Efforts internationaux accrus pour envoyer de l'aide à Gaza touchée par la famine

Cette photographie publiée le 12 mars 2024 par Proactiva Open Arms (POA) montre le navire Open Arms transportant de l'aide alimentaire humanitaire dans le port chypriote de Larnaca (Photo, AFP).
Cette photographie publiée le 12 mars 2024 par Proactiva Open Arms (POA) montre le navire Open Arms transportant de l'aide alimentaire humanitaire dans le port chypriote de Larnaca (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 13 mars 2024

Efforts internationaux accrus pour envoyer de l'aide à Gaza touchée par la famine

  • Un premier bateau chargé de 200 tonnes de vivres a quitté mardi le port chypriote de Larnaca pour Gaza
  • Ces dernières 24 heures, au moins 88 personnes ont péri dans les bombardements israéliens

TERRITOIRES PALESTINIENS: La communauté internationale cherche à diversifier les voies pour acheminer des aides vitales à la population de Gaza au bord de la famine et bombardée sans cesse par Israël, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell dénonçant l'utilisation de la faim "comme arme de guerre".

Ces dernières 24 heures, au moins 88 personnes ont péri dans les bombardements israéliens qui ont touché notamment le sud de la bande de Gaza dévastée et assiégée depuis le 9 octobre par Israël, a indiqué mercredi le ministère de la Santé du mouvement islamiste Hamas.

Au sixième mois de la guerre déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël, le bilan humain ne cesse de s'alourdir à Gaza avec 31.272 morts en majorité des civils depuis le 7 octobre selon le même ministère, et la situation humanitaire ne cesse d'empirer, l'ONU redoutant "une famine généralisée".

Sans trêve à l'horizon et alors que les aides par voie terrestre sous contrôle d'Israël n'entrent qu'au compte-gouttes à Gaza, plusieurs pays ainsi que l'Union européenne ont décidé des voies alternatives, par mer et air.

Un premier bateau chargé de 200 tonnes de vivres a quitté mardi le port chypriote de Larnaca pour Gaza, empruntant un couloir mis en place par l'UE et plusieurs pays. Ce bateau de l'ONG espagnole Open Arms qui évolue à très petite vitesse se trouvait mercredi à environ 260 km de Gaza, selon le site Vessel Finder.

Chypre, distante d'environ 370 km des côtes du territoire palestinien, a annoncé préparer un deuxième chargement, "bien plus grand".

Quatre bateaux de l'armée américaine ont eux quitté les Etats-Unis avec une centaine de soldats et l'équipement nécessaire à la construction d'une jetée et d'un quai à Gaza pour l'acheminement de l'aide d'humanitaire. Le voyage doit prendre 30 jours environ et l'installation sera prête "d'ici 60 jours", selon les autorités américaines.

Parachutages 

Depuis une dizaine de jours, plusieurs pays arabes et occidentaux dont les Etats-Unis parachutent quotidiennement des repas et des aides médicales sur la bande de Gaza surtout le nord où la situation est particulièrement désespérée.

Mais les envois par mer ou les parachutages ne peuvent se substituer à la voie terrestre, martèle l'ONU.

"Quand nous étudions les voies alternatives pour apporter de l'aide, par la mer ou par les airs, nous devons nous rappeler que nous devons le faire parce que la voie terrestre habituelle est fermée", a dit Josep Borrell.

"Et le fait d'affamer la population est utilisé comme une arme de guerre", a-t-il déploré.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 27 personnes sont mortes de malnutrition et de déshydratation, en majorité des enfants, dans la bande de Gaza, déjà soumise à un blocus israélien total depuis la prise de contrôle en 2007 de ce territoire par le Hamas.

L'armée israélienne a elle annoncé un "projet pilote" qui a permis mardi l'entrée de six camions d'aide du Programme alimentaire mondial (PAM) directement dans le nord de la bande de Gaza, une première.

Mais le PAM estime qu'il faut 300 camions d'aide alimentaire par jour pour répondre aux besoins immenses des quelque 2,4 millions d'habitants dont la grande majorité est menacée de famine d'après l'ONU.

Depuis le début de la guerre, l'aide entre dans Gaza via deux terminaux à la frontière sud d'Israël, venant d'Egypte qui garde sa frontière fermée avec le territoire palestinien.

En dépit des pressions internationales, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est déterminé à poursuivre son offensive contre le Hamas, considéré comme un groupe terroriste par Israël, l'UE et les Etats-Unis.

Un membre du Hamas tué au Liban 

"Israël remportera cette guerre quoi qu'il en coûte. Et pour la gagner, Israël doit détruire les derniers bataillons du Hamas à Rafah", où s'entassent 1,5 million de Palestiniens en grande majorité des déplacés, a dit M. Netanyahu.

Le Premier ministre a juré d'"anéantir" le Hamas après l'attaque menée le 7 octobre par des commandos de ce mouvement infiltrés depuis Gaza en Israël.

Au moins 1.160 personnes ont été tuées dans cette attaque, la plupart des civils, selon un décompte établi par l'AFP à partir de sources officielles israéliennes et quelque 250 personnes avaient été enlevées et emmenées à Gaza. 130 otages s'y trouvent encore dont 32 déclarés morts par Israël.

En représailles, l'armée israélienne a lancé une campagne massive de bombardements contre le territoire exigu, suivie 20 jours plus tard d'une offensive terrestre qui a permis à ses soldats d'avancer du nord au sud de cette bande de terre d'environ 40 km de long et 10 de large.

Le patron de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) Philippe Lazzarini a dénoncé une "guerre contre les enfants", en affirmant que plus d'enfants ont été tués à Gaza en quatre mois de guerre qu'en quatre ans de conflits à travers le monde.

Face à l'intransigeance des protagonistes, les pays médiateurs -Etats-Unis, Qatar, Egypte- n'arrivent pas à arracher un accord de trêve accompagné de libérations d'otages, qui était espéré pendant le mois de jeûne musulman du ramadan qui a début cette semaine.

"Nous ne sommes pas près d'un accord", a dit le Qatar.

A la frontière israélo-libanaise, les violences ne connaissent elles non plus aucun répit. Mercredi, le Hamas a annoncé la mort d'un membre de sa branche armée, Hadi Moustapha, dans une frappe attribuée à Israël contre une voiture dans le sud du Liban dans laquelle une autre personne a péri.


Liban: quatre morts dans un raid israélien, riposte du Hezbollah et des factions alliées

Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région
  • En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban

BEYROUTH: «Quatre personnes d'une même famille» ont été tuées dans un «raid de l'armée israélienne» sur le village de Mays al-Jabal, a déclaré l'agence officielle d'information libanaise (ANI), actualisant un précédent bilan faisant état de trois victimes.

Il s'agit d'un homme, d'une femme et de leurs enfants âgés de 12 et 21 ans, d'après l'ANI, qui a précisé que deux autres personnes ont été blessées.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah libanais, un allié du Hamas palestinien, échange quasi-quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne. Des factions palestiniennes et autres groupes alliés ont aussi revendiqué des attaques depuis le Liban contre Israël.

Blessés transportés 

Selon ANI, des habitants du village inspectaient leurs maisons et magasins endommagés dans de précédents bombardements au moment du raid.

Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région.

Samedi soir, le Hezbollah a revendiqué des tirs sur des positions militaires dans le nord d'Israël.

Le Hezbollah a déclaré dans un communiqué avoir tiré « des dizaines de roquettes de types Katioucha et Falaq » sur Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, «en réponse au crime horrible que l'ennemi israélien a commis à Mays al-Jabal », qui, selon lui, a tué et blessé des civils.

En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban, selon un décompte de l'AFP. Au moins 11 combattants du Hamas ont été tués selon ce même décompte.

Côté israélien, 11 soldats et neuf civils ont été tués, selon un bilan officiel.


Le forum de Riyad examine le rôle de la traduction dans la promotion de l'identité saoudienne

L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
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  • La conférence vise à contribuer à un objectif clé de la Vision 2030 du Royaume, à savoir la promotion des valeurs islamiques et de l'identité nationale, en encourageant les Saoudiens à traduire ces concepts dans d'autres langues et cultures
  • Le rôle de la traduction dans la promotion d'une image positive du Royaume sera également discuté, ainsi que la promotion de la reconnaissance internationale et la mise en évidence de l'impact culturel du Royaume

RIYAD : Le Collège des langues de l'Université Princesse Noura bent Abdelrahman de Riyad accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ».

L'événement, dont le slogan est « Nous traduisons notre identité », aura lieu au département des conférences et des séminaires et est parrainé par le ministre saoudien de l'Éducation, Yousef Al-Benyan.

Il se concentrera sur le partage du patrimoine culturel, historique, littéraire et intellectuel du Royaume avec un public mondial, a rapporté l'agence de presse saoudienne.


L'interminable attente des proches de jeunes migrants tunisiens perdus en mer

El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
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  • Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants
  • Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans

EL HENCHA: La plupart avaient gardé le secret: une quarantaine de migrants tunisiens, très jeunes, ont embarqué clandestinement en janvier en quête du "paradis européen" et depuis plus de quatre mois, leurs proches désespèrent de recevoir des nouvelles des disparus.

Ils sont partis vraisemblablement de Sfax (centre), épicentre en Tunisie de l'émigration irrégulière vers l'Italie, la nuit du 10 au 11 janvier sur une mer démontée, selon les familles.

Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants à 40 kilomètres au nord de Sfax. Une mère et son bébé de quatre mois étaient aussi du voyage.

Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans, qui gagnait sa vie en conduisant la camionnette familiale de "louage" (taxi collectif).

"Il est sorti vers 22H00 avec son téléphone, sans rien dire à mes parents, sans vêtements de rechange ni sac, comme s'il allait retrouver ses amis", raconte à l'AFP cette ouvrière de 42 ans, qui souffre d'insomnies depuis.

Yousri, 22 ans, est aussi parti en cachette. "La majorité des jeunes n'ont pas informé leur famille, ils se sont débrouillés pour avoir un peu d'argent", confirme M. Henchi, son oncle instituteur.

Meftah Jalloul, poissonnier de 62 ans, savait lui "depuis un certain temps" que son fils Mohamed, 17 ans, "voulait migrer en Europe" et le lui avait déconseillé "mais c'est devenu une idée fixe".

La nuit fatidique, il a tenté d'empêcher son unique garçon de sortir, l'implorant d'attendre une meilleure météo, mais "il m'a embrassé sur la tête et il est parti", relate M. Jalloul.

«Désespérance»

Le commerçant culpabilise: "chaque jour, il créait des problèmes à la maison, il voulait de l'argent pour migrer. C'est moi qui lui ai donné l'argent, donc je suis responsable".

Les Tunisiens ont représenté la deuxième nationalité des migrants illégaux arrivés en Italie (17.304) en 2023, après les Guinéens, selon des statistiques officielles.

"Cette immigration irrégulière ne s'explique pas seulement par des motifs économiques et sociaux", analyse Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG FTDES. Il y a aussi "le facteur politique (le coup de force du président Kais Saied à l'été 2021, NDLR) et le sentiment de désespérance des Tunisiens qui ne croient pas dans l'avenir du pays".

Les disparus d'El Hencha, issus de la classe moyenne, pas particulièrement pauvres, partageaient cette "sensation d'horizon bouché".

Le frère d'Inès avait un travail mais "avec 20 dinars par jour (trois euros environ), une fois payé ses cigarettes, il disait qu'il ne pouvait pas faire de projets, ni construire une maison, ni se marier".

Mohamed l'instituteur pointe du doigt "les jeunes déjà en Italie qui publient sur les réseaux sociaux (...) leur quotidien". Les autres "voient ça et veulent changer leur avenir. Ils imaginent l'Europe comme un paradis", souligne-t-il. C'était, pense-t-il, le cas de Yousri qui travaillait dans un café internet pour 10/15 dinars par jour après avoir quitté le lycée avant le bac.

Meftah Jalloul était lui d'accord pour que son fils, également décrocheur scolaire, émigre, mais légalement et seulement après avoir fait une formation. "Il pouvait apprendre un métier: plombier, menuisier, mécanicien", souligne le père de famille.

Aujourd'hui, M. Jalloul lutte pour garder espoir.

«Temps très mauvais»

"Quatre mois se sont écoulés et je pleure mon fils. Ma famille et moi, nous sommes épuisés", dit-il en fondant en larmes.

Lui et d'autres familles se raccrochent à l'idée que l'embarcation aurait pu dériver vers la Libye voisine. Des contacts ont été pris, des recherches menées, en vain.

Inès Lafi et Mohamed Henchi redoutent le pire. Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont disparu dans des naufrages l'an passé près des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

"Le temps était très mauvais. Même les pêcheurs qui connaissent la mer sont rentrés, lui est sorti", explique Inès, furieuse contre le passeur, connu de tous pour son activité clandestine, qui n'est pas non plus revenu de cette dernière traversée.

Aux autorités, les familles demandent la poursuite des recherches et davantage d'opportunités à El Hencha.

"Il faut enrichir la zone industrielle avec d'autres unités de production, fournir des emplois aux jeunes", estime M. Henchi.

Il faudrait aussi, dit l'instituteur, "construire un état d'esprit différent" avec des programmes éducatifs pour donner envie de bâtir son avenir en Tunisie. Sinon les jeunes "se contentent d'un tour au café, d'un peu de ping-pong ou volley-ball".