Le tribunal spécial pour le Liban, verdict ou autopsie d’un pays effondré ?

Mer de drapeaux entourant le portrait du Premier ministre assassiné Rafic Hariri lors d’une manifestation marquant la troisième semaine de sa disparition, le 7 mars 2005. (Patrick Baz/AFP)
Mer de drapeaux entourant le portrait du Premier ministre assassiné Rafic Hariri lors d’une manifestation marquant la troisième semaine de sa disparition, le 7 mars 2005. (Patrick Baz/AFP)
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Publié le Lundi 03 août 2020

Le tribunal spécial pour le Liban, verdict ou autopsie d’un pays effondré ?

  • Le TSL, organisation judiciaire indépendante, a pour mission principale de poursuivre en justice les personnes accusées d’avoir perpétré à Beyrouth l’attentat du 14 février 2005 contre l’ancien Premier ministre Rafic Hariri
  • Le verdict du tribunal aura le mérite de montrer au monde que le Hezbollah, qui agit pour le compte des régimes syrien et iranien, a préparé son hégémonie par des assassinats

PARIS: Treize ans après sa création à la suite de la résolution 1757 du Conseil de sécurité des Nations-Unies, le Tribunal Spécial pour le Liban donnera son verdict cette semaine à la Haye. Premier tribunal à caractère international chargé de rendre justice aux victimes de crimes de terrorisme, le TSL, organisation judiciaire indépendante composée de juges libanais et internationaux, a pour mission principale de poursuivre en justice les personnes accusées d’avoir perpétré à Beyrouth l’attentat du 14 février 2005 contre l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, causant la mort de celui-ci et de 22 autres personnes, ainsi que de nombreux blessés. La résolution 1757 du Conseil de sécurité avait été formée à l’initiative de la France et de Jacques Chirac, son président de l’époque, ainsi que des États-Unis.

Cinq membres du Hezbollah, parti libanais pro-iranien, sont accusés de cet attentat : Salim Jamil Ayyash, Hassan Habib Merhi, Hussein Hassan Oneissi et Assad Hassan Sabra, en fuite, seront jugés in absentia. Le cinquième, Mustafa Amine Badreddine, annoncé décédé, a été assassiné en 2016. Le procès s’est ouvert le 16 janvier 2014. Les accusés, actuellement jugés par défaut, sont toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt.

Le verdict attendu nous ramène au déroulement des évènements qui ont précédé l’attentat contre Rafic Hariri et dont se souviennent vivement tous les témoins de cette période. En Octobre 2004, tout commence par un attentat manqué contre Marwan Hamadé, député druze proche de Hariri et soupçonné à tort par le président Bachar el-Assad et ses alliés du Hezbollah d’être l’auteur de la résolution 1559 du Conseil de sécurité qui se préparait aux Nations-Unies, et dont les Syriens avaient eu vent. Cette résolution doit imposer le retrait des Forces armées syriennes positionnées au Liban, ainsi que la dissolution de toutes les milices et l’organisation d’élections présidentielles libres. Auparavant, l’été 2004, Bachar el-Assad avait convoqué Rafic Hariri à Damas et employant des mots très durs, l’avait entre autres menacé de « démolir le Liban sur sa tête », sans épargner son ami le président Chirac, s’il n’appuyait pas la reconduction du mandat du président pro-syrien Émile Lahoud. Le parlement libanais, sous la pression de la Syrie, devait voter à cet égard un changement de la Constitution libanaise autorisant le renouvellement du mandat présidentiel pour trois ans. A la suite de cet entretien houleux avec Assad, Hariri s’était réuni avec ses amis politiques libanais, parmi lesquels le leader druze Walid Joumblatt, et leur avait confié qu’il avait été menacé par Assad et qu’en conséquence il voterait pour le renouvellement de Lahoud. Hariri s’est confié par la suite à son ami Jacques Chirac qui s’est aussitôt activé pour faire voter la résolution 1559 du Conseil de sécurité appuyant des élections présidentielles libres et justes au Liban, en plus d’exiger le retrait de toutes les forces étrangères du pays et la dissolution de toutes les milices étrangères ou locales sur le sol libanais. C’est en vertu de cette résolution, présentée par la France et les États-Unis et votée le 2 septembre 2004, que les forces syriennes ont quitté le Liban après l’assassinat de Hariri en 2005.

Depuis cet attentat, l’emprise du Hezbollah et de l’Iran s’est dramatiquement renforcée sur la scène politique libanaise. Des assassinats en série succèderont à celui de Rafic Hariri et Bassel Fleihan, tous ciblant des journalistes et hommes politiques militants de l’indépendance et de la liberté. Parmi les victimes de cet acharnement citons Gebran Tuéni, Samir Cassir, Georges Haoui, Pierre Amine Gemayel, Mohammed Chatah et beaucoup d’autres qui aspiraient à un pays libre de la pression syrienne et de l’emprise du Hezbollah pro-iranien.  

Le verdict du tribunal spécial pour le Liban intervient dans un contexte où les quatre accusés sont membres du Hezbollah. Source du malheur qui s’abat sur le Liban, le parti pro-iranien accapare les décisions de guerre et de paix et contrôle le gouvernement ainsi qu’une classe politique incapable et corrompue. Le verdict du tribunal aura malgré tout le mérite de montrer au monde que ce parti qui agit pour le compte des régimes syrien et iranien a préparé son hégémonie par des assassinats de personnalités libanaises avant de soutenir les crimes de Bachar el-Assad contre son propre peuple et de prendre part activement aux tentatives de déstabilisation de la région du Golfe. 


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.