Au Nigeria, l'inflation entrave les préparatifs du ramadan

Une femme se tient devant la mosquée centrale de Lagos, à Lagos, le 8 mars 2024, à l'approche du mois de jeûne du Ramadan. (Photo, AFP)
Une femme se tient devant la mosquée centrale de Lagos, à Lagos, le 8 mars 2024, à l'approche du mois de jeûne du Ramadan. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 09 mars 2024

Au Nigeria, l'inflation entrave les préparatifs du ramadan

  • Cette situation qui pousse les plus modestes à renoncer à des aliments désormais considérés comme des produits de luxe tels que la viande, les oeufs, le lait et les fruits
  • La hausse des prix des denrées alimentaires met également les commerçants dans une situation difficile

LAGOS: "Le ramadan n'a pas encore commencé et certaines personnes jeûnent déjà, car ils ne peuvent pas se permettre de manger. Tout est cher en ce moment", se lamente Owoyemi Sherifent Mojisola, 54 ans, avant de se rendre à la mosquée centrale de Lagos au Nigeria.

Les fidèles se précipitent à l’intérieur du lieu de culte, qui surplombe la capitale économique nigériane, pour accomplir la dernière prière du vendredi, avant le début du mois sacré de jeûne des musulmans.

Dans le pays le plus peuplé d'Afrique composé à 50% de musulmans, l’inflation galopante approche les 30% à la veille du ramadan prévu dès la semaine prochaine, selon les chiffres du bureau national des statistiques.

Une situation qui pousse les plus modestes à renoncer à des aliments désormais considérés comme des produits de luxe tels que la viande, les oeufs, le lait et les fruits.

"Je n'ai jamais acheté auparavant une orange à 200 nairas (soit 0,11 euros) ou à 300 nairas (0,17 centimes). Un ananas vaut 500 nairas (0,29 euros) aujourd’hui, nous ne pouvons plus en acheter. Il y a quelques mois, l'ananas valait 100 nairas (0,057 euros) ou même 50 nairas (0,029 euros)", explique Mme Sherifent Mojisola.

Cette vendeuse de vêtements s'inquiète de ne plus pouvoir réussir à nourrir ses trois enfants avec son maigre salaire de moins de 90.000 nairas par mois (soit 52 euros) .

La fin des subventions des carburants et du contrôle des devises décidée par le président Bola Tinubu à son arrivée à la tête du Nigeria en mai 2023, a fait tripler les prix du carburant et a entraîné une hausse globale du coût de la vie dans le pays.

Le président nigérian a appelé à plusieurs reprises ses compatriotes à faire preuve de patience, affirmant que ses réformes permettront d'attirer les investisseurs étrangers et de faire repartir l'économie, mais les effets positifs de ces réformes économiques tardent à se faire sentir d’après les critiques.

Insécurité alimentaire 

"Les gens se suicident juste à cause de l'inflation, ils ne peuvent plus nourrir leur famille. C'est vraiment dur", déplore Idihabom Nafisah Oyebanji, la tête couverte d’un voile rose.

Pour cette mère de famille de 42 ans venue à la mosquée centrale de Lagos accompagnée de ses amies, ce mois de ramadan s’annonce plus difficile que le précédent déjà marqué par la crise économique.

"Nous aimions acheter du lait, du melon, de la confiture…  Nous ne pouvons plus en acheter" confie Mme Oyebanyi qui se contentera désormais de "pap, un pudding à base de céréales, de dattes et de riz" à la rupture du jeûne.

La hausse des prix des denrées alimentaires met également les commerçants dans une situation difficile.

"Je vends des plats préparés avec au choix du riz, des pâtes, des bananes plantains, du poisson, de la viande parfois et des légumes. Mais bientôt je ne pourrai plus acheter de pâtes car le paquet qui coûtait 500 nairas (0,29 euros) est maintenant à 1.000 nairas (0,57 euros)" détaille Simiat Muhammad sur le grand marché installé aux abords de la mosquée.

Depuis quelques mois, elle se sent "obligée d’accepter les crédits de ses clients" qui ne peuvent plus s’offrir ses plats.

Quelques mètres plus loin, Azeez Shelifiu dans sa longue djellaba bleu fait le même constat.

"Les gens n’ont plus d'argent pour payer des petits plaisirs pour le ramadan comme mon encens. Les Nigérians n'achètent plus, où demande des crédits" explique le jeune homme de 31 ans, dont les revenus mensuels sont passés de 60.000 (35 euros) à 40.000 nairas (23 euros) en moins de six mois.

L’insécurité alimentaire qui gagne le Nigeria a donné lieu début mars au pillage d’un entrepôt de l'administration locale d’Abuja, où une foule a emporté des sacs de céréales, poussant l'Agence nationale de gestion des urgences du Nigeria (NEMA) à renforcer la sécurité.

Dans la première économie d'Afrique, au moins 63% des Nigérians vivent dans une situation d'extrême pauvreté, selon des chiffres officiels.

Cette scène de pillage a eu lieu seulement quelques jours après des manifestations nationales contre la vie chère organisées par la confédération syndicale du Nigeria Labour Congress (NLC), rassemblant quelques milliers de manifestants, fin février.

Face aux difficultés liées à la crise économique, l’imam de la mosquée centrale de Lagos Sulaiman Oluwatoyin Abou-Nolla en appelle à la solidarité.

"Nous devons nous soutenir les uns les autres surtout durant cette période de ramadan" a déclaré à l’AFP l’imam, qui prévoit des distributions alimentaires au cours du mois dans la mosquée.


La Bourse de Paris est soutenue par les promesses de relance économique en Chine

La façade de l'ancienne bourse de Paris le 18 mai 2020 (Photo, AFP).
La façade de l'ancienne bourse de Paris le 18 mai 2020 (Photo, AFP).
Short Url
  • La Bourse de Paris prenait de l'élan lundi, portée par son secteur du luxe qui se montre optimiste quant à l'engagement de la Chine à poursuivre la relance de l'économie du pays.
  • Ces annonces ont permis à l'indice vedette parisien de progresser après l'ouverture du marché. Vers 9 h 55, le CAC 40 gagnait 0,81 %, avançant de 60,23 points pour s'établir à 7 487,11 points.

PARIS : La Bourse de Paris prenait de l'élan lundi, portée par son secteur du luxe qui se montre optimiste quant à l'engagement de la Chine à poursuivre la relance de l'économie du pays, en raison d'une politique budgétaire plus interventionniste et d'une politique monétaire plus souple.

Alors que le contrat à terme de la Bourse de Paris laissait présager une ouverture stable, ces annonces ont permis à l'indice vedette parisien de progresser après l'ouverture du marché. Vers 9 h 55, le CAC 40 gagnait 0,81 %, avançant de 60,23 points pour s'établir à 7 487,11 points.

Les principaux responsables politiques chinois, dont le président Xi Jinping, se sont réunis lundi pour définir les politiques économiques du pays pour 2025, a annoncé un média officiel.

« Nous devons stimuler vigoureusement la consommation, améliorer l'efficacité des investissements et élargir de manière globale la demande intérieure », ont déclaré des responsables cités par Xinhua.

Les membres du Bureau politique du Comité central du Parti communiste, organe de décision clé du parti, ont également annoncé leur intention d'adopter « une politique monétaire légèrement assouplie », ouvrant ainsi la voie à un changement très attendu par les investisseurs.

La deuxième économie mondiale est confrontée à une consommation domestique atone, à une crise persistante dans le secteur de l'immobilier et à une dette publique galopante, autant de facteurs qui menacent l'objectif officiel de croissance de Pékin pour cette année.

Les dirigeants ont également à l'esprit le second mandat de Donald Trump à la Maison Blanche, le président américain élu ayant menacé d'augmenter les taxes douanières, alimentant ainsi les craintes d'une nouvelle guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques.

Les investisseurs restent également attentifs à l'évolution de la situation politique en Syrie, où le président Bachar al-Assad a été chassé du pouvoir au cours du week-end par une offensive des rebelles islamistes.

Enfin, l'attention des marchés devrait se tourner mercredi vers l'inflation américaine de novembre (CPI), qui devrait animer les indices, commente John Plassard, spécialiste de l'investissement pour Mirabaud.

« Jeudi, c'est bien évidemment la BCE qui sera au centre de l'attention », a-t-il poursuivi, l'institution monétaire européenne devant annoncer sa prochaine décision en matière de taux.

Le marché estime que la BCE devrait « annoncer une baisse des taux de 25 points de base », même si certains investisseurs estiment qu'elle pourrait aller plus loin.

Le secteur du luxe profite des annonces chinoises.

LVMH, le numéro un mondial du secteur, particulièrement sensible au marché chinois, prenait 2,11 % à 640,00 euros. Kering gagnait 2,94 % à 250,00 euros et Hermès 1,15 % à 2 285,00 euros.

Vivendi : une scission bientôt actée

Les actionnaires de Vivendi (+1,05 % à 8,84 euros) doivent approuver lundi le projet de scission en quatre entités du géant français des médias et de l'édition, contrôlé par le milliardaire Vincent Bolloré, qui garde la main.

La réunion se tiendra à partir de 15 heures à Paris et trois résolutions seront mises au vote concernant les sociétés Canal+, Havas et Louis Hachette Group, qui ont vocation à devenir indépendantes de Vivendi.

Stellantis reprend son activité de lobbying.

Le constructeur, en hausse de 1,08 % à 13,08 euros, va réintégrer l'ACEA (lobby européen des constructeurs automobiles) qu'il avait quittée en 2023, a indiqué samedi le numéro 2 européen de l'automobile, quelques jours après la mise à l'écart de son patron Carlos Tavares.


La chute d'Assad en Syrie fait monter le prix du pétrole

Short Url
  • Les cours du pétrole montent lundi, poussés par l'instabilité au Proche-Orient, au lendemain de la chute de Bachar al-Assad en Syrie, et soutenus par le maintien des coupes de l'Opep+ jeudi dernier.
  • Vers 9 h 40 GMT (10 h 40 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en février, s'établit à 71,84 dollars, enregistrant une hausse de 1,01 %. Son équivalent américain, le baril de WTI pour livraison en janvier, gagne 1,19 %,

LONDRES : Les cours du pétrole montent lundi, poussés par l'instabilité au Proche-Orient, au lendemain de la chute de Bachar al-Assad en Syrie, et soutenus par le maintien des coupes de l'Opep+ jeudi dernier.

Vers 9 h 40 GMT (10 h 40 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en février, s'établit à 71,84 dollars, enregistrant une hausse de 1,01 %. Son équivalent américain, le baril de WTI pour livraison en janvier, gagne 1,19 %, à 68,00 dollars.

« Tous les yeux sont rivés sur les événements étonnants en Syrie » et les prix ont réagi à la hausse, « mais de manière plutôt calme, car tout le monde est en train d'évaluer ce qu'un nouveau visage de la Syrie pourrait signifier », explique John Evans, analyste chez PVM.

Dimanche, Bachar al-Assad, au pouvoir depuis 24 ans en Syrie, a fui le pays, chassé par une offensive spectaculaire des rebelles islamistes.

« Il n'y a pas de conséquences immédiates pour le pétrole, si ce n'est que la position de l'Iran et de la Russie dans la région est considérablement affaiblie », précise Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.

La Russie est le deuxième producteur mondial de pétrole brut et l'Iran fait partie des dix premiers producteurs et possède les troisièmes réserves prouvées. La proximité de ces deux pays avec les événements du week-end explique la hausse des prix du pétrole.

Par ailleurs, la semaine passée, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) a prolongé ses réductions de production actuelles et « reporté l'inversion progressive de ces réductions à avril 2025 », rappelle John Plassard, analyste chez Mirabaud.

Selon Kim Fustier, analyste chez HSBC, « l'excédent du marché prévu pour 2025 est réduit à seulement 200 000 barils par jour », contre une prévision précédente de 500 000 barils par jour. Les rapports mensuels de l'Opep et de l'Agence internationale de l'énergie sont attendus dans la semaine.

L'attention reste dirigée vers les données économiques mitigées en provenance de la Chine, premier importateur mondial de pétrole, dont la réussite ou non de la relance économique pourrait fortement faire varier les cours du pétrole au cours des prochains mois.


L'Arabie saoudite dévoile le programme d'action de Riyad pour la restauration des terres et la sécheresse

L'annonce a été faite par Osama Faqeeha, vice-ministre de l'environnement au ministère de l'environnement, de l'eau et de l'agriculture, et conseiller auprès de la présidence de la COP16 de l'UNCCD. (Photo Fournie)
L'annonce a été faite par Osama Faqeeha, vice-ministre de l'environnement au ministère de l'environnement, de l'eau et de l'agriculture, et conseiller auprès de la présidence de la COP16 de l'UNCCD. (Photo Fournie)
Short Url
  • L'initiative est lancée à l'occasion de la journée du système agroalimentaire lors de la COP16 à Riyadh
  • La Journée du système agroalimentaire a permis d'aborder le sujet des pratiques agricoles durables, notamment de la santé des sols, des cultures résistantes et de la participation du secteur privé à l'amélioration des systèmes alimentaires.

RIYAD : L'Arabie saoudite a présenté le Programme d'action de Riyad, une initiative visant à unir les parties prenantes dans la lutte contre la dégradation des terres, la désertification et la sécheresse. 

L'annonce a été faite par Osama Faqeeha, vice-ministre de l'environnement, conseiller auprès de la présidence de la CdP16 de la CDB, et responsable du ministère de l'environnement, de l'eau et de l'agriculture, lors d'une allocution prononcée à l'occasion d'un dialogue de haut niveau sur les systèmes agroalimentaires durables. 

L'ordre du jour s'appuiera sur la dynamique de la COP16 au cours des deux années de présidence, en engageant diverses parties prenantes à produire un impact tangible pour les agriculteurs, les peuples indigènes et les autres groupes concernés. 

S'exprimant lors d'un discours liminaire, M. Faqeeha a déclaré : « Si nous voulons accélérer les initiatives de restauration des terres et de résilience à la sécheresse au rythme et à l'échelle requis, il est essentiel que nous continuions à mobiliser et à encourager l'action longtemps après la fin de la COP16 à Riyad, en réaffirmant le leadership de l'Arabie saoudite en la matière, et en laissant un héritage durable de changement mondial. »  

Le lancement a eu lieu lors de la Journée du système agroalimentaire, l'une des sept journées thématiques de la COP16. L'agriculture, l'un des principaux moteurs de la dégradation des terres, représente 23 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, 80 % de la déforestation et 70 % de l'utilisation de l'eau douce, selon la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD). 

La Journée du système agroalimentaire a permis d'aborder le sujet des pratiques agricoles durables, notamment de la santé des sols, des cultures résistantes et de la participation du secteur privé à l'amélioration des systèmes alimentaires. Cette journée coïncidait avec la Journée mondiale des sols, qui souligne l'importance d'une gestion durable de ceux-ci. 

« Environ 95 % de notre nourriture provient du sol, et pourtant nous continuons à le traiter comme de la terre », a déclaré M. Faqeeha. « Les pratiques non durables entraînent chaque année une perte importante de sol, ce qui aggrave la sécurité alimentaire et hydrique mondiale ainsi que les affecte les agriculteurs comme les consommateurs. 

La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification estime que d'ici à 2050, les rendements agricoles mondiaux pourraient diminuer de 10 %, les régions les plus touchées connaissant une baisse de 50 %. Les prix des denrées alimentaires pourraient augmenter de 30 % en raison de la diminution des terres arables et de la demande croissante de la population. 

« Nous n'avons pas besoin de réinventer la roue pour apporter des solutions urgentes », a ajouté M. Faqeeha. « Le réinvestissement des subventions agricoles néfastes pourrait immédiatement soutenir la restauration des terres et réformer les pratiques non durables. » 

La conférence de l'UNCCD COP16, intitulée « Notre terre. Notre avenir » se tient du 2 au 13 décembre 2024 au Boulevard Riyadh World. Marquant le 30^e anniversaire de la CCD, cet événement permettra d'aborder des sujets tels que la résilience face à la sécheresse et le régime foncier.