Selon Mikati, la cause palestinienne est indispensable pour la paix régionale

L’envoyé spécial américain, Amos Hochstein (à gauche), rencontre le Premier ministre libanais, Najib Mikati, à Beyrouth, le 4 mars 2024. (AFP)
L’envoyé spécial américain, Amos Hochstein (à gauche), rencontre le Premier ministre libanais, Najib Mikati, à Beyrouth, le 4 mars 2024. (AFP)
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Publié le Mercredi 06 mars 2024

Selon Mikati, la cause palestinienne est indispensable pour la paix régionale

  • Mikati affirme que le développement durable dans la région «nécessite de mettre fin à l’agression israélienne contre le Liban-Sud et Gaza»
  • Pendant ce temps, l’échange de tirs se poursuit entre le Hezbollah et Israël à la frontière sud

BEYROUTH: La paix et le développement au Moyen-Orient dépendent du retrait des troupes israéliennes de Gaza et de la frontière libanaise, a déclaré le Premier ministre par intérim libanais. Mardi dernier, lors du Forum arabe pour le développement durable, qui se déroulait à Beyrouth, Najib Mikati a en effet appelé Israël à respecter les décrets internationaux, y compris la résolution 1701. 

Il a affirmé que le développement durable et la paix dans la région «nécessitent de mettre fin à l’agression israélienne contre le Liban-Sud et Gaza et de se mobiliser en faveur de la paix». 

M. Mikati a ajouté: «La situation exerce une grande pression sur le Liban et nous oblige à élever la voix pour exhorter la communauté internationale à mettre un terme à ce qui se passe, à dissuader l’ennemi israélien de mener des opérations militaires et à œuvrer pour des solutions pacifiques aux problèmes de la région.» 

Il a décrit la cause palestinienne comme un enjeu «primordial», ajoutant que sa «flamme ne s’est pas éteinte», malgré les mesures israéliennes qui visent à «la réprimer au moyen du meurtre et de la destruction totale». 

Les propos du Premier ministre interviennent un jour après la visite de l’envoyé américain, Amos Hochstein, au Liban et à Tel-Aviv. 

Lors des discussions à Beyrouth, M. Hochstein a averti qu’il n’existait «pas de guerre limitée», exhortant le Hezbollah et Israël à éviter une escalade de la violence qui «ne serait dans l’intérêt de personne»

Une solution diplomatique est le seul moyen de résoudre le conflit qui se limite à la frontière sud du Liban depuis cent cinquante jours, a-t-il ajouté. 

Tout accord devrait garantir la stabilité des deux côtés de la frontière, ainsi que le retour des personnes déplacées au Liban et en Israël, a soutenu M. Hochstein. 

Au lendemain de la visite de l’envoyé, le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, le député Mohammed Raad, a renouvelé la position de son parti vis-à-vis des violences au Liban-Sud. 

Le Hezbollah «ne veut pas de guerre et ne cherche pas à la provoquer, mais nous sommes prêts à y faire face», a souligné M. Raad. 

Ce dernier a poursuivi en ces termes: «Nous sommes prêts à affronter l’ennemi s’il se trompe et cherche à s’écarter des règles de dissuasion que nous lui avons imposées.» 

«Jusqu’à présent, nous avons cherché à épargner à notre pays et à notre peuple les conséquences d’une guerre ouverte dans laquelle il y aura du sang et des pertes. Cependant, le plus grand perdant stratégique sera l’ennemi sioniste.» 

M. Raad précise que les opérations du Hezbollah sont «précisément calculées» et que le groupe dispose d’un arsenal considérable pour combattre Israël. 

«Nous n’avons pas utilisé toutes nos armes et nous n’avons même pas encore ouvert les entrepôts d’armes de guerre ouverte. L’ennemi en est parfaitement conscient», a-t-il renchéri. 

Le projet américain de règlement du conflit, relayé par M. Hochstein à Beyrouth et à Tel-Aviv, comprend plusieurs conditions. La plus importante d’entre elles est de mettre immédiatement fin aux hostilités. 

Washington a également appelé au retrait du Hezbollah du sud du fleuve Litani, à la consolidation des forces de la Finul et de l’armée libanaise dans la région et au retour des civils israéliens et libanais évacués vers les colonies frontalières. 

La deuxième phase comprendra des négociations entre l’État libanais et Israël pour définir les frontières terrestres et résoudre les différends qui ont trait aux zones occupées dans les fermes de Chebaa et sur les hauteurs de Kfar Chouba. 

En 2022, M. Hochstein avait servi de médiateur dans les négociations indirectes entre le Liban et Israël pour délimiter les frontières maritimes. 

Lundi, il a également rencontré de hauts responsables du gouvernement israélien. Le Canal 12 israélien évoque «des signaux encourageants et de premières indications» lors des pourparlers de M. Hochstein au Liban, ce qui a ravivé l’espoir d’une solution diplomatique aux hostilités. 

La chaîne affirme que le Hezbollah aurait donné son approbation tacite à de nouveaux efforts diplomatiques en faveur d’un processus de paix. 

Un reportage télévisé indique que M. Hochstein avait discuté du plan de Washington pour résoudre le problème auprès des responsables israéliens, mais que cette perspective avait été repoussée. 

Il a été informé qu’Israël poursuivrait ses opérations militaires au Liban-Sud «jusqu’à ce qu’un accord soit conclu pour qu’environ 90 000 Israéliens puissent rentrer chez eux», est-il précisé dans le reportage. 

Le ministre israélien de la Sécurité, Yoav Gallant, a déclaré après avoir rencontré M. Hochstein: «Notre engagement envers nos citoyens est plus fort que tout autre engagement. Nous sommes prêts à résoudre la crise politiquement, mais nous sommes également préparés à toutes les éventualités.» 

Pendant ce temps, l’échange de tirs se poursuit entre le Hezbollah et Israël à la frontière sud. 

La milice libanaise a soutenu que ses combattants avaient détruit un char israélien Merkava dans la colonie de Netua à l’aide d’un missile guidé, blessant et tuant plusieurs personnes. 

Le Hezbollah a également attaqué des sites militaires à Berkat Richa et Al-Raheb, en Israël. 

Lundi soir, des avions israéliens ont bombardé la ville frontalière d’Al-Adisa, ciblant un centre de l’Autorité islamique pour la santé, affiliée au Hezbollah, et tuant trois secouristes bénévoles. 

Israël a également frappé Al-Sultaniya et Siddiqin, occasionnant des blessures légères et d’importantes destructions de véhicules et de propriétés. 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.