Sirenko, de l'Association culturelle ukrainienne, a déclaré que rien n'indiquait qu'un sentiment de « lassitude à l'égard de l'actualité » ou la perception d'une politique de deux poids deux mesures à l'égard de Gaza ait réduit le niveau de sympathie du public britannique à l'égard des Ukrainiens qui ont trouvé refuge au Royaume-Uni.

« Ils ne se sentent pas harcelés ou diminués par la guerre en Palestine », a-t-elle déclaré. « Nous en sommes tous désolés, mais cela n'affecte pas la vie des Ukrainiens au Royaume-Uni ni la bonne volonté du peuple britannique à leur égard ».

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit se préparer à une «  offensive décisive » contre le Hezbollah libanais

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
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  • "Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive"
  • Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah"

JERUSALEM: Un commandant de l'armée israélienne a indiqué vendredi que les troupes dans le nord du pays, où Israël à une frontière avec le Liban, se préparaient à une "offensive décisive" contre le Hezbollah, après des mois d'échanges de tirs transfrontaliers.

Le mouvement islamiste libanais Hezbollah et l'armée israélienne échangent des tirs quasi quotidiennement depuis l'attaque le 7 octobre du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah", selon un communiqué de l'armée.

Les troupes israéliennes dans le nord sont actuellement en opération pour protéger les habitants de cette partie du pays et "préparer la transition vers l'offensive", a ajouté le général Gordin, commandant les forces israéliennes dans le nord.

"Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive", a-t-il encore dit.

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources.

La plupart d'entre eux, 342 personnes, ont été confirmés comme étant des combattants du Hezbollah, mais le bilan comprend également 104 civils. M. Gordin n'a pas mentionné de victimes civiles. Dans le nord d'Israël, au moins 18 soldats israéliens et 13 civils ont été tués, selon l'armée.

Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, affirme que ses attaques contre Israël depuis le 8 octobre ont pour objectif de soutenir son allié du Hamas.

Des dizaines de milliers d'habitants ont depuis été déplacés au Liban et en Israël en raison de cette flambée de violence transfrontalière.


Polio, eaux usées, hôpitaux surchargés: la crise sanitaire à Gaza

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
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  • L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza
  • De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio

GENEVE: L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza, alors que la crise sanitaire y est déjà très grave.

Voici un aperçu de certains des défis sanitaires auxquels est confronté le territoire palestinien, selon l'OMS.

Polio dans les eaux usés

Menace largement répandue voici encore une quarantaine d'années, la poliomyélite - qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles - a très largement disparu dans le monde grâce aux vaccins.

Mais il existe une autre forme de poliovirus qui peut se propager: le poliovirus qui a muté à partir de la source contenue à l'origine dans le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). C'est ce poliovirus dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc) qui a été retrouvé à Gaza.

Lorsqu'elles se répliquent dans le tube digestif, les souches de VPO changent génétiquement et peuvent se propager dans les communautés qui ne sont pas complètement vaccinées contre la poliomyélite, en particulier dans les zones où les conditions d'hygiène et d'assainissement sont mauvaises, ou dans des zones surpeuplées.

Le 16 juillet, le Réseau mondial de laboratoires de lutte contre la poliomyélite a isolé le poliovirus de type 2 dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc2) dans six échantillons d'eaux usées à Deir al-Balah et Khan Younès.

Aucun prélèvement humain n'a encore été effectué à Gaza de sorte que l'OMS ne sait toujours pas si quelqu'un y a été infecté par le poliovirus. L'OMS et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) espèrent collecter cette semaine les premiers échantillons humains.

De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio.

Manque d'eau et d'assainissement

L'OMS et ses partenaires espèrent achever l'évaluation des risques liés à la polio cette semaine. Mais l'OMS a prévenu qu'il y a "un risque élevé" de propagation du poliovirus à Gaza et au niveau international "si cette épidémie ne fait pas l'objet d'une réponse rapide et optimale".

Le Dr Ayadil Saparbekov, chef d'équipe à l'OMS pour les urgences sanitaires dans les territoires palestiniens, espère que des recommandations pourront être publiées dimanche.

Mais "étant donné les limites actuelles en matière d'hygiène et assainissement de l'eau à Gaza, il sera très difficile pour la population de suivre le conseil de se laver les mains et de boire de l'eau salubre", a-t-il relevé mardi, lors d'un point de presse.

"Avec le système de santé paralysé, le manque d'eau et d'assainissement, ainsi que le manque d'accès de la population aux services de santé... la situation s'annonce très mauvaise", a-t-il souligné.

Au-delà de la polio, l'OMS est "très inquiète" face à de possibles épidémies dans la bande de Gaza.

Système de santé dévasté 

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés" dans le complexe médical Nasser après de nouveaux bombardements lundi à Khan Younès, dans un contexte de "grave pénurie de réserves de sang, de fournitures médicales et de lits d'hôpitaux".

Avant le conflit à Gaza, déclenché le 7 octobre par les attaques du Hamas, il y avait environ 3.500 lits d'hôpitaux dans le territoire palestinien. Aujourd'hui, l'OMS estime qu'il y en a 1.532.

Seulement 45 des 105 établissements de soins de santé primaires sont opérationnels. Huit des dix hôpitaux de campagne sont opérationnels, dont quatre seulement partiellement.

Dans une telle situation, "il se peut que davantage de personnes meurent de maladies transmissibles que des blessures" liées à la guerre, a averti le Dr Saparbekov.

Selon ce responsable de l'OMS, "jusqu'à 14.000 personnes pourraient" avoir besoin d'une évacuation médicale hors de Gaza.


Les EAU proposent une mission internationale temporaire pour l'après-guerre à Gaza

Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
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  • Elle a souligné le rôle clé des États-Unis dans le succès de la mission
  • La mission ouvrirait la voie à la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime

ABOU DHABI : Les Émirats arabes unis ont appelé à l'établissement d'une mission internationale temporaire pour poser les jalons d'une nouvelle gouvernance à Gaza après la guerre.

Jeudi, dans un communiqué relayé par l'agence de presse nationale, Reem Al-Hashimy, ministre d'État pour la coopération internationale,  a déclaré que cette mission viserait à rétablir l'ordre et à faire face à la crise humanitaire dans Gaza post-conflit.
Selon la ministre, la mission devrait être déployée à l'invitation du gouvernement palestinien, sous la houlette d'un "nouveau Premier ministre crédible et indépendant", pour répondre aux besoins des Palestiniens et reconstruire Gaza. 

Elle préparerait le terrain pour la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime.

Al-Hashimy a souligné qu'un retour à la situation d'avant le 7 octobre ne garantirait pas une paix durable, cruciale pour la stabilité régionale. 

Elle a exhorté les États-Unis à mener les efforts internationaux pour reconstruire Gaza, parvenir à la solution à deux États et faciliter les réformes palestiniennes, autant d'éléments qui contribueraient au succès de la mission internationale.

Israël, a-t-elle ajouté, doit également respecter le droit humanitaire international.

"Gaza ne peut se relever sous un blocus continu, ou si l'Autorité palestinienne légitime est empêchée d'assumer ses responsabilités", a-t-elle affirmé, appelant à l'arrêt des colonies israéliennes illégales et des violences en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. 

La ministre a réitéré le soutien des EAU aux efforts internationaux pour la solution à deux États.
"Notre ambition dépasse les frontières de Gaza et exige une collaboration internationale. L'établissement de la paix n'est pas seulement une nécessité régionale, mais un enjeu global qui profiterait à tout le Moyen-Orient et au monde entier", a-t-elle souligné pour conclure.