Les crimes commis par des Syriens au Liban relancent le débat sur les rapatriements

Des réfugiés syriens rentrent dans leur pays d’origine depuis la ville frontalière libanaise d’Arsal, le 26 octobre 2022. (Photo AP)
Des réfugiés syriens rentrent dans leur pays d’origine depuis la ville frontalière libanaise d’Arsal, le 26 octobre 2022. (Photo AP)
Short Url
Publié le Mercredi 17 avril 2024

Les crimes commis par des Syriens au Liban relancent le débat sur les rapatriements

  • La Sûreté générale libanaise a organisé des voyages de rapatriement volontaire pour les réfugiés syriens, mais seuls quelques milliers d’entre eux sont repartis
  • En effet, c’est au régime syrien de valider le rapatriement selon les listes de noms fournies par la Sûreté générale libanaise aux autorités syriennes compétentes

BEYROUTH: Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a réitéré, mardi, «le droit des réfugiés syriens au Liban de retourner librement dans leur pays d’origine quand ils le souhaitent».

Cette décision intervient alors que la campagne contre la présence continue des réfugiés au Liban s’intensifie sur fond de crimes commis par les Syriens ces dernières semaines.

Le dernier incident en date est l’assassinat d’un cadre du parti des Forces libanaises, Pascal Sleiman, la semaine dernière. Sa voiture a été volée et son corps a été transporté à la frontière libano-syrienne.

Quelques jours plus tôt, un couple avait été victime d’un autre crime commis dans le quartier d’Achrafieh à Beyrouth par leur employée de maison syrienne et d’autres Syriens dans le cadre d’un vol. Le mari est décédé à la suite de l’incident et sa femme a été grièvement blessée.

Mardi matin, le Libanais Yasser al-Kokash a été tué dans la ville d’Al-Azzounieh, à Aley, aux mains de citoyens syriens. Après l’avoir ligoté, ils ont volé le contenu de son appartement.

Les réfugiés syriens ont commencé à s’installer au Liban en 2011. Leur nombre enregistré auprès du HCR est officiellement tombé à moins d’un million de personnes après le retour de plusieurs d’entre eux dans leur pays. Cependant, après que le HCR a cessé d’enregistrer les réfugiés syriens en 2015, le taux de passages illégaux de la Syrie vers le Liban a augmenté.

Le Liban estime que le nombre de réfugiés syriens sur son territoire dépasse deux millions de personnes.

Le ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, estime que le pourcentage de détenus et de condamnés syriens dans les prisons libanaises représente environ 35% de l’ensemble de la population carcérale.

La Sûreté générale libanaise a organisé des voyages de rapatriement volontaire pour les réfugiés syriens, mais seuls quelques milliers d’entre eux sont repartis. En effet, c’est au régime syrien de valider le rapatriement selon les listes de noms fournies par la Sûreté générale libanaise aux autorités syriennes compétentes.

Dans un communiqué, la porte-parole du HCR, Dalal Harb, déclare: «Nous soutenons et respectons le droit humanitaire des réfugiés à retourner librement et volontairement dans leur pays d’origine, lorsqu’ils le souhaitent, conformément aux principes internationaux et à la politique de non-refoulement.»

Elle souligne que «la plupart des réfugiés syriens expriment leur désir de retourner en Syrie, mais leur décision repose sur plusieurs facteurs, notamment la sécurité, le logement, l’accès aux services de base et la garantie de moyens de subsistance».

Elle ajoute que le HCR «continuera à coopérer avec la Direction générale de la Sûreté générale, qui facilite le rapatriement des réfugiés souhaitant retourner en Syrie en enregistrant leurs noms».

À la veille de la Conférence de Bruxelles sur les réfugiés le 30 avril, le Liban a exhorté les donateurs à obtenir une aide pour couvrir le coût de la présence syrienne dans le pays.

Le ministre de l’Information, Ziad Makary, a déclaré mardi: «L’infiltration illégale de réfugiés syriens par la mer depuis le Liban jusqu’à Chypre a provoqué une crise diplomatique.»

«Les crimes qui ont eu lieu nous ont incités à nous concentrer davantage sur cette menace existentielle pour le Liban. La solution est qu’ils retournent en Syrie ou s’installent dans un pays tiers.»

Un plan proposé par les ministres du Travail et des Affaires sociales, la Ligue maronite et la Direction générale de la Sûreté générale a également été abordé. Il vise à rapatrier les Syriens et appelle à la création d’une Autorité nationale d’urgence dirigée par le Premier ministre.

Elle sera chargée de communiquer avec les responsables du HCR afin d’aider l’État à classer les Syriens en trois catégories. La première comprend les Syriens enregistrés auprès du HCR comme réfugiés et qui peuvent retourner dans des zones sûres de leur pays. La deuxième catégorie comprend les Syriens enregistrés en tant que réfugiés et travaillant au Liban, tandis que la troisième comprend ceux qui sont enregistrés en tant que réfugiés et souhaitent se rendre dans un pays tiers.

Quant aux Syriens résidant illégalement au Liban, un «comité ministériel présidé par le ministre de l’Intérieur sera chargé de dresser des listes nominatives indiquant si ces Syriens ont une résidence valide ou expirée et s’ils disposent de papiers».

Le plan stipule également que «les frontières terrestres seront contrôlées. Il semblerait que les infiltrations se produisent pour des raisons économiques plutôt que de sécurité».

Une délégation dirigée par la députée des Forces libanaises, Sethrida Geagea, a rencontré, mardi, le ministre de l’Intérieur, Bassam al-Maoulaoui. Geagea a appelé à «la mise en œuvre des circulaires du ministère de l’Intérieur relatives à la gestion de la présence syrienne illégale».

Geagea estime à 830 000 environ le nombre de réfugiés syriens «dans les villes chrétiennes du nord, au Mont-Liban et à Jezzine».

Elle indique que «la mise en œuvre de ces circulaires permettra de réduire très prochainement le nombre de réfugiés», ajoutant: «Selon les Nations unies, le Liban n’est pas un pays d’asile, mais de transit. Nous tolérons cela depuis 2011, mais il nous est désormais impossible de continuer de le faire.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit se préparer à une «  offensive décisive » contre le Hezbollah libanais

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
Short Url
  • "Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive"
  • Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah"

JERUSALEM: Un commandant de l'armée israélienne a indiqué vendredi que les troupes dans le nord du pays, où Israël à une frontière avec le Liban, se préparaient à une "offensive décisive" contre le Hezbollah, après des mois d'échanges de tirs transfrontaliers.

Le mouvement islamiste libanais Hezbollah et l'armée israélienne échangent des tirs quasi quotidiennement depuis l'attaque le 7 octobre du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah", selon un communiqué de l'armée.

Les troupes israéliennes dans le nord sont actuellement en opération pour protéger les habitants de cette partie du pays et "préparer la transition vers l'offensive", a ajouté le général Gordin, commandant les forces israéliennes dans le nord.

"Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive", a-t-il encore dit.

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources.

La plupart d'entre eux, 342 personnes, ont été confirmés comme étant des combattants du Hezbollah, mais le bilan comprend également 104 civils. M. Gordin n'a pas mentionné de victimes civiles. Dans le nord d'Israël, au moins 18 soldats israéliens et 13 civils ont été tués, selon l'armée.

Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, affirme que ses attaques contre Israël depuis le 8 octobre ont pour objectif de soutenir son allié du Hamas.

Des dizaines de milliers d'habitants ont depuis été déplacés au Liban et en Israël en raison de cette flambée de violence transfrontalière.


Polio, eaux usées, hôpitaux surchargés: la crise sanitaire à Gaza

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
Short Url
  • L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza
  • De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio

GENEVE: L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza, alors que la crise sanitaire y est déjà très grave.

Voici un aperçu de certains des défis sanitaires auxquels est confronté le territoire palestinien, selon l'OMS.

Polio dans les eaux usés

Menace largement répandue voici encore une quarantaine d'années, la poliomyélite - qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles - a très largement disparu dans le monde grâce aux vaccins.

Mais il existe une autre forme de poliovirus qui peut se propager: le poliovirus qui a muté à partir de la source contenue à l'origine dans le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). C'est ce poliovirus dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc) qui a été retrouvé à Gaza.

Lorsqu'elles se répliquent dans le tube digestif, les souches de VPO changent génétiquement et peuvent se propager dans les communautés qui ne sont pas complètement vaccinées contre la poliomyélite, en particulier dans les zones où les conditions d'hygiène et d'assainissement sont mauvaises, ou dans des zones surpeuplées.

Le 16 juillet, le Réseau mondial de laboratoires de lutte contre la poliomyélite a isolé le poliovirus de type 2 dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc2) dans six échantillons d'eaux usées à Deir al-Balah et Khan Younès.

Aucun prélèvement humain n'a encore été effectué à Gaza de sorte que l'OMS ne sait toujours pas si quelqu'un y a été infecté par le poliovirus. L'OMS et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) espèrent collecter cette semaine les premiers échantillons humains.

De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio.

Manque d'eau et d'assainissement

L'OMS et ses partenaires espèrent achever l'évaluation des risques liés à la polio cette semaine. Mais l'OMS a prévenu qu'il y a "un risque élevé" de propagation du poliovirus à Gaza et au niveau international "si cette épidémie ne fait pas l'objet d'une réponse rapide et optimale".

Le Dr Ayadil Saparbekov, chef d'équipe à l'OMS pour les urgences sanitaires dans les territoires palestiniens, espère que des recommandations pourront être publiées dimanche.

Mais "étant donné les limites actuelles en matière d'hygiène et assainissement de l'eau à Gaza, il sera très difficile pour la population de suivre le conseil de se laver les mains et de boire de l'eau salubre", a-t-il relevé mardi, lors d'un point de presse.

"Avec le système de santé paralysé, le manque d'eau et d'assainissement, ainsi que le manque d'accès de la population aux services de santé... la situation s'annonce très mauvaise", a-t-il souligné.

Au-delà de la polio, l'OMS est "très inquiète" face à de possibles épidémies dans la bande de Gaza.

Système de santé dévasté 

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés" dans le complexe médical Nasser après de nouveaux bombardements lundi à Khan Younès, dans un contexte de "grave pénurie de réserves de sang, de fournitures médicales et de lits d'hôpitaux".

Avant le conflit à Gaza, déclenché le 7 octobre par les attaques du Hamas, il y avait environ 3.500 lits d'hôpitaux dans le territoire palestinien. Aujourd'hui, l'OMS estime qu'il y en a 1.532.

Seulement 45 des 105 établissements de soins de santé primaires sont opérationnels. Huit des dix hôpitaux de campagne sont opérationnels, dont quatre seulement partiellement.

Dans une telle situation, "il se peut que davantage de personnes meurent de maladies transmissibles que des blessures" liées à la guerre, a averti le Dr Saparbekov.

Selon ce responsable de l'OMS, "jusqu'à 14.000 personnes pourraient" avoir besoin d'une évacuation médicale hors de Gaza.


Les EAU proposent une mission internationale temporaire pour l'après-guerre à Gaza

Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
Short Url
  • Elle a souligné le rôle clé des États-Unis dans le succès de la mission
  • La mission ouvrirait la voie à la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime

ABOU DHABI : Les Émirats arabes unis ont appelé à l'établissement d'une mission internationale temporaire pour poser les jalons d'une nouvelle gouvernance à Gaza après la guerre.

Jeudi, dans un communiqué relayé par l'agence de presse nationale, Reem Al-Hashimy, ministre d'État pour la coopération internationale,  a déclaré que cette mission viserait à rétablir l'ordre et à faire face à la crise humanitaire dans Gaza post-conflit.
Selon la ministre, la mission devrait être déployée à l'invitation du gouvernement palestinien, sous la houlette d'un "nouveau Premier ministre crédible et indépendant", pour répondre aux besoins des Palestiniens et reconstruire Gaza. 

Elle préparerait le terrain pour la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime.

Al-Hashimy a souligné qu'un retour à la situation d'avant le 7 octobre ne garantirait pas une paix durable, cruciale pour la stabilité régionale. 

Elle a exhorté les États-Unis à mener les efforts internationaux pour reconstruire Gaza, parvenir à la solution à deux États et faciliter les réformes palestiniennes, autant d'éléments qui contribueraient au succès de la mission internationale.

Israël, a-t-elle ajouté, doit également respecter le droit humanitaire international.

"Gaza ne peut se relever sous un blocus continu, ou si l'Autorité palestinienne légitime est empêchée d'assumer ses responsabilités", a-t-elle affirmé, appelant à l'arrêt des colonies israéliennes illégales et des violences en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. 

La ministre a réitéré le soutien des EAU aux efforts internationaux pour la solution à deux États.
"Notre ambition dépasse les frontières de Gaza et exige une collaboration internationale. L'établissement de la paix n'est pas seulement une nécessité régionale, mais un enjeu global qui profiterait à tout le Moyen-Orient et au monde entier", a-t-elle souligné pour conclure.