Bousculade et tirs mortels lors d'une distribution alimentaire à Gaza, ravagée par la guerre

Des cerfs-volants volent à Rafah alors qu'un panache de fumée éclate lors du bombardement israélien sur Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 29 mars 2024, au milieu des combats en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (AFP)
Des cerfs-volants volent à Rafah alors qu'un panache de fumée éclate lors du bombardement israélien sur Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 29 mars 2024, au milieu des combats en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (AFP)
Short Url
Publié le Samedi 30 mars 2024

Bousculade et tirs mortels lors d'une distribution alimentaire à Gaza, ravagée par la guerre

  • Trois des personnes décédées ont succombé à des tirs, selon le Croissant rouge
  • Les témoignages évoquent des tirs «nourris» de chars israéliens positionnés à quelques centaines de mètres, sans préciser leur destination

TERRITOIRES PALESTINIENS: Cinq Palestiniens sont morts samedi matin, dont trois ayant succombé à des tirs, lors d'une distribution alimentaire qui a tourné au chaos dans la bande de Gaza assiégée et menacée par la famine, où les bombardements israéliens ainsi que les affrontements entre l'armée et le Hamas se poursuivent.

Près de six mois après le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël, l'armée israélienne a mené de nouveaux raids sur la bande de Gaza, faisant au moins 82 morts ces dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Alors que les négociations pour parvenir à une trêve semblent dans l'impasse, les deux camps s'accusant mutuellement d'être à l'origine du blocage, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a "approuvé un prochain cycle de négociations, dans les jours à venir, à Doha et au Caire (...) pour aller de l'avant", a annoncé son bureau vendredi.

Ces derniers mois, plusieurs sessions de négociations ont eu lieu via les médiateurs internationaux -Egypte, Qatar, Etats-Unis-, mais sans résultat. Depuis le début de la guerre, une seule trêve d'une semaine a été instaurée fin novembre. Elle avait permis la libération d'une centaine d'otages enlevés pendant l'attaque du 7 octobre en échange de prisonniers palestiniens incarcérés par Israël.

Malgré une résolution du conseil de sécurité de l'ONU exigeant un cessez-le-feu, les combats n'ont pas baissé en intensité.

Samedi, l'armée israélienne a déclaré avoir frappé des dizaines de cibles dans le centre de Gaza. Le bureau de presse du Hamas a, pour sa part, affirmé que certaines frappes ont visé des "habitations", rapportant également des tirs d'artillerie à Gaza-ville et dans le sud du petit territoire surpeuplé et soumis à un blocus total.

«Ni nourriture, ni eau»

Signe d'une situation humanitaire désespérée, le Croissant rouge palestinien a fait état de cinq morts, trois ayant succombé à des tirs, et 30 blessés samedi à l'aube dans la ville de Gaza, à la suite d'une énorme bousculade lors d'une distribution d'aide alimentaire, au rond-point de Koweit.

Des vidéos tournées par l'AFP montrent des camions avançant dans la pénombre, au milieu de feux de détritus, pendant que retentissent tout autour des tirs, sur ce rond-point théâtre de précédents incidents semblables ces dernières semaines.

Selon des témoignages, des membres de "comités populaires de protection", chargés de superviser la distribution, ont tiré en l'air, blessant plusieurs personnes, tandis que les camions en renversaient d'autres. Au même moment, des chars israéliens positionnés à quelques centaines de mètres tiraient. Contactée par l'AFP, l'armée n'a pas répondu dans l'immédiat.

"Nous n'avons pas assez de nourriture et d'eau", a déclaré vendredi à l'AFP Amany, 44 ans, une Palestinienne mère de sept enfants, qui a trouvé refuge dans le camp de Chati.

La majorité des 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine, alertent les agences onusiennes depuis des semaines. Strictement contrôlée par Israël, l'aide humanitaire entre au compte-gouttes dans le territoire palestinien, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.

Jeudi, la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute instance judiciaire de l'ONU, a ordonné à Israël d'assurer "une aide humanitaire de toute urgence" à Gaza, face à "une famine qui s'installe".

Israël doit "permettre à l'Unrwa d'atteindre le nord de la bande de Gaza avec des convois de nourriture (...) quotidiennement et d'ouvrir d'autres points de passage terrestres", a martelé le patron de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens(Unrwa), Philippe Lazzarini.

Des accusations battues en brèche par Israël vendredi, qui a affirmé ne pas s'occuper de la distribution de nourriture à Gaza, accusant des agences de l'ONU d'être incapables de gérer la quantité d'aide qui y arrive chaque jour.

Hôpitaux 

La guerre a été déclenchée le 7 octobre lorsque des commandos du Hamas infiltrés de Gaza ont mené une attaque dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

D'après Israël, environ 250 personnes ont également été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages dont 34 sont mortes, à Gaza. Israël a juré de détruire le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste au même titre que les Etats-Unis et l'Union européenne, et a lancé une offensive, d'abord aérienne, puis terrestre, sur le territoire palestinien.

Au total, Au total, plus de 32.705 Palestiniens ont été tués dans l'offensive israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L'armée israélienne, qui accuse les combattants du Hamas de se cacher dans les hôpitaux, a annoncé samedi poursuivre, pour le 13e jour consécutif, ses "opérations" dans et autour du plus grand complexe hospitalier al-Chifa dans la ville de Gaza (nord).

Selon le Hamas, les troupes israéliennes sont également présentes à l'hôpital Nasser ainsi qu'à celui d'Al-Amal, tous deux situés dans la ville de Khan Younès (sud).

Jeudi, M. Netanyahu a réaffirmé sa détermination à lancer une offensive terrestre à Rafah en dépit des pressions internationales, y compris américaines.

"Nous tenons le nord de la bande de Gaza ainsi que Khan Younès. Nous avons coupé en deux la bande de Gaza et on se prépare à entrer à Rafah", ville considérée par Israël comme le dernier grand bastion du Hamas, a-t-il dit.

Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, qui s'opposent à cette opération, doivent discuter de cette question avec une délégation envoyée par M. Netanyahu.


Tunisie: l'ambassadeur UE convoqué par le président Saied pour «non respect des règles du travail diplomatique» 

Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Short Url
  • Le président Saied a exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques"
  • L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents

TUNISIE: Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.

Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques".

Lundi, M. Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT -- qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales -- et avait salué "le rôle important" de l'organisation "en faveur du dialogue social et du développement économique" en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents.

Le diplomate européen avait "réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs", selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.

La semaine passée, M. Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.

"L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes".

M. Taboubi a dénoncé "une baisse du pouvoir d'achat" des Tunisiens face à "des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie", défendant "leur droit syndical à se défendre" afin d'obtenir "un salaire décent qui leur fait défaut actuellement".

Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.


L'armée israélienne annonce le lancement d'une «vaste opération» dans le nord de la Cisjordanie

L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
Short Url
  • "Pendant la nuit (de mardi à mercredi), les forces [israéliennes] ont commencé à opérer dans le cadre d'une vaste opération antiterroriste dans la région du nord" de la Cisjordanie, indique un communiqué militaire israélien
  • Les forces israéliennes, "ne permettront pas au terrorisme de s'[y] implanter", ajoute l'armée israélienne

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Pendant la nuit (de mardi à mercredi), les forces [israéliennes] ont commencé à opérer dans le cadre d'une vaste opération antiterroriste dans la région du nord" de la Cisjordanie, indique un communiqué militaire israélien.

Les forces israéliennes, "ne permettront pas au terrorisme de s'[y] implanter", ajoute l'armée israélienne.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a indiqué qu'il ne s'agissait pas d'un déploiement dans le cadre de son "opération antiterroriste" lancée en janvier 2025 et visant principalement les camps de réfugiés palestiniens de la région, mais d'une "nouvelle opération".

Elle n'a pas fourni plus de détails dans l'immédiat.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël.

Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les violences n'ont pas cessé en Cisjordanie depuis l'entrée en vigueur de la trêve à Gaza le 10 octobre.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a recensé en octobre un pic des "attaques de colons ayant causé des victimes, des dommages matériels ou les deux" en près de deux décennies de collecte de données dans ce territoire palestinien.

Le 10 novembre, un Israélien a été tué et trois autres ont été blessés lors d'une attaque au couteau menée par deux Palestiniens rapidement abattus par des soldats près de Bethléem, dans le sud de la Cisjordanie.


Le Conseil de sécurité de l'ONU en Syrie et au Liban la semaine prochaine

 Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre. (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre. (AFP)
Short Url
  • Alors que l'ONU tente de se réimplanter en Syrie, le Conseil a récemment levé ses sanctions contre le nouveau dirigeant du pays, l'appelant à mettre en oeuvre une transition inclusive
  • Le 5 décembre, le Conseil sera ensuite à Beyrouth, avant de se rendre le lendemain à la rencontre des Casques bleus de la force de maintien de la paix de l'ONU au sud du Liban (Finul), qui doit quitter le pays fin 2027

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre.

Quelques jours avant le premier anniversaire de la chute de l'ancien président syrien Bachar al-Assad, les ambassadeurs des quinze Etats membres doivent se rendre le 4 décembre à Damas où ils devraient rencontrer notamment les nouvelles autorités, dont le président par intérim Ahmad al-Chareh, et des représentants de la société civile, a précisé la mission à des journalistes.

Alors que l'ONU tente de se réimplanter en Syrie, le Conseil a récemment levé ses sanctions contre le nouveau dirigeant du pays, l'appelant à mettre en oeuvre une transition inclusive.

Le 5 décembre, le Conseil sera ensuite à Beyrouth, avant de se rendre le lendemain à la rencontre des Casques bleus de la force de maintien de la paix de l'ONU au sud du Liban (Finul), qui doit quitter le pays fin 2027 après avoir fait tampon entre Israël et le Liban depuis mars 1978.

Ce déplacement intervient alors qu'Israël a poursuivi ses frappes au Liban malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 pour mettre fin à un conflit avec le mouvement libanais Hezbollah, un allié du groupe islamiste palestinien Hamas.