Une catastrophe sanitaire exacerbe la crise humanitaire à Gaza

Des Palestiniens blessés attendant d'être soignés à l'hôpital Al-Shifa à Gaza, le 16 décembre 2023  (Photo, AFP).
Des Palestiniens blessés attendant d'être soignés à l'hôpital Al-Shifa à Gaza, le 16 décembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 12 mars 2024

Une catastrophe sanitaire exacerbe la crise humanitaire à Gaza

  • Des scènes apocalyptiques se déroulent dans les rares hôpitaux et cliniques encore en activité dans l'enclave
  • De nombreux médecins et infirmiers ont fui, ont été blessés ou tués lors des combats

DUBAÏ: Les enfants gisent en rangées sur les sols des hôpitaux et sur les trottoirs devant des cliniques bondées, attendant désespérément l'attention de médecins épuisés. Nombre d’entre eux sont recouverts de poussière, mêlée au sang et aux larmes, et leurs blessures non traitées risquent de s'infecter à mesure que le temps passe.

Dans le même temps, des hommes et des femmes recherchent frénétiquement leurs proches disparus ou implorent les médecins pour obtenir des soins médicaux, tandis que des mères bercent des nourrissons mourants. Avec la pénurie de matériel médical, nombre d’entre eux sont bandés avec des morceaux de tissu de fortune.

Privés d'antiseptiques et même d'eau propre, les médecins se voient contraints de pratiquer des opérations et des amputations sans disposer d’équipements stérilisés, ce qui entraîne des infections pour lesquelles il n'y a pas d'antibiotiques. Ces scènes infernales se déroulent dans les rares hôpitaux et cliniques en activité à travers la bande de Gaza, qui subit des mois de bombardements et de siège effectif depuis qu’Israël a lancé sa riposte à l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre.

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 Les enfants palestiniens souffrant de malnutrition reçoivent des soins dans un centre de santé à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 mars 2024. (AFP)

«Il y a encore des patients et des victimes qui doivent être opérés, mais qui ne peuvent pas l'être faute d’équipements, de médicaments anesthésiants, et de groupes électrogènes dans ces hôpitaux», déclare Hisham Mhanna, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) basé à Rafah, à Arab News.

«C'est un tel désastre, c'est une catastrophe

Cette situation tragique se produit alors que les médecins et les infirmières ont fui, ont été blessés ou même tués lors des bombardements. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), seuls 30% des professionnels de la santé de Gaza sont encore en activité, nombre d'entre eux étant au bord de l’épuisement.

«Ils sont confrontés aux victimes qui affluent aux urgences après les frappes aériennes», indique M. Mhanna. «Ils s'ajoutent aux centaines de milliers de patients et de groupes vulnérables, notamment les patients atteints de cancer, les personnes handicapées, les femmes enceintes et les personnes atteintes de maladies chroniques.»

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Une mère palestinienne réconforte ses enfants alors qu'ils attendent d’être pris en charge à l'hôpital dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 octobre 2023. (AFP)

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, près de 30 900 Palestiniens ont été tués, 70 500 ont été blessés et 7 000 sont portés disparus depuis le début des violences. Face à un tel carnage, le système de santé local est sous pression.

Le 18 février, l'OMS a déclaré que l'hôpital Nasser à Khan Younès, la plus grande ville du sud de Gaza, où les combats se poursuivent, n'était plus fonctionnel.

«L'hôpital européen de Gaza est le seul hôpital fonctionnel capable de fournir des services de santé avancés tels que les chirurgies, les soins intensifs et les radiographies», déclare Jessica Moussan, porte-parole du CICR basé à Dubaï, à Arab News.

«Il existe quelques autres hôpitaux partiellement fonctionnels qui ont reçu quelques équipements.»

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 Une photo des dégâts à l'hôpital Nasser et dans les environs à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 26 février 2024. (AFP)

À la fin du mois de janvier, le CICR a averti: «Gaza est sur le point de subir une paralysie médicale totale sans une action urgente pour préserver les services.»

Dans un communiqué, William Schomburg, chef du bureau du CICR à Gaza, indique: «Chaque hôpital de la bande de Gaza est surchargé et manque cruellement de fournitures médicales, de carburant, de nourriture et d'eau. De nombreux d’hôpitaux accueillent des milliers de familles déplacées. De plus, nous risquons de perdre deux autres installations à cause des combats. L'impact cumulatif sur le système de santé est dévastateur et des mesures urgentes doivent être prises.»

Quelques chiffres:

- 30 900: Le nombre de Palestiniens tués à Gaza depuis le 7 octobre, selon les autorités sanitaires locales.

- 1,3%: La proportion de la population de Gaza d’avant la guerre, soit 2,3 millions, tuée dans le conflit.

- 70 500: Le nombre de personnes enregistrées comme blessées, bien que le véritable chiffre soit probablement beaucoup plus élevé.

Seulement 9 des 36 établissements de santé de Gaza sont encore opérationnels, et nombreux sont ceux qui fonctionnent partiellement, tous étant surchargés bien au-delà de leur capacité initiale. La présence de familles déplacées campant dans les enceintes des hôpitaux, pensant y être en sécurité contre les bombardements israéliens, ne fait qu’aggraver la situation.

«Même les hôpitaux qui continuent de fonctionner luttent quotidiennement avec un affluximportant de victimes, sans compter la pression causée par les milliers de familles de déplacés internes qui se retrouvent dans les hôpitaux», souligne Hisham Mhanna.

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 Des Palestiniens courent se mettre à l’abri à proximité de dépouilles après une frappe aérienne israélienne près de l'hôpital Kamal Adwan à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 22 novembre 2023. (AFP)

Le déplacement massif de quelque 85% des 2,3 millions d'habitants de Gaza vers des camps de réfugiés surpeuplés a rendu la population, en particulier les jeunes enfants, très vulnérable aux maladies d'origine hydrique, mettant ainsi une pression supplémentaire sur les services de santé déjà sous tension.

Par ailleurs, la propagation de maladies causées en temps de guerre est en hausse, précise M. Mhanna.

«À certains moments, les égouts inondaient les hôpitaux. Il n'y a également aucune intimité, et les gens ne peuvent pas se permettre d'acheter de la nourriture.»

«Leur priorité est d’acheter de la nourriture plutôt que des articles d'hygiène, générant ainsi un environnement propice pour une crise de santé publique avec la propagation de maladies d'origine hydrique telles que le choléra. Nous avons aussi des cas d'hépatites, de varicelles et degrippes, en raison du froid qu’il fait ici.»

En outre, ceux qui souffrent de maladies chroniques telles que les maladies cardiaques, le diabète et le cancer, sont privés d’accès aux traitements et aux thérapies essentielles depuis le début de la crise, sans oublier ceux qui ont besoin de physiothérapie et de soutien en matière de santé mentale, qui sont confrontés aux mêmes difficultés.

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Des enfants blessés lors d'une frappe israélienne sont transportés en urgence à l'hôpital Al-Shifa à Gaza le 15 octobre 2023. (AFP)

Parmi les plus vulnérables, on compte les femmes enceintes et les nouveau-nés, qui n’ont pasaccès aux sages-femmes, aux chirurgiens et aux incubateurs, ainsi qu'aux analgésiques et aux antiseptiques, ce qui rend les complications encore plus probables.

Les critiques affirment que ces destructions massives sont la preuve que les attaques israéliennes sont disproportionnées et ne parviennent pas à limiter le nombre de victimes civiles. «Les hôpitaux, censés être des sanctuaires... se sont souvent transformés en pièges mortels», soulignele groupe de surveillance israélien Physicians for Human Rights dans un rapport publié en février.

Le gouvernement israélien affirme que son armée ne vise ni les civils ni les hôpitaux et accuse le Hamas de mener des opérations militaires et de lancer des roquettes depuis des zones résidentielles densément peuplées.

Les responsables israéliens ont également contesté les affirmations d'une crise alimentaire croissante à Gaza. Un responsable, récemment cité par Bloomberg, a déclaré «qu'il n'y a pas de pénurie de nourriture ou d'eau dans la bande de Gaza pour le moment», et «ce n'est tout simplement pas vrai que la famine menace».

Les organisations humanitaires affirment que les restrictions imposées par l'armée israélienne sur la quantité d'aide humanitaire autorisée à entrer à Gaza ont conduit à une malnutrition généralisée, rendant la tâche des médecins encore plus difficile faute de ressources suffisantes pour traiter cette situation.

Malgré les mises en garde répétées des agences d'aide concernant une famine imminente, plusieurs habitants de Gaza auraient succombé à la famine.

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Les organisations humanitaires affirment que les restrictions imposées par l'armée israélienne sur la quantité d'aide humanitaire autorisée à entrer à Gaza ont conduit à une malnutrition généralisée (AFP)

Dans le nord de Gaza, où près de 300 000 personnes seraient restées, quelque 16% des enfants de moins de deux ans souffraient de malnutrition aiguë en janvier, selon les données des Nations unies. L'organisation a signalé un taux de déclin nutritionnel «sans précédent» parmi les habitants de Gaza.

Les groupes d'aide opérant dans la zone affirment qu'il est devenu presque impossible de livrer des fournitures en raison des inspections et des formalités administratives imposées par l'armée israélienne, ainsi que des combats en cours et de l'effondrement total de l'ordre public.

Même lorsque l'aide parvient à être livrée, des foules de Palestiniens désespérés se ruent sur les convois avant que l'aide puisse être distribuée et rationnée aux plus vulnérables. Ces rassemblements ont entraîné des bousculades, causant davantage de décès et de blessures.

L'un de ces incidents, survenu le 29 février, au cours duquel plus de 100 Palestiniens qui s'étaient précipités sur un convoi d'aide ont été tués – nombre d'entre eux ayant apparemment été abattus par les forces israéliennes – a incité les États-Unis à larguer 38 000 rations alimentaires par avion dans l'enclave le 2 mars.

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Un homme pleure à l'hôpital Al-Shifa de Gaza, près des corps des Palestiniens tués lors d'un incident survenu tôt le matin, lorsque des résidents se sont précipités vers des camions d'aide, le 29 février 2024. (AFP)
 

Dans un communiqué publié lundi, le porte-parole du département d'État, Matthew Miller, a déclaré que les États-Unis s’efforçaient d’augmenter la livraison d'aide humanitaire aux civils de Gaza «par tous les moyens possibles», notamment en multipliant les largages aériens, car «la situation est tout simplement intolérable».

«Les gens ont désespérément besoin de nourriture et d'eau», déclare M. Miller. «Les parents sont confrontés à des choix impossibles quant à la manière de nourrir leurs enfants. Nombreux sont ceux qui ne savent pas d'où viendra le prochain repas, ou s'il viendra tout court.»

Bien que les largages aériens apportent une aide dont ils ont désespérément besoin, Hisham Mhanna a relevé que de nombreuses caisses parachutées atterrissaient dans des endroits dangereux où elles étaient souvent prises d'assaut par des foules désespérées, engendrant accidents, blessures et bagarres.

«Ces largages aériens sont notre dernier recours pour fournir de l'aide», précise-t-il. «Nous les avons vus atterrir sur les toits, dans les rues. Et dès qu’ils touchent le sol, les gens se précipitent pour être les premiers à atteindre l’aide, se battant parfois pour y accéder.»

«C'est pourquoi le cessez-le-feu est plus urgent que jamais. Nous avons besoin de ces espaces sûrs pour accéder à l'aide humanitaire.»

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L'ONU a déclaré que près de 16% des enfants de moins de deux ans dans le nord de Gaza souffrent de malnutrition aiguë, selon les données de janvier. (AFP)

Bien que l’instauration d’un cessez-le-feu soulagerait le fardeau des blessures supplémentaires et que l’acheminement d'une aide supplémentaire permettrait aux secouristes de sauver davantage de vies, la reconstruction du système de santé de Gaza prendra probablement des années.

En effet, même si le conflit devait prendre fin maintenant, 8 000 personnes de plus pourraient encore mourir au cours des six prochains mois en raison de la crise sanitaire, selon un rapport de la London School of Hygiene and Tropical Medicine et du Johns Hopkins Center for Humanitarian Health.

«Même en cas de cessez-le-feu, le système de santé et ses travailleurs ne pourront pas se rétablirrapidement», précise M. Mhanna. «Les travailleurs de la santé sont exsangues depuis des mois. Je ne vois pas comment ils pourraient répondre à des besoins aussi importants.»


Le Premier ministre du Qatar juge le cessez-le-feu à Gaza incomplet sans "un retrait total" d'Israël

Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
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  • Le Qatar affirme qu’un cessez-le-feu réel à Gaza ne peut être atteint sans un retrait total des forces israéliennes et le rétablissement de la stabilité dans l’enclave
  • Les médiateurs — Qatar, Turquie, Égypte et États-Unis — travaillent à une seconde phase incluant retrait complet, désarmement du Hamas et déploiement d’une Force internationale de stabilisation (FIS)

DOHA: Le cessez-le-feu dans la bande de Gaza reste incomplet sans un "retrait total" des forces israéliennes du territoire palestinien, a affirmé samedi le premier ministre du Qatar, pays médiateur dans le conflit.

"Nous sommes à un moment critique (...) Nous ne pouvons pas encore considérer qu'il y a un cessez-le-feu, un cessez-le-feu ne peut être complet qu'avec le retrait total des forces israéliennes, (et) un retour de la stabilité à Gaza", a affirmé Cheikh Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, lors d'une conférence à Doha.

Après deux ans de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, les pays médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - ont arraché un accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 10 octobre.

La première phase prévoyait la restitution de tous les otages du 7-Octobre - les vivants comme les morts dont un dernier doit encore être remis à Israël - , en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens, ainsi qu'un retrait partiel des forces israéliennes de Gaza.

La deuxième étape du plan, qui n'a pas encore été approuvée, prévoit le retrait total de l'armée israélienne, le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation (FIS).

"En ce moment, nous (...) le Qatar, la Turquie, l'Égypte, avec les États-Unis, nous nous réunissons pour faire avancer la prochaine phase", a relevé le premier qatari. "Et cette prochaine phase est également temporaire de notre point de vue" dans l'attente d'une "solution durable", a-t-il ajouté.

Des discussions sur la structure de la FIS et les pays qui pourraient y participer sont en cours, a affirmé de son côté le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

Mais le premier objectif de cette force doit être "de séparer les Palestiniens des Israéliens", a-t-il souligné. "Cela doit être notre objectif principal. Ensuite, nous pourrons aborder les autres questions en suspens".

Ankara a indiqué qu'elle souhaitait participer à la FIS, mais Israël l'accuse d'être trop proche du Hamas, dont l'attaque sans précédent sur Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre à Gaza.

"La seule manière viable de terminer cette guerre est de s'engager sincèrement et fermement dans des pourparlers de paix", a également affirmé M.Fidan.

Egalement présent à Doha, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Badr Abdelatty, a rencontré son homologue qatari, en marge de la conférence.

Les deux hommes ont appelé à "la formation rapide de la FIS pour lui permettre de remplir son mandat", a indiqué le ministère égyptien.

Ils ont également "souligné l'importance de poursuivre les efforts visant à mettre en oeuvre l'accord de paix (...) dans toutes ses étapes, à consolider le cessez-le-feu".


Le Liban assure ne pas vouloir de guerre avec Israël, après de premières discussions directes

Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
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  • Le Liban, par la voix du président Joseph Aoun, réaffirme qu’il ne veut pas d’une nouvelle guerre avec Israël et mise sur la diplomatie pour faire cesser les frappes israéliennes dans le sud du pays
  • Le Hezbollah soutient l’approche diplomatique de Beyrouth mais critique l’inclusion d’un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu

BEYROUTH: Le Liban ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, a assuré vendredi son président, Joseph Aoun, deux jours après de premières discussions directes, depuis plusieurs décennies, entre des représentants des deux pays.

Le Hezbollah pro-iranien a de son côté assuré soutenir l'approche diplomatique de Beyrouth "pour faire cesser l'agression" israélienne. Mais il a  qualifié d'"erreur" l'inclusion, pour la première fois, d'un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à sa dernière guerre avec Israël.

Alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines ses frappes aériennes au Liban, disant viser le Hezbollah, des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de cet organisme, une rencontre inédite depuis plusieurs décennies entre les deux pays, toujours en état de guerre.

Israël justifie ses frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer en violation du cessez-le-feu, ce que le mouvement chiite dément.

Beyrouth pour sa part accuse régulièrement Israël de violer la trêve en poursuivant ses raids et en maintenant une présence militaire dans cinq positions dans le sud du Liban.

Les Libanais "ne veulent pas d'une nouvelle guerre, ils ont assez souffert et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré M. Aoun à une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU en visite dans son pays, selon un communiqué de la présidence.

- "Sous les bombes" -

Auprès de ses interlocuteurs, il "a insisté sur la nécessité de faire pression sur la partie israélienne pour mettre en oeuvre le cessez-le-feu et son retrait" du sud du Liban.

Mettant en avant "l'engagement de la partie libanaise à appliquer les résolutions internationales", il a aussi appelé la communauté internationale à "soutenir l'armée libanaise dans sa mission" de désarmement du Hezbollah.

Beyrouth a choisi "la diplomatie pour faire cesser l'agression israélienne" et "nous soutenons cette approche", a de son côté déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem dans une allocution télévisée.

Le groupe invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban pour s'opposer à son désarmement, pour la mise en oeuvre duquel les Etats-Unis et Israël exercent une forte pression sur Beyrouth.

Arrivée de Damas, la délégation des 15 diplomates onusiens doit rencontrer plusieurs responsables libanais vendredi. Elle se rendra samedi dans la région frontalière du sud, accompagnée de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le Liban a qualifié de "positives" les discussions directes avec Israël, mais le pays voisin a de nouveau bombardé le lendemain, jeudi, le sud du Liban, disant viser des infrastructures militaires du Hezbollah.

"Il est inacceptable de négocier sous les bombes", a souligné le président du Parlement Nabih Berri, proche allié du Hezbollah, après avoir rencontré la délégation onusienne.

L'issue de ces pourparlers "dépend principalement de la position d'Israël, qui déterminera si les négociations aboutiront à des résultats concrets ou échoueront", a prévenu M. Aoun.

La commission chargée de superviser le cessez-le-feu tiendra de nouvelles sessions avec la participation de délégués civils libanais et israélien à partir du 19 décembre.


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
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  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com