Un premier bateau chargé de vivres au large de Gaza

L’Open Arms se trouverait au large de Gaza. (X.com)
L’Open Arms se trouverait au large de Gaza. (X.com)
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Publié le Vendredi 15 mars 2024

Un premier bateau chargé de vivres au large de Gaza

  • Pour aider à l'acheminement de l'aide dans la bande de Gaza, assiégée par Israël, plusieurs pays ont ouvert une voie maritime depuis Chypre
  • Un premier bateau de l'ONG espagnole Open Arms, remorquant une barge chargée de 200 tonnes de vivres, est arrivé vendredi au large de la ville de Gaza

TERRITOIRES PALESTINIENS : Un premier bateau chargé de vivres pour la population affamée par plus de cinq mois de guerre est arrivé vendredi au large de la bande de Gaza, au moment où les Palestiniens se rassemblaient sous tension pour la première grande prière depuis le début du ramadan.

Le Hamas, qui exigeait jusqu'ici d'Israël un cessez-le-feu définitif avant tout accord sur une libération des otages retenus à Gaza, s'est dit prêt vendredi à une trêve de six semaines associée à un échange d'otages contre des prisonniers palestiniens.

Pour aider à l'acheminement de l'aide dans la bande de Gaza, assiégée par Israël, plusieurs pays ont ouvert une voie maritime depuis Chypre. Un premier bateau de l'ONG espagnole Open Arms, remorquant une barge chargée de 200 tonnes de vivres, est arrivé vendredi au large de la ville de Gaza, dans le nord du territoire, selon des images de l'AFP.

Au matin, des habitants observaient au loin le bateau depuis le littoral de la Méditerranée.

"Je veux de l'aide pour mes enfants. Je veux qu'ils vivent et ne meurent pas de faim. Ils ne mangent que des plantes sauvages, il n'y a pas de pain. C'est le mois du ramadan et il n'y a rien à manger à Gaza", a raconté à l'AFP l'un d'eux, Abou Issa Ibrahim Filfil.

L'ONU redoute une famine généralisée dans le territoire palestinien, notamment dans le nord, difficilement accessible, où vivent actuellement plus de 300.000 personnes.

Le Hamas a accusé l'armée israélienne d'avoir une nouvelle fois ouvert le feu jeudi soir avec "des chars et des hélicoptères" dans cette région, sur une foule qui attendait une distribution de farine à l'entrée de la ville de Gaza.

L'armée a rejeté ces accusations vendredi et affirmé que c'était des "Palestiniens armés" qui avaient tiré sur la foule.

Ces tirs ont fait 20 morts et 155 blessés, selon le ministère de la Santé du Hamas.

"Il y a eu des tirs directs des forces d'occupation sur des gens rassemblés au rond-point Koweït pour attendre l'arrivée de camions avec de la nourriture", a raconté à l'AFP le docteur Mohammed Ghurab, directeur des services d'urgence de l'hôpital al-Chifa.

 

- 300.000 repas -

 

Une course contre la montre est engagée pendant ce temps pour tenter d'acheminer davantage d'aide humanitaire dans le territoire.

L'aide arrive principalement depuis l'Egypte via Rafah, dans le sud, après avoir été inspectée par Israël, mais reste très insuffisante face aux besoins immenses des 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza.

Face à l'urgence humanitaire, plusieurs pays ont commencé à organiser des parachutages ou un couloir maritime depuis Chypre, mais tous soulignent que ces voies d'approvisionnement ne peuvent se substituer aux routes terrestres.

Parti mardi de Chypre, le bateau d'Open Arms transporte 300.000 repas préparés par l'ONG américaine World Central Kitchen.

Une équipe de WCK déjà présente à Gaza a construit une jetée flottante où doivent être débarquées les cargaisons.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles israéliennes.

Selon Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 32 seraient mortes.

En représailles, Israël a promis d'anéantir le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 31.490 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas qui a dénombré vendredi 149 morts en 24 heures.

 

- Prières dans les ruines -

 

Des dizaines de frappes ont visé le territoire vendredi, notamment la ville de Gaza, Khan Younès dans le sud ainsi que le centre, selon les autorités du Hamas. Des témoins ont signalé des combats à Khan Younès et dans le quartier de Zeitoun à Gaza-ville.

La guerre a aussi envenimé les tensions dans les Territoires palestiniens occupés par Israël, où les fidèles musulmans ont participé vendredi à la première grande prière depuis le début du ramadan le 11 mars.

A Jérusalem, des dizaines de milliers de fidèles se sont réunis sans incident sur l'esplanade des Mosquées, sous haute surveillance policière, pendant qu'à Gaza, des habitants se rassemblaient pour prier au milieu des ruines.

"Nous nous rassemblons sur les décombres de notre mosquée détruite. Cette année, le ramadan est complètement différent à cause de tous les martyrs et des nombreux blessés, et du manque de nourriture", a témoigné Baker Abou Ghiran, un homme déplacé à Rafah.

Face à l'intransigeance des deux camps, les Etats-Unis, l'Egypte et le Qatar, les trois pays médiateurs, ne sont pas parvenus à arracher un accord de trêve comme ils l'espéraient avant le ramadan.

Le Hamas semble cependant avoir infléchi sa position. Un de ses responsables a annoncé vendredi à l'AFP que le mouvement islamiste était désormais prêt à une trêve de six semaines, pendant laquelle 42 otages, femmes, enfants, personnes âgées et malades pourraient être libérés en échange de 20 à 50 prisonniers palestiniens, selon que les otages soient des civils ou des militaires.

Durant cette éventuelle trêve, le mouvement islamiste exige le "retrait de l'armée de toutes les villes et zones peuplées", le "retour des déplacés sans restrictions" et l'entrée d'au moins 500 camions d'aide humanitaire par jour à Gaza, selon ce responsable.

Le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait jugé jeudi que "le Hamas continuait à maintenir des demandes irréalistes".

Benjamin Netanyahu a promis de poursuivre la guerre jusqu'à l'élimination du Hamas et annoncé une offensive prochaine contre la ville de Rafah, collée contre la frontière fermée avec l'Egypte, où sont massés, selon l'ONU, environ un million et demi de Palestiniens.

 


Liban: quatre morts dans un raid israélien, riposte du Hezbollah et des factions alliées

Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région
  • En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban

BEYROUTH: «Quatre personnes d'une même famille» ont été tuées dans un «raid de l'armée israélienne» sur le village de Mays al-Jabal, a déclaré l'agence officielle d'information libanaise (ANI), actualisant un précédent bilan faisant état de trois victimes.

Il s'agit d'un homme, d'une femme et de leurs enfants âgés de 12 et 21 ans, d'après l'ANI, qui a précisé que deux autres personnes ont été blessées.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah libanais, un allié du Hamas palestinien, échange quasi-quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne. Des factions palestiniennes et autres groupes alliés ont aussi revendiqué des attaques depuis le Liban contre Israël.

Blessés transportés 

Selon ANI, des habitants du village inspectaient leurs maisons et magasins endommagés dans de précédents bombardements au moment du raid.

Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région.

Samedi soir, le Hezbollah a revendiqué des tirs sur des positions militaires dans le nord d'Israël.

Le Hezbollah a déclaré dans un communiqué avoir tiré « des dizaines de roquettes de types Katioucha et Falaq » sur Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, «en réponse au crime horrible que l'ennemi israélien a commis à Mays al-Jabal », qui, selon lui, a tué et blessé des civils.

En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban, selon un décompte de l'AFP. Au moins 11 combattants du Hamas ont été tués selon ce même décompte.

Côté israélien, 11 soldats et neuf civils ont été tués, selon un bilan officiel.


Le forum de Riyad examine le rôle de la traduction dans la promotion de l'identité saoudienne

L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
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  • La conférence vise à contribuer à un objectif clé de la Vision 2030 du Royaume, à savoir la promotion des valeurs islamiques et de l'identité nationale, en encourageant les Saoudiens à traduire ces concepts dans d'autres langues et cultures
  • Le rôle de la traduction dans la promotion d'une image positive du Royaume sera également discuté, ainsi que la promotion de la reconnaissance internationale et la mise en évidence de l'impact culturel du Royaume

RIYAD : Le Collège des langues de l'Université Princesse Noura bent Abdelrahman de Riyad accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ».

L'événement, dont le slogan est « Nous traduisons notre identité », aura lieu au département des conférences et des séminaires et est parrainé par le ministre saoudien de l'Éducation, Yousef Al-Benyan.

Il se concentrera sur le partage du patrimoine culturel, historique, littéraire et intellectuel du Royaume avec un public mondial, a rapporté l'agence de presse saoudienne.


L'interminable attente des proches de jeunes migrants tunisiens perdus en mer

El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
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  • Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants
  • Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans

EL HENCHA: La plupart avaient gardé le secret: une quarantaine de migrants tunisiens, très jeunes, ont embarqué clandestinement en janvier en quête du "paradis européen" et depuis plus de quatre mois, leurs proches désespèrent de recevoir des nouvelles des disparus.

Ils sont partis vraisemblablement de Sfax (centre), épicentre en Tunisie de l'émigration irrégulière vers l'Italie, la nuit du 10 au 11 janvier sur une mer démontée, selon les familles.

Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants à 40 kilomètres au nord de Sfax. Une mère et son bébé de quatre mois étaient aussi du voyage.

Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans, qui gagnait sa vie en conduisant la camionnette familiale de "louage" (taxi collectif).

"Il est sorti vers 22H00 avec son téléphone, sans rien dire à mes parents, sans vêtements de rechange ni sac, comme s'il allait retrouver ses amis", raconte à l'AFP cette ouvrière de 42 ans, qui souffre d'insomnies depuis.

Yousri, 22 ans, est aussi parti en cachette. "La majorité des jeunes n'ont pas informé leur famille, ils se sont débrouillés pour avoir un peu d'argent", confirme M. Henchi, son oncle instituteur.

Meftah Jalloul, poissonnier de 62 ans, savait lui "depuis un certain temps" que son fils Mohamed, 17 ans, "voulait migrer en Europe" et le lui avait déconseillé "mais c'est devenu une idée fixe".

La nuit fatidique, il a tenté d'empêcher son unique garçon de sortir, l'implorant d'attendre une meilleure météo, mais "il m'a embrassé sur la tête et il est parti", relate M. Jalloul.

«Désespérance»

Le commerçant culpabilise: "chaque jour, il créait des problèmes à la maison, il voulait de l'argent pour migrer. C'est moi qui lui ai donné l'argent, donc je suis responsable".

Les Tunisiens ont représenté la deuxième nationalité des migrants illégaux arrivés en Italie (17.304) en 2023, après les Guinéens, selon des statistiques officielles.

"Cette immigration irrégulière ne s'explique pas seulement par des motifs économiques et sociaux", analyse Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG FTDES. Il y a aussi "le facteur politique (le coup de force du président Kais Saied à l'été 2021, NDLR) et le sentiment de désespérance des Tunisiens qui ne croient pas dans l'avenir du pays".

Les disparus d'El Hencha, issus de la classe moyenne, pas particulièrement pauvres, partageaient cette "sensation d'horizon bouché".

Le frère d'Inès avait un travail mais "avec 20 dinars par jour (trois euros environ), une fois payé ses cigarettes, il disait qu'il ne pouvait pas faire de projets, ni construire une maison, ni se marier".

Mohamed l'instituteur pointe du doigt "les jeunes déjà en Italie qui publient sur les réseaux sociaux (...) leur quotidien". Les autres "voient ça et veulent changer leur avenir. Ils imaginent l'Europe comme un paradis", souligne-t-il. C'était, pense-t-il, le cas de Yousri qui travaillait dans un café internet pour 10/15 dinars par jour après avoir quitté le lycée avant le bac.

Meftah Jalloul était lui d'accord pour que son fils, également décrocheur scolaire, émigre, mais légalement et seulement après avoir fait une formation. "Il pouvait apprendre un métier: plombier, menuisier, mécanicien", souligne le père de famille.

Aujourd'hui, M. Jalloul lutte pour garder espoir.

«Temps très mauvais»

"Quatre mois se sont écoulés et je pleure mon fils. Ma famille et moi, nous sommes épuisés", dit-il en fondant en larmes.

Lui et d'autres familles se raccrochent à l'idée que l'embarcation aurait pu dériver vers la Libye voisine. Des contacts ont été pris, des recherches menées, en vain.

Inès Lafi et Mohamed Henchi redoutent le pire. Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont disparu dans des naufrages l'an passé près des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

"Le temps était très mauvais. Même les pêcheurs qui connaissent la mer sont rentrés, lui est sorti", explique Inès, furieuse contre le passeur, connu de tous pour son activité clandestine, qui n'est pas non plus revenu de cette dernière traversée.

Aux autorités, les familles demandent la poursuite des recherches et davantage d'opportunités à El Hencha.

"Il faut enrichir la zone industrielle avec d'autres unités de production, fournir des emplois aux jeunes", estime M. Henchi.

Il faudrait aussi, dit l'instituteur, "construire un état d'esprit différent" avec des programmes éducatifs pour donner envie de bâtir son avenir en Tunisie. Sinon les jeunes "se contentent d'un tour au café, d'un peu de ping-pong ou volley-ball".