En Ouzbékistan, la fièvre de l'or

Zahit Khudaberdiyev, l'entrepreneur qui a rejoint la ruée vers l'or après avoir acquis aux enchères les droits sur un terrain pendant trois ans, montre l'or qu'il a extrait avec ses employés près du village de Soykechar, à environ 600 km de Tachkent, le 6 mars 2024. (AFP)
Zahit Khudaberdiyev, l'entrepreneur qui a rejoint la ruée vers l'or après avoir acquis aux enchères les droits sur un terrain pendant trois ans, montre l'or qu'il a extrait avec ses employés près du village de Soykechar, à environ 600 km de Tachkent, le 6 mars 2024. (AFP)
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Publié le Mercredi 03 avril 2024

En Ouzbékistan, la fièvre de l'or

  • Autrefois privilège exclusif des immenses combinats miniers étatiques, la recherche du précieux métal est désormais autorisée aux particuliers en Ouzbékistan
  • Alors que seulement 20% du sous-sol ouzbek a été exploré, le dirigeant au pouvoir depuis 2016 a ordonné d'augmenter de 50% la production d'or d'ici 2030

SOIKETCHAR: Etalant d'une main un mélange grisâtre de sable et de cailloux qu'il rince d'un filet d'eau, Khislat Otchilov scrute méticuleusement l'apparition de paillettes brillantes: de l'or, métal crucial pour l'Ouzbékistan, dont regorge ce pays d'Asie centrale.

Enfin, une pépite de la taille d'un grain de riz surgit sur son tapis d'orpaillage.

"C'est pas mal, même si j'en ai déjà trouvé une de sept grammes, mon record", se satisfait cet homme de 25 ans rencontré par l'AFP dans la steppe ouzbèke, non loin du village de Soïketchar (sud-ouest).

Plus loin, son collègue Sardor Mardiev, 28 ans, creuse au volant de son excavateur douze heures durant, six jours par semaine, la terre de cette immense région de Navoï, plus grande qu'une trentaine de pays européens, comme le Portugal.

Autrefois privilège exclusif des immenses combinats miniers étatiques, la recherche du précieux métal est désormais autorisée aux particuliers en Ouzbékistan, devenu en 2023 le dixième producteur mondial (110,8 tonnes) et le deuxième vendeur (25 tonnes) via sa Banque centrale, selon le Conseil mondial de l'or.

Des chiffres cependant loin de rassasier le président Chavkat Mirzioïev, qui se présente comme un réformateur souhaitant développer l'économie encore largement centralisée et ouvrir son pays après des années d'isolement. Une libéralisation progressive qui ne s'applique pas encore à la scène politique, toujours verrouillée.

Alors que seulement 20% du sous-sol ouzbek a été exploré, le dirigeant au pouvoir depuis 2016 a ordonné d'augmenter de 50% la production d'or d'ici 2030 et de vendre des lingots pesant jusqu'à un kilogramme, dans l'espoir d'attirer plus de touristes.

Emplois locaux

Après l'autorisation donnée aux particuliers, Zokhid Khoudaberdiev a, comme des centaines d'autres entrepreneurs, voulu tenter sa chance: le trentenaire a acheté aux enchères une parcelle pour trois ans afin de participer à cette ruée vers l'or.

"Avant 2019, nous n'avions pas le droit de chercher de l'or. Certains le faisaient mais risquaient de mourir, c'était dangereux", résume M. Khoudaberdiev, qui a comme concurrents des chercheurs kazakhs et chinois sur les parcelles voisines.

Et si cette concession ne fournissait pas suffisamment d'or, il essaierait probablement plus loin.

Derrière lui, les camions et tractopelles s'affairent, dévorant sur plusieurs centaines de mètres des tonnes de gravats qui offriront "12 à 15 grammes par jour en moyenne" selon M. Khoudaberdiev, un oeil sur son téléphone pour vérifier le cours de l'or, qui tutoie les 2.200 dollars l'once mi-mars, un record.

"Le gouvernement nous a donné la possibilité de chercher de l'or pour fournir du travail aux gens", poursuit le patron, donnant l'exemple de ses jeunes employés, Khislat Otchilov et Sardor Mardiev.

Car dans un pays où 20% de la population active est forcée d'émigrer, principalement en Russie, le secteur aurifère offre des perspectives inespérées.

"Nous employons des locaux, avant Khislot était au chômage et Sardor garçon de ferme, maintenant ils gagnent en moyenne trois à quatre millions de soums (220-300 euros)" par mois, explique M. Khoudaberdiev, un salaire correct en région.

Achat de devises 

Mais une fois l'or récolté, interdiction pour les entrepreneurs de le garder dans leurs poches: tout doit être remis à la Banque centrale ouzbèke, qui le revendra elle-même sur le marché mondial contre des dollars.

Car faire entrer des devises est crucial pour l'économie ouzbèke en pleine croissance afin de soutenir la monnaie nationale, le soum, l'une des plus faibles au monde, un euro s'échangeant mi-mars contre environ 13 700 soums.

Mais dans le village de Soïketchar, où l'agriculture reste un secteur vital, cette agitation autour de l'or ne fait pas que des heureux.

"Les chercheurs creusent là où nous faisions paître notre bétail", explique Erkin Karchiev, l'un des responsables des fermiers du district, situé à quelque 500 kilomètres au sud-ouest de la capitale Tachkent.

"Regardez, les précédents sont partis en laissant tout en l'état", dit le sexagénaire, dépité, montrant les trous d'une dizaine de mètres de profondeur autour de lui.

Le fermier assure avoir "très peur que les animaux y tombent". Et ses multiples demandes aux autorités pour régler ce problème sont pour le moment restées lettre morte.

"Nous ne voulons qu'une seule chose", relève l'agriculteur. "Que les chercheurs d'or aplanissent la terre en recouvrant les trous à leur départ."


Droits de douane: l'UE veut négocier mais s'impatiente face à Trump

La décision du président américain, annoncée dans une lettre rendue publique samedi, a jeté un froid alors que les négociations commerciales étaient toujours en cours entre Bruxelles et Washington, avant la date butoir du 1er août. (AFP)
La décision du président américain, annoncée dans une lettre rendue publique samedi, a jeté un froid alors que les négociations commerciales étaient toujours en cours entre Bruxelles et Washington, avant la date butoir du 1er août. (AFP)
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  • "J'ai l'intention de m'entretenir à nouveau avec mes homologues américains dans le courant de la journée, car je ne peux pas m'imaginer en rester là sans effort véritable"
  • "Nous devons nous préparer à toutes les éventualités, y compris, si nécessaire, à des contre-mesures proportionnées et bien calibrées pour rétablir l'équilibre de notre relation transatlantique" a dit Maros Sefcovic

BRUXELLES: L'Union européenne espère toujours obtenir un accord avec les Etats-Unis après les nouvelles menaces de Donald Trump d'imposer le 1er août des droits de douane de 30%, mais la patience s'amenuise, ont indiqué lundi le négociateur en chef de l'UE et des ministres européens du Commerce.

"J'ai l'intention de m'entretenir à nouveau avec mes homologues américains dans le courant de la journée, car je ne peux pas m'imaginer en rester là sans effort véritable", a déclaré le commissaire européen chargé du Commerce Maros Sefcovic.

Mais, a-t-il ajouté, "nous devons nous préparer à toutes les éventualités, y compris, si nécessaire, à des contre-mesures proportionnées et bien calibrées pour rétablir l'équilibre de notre relation transatlantique".

La décision du président américain, annoncée dans une lettre rendue publique samedi, a jeté un froid alors que les négociations commerciales étaient toujours en cours entre Bruxelles et Washington, avant la date butoir du 1er août.

"Changer de méthode" 

"L'incertitude actuelle causée par des droits de douane injustifiés ne peut pas durer indéfiniment", a souligné M. Sefcovic.

"Évidemment, la situation depuis samedi doit nous amener à changer de méthode", a renchéri lundi à Bruxelles le ministre français chargé du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, avant une réunion des ministres de l'UE. Et il ne faut avoir "aucun tabou", a-t-il martelé, y compris en annonçant dès lundi de premières représailles.

"Nous voulons un accord, mais il y a un vieux dicton qui dit: +si tu veux la paix, tu dois te préparer à la guerre+", a déclaré de son côté le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Lokke Rasmussen, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l'UE.

La présidente de la Commission européenne - qui négocie au nom des Etats membres de l'UE -, Ursula von der Leyen, a choisi pour le moment de temporiser, sous pression notamment de pays, comme l'Allemagne, dont les ventes vers les Etats-Unis représentent la part la plus importante du total des exportations de l'UE.

Elle a annoncé dimanche que l'Union européenne n'allait pas riposter pour l'instant aux droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium, dans l'espoir d'obtenir un accord qui s'avérerait moins douloureux.

"Nous avons toujours été très clairs sur le fait que nous préférons une solution négociée. Cela reste le cas et nous utiliserons le temps dont nous disposons maintenant jusqu'au 1er août", a déclaré Mme von der Leyen.

Des diplomates ont néanmoins souligné qu'un paquet de mesures de représailles supplémentaires serait présenté aux ministres lundi, mesures qui pourraient être mises en oeuvre si Donald Trump optait effectivement pour des taxes de 30% sur les importations en provenance de l'Union européenne.

100 milliards d'euros

L'UE a déjà menacé en mai d'imposer des droits de douane sur des produits américains d'une valeur d'environ 100 milliards d'euros comprenant des automobiles et des avions, si les négociations échouaient - quand bien même un diplomate a laissé entendre que la liste finale avait été réduite à une valeur de 72 milliards.

Les pays européens essayent de rester unis dans cette affaire, bien que leurs économies ne soient pas exposées de la même façon aux foudres douanières du président américain.

Emmanuel Macron a exhorté samedi la Commission européenne à "défendre résolument les intérêts européens" et à "accélérer la préparation de contre-mesures crédibles".

Le chancelier allemand Friedrich Merz s'est dit dimanche d'accord avec le président français, précisant avoir discuté avec lui, avec Mme von der Leyen et Donald Trump ces derniers jours. Il assure vouloir s'impliquer "intensivement" pour tenter d'arriver à une solution.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni a quant à elle mis en garde dimanche contre la perspective d'une "guerre commerciale" au sein du monde occidental.

"L'Europe dispose de la puissance économique et financière nécessaire pour affirmer sa position et parvenir à un accord équitable et de bon sens. L'Italie fera sa part. Comme toujours", a-t-elle dit dans un communiqué, tandis que son opposition l'accuse de manquer de fermeté face à Washington.

Depuis son retour à la présidence des Etats-Unis en janvier, Donald Trump a imposé des droits de douane fluctuants et généralisés à ses alliés et ses concurrents, perturbant les marchés financiers et alimentant les craintes d'un ralentissement économique mondial.


Les expatriés du CCG peuvent désormais investir directement sur le marché principal saoudien

Les mises à jour devraient renforcer l'attrait du marché des capitaux saoudien pour les investisseurs locaux et internationaux. Fichier/Reuters
Les mises à jour devraient renforcer l'attrait du marché des capitaux saoudien pour les investisseurs locaux et internationaux. Fichier/Reuters
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  • Cette mesure favorise l'ouverture du marché à l'échelle internationale.
  • Le projet a été soumis à la consultation publique pendant 30 jours.

RIYADH : Les résidents des pays du Conseil de coopération du Golfe, y compris les expatriés, peuvent désormais, pour la première fois, investir directement sur le principal marché boursier d'Arabie saoudite, en vertu d'une nouvelle réglementation annoncée par l'Autorité du marché des capitaux.

La réforme, dévoilée par le président de la CMA, Mohammed El-Kuwaiz, supprime les restrictions antérieures qui limitaient l'accès aux accords de swap ou obligeaient les investisseurs à passer par des intermédiaires agréés. Elle s'applique aux résidents actuels et anciens d'Arabie saoudite ou d'autres États du CCG, selon une annonce officielle.

Ces initiatives s'alignent sur les objectifs de diversification économique du Royaume dans le cadre de Vision 2030, qui vise à approfondir les marchés de capitaux et à attirer les capitaux mondiaux. En rationalisant les ouvertures de compte et en élargissant l'accès, la CMA vise à améliorer la liquidité, la transparence et la confiance des investisseurs.  

Dans un message publié sur X, M. El-Kuwaiz a déclaré que cette mesure "favorise l'ouverture du marché à l'échelle internationale, tout en établissant une relation d'investissement à long terme avec des segments plus larges d'investisseurs dans le monde entier, dans le cadre d'un environnement réglementaire plus souple et plus attrayant".

Dans une déclaration séparée, la CMA a déclaré que les mises à jour "amélioreraient l'attractivité du marché des capitaux saoudien pour les investisseurs locaux et internationaux, augmenteraient le niveau de protection des investisseurs et renforceraient la confiance des participants au marché".

Les amendements ont été approuvés suite à la publication par la CMA du projet le 20 novembre 2024, intitulé "Faciliter les procédures d'ouverture et de fonctionnement des comptes d'investissement pour diverses catégories d'investisseurs".

Le projet a été ouvert à la consultation publique pendant 30 jours calendaires via la Plateforme électronique unifiée pour la consultation du public et des entités gouvernementales, affiliée au Centre national de la compétitivité, et le site web de la CMA.

L'expansion des investisseurs du CCG fait partie d'une révision réglementaire plus large dévoilée par la CMA la semaine dernière pour moderniser le paysage des fonds d'investissement en Arabie saoudite.

Les réformes clés comprennent l'élargissement des canaux de distribution, permettant aux unités de fonds d'investissement d'être distribuées par le biais de plateformes numériques agréées et d'entreprises fintech approuvées par la Banque centrale saoudienne.

Des mesures de gouvernance plus strictes ont également été introduites, y compris de nouvelles garanties pour les transitions des gestionnaires de fonds, qui nécessitent l'approbation de la CMA et une période de transfert de 60 jours pour protéger les investisseurs.

Les FPI cotées sur le marché parallèle disposent désormais d'une plus grande flexibilité, puisqu'elles peuvent investir dans des projets de développement sans limites strictes d'allocation d'actifs, ce qui peut potentiellement améliorer les rendements.

Les derniers changements réglementaires représentent une autre étape stratégique pour accroître la liquidité, attirer les capitaux étrangers et positionner la bourse saoudienne comme un marché monétaire de premier plan dans la région.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Medef appelle les Européens à faire front commun face aux droits de douane américains

Le président du Mouvement des entreprises de France (MEDEF), Patrick Martin, répond aux questions des journalistes après une réunion avec le Premier ministre français à l'Hôtel de Matignon à Paris, le 24 juin 2025, à la suite de l'échec de la conférence sur les retraites. (Photo : Alain JOCARD / AFP)
Le président du Mouvement des entreprises de France (MEDEF), Patrick Martin, répond aux questions des journalistes après une réunion avec le Premier ministre français à l'Hôtel de Matignon à Paris, le 24 juin 2025, à la suite de l'échec de la conférence sur les retraites. (Photo : Alain JOCARD / AFP)
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  • Le patronat français appelle à l'unité de l'Europe face à l'annonce par le président américain Donald Trump de droits de douane de 30 % sur les produits issus de l'Union européenne,
  • Le locataire de la Maison Blanche a annoncé l'imposition de droits de douane de 30 % pour les produits de l'UE et du Mexique importés aux États-Unis, une nouvelle surenchère en pleine négociation qui sème l'inquiétude en Europe.

PARIS : Le patronat français appelle à l'unité de l'Europe face à l'annonce par le président américain Donald Trump de droits de douane de 30 % sur les produits issus de l'Union européenne, qui entreront en vigueur dès le 1er août.

« Dans cette période, l'unité de l'Europe est plus que jamais essentielle », a réagi samedi soir le président du premier syndicat patronal dans une déclaration à l'AFP, soulignant que « le Medef s'y emploie avec ses homologues européens ».

Samedi, le locataire de la Maison Blanche a annoncé l'imposition de droits de douane de 30 % pour les produits de l'UE et du Mexique importés aux États-Unis, une nouvelle surenchère en pleine négociation qui sème l'inquiétude en Europe.

Cette annonce a aussitôt suscité de vives réactions en Europe, où des secteurs essentiels de l'économie du continent pourraient être touchés, comme l'automobile, l'industrie pharmaceutique, l'aéronautique ou encore le secteur viticole.

« Nous avons encore trois semaines pour négocier et éviter que nos économies, de part et d'autre de l'Atlantique, subissent les contrecoups d'une décision irrationnelle », a estimé Patrick Martin.

« Une absence d'accord conduirait inévitablement à des mesures de rétorsion légitimes de la part de l'Europe », a-t-il ajouté, précisant que le Medef serait « extrêmement » vigilant « pour la sauvegarde de nos intérêts économiques et la pérennité de nos filières les plus exposées au marché américain ».