La dessinatrice Coco menacée de mort pour un dessin sur Gaza

La une de Libération du 29 février 2024. (Capture d'écran site Libération).
La une de Libération du 29 février 2024. (Capture d'écran site Libération).
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Publié le Mercredi 13 mars 2024

La dessinatrice Coco menacée de mort pour un dessin sur Gaza

  • Le dessin mis en cause, sous la vignette "Ramadan à Gaza" et la légende "début d'un mois de jeûne"montre un Gazaoui squelettique en train de courir après des rats
  • La caricature "souligne le désespoir des palestiniens, dénonce la famine à Gaza", bombardée sans relâche par l'armée israélienne et où l'ONU redoute une famine généralisée

PARIS: Tombereau d'insultes, menaces de mort... La dessinatrice Coco, survivante de la tuerie de Charlie Hebdo en 2015, a dénoncé mardi les violentes attaques la ciblant depuis la publication la veille dans le journal Libération d'une caricature sur la famine à Gaza.

Le dessin mis en cause, sous la vignette "Ramadan à Gaza" et la légende "début d'un mois de jeûne", montre un Gazaoui squelettique en train de courir après des rats, tandis qu'une femme lui frappe la main en lançant "T-t-t, pas avant le coucher du soleil", au milieu de ruines où l'on distingue la main d'un cadavre.

La caricature "souligne le désespoir des palestiniens, dénonce la famine à Gaza", bombardée sans relâche par l'armée israélienne et où l'ONU redoute une famine généralisée, "et moque aussi l'absurdité de la religion", a fait valoir Coco mardi sur X, où elle a publié un "petit florilège" des menaces de mort la visant elle et sa famille, ainsi que les messages antisémites reçus depuis sa publication.

"Vous n'aurez pas notre haine mais vous la méritez", a notamment commenté sur X la députée LFI Sophia Chikirou, proche de Jean-Luc Mélenchon, en réaction au dessin, jugé "tout bonnement immonde" par une autre députée LFI, Sarah Legrain.

Sur le même réseau, un internaute lui lance, en anglais, "cours, cours pute... Tu seras abattue bientôt. Toute la famille morte". "Ils auraient dû te liquider le 7 janvier", abonde un autre, en référence à l'attentat qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo en 2015.

La dessinatrice, qui a rejoint Libération en 2021 et vit sous protection rapprochée, peut compter sur le soutien du quotidien.

"Nous condamnons, nous dénonçons avec force cette vague de menaces, injures et intimidations, certaines comprenant des menaces de mort que nous prenons très au sérieux", a déclaré à l'AFP Dov Alfon, le directeur de la rédaction de Libération, annonçant un communiqué de "soutien et de solidarité" dans l'édition de mercredi.

"Cette violence ne doit pas être banalisée", a insisté M. Alfon, sans se prononcer sur d'éventuelles plaintes.

Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a également apporté son "plein soutien" à Coco sur X. "Pour toujours à tes côtés, et aux côtés de Charlie", a-t-il ajouté.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.