Réélection du président centrafricain: l'opposition exige l'annulation du scrutin

Le président de l’ANE annonce la victoire du président Touadéra à la suite d’élections controversées, le 4 janvier à Bangui (Photo, AFP).
Le président de l’ANE annonce la victoire du président Touadéra à la suite d’élections controversées, le 4 janvier à Bangui (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 06 janvier 2021

Réélection du président centrafricain: l'opposition exige l'annulation du scrutin

  • L'Autorité des élections (ANE) avait annoncé lundi que le président Touadéra avait recueilli la majorité absolue des suffrages exprimés dès le premier tour le 27 décembre, 53,92%
  • Dans près de la moitié des bureaux, «le vote n'a pas pu avoir lieu ou bien les bulletins ont été détruits», a expliqué Théophile Momokoama, rapporteur général de l'ANE

BANGUI: Dix candidats de l'opposition ont demandé mardi l'annulation de la réélection du président Faustin Archange Touadéra dans un scrutin qu'ils jugent « discrédité », n'ayant permis qu'à un électeur sur deux de pouvoir voter dans ce pays où la guerre civile est ravivée par une nouvelle offensive rebelle. 

L'Autorité des élections (ANE) avait annoncé lundi que Touadéra avait recueilli la majorité absolue des suffrages exprimés dès le premier tour le 27 décembre, 53,92%, mais la Cour constitutionnelle a jusqu'au 19 janvier pour valider ce résultat après les recours annoncés par l'opposition.

Le taux de participation, qui devait légitimer véritablement un second mandat du chef de l'Etat, annoncé à 76,31%, n'a tenu compte que de quelque 910 000 électeurs inscrits sur environ 1,8 millions initialement répertoriés dans les listes électorales. Seuls un Centrafricain sur deux en âge de le faire a donc pu voter ou s'abstenir pour la présidentielle mais aussi les législatives tenues le même jour.

Dans près de la moitié des bureaux, « le vote n'a pas pu avoir lieu ou bien les bulletins ont été détruits », a expliqué Théophile Momokoama, rapporteur général de l'ANE.

« Nous demandons l'annulation pure et simple et la reprise » des deux élections, ont écrit mardi soir dix candidats de l'opposition recalés par l'ANE, dont Anicet Georges Dologuélé et Martin Ziguélé, deux ex-Premiers ministres arrivés 2e et 3e selon l'ANE, sur 17 prétendants au total. 

Ils ont également dénoncé et listé « de nombreuses irrégularités » dans un processus électoral qui « n'a pas respecté les normes et standards internationaux universellement reconnus » et « ne saurait conférer la légitimité au président élu ».

Dans la capitale Bangui, l'ambiance était pourtant celle d'un mardi ordinaire, les uns se rendant au marché, les autres au travail, même si nombre de personnes interrogées se gardaient bien de laisser transparaître leurs préférences pour un camp ou l'autre, dans une ville qui bruit de rumeurs d'infiltration de rebelles ou quadrillée par les forces loyalistes.

« Les résultats sont proclamés, je ne peux que m’en réjouir, comme tous ceux qui ont soutenu le président et c’est un vote de rejet de la violence », s'est félicité Ange-Maxime Kazagui, porte-parole du gouvernement, qui défend des élections « crédibles ».

« Mascarade »

L'opposition, elle, dénonce une « mascarade » entachée de « fraudes massives ».

En ne comptant que 910 000 inscrits, l'ANE a « pris la responsabilité d'ignorer avec le plus grand mépris les 947 452 Centrafricains que la violence des groupes armés a empêché de voter », soit « 51% du corps électoral », affirmait Dologuélé qui a, à l'instar des autres candidats de l'opposition, annoncé un recours contentieux.

« Je ne donne aucun crédit à ces résultats, c'est une mascarade, une honte pour notre pays », a renchéri Ziguélé.

« Cette élection est un pas de géant en arrière par rapport à celle de 2016 », estime Thierry Vircoulon, spécialiste de l'Afrique centrale à l'Institut français des relations internationales (Ifri). « Avec un taux de participation réel de 30% », « une fraude par le recours à des dérogations et des missions d'observation électorale internationales parties avant l'annonce des résultats », ce scrutin est « tout sauf crédible », assène-t-il.

L'Union africaine (UA), l'Union européenne (UE), l'ONU et la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), qui ont investi des millions de dollars dans l'organisation du scrutin, ont loué « la détermination des Centrafricains à exercer leur droit de vote, malgré les nombreux obstacles » dans une déclaration conjointe « prenant note des résultats provisoires ».

La Russie, puissant soutien de Touadéra depuis plus de deux ans, s'est également réjouie de « la tenue réussie des élections ».

L'ANE a commencé mardi à égrener les résultats des législatives mais dans 82 circonscriptions où le vote a pu avoir lieu sur 140. 21 candidats ont été élus dès le premier tour, dont six du parti de Touadéra, tous les autres qualifiés se donnant rendez-vous pour le second, prévu le 14 février.

Offensive rebelle

Ces élections se sont déroulées dans un pays où une guerre civile, initiée en 2013 et très meurtrière jusqu'en 2018 avant de baisser en intensité, a été ravivée depuis près de trois semaines par l'annonce d'une offensive rebelle pour empêcher le scrutin.  

Le 19 décembre, une coalition des principaux groupes armés qui se partagent déjà deux tiers du pays avait ainsi juré de « prendre le contrôle de tout le territoire ». Touadéra avait immédiatement dénoncé une « tentative de coup d'Etat » sous les ordres de François Bozizé, le président renversé en 2013 et dont la candidature avait été invalidée par la Cour constitutionnelle. 

Bozizé est recherché et visé par une enquête judiciaire notamment pour « rébellions ».

Depuis l'annonce de l'offensive, les groupes armés n'ont quasiment pas gagné de terrain, selon la Mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca) et le gouvernement. Ils font face au déploiement de l'armée mais surtout de plus de 12 000 Casques bleus et de centaines de renforts bien équipés, principalement des paramilitaires russes et soldats d'élite rwandais dépêchés rapidement par Moscou et Kigali.

Les groupes armés ont, ça et là, attaqué et pris - le plus souvent brièvement - des villes enclavées dans les territoires qu'ils occupent, mais essentiellement à des centaines de km de Bangui. 


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.