Au sein du département d’État américain, le moral est au plus bas

Le secrétaire d’État Antony Blinken a répondu au mécontentement interne au moyen d’une lettre adressée au personnel en novembre, déclarant: «Je sais que, pour beaucoup d’entre vous, les souffrances causées par cette crise sont une lourde épreuve personnelle.» (AP)
Le secrétaire d’État Antony Blinken a répondu au mécontentement interne au moyen d’une lettre adressée au personnel en novembre, déclarant: «Je sais que, pour beaucoup d’entre vous, les souffrances causées par cette crise sont une lourde épreuve personnelle.» (AP)
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Publié le Lundi 08 avril 2024

Au sein du département d’État américain, le moral est au plus bas

  • Israël est soumis à une pression de plus en plus grande pour mettre fin à son opération militaire à Gaza – qui dure depuis six mois
  • Cette pression n’a fait que croître après le meurtre de sept travailleurs humanitaires, dont un citoyen américain, au début du mois

LONDRES: Un ancien directeur du bureau de la sécurité et des droits de l’homme du département d’État américain affirme que l’ambiance au sein de ce dernier est plus mauvaise encore que lors de la guerre en Irak, en raison de la politique adoptée par le président Joe Biden à l’égard de Gaza.

Charles Blaha déclare à The Independent qu’il n’a «jamais vu autant de dissidence». Il ajoute: «Je fais partie du département d’État depuis trente-deux ans. J’y étais pendant la guerre en Irak et je n’ai jamais vu autant de mécontentement. C’estencore pire que l’Irak. Oui, les gens sont inquiets.»

Israël est soumis à une pression de plus en plus grande pour mettre fin à son opération militaire à Gaza – qui dure depuis six mois –, tandis que l’administration Biden a été critiquée pour son soutien continu à ce pays du Moyen-Orient.

Cette pression n’a fait que croître après le meurtre de sept travailleurs humanitaires, dont un citoyen américain, au début du mois. On estime à environ 33 000 le nombre dePalestiniens morts dans le conflit depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre de l’année dernière.

La Maison-Blanche a récemment approuvé une nouvelle livraison de bombes à Israël et envisage un accord de 18 milliards de dollars (1 dollar = 0,92 euro) pour vendre des avions de combat et d’autres équipements à l’armée israélienne.

Josh Paul, qui a démissionné de son poste de directeur du bureau des affaires politico-militaires du département d’État,en raison d’une «réticence sans précédent à tenir compte des conséquences humanitaires de nos décisions politiques» à Gaza, a déclaré à The Independent que le mécontentement au sein du département grandissait et qu’il était conscient d’au moins sept notes internes critiquant la position de la Maison-Blanche.

«Ces dernières semaines, de plus en plus de personnes au sein du ministère sont profondément bouleversées, voire horrifiées, par la façon dont le ministère travaille et avance sur les transferts d’armes compte tenu de la situation à Gaza», s’alarme-t-il.

«Je pense que beaucoup essaient de faire avancer les choses dans la bonne direction. Il y a aussi probablement un plus grand nombre de personnes qui disent simplement: “Je ne veux pas m’en mêler.”»

«L’absence de volonté de tenir ce débat lorsqu’il s’agit d’Israël ne démontre pas notre engagement en faveur de la sécurité d’Israël. C’est plutôt la preuve de notre engagement en faveur d’une politique qui, comme le montre le dossier, est une impasse – et la preuve de notre volonté de faire fi de nos valeurs et de fermer les yeux sur la souffrance de millions de personnes à Gaza lorsque cela s’avère politiquement opportun.»

Annelle Sheline, qui a également démissionné du département parce qu’elle ne voulait «plus être affiliée à cette administration» à cause de son armement à Israël, déclare à The National: «Beaucoup de gens au sein du département d’État sont bouleversés par le cours des événements.»

L’ancien conseiller juridique du département d’État, Brian Finucane, déclare à The Independent: «D’après les conversations que j’ai pu avoir depuis octobre avec des gens du département, il existe un véritable décalage entre l’analyse et les recommandations politiques du personnel du département d’État concernant Gaza et le conflit israélo-palestinien en général. Les décisions sont finalement prisespar la Maison-Blanche.»

Président immunisé 

M. Finucane, spécialisé dans les questions liées aux lois de la guerre, aux crimes de guerre et aux transferts d’armes, ajoute: «Le président est le décideur ultime. Lorsqu’il est question de Gaza, il est largement immunisé contre les répercussions de ce conflit désastreux, du moins en ce qui concerne la véritable politique américaine par opposition aux discours.»

Le secrétaire d’État Antony Blinken a répondu au mécontentement interne au moyen d’une lettre adressée au personnel en novembre, déclarant: «Je sais que, pour beaucoup d’entre vous, les souffrances causées par cette crise sont une lourde épreuve personnelle.»

Dans la lettre, ultérieurement rapportée par Reuters, M. Blinken ajoute: «L’angoisse qui accompagne l’exposition quotidienne à des images de bébés, d’enfants, de personnes âgées, de femmes et d’autres civils souffrant de cette crise est déchirante. Je la ressens moi-même.»

Jeudi, lors d’un appel entre le président Biden et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, le président aurait averti que la future politique américaine à l’égard de Gaza serait déterminée par l’annonce et l’application par Israël d’une «série de mesures spécifiques et tangibles pour remédier aux dommages causés aux civils, aux souffrances humanitaires et à la sécurité des travailleurs humanitaires».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.