«Le feu de l'enfer» dans le quartier du grand hôpital de Gaza

Des personnes fuyant l'hôpital Al-Shifa et ses environs dans la ville de Gaza, atteignent le centre de la bande de Gaza le 21 mars 2024. Le 21 mars, l'armée israélienne a lancé un raid sur Al-Shifa, le plus grand hôpital de Gaza, où, selon l'armée, le Hamas opérait au milieu des patients et des civils déplacés. (Photo AFP)
Des personnes fuyant l'hôpital Al-Shifa et ses environs dans la ville de Gaza, atteignent le centre de la bande de Gaza le 21 mars 2024. Le 21 mars, l'armée israélienne a lancé un raid sur Al-Shifa, le plus grand hôpital de Gaza, où, selon l'armée, le Hamas opérait au milieu des patients et des civils déplacés. (Photo AFP)
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Publié le Samedi 23 mars 2024

«Le feu de l'enfer» dans le quartier du grand hôpital de Gaza

  • Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, plusieurs bâtiments de l'hôpital ont été touchés, notamment le service des maladies artérielles, incendié. Des arrestations ont eu lieu aussi parmi le personnel
  • L'armée israélienne, qui a déclenché cette opération lundi, assure qu'elle «continue à mener une activité opérationnelle précise dans l'hôpital al-Chifa, tout en évitant de créer des dommages aux civils, patients, équipes médicales et équipements médicaux

TERRITOIRES PALESTINIENS : Des centaines d'hommes arrêtés, les femmes poussées vers le sud du territoire, et dans la rue des corps sans vie... des habitants des abords de l'hôpital al-Chifa de Gaza décrivent  le feu de l'enfer» dans ce secteur où l'armée israélienne mène une offensive contre les combattants du Hamas.

«Toute la nuit, il y a eu des tirs et des bombardements d'artillerie. Le matin (vendredi, ndlr) je suis sorti chercher de l'eau chez mon voisin. Il y avait de nombreux corps dans la rue, des chars bloquant les accès à l'hôpital, un incendie dans une maison, des maisons détruites», raconte Mohamed, un homme de 59 ans qui n'a pas souhaité donner son nom.

Autour du plus grand complexe hospitalier de la bande de Gaza, les quartiers d'Al-Rimal et Al-Chati «sont comme des villes fantômes», décrit cet habitant du camp de réfugiés palestiniens d'Al-Chati, tout proche.

«L'armée fait maison après maison et arrête tous les hommes, même des enfants. Tout le monde a peur d'être exécuté ou arrêté», poursuit-il. Pour lui, «ce qui se passe c'est de la vengeance et de l'annihilation. J'ai l'impression que Gaza est devenu pire que le feu de l'enfer».

L'armée israélienne, qui a déclenché cette opération lundi, assure qu'elle «continue à mener une activité opérationnelle précise dans l'hôpital al-Chifa, tout en évitant de créer des dommages aux civils, patients, équipes médicales et équipements médicaux».

Depuis lundi, les militaires ont «éliminé plus de 150 terroristes dans le secteur de l'hôpital, appréhendé des centaines de suspects et localisé des armes et des infrastructures terroristes», ajoute-t-elle, au sixième mois d'une guerre déclenchée par une attaque sans précédent menée par le Hamas en Israël le 7 octobre.

De source militaire mais aussi selon des témoins, des combats ont opposé les soldats israéliens à des combattants palestiniens.

Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, plusieurs bâtiments de l'hôpital ont été touchés, notamment le service des maladies artérielles, incendié. Des arrestations ont eu lieu aussi parmi le personnel.

Un infirmier présent sur place, qui n'a pas voulu donner son nom, a raconté à un journaliste de l'AFP des bombardements nocturnes ayant selon lui «endommagé tous les bâtiments», en particulier un service de chirurgie.

Dans l'hôpital, où ont aussi trouvé refuge depuis des semaines des civils déplacés, «il n'y a pas assez à boire ni à manger», ajoute-t-il.

- Vêtements retirés -

L'opération avait commencé lundi avec l'arrivée de dizaines de chars et véhicules blindés, sur la base «d'informations indiquant que l'hôpital est utilisé par des terroristes haut-gradés du Hamas», selon l'armée israélienne.

L'armée avait auparavant largué des tracts appelant la population présente dans la zone à l'évacuer. Un journaliste de l'AFP a ainsi vu des centaines de personnes fuir.

Quatre jours plus tard, ce vendredi «à l'aube, les forces d'occupation ont mené des incursions dans toutes les maisons et bâtiments résidentiels des environs du quartier d'Al-Katiba», raconte Mahmoud Abou Amra, 50 ans.

Selon lui, elles «ont sorti les résidents de leur maison, et contraint les hommes de plus de 16 ans à se dévêtir complètement à l'exception de leurs sous-vêtements. Elles les ont attachés, frappés à coup de crosse de fusil, insultés, puis emmenés dans une école proche de l'hôpital pour interrogatoire et détention».

Quant aux femmes et aux enfants, «ils ont été forcés de partir vers l'ouest et la côte, pour rejoindre le sud de la bande de Gaza», a-t-il encore dit.

Les individus arrêtés et sans implication «dans des activités terroristes sont relâchés», a indiqué l'armée dans une déclaration à l'AFP.

«Les individus détenus sont traités en conformité avec le droit international», a-t-elle ajouté.

«Il est souvent nécessaire que les personnes suspectées de terrorisme remettent leurs vêtements pour que ceux-ci puissent être examinés, afin de s'assurer qu'ils ne dissimulent pas de gilet explosif ou toute autre arme. (...) Les vêtements sont ensuite rendus aux détenus dès que cela est possible», ajoute l'armée.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre qui a fait 1.160 morts, essentiellement civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes contre le mouvement islamiste palestinien ont fait 32.070 morts dans la bande de Gaza, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.


Soudan: violents combats près de Khartoum, des centaines de familles sur les routes

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  • Mercredi, les forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) ont attaqué la grande base de la ville de Bahri qui jouxte la capitale soudanaise au nord
  • Cette base appelée Hattab est restée aux mains de l'armée après le début de la guerre civile au Soudan en avril 2023

PORT-SOUDAN: Des centaines de familles soudanaises ont fui samedi une proche banlieue de Khartoum après une intensification des combats entre l'armée et les paramilitaires autour d'une base militaire, ont rapporté des témoins à l'AFP.

Mercredi, les forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) ont attaqué la grande base de la ville de Bahri qui jouxte la capitale soudanaise au nord. Cette base appelée Hattab est restée aux mains de l'armée après le début de la guerre civile au Soudan en avril 2023.

"Depuis ce matin (samedi), l'armée tire à l'artillerie vers le sud de la base Hattab tandis que des avions militaires survolent" la zone, a indiqué un témoin à l'AFP.

Dans le même temps, les paramilitaires des FSR "ont attaqué des maisons au sud de (la base) de Hattab, capturant des citoyens et en abattant d'autres", a témoigné un résident, Nasr el-Din, qui a souhaité taire son nom de famille pour des raisons de sécurité.

"Depuis le matin, des centaines de familles sont parties en direction du nord, portant leurs affaires sur leurs têtes" pour fuir les combats, a-t-il ajouté, ce qu'un autre témoin, anonyme, a corroboré.

La guerre entre l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les FSR, dirigées par son ancien adjoint Mohamed Hamdane Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 10 millions de personnes et notamment dans les pays voisins, selon l'ONU.

Vendredi, des experts de l'ONU mandatés par le Conseil des droits de l'Homme, ont réclamé le "déploiement sans délai" d'une force "indépendante et impartiale" afin de protéger les populations civiles, alors que la guerre a aussi provoqué une très grave crise humanitaire.

Selon eux, les belligérants soudanais "ont commis une série effroyable de violations des droits de l'Homme et de crimes internationaux, dont beaucoup peuvent être qualifiés de crimes contre l'humanité".

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a entamé samedi une visite de deux jours à Port-Soudan (est), siège de facto du gouvernement après que les autorités ont été chassées de Khartoum.

D'après un correspondant de l'AFP sur place, il a rencontré des responsables soudanais et devait visiter des infrastructures de santé.


Les Algériens votent pour choisir leur président, victoire escomptée de Tebboune

Les trois candidats disent tous vouloir améliorer le pouvoir d'achat et redresser l'économie, afin qu'elle soit moins dépendante des hydrocarbures (95% des recettes en devises). (AFP)
Les trois candidats disent tous vouloir améliorer le pouvoir d'achat et redresser l'économie, afin qu'elle soit moins dépendante des hydrocarbures (95% des recettes en devises). (AFP)
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  • Dans la capitale, hormis les services de sécurité autour des centres de vote, c'est l'atmosphère habituelle du week-end
  • Les télévisions diffusent des images du vote dans différentes régions, montrant dans certaines villes comme Djelfa (centre), des hommes faisant la queue dans un bureau

ALGERIE: Les Algériens ont commencé à voter samedi dans un scrutin présidentiel, qui devrait voir une réélection sans surprise d'Abdelmadjid Tebboune pour un deuxième mandat, dont le principal enjeu réside dans le taux de participation.

A l’ouverture des bureaux à 07H00 GMT, les personnes âgées, majoritairement des hommes, étaient, comme à l'accoutumée, les premières à glisser leur bulletin dans l’urne

"Je suis venu tôt exercer mon devoir et choisir le président de mon pays, en toute démocratie", déclare à l'AFP Sid Ali Mahmoudi, 70 ans, à Alger centre.

Dans la capitale, hormis les services de sécurité autour des centres de vote, c'est l'atmosphère habituelle du week-end. Le gros des électeurs, notamment les femmes et les plus jeunes, ne sont pas attendus avant l'après-midi.

Les télévisions diffusent des images du vote dans différentes régions, montrant dans certaines villes comme Djelfa (centre), des hommes faisant la queue dans un bureau.

Face au président sortant, deux candidats peu connus: Abdelaali Hassani, un ingénieur des travaux publics de 57 ans, chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP), le principal parti islamiste, et Youcef Aouchiche, 41 ans, ancien journaliste et sénateur, à la tête du Front des forces socialistes (FFS), plus vieux parti d'opposition, ancré en Kabylie (est).

Une reconduction de M. Tebboune, 78 ans, est d'autant plus probable que quatre formations importantes soutiennent sa candidature, notamment le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique) et le mouvement islamiste El Bina.

Le président tient toutefois "à une participation importante. Il veut être un président normal, pas un président mal élu", souligne à l'AFP Hasni Abidi du Centre d'études Cermam à Genève.

Plus de 24 millions d'électeurs, sur 45 millions d'habitants, sont appelés à voter. Les bus publics, le métro et le tramway sont gratuits samedi afin de faciliter les déplacements.

Les résultats pourraient tomber dès samedi soir ou au plus tard dimanche.

« La deuxième économie en Afrique »

En décembre 2019, l'abstention avait battu des records (60%) lors du scrutin remporté par M. Tebboune avec 58% des suffrages, alors que les manifestations massives pour un changement du système en vigueur depuis l'indépendance (1962), battaient leur plein.

Dans une déclaration aux médias samedi, M. Hassani a appelé "le peuple algérien à voter en force" car "un taux de participation élevé donne une plus grande crédibilité à ces élections", après une campagne électorale menée en plein été et suscitant peu d'enthousiasme.

Les Algériens établis à l'étranger, 865.490 électeurs selon l'Autorité électorale Anie, votent depuis lundi. Des bureaux itinérants sillonnent les zones éloignées.

Les trois candidats disent tous vouloir améliorer le pouvoir d'achat et redresser l'économie, afin qu'elle soit moins dépendante des hydrocarbures (95% des recettes en devises).

Aidé par la manne du gaz naturel, M. Tebboune a promis de rehausser salaires et retraites, des investissements, deux millions de logements neufs et 450.000 emplois nouveaux, pour faire de l'Algérie, "la deuxième économie en Afrique", derrière l'Afrique du sud.

« Tolérance zéro »

En clôture de campagne mardi, celui que les réseaux sociaux surnomment affectueusement "aammi Tebboune" (Tonton Tebboune) s'est engagé à redonner aux jeunes -plus de la moitié des 45 millions d'habitants et un tiers des électeurs- la "place qui leur sied".

M. Tebboune affirme que son premier quinquennat a été entravé par le Covid-19 et la corruption de son prédécesseur, dont il fut pourtant ministre.

Ses rivaux promettent davantage de libertés. Le candidat du FFS s'engage à "libérer les prisonniers d'opinion via une amnistie et à réexaminer les lois injustes" sur le terrorisme ou les médias. Celui du MSP prône "le respect des libertés réduites à néant".

Selon l'expert Abidi, cinq ans après le Hirak, étouffé par les interdictions de rassemblement liées au Covid et l'arrestation de ses figures de proue, le bilan de M. Tebboune souffre "d'un déficit de démocratie" qui pourrait constituer un handicap lors d'un nouveau mandat.

L'ONG Amnesty International a accusé cette semaine le pouvoir de continuer d'"étouffer l'espace civique en maintenant une répression sévère des droits humains", avec de "nouvelles arrestations arbitraires" et "une approche de tolérance zéro à l'égard des opinions dissidentes".

Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD, algérien), des dizaines de personnes liées au Hirak ou à la défense des libertés, sont encore emprisonnées ou poursuivies.


Américaine tuée en Cisjordanie: la famille accuse Israël et réclame une enquête

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné vendredi "une intervention barbare d'Israël" qui a coûté la vie selon lui à Aysenur Ezgi Eygi. (AFP)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné vendredi "une intervention barbare d'Israël" qui a coûté la vie selon lui à Aysenur Ezgi Eygi. (AFP)
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  • Selon l'ONU, Aysenur Ezgi Eygi, 26 ans, a été tuée par des tirs des forces israéliennes alors qu'elle participait à une manifestation contre la colonisation juive à Beita
  • "Sa présence dans nos vies a été brutalement, injustement et illégalement arrachée par l'armée israélienne", a déploré la famille de la jeune femme dans un communiqué

JERUSALEM: La famille d'une militante américano-turque blessée mortellement par balle en Cisjordanie occupée lors d'une manifestation anticolonisation, a accusé samedi l'armée israélienne de l'avoir tuée et exigé une "enquête indépendante".

Selon l'ONU, Aysenur Ezgi Eygi, 26 ans, a été tuée par des tirs des forces israéliennes alors qu'elle participait à une manifestation contre la colonisation juive à Beita, près de Naplouse dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

"Sa présence dans nos vies a été brutalement, injustement et illégalement arrachée par l'armée israélienne", a déploré la famille de la jeune femme dans un communiqué.

"Aysenur défendait pacifiquement la justice lorsqu'elle a été tuée par une balle", a-t-elle ajouté, faisant état d'une vidéo "montrant qu'elle (la balle) provenait d'un tireur de l'armée israélienne".

"Nous demandons au président (Joe) Biden, à la vice-présidente (Kamala) Harris et au secrétaire d'Etat (Antony) Blinken d'ordonner une enquête indépendante sur le meurtre injuste d'une citoyenne américaine et de veiller à ce que les coupables répondent pleinement de leurs actes."

L'armée israélienne a indiqué vendredi que des soldats dans le secteur de Beita avaient "répondu par des tirs en direction de l'instigateur principal de violences qui avait lancé des pierres sur eux et présentait une menace". Elle a dit "examiner les informations selon lesquelles une ressortissante étrangère a été tuée du fait de coups de feu dans la zone".

Principal allié d'Israël, Washington a déploré la mort "tragique" de la jeune femme et a réclamé une enquête.

Sa famille a estimé toutefois qu'"au vu des circonstances (...)  de la mort d'Aysenur, une enquête israélienne n'est pas suffisante".

La jeune femme était membre du International Solidarity Movement (ISM), une organisation propalestinienne, et se trouvait à Beita pour participer à une manifestation hebdomadaire contre l'expansion des colonies israéliennes, selon l'ONG. Ces colonies sont illégales aux yeux du droit international.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné vendredi "une intervention barbare d'Israël" qui a coûté la vie selon lui à Aysenur Ezgi Eygi.

Les violences ont flambé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre.

Plus de 660 Palestiniens ont été tués depuis en Cisjordanie par des tirs de soldats ou colons israéliens, selon des données du ministère palestinien de la Santé.

Au moins 23 Israéliens, dont des soldats, y ont péri dans des attaques palestiniennes ou des opérations militaires, selon des données officielles israéliennes.