Avant les JO-2024 en France, des applications pour déjouer le harcèlement de rue

Un bateau péniche passe devant la Tour Eiffel sur la Seine le 17 juillet 2023, lors d’un défilé pour tester les "manœuvres", les "distances", la "durée" et la "capture vidéo" de la future cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris en 2024.
Un bateau péniche passe devant la Tour Eiffel sur la Seine le 17 juillet 2023, lors d’un défilé pour tester les "manœuvres", les "distances", la "durée" et la "capture vidéo" de la future cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris en 2024.
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Publié le Lundi 25 mars 2024

Avant les JO-2024 en France, des applications pour déjouer le harcèlement de rue

  • A Paris, pendant les JO (26 juillet-11 août), "on sait qu'il y aura plus de personnes dans la rue et dans les transports, avec une augmentation de la consommation d'alcool", redoute Priscillia Routier-Trillard, fondatrice de The Sorority.
  • 'objectif de ce partenariat est que policiers et gendarmes puissent "mieux identifier les appels des membres" et "intervenir rapidement, aidés par tous les détails qui leur seront fournis",

PARIS :Une rue mal éclairée, une rame de métro vide ou, au contraire, bondée de supporters éméchés pendant les jeux Olympiques en France cet été: des applications se développent pour aider les femmes à se sentir moins isolées et faciliter une éventuelle intervention policière.

A Paris, pendant les JO (26 juillet-11 août), "on sait qu'il y aura plus de personnes dans la rue et dans les transports, avec une augmentation de la consommation d'alcool", redoute Priscillia Routier-Trillard, fondatrice de The Sorority.

Cette application gratuite créée en 2020 pour un public exclusivement féminin permet notamment "à celles qui se sentent en insécurité d'alerter les 50 personnes les plus proches grâce à la position GPS du téléphone".

Les femmes équipées de la même appli reçoivent une notification sur leur smartphone quand elles se trouvent dans la zone où l'alerte est déclenchée. "Elles peuvent alors soit envoyer un message à la personne qui demande de l'aide, soit l'appeler, soit la rejoindre et dans le pire des cas prévenir la police", explique Priscillia Routier-Trillard.

Maja, 18 ans, y a eu recours après avoir été suivie dans une rue: "Dès que j'ai appuyé sur le bouton d'alerte, j'ai reçu une dizaine de SMS et d'appels. Finalement une membre m'a rejointe et m'a raccompagnée en voiture", décrit-elle à l'AFP.

- "Lieu sûr" -

Emma, 25 ans, s'est abonnée après une agression dans un tramway au Havre, dans le nord-ouest de la France. "J'étais pétrifiée, je n'ai rien pu faire", déplore-t-elle. Depuis, elle prépare ses trajets et vérifie qu'il y a des membres de cette application dans les villes où elle va.

The Sorority - 90.000 membres revendiquées, aux profils passés au crible - collabore désormais avec les forces de l'ordre, comme l'a annoncé le 8 mars le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin.

"Nos membres pourront contacter la police ou la gendarmerie quand elles reçoivent une alerte", précise Priscillia Routier-Trillard.

L'objectif de ce partenariat est que policiers et gendarmes puissent "mieux identifier les appels des membres" et "intervenir rapidement, aidés par tous les détails qui leur seront fournis", note-t-elle.

Umay, autre application gratuite, collabore aussi avec les forces de l'ordre. Depuis 2019, elle répertorie des "lieux sûrs": 3.200 gendarmeries, 600 commissariats et 6.000 autres établissements --bars, restaurants, magasins et institutions, où les personnes se sentant menacées - hommes et femmes - peuvent se réfugier.

"Ça a été un soulagement de savoir que ça existait et que je ne serai plus jamais totalement seule", explique Anaëlle, 18 ans, qui a découvert par hasard l'un de ces lieux grâce à un autocollant sur une vitrine.

- Volontaires formés aux JO -

Depuis, l'étudiante en psychologie, qui vit en région parisienne, se dit plus rassurée. Tout comme ses parents: "Ils l'ont téléchargée et, grâce à ça, ils voient où je suis et me laissent plus facilement sortir le soir".

L'application, utilisée par 75.000 abonnés, vient de signer un partenariat avec la Française des Jeux, société leader des jeux (loto, jeux de grattage, paris sportifs) dans le pays, pour former et labelliser comme "lieu sûr" un maximum de bar-tabac presse avant les JO.

"On peut imaginer que lors d'un évènement comme les Jeux olympiques, on assiste à des comportements déviants supplémentaires, favorisés par la dimension festive, la consommation d'alcool et peut-être aussi de psychotropes" estime Williams Nuytens, sociologue à l'université de Liévin, dans le nord de la France, et spécialiste du sport, des violences et des populations vulnérables.

Les victimes d'outrages sexistes sont à 91% des femmes, les auteurs à 97% des hommes, rappelle le ministère français de l'Intérieur.

Selon le dernier rapport annuel du Haut Conseil à l'égalité femmes hommes sur l'état du sexisme en France, huit femmes sur dix ont peur de rentrer seules le soir et neuf sur dix adoptent des conduites d'évitement pour échapper aux propos sexistes.

Umay travaille aussi avec le Comité d'organisation des JO et ses milliers de volontaires recrutés pour accueillir les visiteurs, en assurant "une formation pour (les) sensibiliser à la gestion des situations d'agressions et notamment de violences sexistes et sexuelles", souligne François Morival, cofondateur et directeur général de l'application.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.