Dans la détresse et dans les ruines, l'Aïd «le plus triste» de Gaza

Un jeune vendeur est assis à côté de sa marchandise de chaussures sur un marché à Deir el-Balah dans le centre de la bande de Gaza, le dernier jour du mois sacré musulman du Ramadan, le 9 avril 2024. (Photo AFP)
Un jeune vendeur est assis à côté de sa marchandise de chaussures sur un marché à Deir el-Balah dans le centre de la bande de Gaza, le dernier jour du mois sacré musulman du Ramadan, le 9 avril 2024. (Photo AFP)
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Publié le Mercredi 10 avril 2024

Dans la détresse et dans les ruines, l'Aïd «le plus triste» de Gaza

  • «Je jure devant Dieu que nous n'avons jamais vécu un Aïd comme celui-ci, plein de tristesse, de peur, de destruction et de dévastation» à cause de la guerre, confie un père de quatre enfants
  • «Tout le monde pense à ce qui se passe à Gaza», affirme un habitant de Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël

TERRITOIRES PALESTINIENS : Dans une tente près des décombres d'une mosquée de Rafah, des fidèles palestiniens prient pour l'Aïd el-Fitr, la fête marquant la fin du ramadan, synonyme cette année de «tristesse» et de «peur» dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

«L'année dernière, la mosquée Al Farouq était encore là, mais cette année, elle a été prise pour cible deux ou trois semaines avant le début du ramadan»: Ahmed Abu Chaer se recueille sous la grande tente blanche servant de lieu de prière, trop exiguë pour les dizaines de Gazaouis rassemblés dans ce quartier de Rafah, dans le sud du territoire palestinien.

De Jérusalem, où des milliers de personnes ont bravé le froid et la pluie, à la bande de Gaza, où les enfants ont guetté la distribution des friandises traditionnelles, l'Aïd el-Fitr ne ressemble cette année à aucun autre.

Ni répit, ni parenthèse dans les combats entre l'armée israélienne et le Hamas, qui durent depuis plus de six mois : 14 personnes, dont des enfants en bas âge, ont été tuées dans la nuit de mardi à mercredi lors d'une frappe sur une maison du camp de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas, mouvement islamiste qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.

L'armée israélienne, sans référence à cette frappe, a déclaré avoir visé plusieurs cibles, dont une base de lancement de roquettes, et tué les membres d'une «cellule terroriste».

Un photographe de l'AFP a vu les corps des victimes de la frappe transférés par leurs familles à l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa à Deir el-Balah.

- «Assez de guerre» -

«Je jure devant Dieu que nous n'avons jamais vécu un Aïd comme celui-ci, plein de tristesse, de peur, de destruction et de dévastation» à cause de la guerre, confie à l'AFP Ahmed Qishta, 33 ans, un père de quatre enfants.

«Nous essayons d'être heureux, mais c'est difficile, difficile, difficile», ajoute cet habitant de la ville de Gaza, déplacé dans la ville de Rafah, refuge précaire de centaines de milliers de Palestiniens cherchant à s'abriter des combats.

Pour Abir Sakik, qui loge dans une tente à Rafah avec sa famille, l'Aïd signifie habituellement «une atmosphère douce, les jouets des enfants, les gâteaux, les boissons et les chocolats dans chaque maison».

Mais «c'est un Aïd de tristesse et de fatigue. Ils ont détruit Gaza», soupire cette femme de 40 ans. «Assez, assez de guerre et de destruction», sanglote-elle, affirmant que les habitants de Gaza souhaitent désespérément une trêve.

A la place des montagnes de pâtisseries confectionnées par les familles pour accompagner habituellement les célébrations, un habitant raconte avoir distribué à ses enfants les sucreries de rations des Nations unies.

C'est une journée sans la chaleur des réunions familiales. Faute de téléphone et d'internet, «nous ne pouvons même pas contacter nos proches», constate Mu'een Abu Ras, un Gazaoui de 44 ans.

- Pas de réjouissance -

A Jérusalem-Est, sous haute surveillance policière, des dizaines de milliers de fidèles ont afflué sur l'esplanade des Mosquées, où se situe la mosquée al-Aqsa. La guerre à Gaza est dans toutes les têtes.

«C'est l'Aïd le plus triste que nous ayons vécu. Dans la mosquée, on pouvait le voir sur les visages», témoigne Rawan Abd, une infirmière âgée de 32 ans.

«Tout le monde pense à ce qui se passe à Gaza», affirme Zaki, 37 ans, un habitant de Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël. «Cette année, il n'y a pas de réjouissances, nous allons simplement rendre visite à nos proches à la maison. Nous nous sentirions coupables si nous faisions quelque chose de joyeux».

Le conflit fait rage depuis le 7 octobre, déclenché par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël, qui a fait 1.170 morts, pour l'essentiel des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir des chiffres officiels. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent détenues à Gaza dont 34 sont mortes, d'après des responsables israéliens.

Les opérations militaires israéliennes lancées en représailles sur la bande de Gaza ont fait plus de 33.300 morts, en majorité des femmes et des mineurs, selon le ministère de la Santé du Hamas.


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.