Le pouvoir de Bagdad resserre l'étau sur le Kurdistan autonome d'Irak

Masrour Barzani, Premier ministre de la région autonome du Kurdistan irakien, s'exprime lors du Sommet mondial des gouvernements à Dubaï, le 12 février 2024 (Photo, AFP).
Masrour Barzani, Premier ministre de la région autonome du Kurdistan irakien, s'exprime lors du Sommet mondial des gouvernements à Dubaï, le 12 février 2024 (Photo, AFP).
Un manifestant irakien brandit un grand drapeau national sur la place Tahrir, à Bagdad, au milieu des manifestations antigouvernementales en cours, le 6 décembre 2019. (AFP)
Un manifestant irakien brandit un grand drapeau national sur la place Tahrir, à Bagdad, au milieu des manifestations antigouvernementales en cours, le 6 décembre 2019. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 07 avril 2024

Le pouvoir de Bagdad resserre l'étau sur le Kurdistan autonome d'Irak

  • Depuis deux décennies, alors que Bagdad se dépêtrait avec des conflits à répétition, le Kurdistan se présentait comme une oasis de stabilité économiquement prospère
  • Les observateurs dénoncent corruption endémique, politiques publiques défaillantes et crises à répétition, au sein d'élites politiques quasi-inchangées depuis 20 ans

BAGDAD: "Vengeance politique" ou reprise en main? En Irak, le pouvoir fédéral de Bagdad profite de la stabilité relative du pays pour revoir ses rapports et son contrôle sur le Kurdistan autonome, experts et responsables politiques actant un tour de vis.

Le bras de fer se joue aussi devant les tribunaux, avec plusieurs verdicts promulgués à Bagdad et décriés par Erbil, capitale d'un Kurdistan autonome depuis 1991 dans le nord de l'Irak, et traditionnellement soutenu par les Occidentaux.

Contrôle du pétrole, versement des salaires des fonctionnaires, intervention dans les législatives régionales: depuis des décennies, les mêmes dossiers peu ou prou enveniment les relations entre le pouvoir fédéral et le Kurdistan.

Cette fois-ci, Bagdad a la main haute. Les pressions visent directement le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), aux manettes à Erbil, engagé dans une lutte intestine avec l'autre formation historique des Kurdes, l'Union patriotique du Kurdistan (UPK).

"Je dois vous avertir des complots visant à démanteler par diverses tactiques le Kurdistan", accusait fin mars le Premier ministre de la région, Masrour Barzani, du PDK.

Depuis deux décennies, alors que Bagdad se dépêtrait avec des conflits à répétition, le Kurdistan se présentait comme une oasis de stabilité économiquement prospère.

Mais dans un pays aux immenses richesses pétrolières, à Bagdad ou à Erbil, les observateurs dénoncent corruption endémique, politiques publiques défaillantes et crises à répétition, au sein d'élites politiques quasi-inchangées depuis 20 ans.

«Erreurs» au Kurdistan 

A son arrivée, l'actuel Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani, soutenu par des partis pro-Iran, avait rétabli des rapports apaisés avec les politiciens kurdes. Mais Bagdad et Erbil ont toujours entretenu des relations en dents de scie.

"Les gouvernements successifs (à Bagdad) ont longtemps été accaparés par des crises et des contextes difficiles", indique à l'AFP un influent responsable politique, en allusion aux années de guerre, de lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) et de manifestations antipouvoir.

"Cela fait qu'ils ne se sont jamais penchés sur les erreurs commises par le Kurdistan", justifie-t-il sous anonymat.

"Que ce soit pour les accords pétroliers, les exportations de pétrole, le système financier de la région, de nombreuses décisions illégales ont été prises. Il est temps d'y remédier", estime-t-il.

Fin février, la Cour suprême fédérale, plus haute instance judiciaire, sommait Bagdad de verser directement leurs salaires aux fonctionnaires du Kurdistan, sans passer par les autorités locales.

De même, la justice irakienne a supprimé 11 sièges réservés aux minorités au sein du Parlement régional. Selon des observateurs, ces postes permettaient au PDK de sécuriser sa majorité parlementaire face à ses adversaires.

Deux affaires initiées par... des avocats de Souleimaniyeh, ville kurde bastion de l'UPK.

Rejetant ces verdicts, le PDK a annoncé son boycott des législatives locales prévues au Kurdistan en juin, faisant craindre un nouveau report du scrutin.

Enfin, depuis un arbitrage international remporté par Bagdad il y a un an, les exportations pétrolières autrefois menées unilatéralement par Erbil --sans l'assentiment de Bagdad-- ont été stoppées.

Erbil avait fini par accepter de livrer son pétrole à Bagdad contre un pourcentage du budget fédéral. Mais des litiges continuent d'entraver la reprise des exportations.

Samedi, le président du Kurdistan, Nechirvan Barzani, était reçu à Bagdad par le Premier ministre Soudani. Les deux hommes ont discuté "de leur vision commune sur les dossiers et affaires nationales", indique sobrement un communiqué de M. Soudani.

Autoritarisme?

"Il y a chez certains acteurs politiques chiites une volonté de saper constitutionnellement le Kurdistan", estime le politologue Ihsan al-Chammari, précisant que la multiplication des plaintes "affaiblit le poids politique de la région et du PDK".

Si autrefois "de nombreuses affaires étaient passées sous silence en contrepartie d'ententes" négociées entre partis pour "former un gouvernement" par exemple, désormais ces dossiers "interviennent dans le cadre d'une vengeance politique", ajoute-t-il.

Malgré le "caractère politique" des décisions judiciaires, l'analyste estime qu'elles sont "constitutionnelles".

Sabah Sobhi, parlementaire du PDK, accuse certaines forces politiques de vouloir transformer "le fédéralisme et la décentralisation administrative" d'Irak en un système "centralisé et autoritaire".

Il fustige aussi les "désaccords au sein de la maison kurde" --en allusion à l'UPK.

En mars, Bafel Talabani, président de l'UPK, dénonçait "les attaques diffamatoires contre la Cour suprême fédérale et les accusations visant ce tribunal indépendant et professionnel".


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Short Url
  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Short Url
  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.